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Cacao et saucisses

Cacao et saucisses
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9 décembre 2023

La honte de l’Europe

Trouvé sur https://investigaction.net/la-honte-de-leurope/

Source originale: Globalter
Traduit de l’espagnol par Bernard Tornare

 

L'ONU alerte sur le risque de nettoyage ethnique à Gaza. Mais Ursula von der Leyen apporte son soutien indéfectible à Netanyahou. Et réunis à Bruxelles cette semaine, les 27 Etats-membres ont été incapables d'appeler à un cessez-le-feu. Du mauvais côté de l'Histoire, ces dirigeants représentent-ils les Européens? (I'A)

En tant qu’Européen, j’ai été indigné et honteux du comportement de l’Europe et de ses dirigeants à plusieurs reprises au cours des derniers mois. L’attitude servile face aux desseins américains en Ukraine – contre ses propres intérêts -, l’annulation de la culture russe, la position à l’égard de la Chine, les appels à restreindre l’asile aux réfugiés, la montée de l’extrême droite, l’imposition du discours unique et la censure de toute opinion différente, ont été des symptômes désolants.

Mais la position de l’Union européenne (UE) face à l’énorme tragédie que subit et subira encore plus le peuple palestinien, si personne ne l’aide, a dépassé toutes les limites imaginables.

J’avais toujours pensé que les valeurs des Lumières, les concepts de liberté, de paix, de solidarité ou de justice étaient des idées pour lesquelles il fallait se battre et dont il fallait être fier en tant qu’Européen. Que ces mots, inscrits dans les constitutions occidentales, n’étaient pas une fiction, mais provenaient d’une tradition européenne enrichissante de pensée libre, humaniste et pluraliste.

Mais l’évolution politique de l’Europe et de ses dirigeants, parallèlement au déclin inéluctable de la domination occidentale sur le monde, a fait que ces valeurs ont de plus en plus perdu leur sens véritable, dans la bouche d’hommes politiques qui les proclament, mais ne les défendent jamais.

Le fait que pratiquement aucun dirigeant européen n’ait critiqué ou appelé à la retenue le gouvernement israélien, qui laisse deux millions de Gazaouis sans eau, sans nourriture, sans électricité et sans carburant alors qu’il les bombarde sans relâche, est consternant et honteux. Il est encore plus révoltant que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se soit rendue en Israël vendredi pour “montrer sa solidarité”, selon ses propres termes, exclusivement avec les victimes israéliennes, sans mentionner les victimes palestiniennes. Elle l’a fait le jour même où Israël a annoncé un ultimatum de 24 heures pour que plus d’un million de Palestiniens quittent leurs maisons dans le nord de la bande de Gaza, y compris la ville de Gaza.

Un ultimatum qui signifie l’expulsion de 1,1 million de Palestiniens de leurs maisons en un jour, soit encore plus que ceux qui ont été expulsés pendant toute la Nakba de 1948, dont on se souvient tristement, après la création de l’État d’Israël, lorsque près de 700 000 Palestiniens ont été contraints de laisser leurs villages derrière eux pour devenir des réfugiés à vie.

Une fois en Israël, Mme Von der Leyen a non seulement approuvé cet ultimatum – considéré comme irréalisable et très dangereux par l’ONU – mais elle s’est à nouveau montrée solidaire des seules victimes israéliennes, tandis que des tonnes de bombes continuaient de tomber sur les immeubles résidentiels de la bande de Gaza, sur ses mosquées, ses hôpitaux ou sur les agences de l’ONU elles-mêmes. Les bombes israéliennes ont déjà tué près de 600 enfants, selon le ministère palestinien de la Santé. Et personne en Europe ne semble avoir honte de ce voyage, de ce mépris énorme pour la souffrance palestinienne.

La même présidente de la Commission européenne qui, il y a un an, déclarait devant le Parlement européen : “Les attaques de la Russie contre les infrastructures civiles, en particulier l’électricité, sont des crimes de guerre. Laisser des hommes, des femmes et des enfants sans eau, sans électricité ou sans chauffage, à l’approche de l’hiver, est un acte de pure terreur. C’est ainsi que nous devrions les qualifier.

Rarement le double langage de l’Europe et le cynisme de ses dirigeants n’ont été aussi évidents. D’autant plus que la Russie n’a pas laissé toute l’Ukraine sans eau, sans électricité, sans chauffage, comme Israël a laissé toute la bande de Gaza et ses deux millions d’habitants – en grande majorité des réfugiés – sans eau, sans électricité, sans chauffage, tout en les bombardant de manière bien plus sauvage et aveugle que Moscou ne l’a fait jusqu’à présent avec les Ukrainiens.

Pour Mme Von der Leyen, ces victimes ne méritaient apparemment même pas un commentaire lors de sa visite dans le pays qui les tue et les laisse sans lumière, sans eau et sans nourriture. Il n’était pas non plus nécessaire, selon elle, d’appeler Israël à protéger les populations civiles lors de ses bombardements. Ses photos souriantes avec Netayanhu, tout en parlant des “attaques barbares” du Hamas, sans dire un mot sur la souffrance des Palestiniens et en prétendant représenter tous les Européens, resteront dans l’histoire de l’infamie.

Nous savons que la pression américaine sur l’Europe est énorme. Nous savons que les queues d’un empire qui s’effondre sont souvent les plus dangereuses, en particulier celles d’un empire habitué à tirer profit de la promotion des guerres, de la création de conflits et de la prévention de la prospérité des autres plutôt que d’essayer de résoudre leurs problèmes ou de collaborer à la résolution de ceux du monde entier.

Nous savons que l’Europe ne peut pas faire grand-chose pour changer le cours des événements décidé et poursuivi par l’hégémon en Ukraine, à Gaza, au Moyen-Orient et, si elle le pouvait, dans le monde entier.

Mais puisqu’il n’y a pas d’autonomie politique ou stratégique, les dirigeants européens devraient au moins faire preuve d’un minimum de décence. S’ils en sont incapables, qu’ils cessent de brandir des concepts tels que l’humanisme, la liberté, la solidarité et la justice. Cessez de jouer avec des valeurs que vous ne poursuivez pas du tout et que vous avez clairement abandonnées.

Cessez enfin de parler au nom de tous les Européens. Vous ne nous représentez pas.

Javier Garcia / 27 oct 2023

 

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12 mai 2023

Se mettre en drapeau

Le pays connaît des turbulences et notre pilote, qui n'ignore rien des principes qui prévalent au pilotage d'un avion dans la tourmente a décidé de mettre les pales d'une hélice à pas variable dans la position qui offre le moins de résistance à l'avancement, lorsque le moteur est stoppé. Le drapeau aux étoiles sera donc sur le nez de nos cockpits locaux, pour ne pas perdre de vue que nous fonçons dans le mur.

Rappelons à nos amateurs de chiffons, que celui-ci a largement de quoi contrarier les démocrates de tous poils qui lors du dernier référendum à ce propos, avaient repoussé une proposition que les parlementaires félons se sont empressés de voter en abolissant le peuple souverain. Cet oriflamme n'est en rien le drapeau blanc pour annoncer la fin du conflit entre les citoyens et leurs élites mais tout au contraire, une déclaration de guerre pour ceux qui aiment traîner des casseroles sans être indisposés par leur bruit.

Ce grand mouchoir bleu parsemé d'étoiles est une forme élaborée de drapeau rouge agité devant ceux dont la colère n'a aucune chance d'être écoutée. Au lieu des aiguillons du picador, ils devront se contenter des coups de matraque des péones qui assurent la tranquillité du matador du palais.

Ainsi donc, les adeptes de cette dictature libérale que constitue un pouvoir européen sans base électorale lèvent leur drapeau sans honte pour l'accrocher aux frontons de nos mairies en prenant bien garde qu'il cache soigneusement la devise : « Liberté- Égalité - Fraternité » qui n'a plus de raison d'être sous la botte de ceux qui sont en marche vers la Renaissance de la monarchie. À quand les fleurs de lys à la place des étoiles ?

Nous devrions par la contrainte et la loi nous placer sous le drapeau d'une institution tout en adorant l'icône du Monarque qui défend ce pouvoir inique, car la même obligation impose ces deux symboles de notre asservissement et de la rupture du contrat démocratique. Le petit étameur arrogant et méprisant aime par dessus tout son image qu'il entend imposer à un peuple qu'il écarte désormais de son chemin.

Il est venu le temps de la grande conscription générale. Nous devrions tous répondre à la mobilisation générale pour nous mettre sous le drapeau flamboyant d'une Europe qui défend la liberté d'exploiter. Nous ne sommes pas dupes et au bout du combat, nous savons que ce sont toujours les mêmes qui battront en retraite avec leurs acquis sociaux en berne. Voilà le sens véritable de cette mascarade.

Nous n'avons plus qu'à mettre notre drapeau noir dans la poche et nous moucher dans les étoiles. C'est la fin de la République quand un autre symbole vient détrôner celui qui issu de la Révolution, était porteur de tant d'espoir. Seule la bannière des banquiers, des privilégiés, des profiteurs flottera au vent.

Le Freluquet lève haut son drapeau, il affiche son opinion. Le vote n'a été qu'une farce, le véritable pouvoir est dans les mains des oligarques hors sol dont il est la parfaite illustration. Il met sous le joug nos maires, ultime rouage démocratique qui agit encore au nom des citoyens. L'intention est claire, c'est une révolution réactionnaire qui se trame ici.

Que faire devant cette mascarade ? Sortir les casseroles encore et toujours pour faire grand tapage devant ces individus confits dans la haine du peuple. On mesure bien l'urgence qu'il y avait à légiférer sur pareil sujet. Le parlement est devenu le siège de la futilité et du vide politique, il s'est mis en drapeau et tombe en chute libre. Pour sauver le pays du crash, il n'est qu'une solution, déclencher le siège éjectable !

À contre-drapeau.

par C’est Nabum

https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/se-mettre-en-drapeau-248290

12 mai 2023

De la batterie à la gamelle

Les voies de notre seigneur et monarque sont impénétrables et avouons-le, fort obscures. Nous avons pensé que le Prince subissait une alerte sanitaire d'ampleur : une allergie alimentaire qui lui imposa de prendre des mesures drastiques. Sans même consulter un comité d'experts ad hoc, il décréta l'interdiction urbaine de tous les récipients de cuisson.

Dans un premier temps, les opposants, cherchant toujours le mal partout, en conclurent que le pouvoir entendait ne plus ouïr la colère d'une rue dont les arpenteurs colériques, pour marquer leur ire, frappait comme des dératés sur des casseroles. Avouons que l'interprétation était quelque peu hâtive et mettait scandaleusement en doute la volonté de maintenir la liberté d'expression dans cette nation.

Comme en cuisine, les mauvaises têtes s'attachent à la surface des choses sans remuer plus au fond des choses. Il n'était nullement question de brider les colères, d'interdire les manifestations bruyantes, de brimer les mécontentements. Jamais de telles intentions ne viendraient à l'esprit du grand démocrate qui nous gouverne avec bonhommie et bienveillance.

C'est à contre-cœur qu'il dut prendre cette mesure qui fit grand bruit sans pouvoir avouer au grand jour les motifs exacts de cette décision. Il est vrai que des enjeux majeurs de politique internationale se jouaient là tandis que le silence et le secret s'imposaient pour ne pas mettre à mal la sécurité nationale.

La vérité est plus prosaïque et je me dois de vous la livrer. Depuis que la rombière douairière avait changé toute la vaisselle de table, habituant son cher jeune protégé à un luxe jamais atteint dans la monarchie anglaise, son cher époux sentit des indispositions passagères mais très pénibles du côté de sa digestion. On fit mener en haut lieu des investigations par des cabinets conseils pour comprendre justement pourquoi le roi n'allait plus à la selle.

L'affaire était grave car chacun le présume, qui subit pareil désagrément, voit son humeur se métamorphoser subitement. Lui qui était si enjoué, jovial et aimable pour ses sujets, changea du tout au tout, leur faisant la lippe et mauvaise mine. Une fracture s'imposait dans l'opinion publique d'où du reste le lamentable épisode des casseroles.

Après bien des hypothèses fallacieuses allant jusqu'à lui proposer des bains de siège dans d'immenses bassines, il fut décrété que la batterie de cuisine du palais était en cause. Cuivre, inox, aluminium, fonte, acier après des examens plus poussés, furent mis au banc de la brigade du palais. L'heure était grave car notre Prince exigeait que l'on lui mitonne sa cuisine dans un produit nouveau, garanti sans particules à la cuisson.

Hélas, l'état déplorable de notre industrie ménagère ne permettait pas de trouver une réponse technologique tricolore. Il fallut faire appel aux ressources extérieures pour répondre à cette exigence vitale. Le Taïwanais ProLogium fut pressenti ce qui en la matière, prouve à quel point le choix était bon, pour installer une usine de batteries de cuisine en lithium à Lauterbourg dans le Bas-Rhin.

Certains esprits malveillants affirmèrent que le système rénal n'avait que peu de rapport avec le problème rencontré par notre monarque. C'est le risque de la rétention d'informations qui pousse toujours à la confusion des sens. Il eut été préférable de faire preuve de transparence depuis le début de cette crise.

Nous attendons avec impatience les premières productions de cette future entreprise pour mesurer si elles seront de nature à soulager notre bon prince et lui redonner son incomparable énergie communicative.

À contre-sens.

Par C’est Nabum

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/parodie/article/de-la-batterie-a-la-gamelle-248273

28 novembre 2018

Le Monde "décodé"

Je vous livre ci-dessous cet article du monde concernant « la propagande ». Les parties comme celle-ci, en rose, en gras,  dans une police avec sérifs, sont de moi et ne font pas partie de l’article.

Facebook a déjoué une campagne de propagande en français

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/11/28/facebook-a-dejoue-une-campagne-de-propagande-en-francais_5389576_4408996.html

Des comptes Facebook et Instagram, fermés le 4 novembre, postaient des messages liés à la politique et à la société françaises. Un rapport donne les détails de leur activité.

Par Martin Untersinger Publié aujourd’hui [28/11/2018] à 06h00, mis à jour à 08h15

 

Nous sommes au soir du 4 novembre. Chez Facebook, on se prépare à la soirée électorale des élections américaines de mi-mandat, qui doit se tenir dans moins de deux jours. Après le fiasco du scrutin présidentiel de 2016, où la Russie a pu mener sans rencontrer de résistance une opération de propagande sur le réseau social, ce dernier n’a pas le droit à l’erreur.

Lire sur le sujet : Comment les plates-formes du Web s’organisent pour éviter un « hack » des élections

Arrive alors un message émanant de la police fédérale américaine (FBI). Celle-ci a repéré plusieurs comptes qu’elle juge suspects. Facebook les inspecte et confirme ces suspicions : il s’agit bien d’un réseau de pages et de comptes engagés dans ce que le réseau social appelle, dans son jargon, une « activité inauthentique et coordonnée ».

Pages fantômes

C’est-à-dire des pages qui ne sont pas ce qu’elles prétendent être (en mentant notamment sur leur identité) et pilotées de manière coordonnée, par exemple, par un seul administrateur, alors qu’elles semblent toutes différentes et séparées. Facebook fait la chasse à ce type de comportement, qui correspond aux méthodes d’ingérence par une puissance étrangère utilisées pendant la campagne électorale américaine de 2016.

Le réseau social décide donc, ce 4 novembre, de supprimer cette série de comptes Facebook et Instagram. Le lendemain, l’entreprise publie un premier communiqué, bref. Un empressement justifié, selon elle, par l’imminence des élections de mi-mandat et la similarité de cette campagne de propagande avec d’autres.

Les experts du réseau social passent ensuite les pages et les comptes supprimés au peigne fin. Huit jours plus tard, le 13 novembre, ils publient un deuxième communiqué, évoquant quelques détails de l’opération ainsi déjouée.

Un élément passe alors relativement inaperçu dans le cadre des élections américaines de mi-mandat : parmi les quelques dizaines de pages et de comptes supprimés, certains sont en français. C’est pourtant la première fois que Facebook révèle avoir supprimé des pages fantômes francophones diffusant de la propagande.

Que postaient ces comptes ?

En parallèle, le réseau social a fourni la liste des comptes Facebook et Instagram supprimés à une équipe d’experts, le DFR Lab, financé par le think tank américainAtlantic Council, avec qui la société de Mark Zuckerberg a noué un partenariat pour analyser les opérations de propagande. Ce dernier publie, mercredi 28 novembre, un rapport à ce sujet, dont Le Monde a obtenu copie.

Le texte donne des informations plus précises sur l’étendue et l’activité des comptes ayant diffusé des messages problématiques en français sur Facebook et Instagram. Les deux auteurs du rapport du DFR Lab précisent toutefois d’emblée qu’ils n’ont pu récupérer qu’un « aperçu » de l’opération. Les comptes ayant été immédiatement supprimés par Facebook, les chercheurs se sont contentés d’analyser des « traces » gardées automatiquement en mémoire sur divers sites et sur des moteurs de recherche. Un travail « d’archéologue », forcément partiel.

La société de Mark Zuckerberg qui a noué un partenariat avec le DFR Lab a d’abord supprimé les pages puis a demandé ensuite au DFR Lab d’analyser les traces, « ce qui restait » ? Quelle curieuse stratégie...

Au total, six pages Facebook et une dizaine de comptes Instagram postaient des messages ou des images en français. Tous formaient un seul et unique réseau, piloté par un ou plusieurs individus.

Un réseau piloté par un ou plusieurs individus. N’est-ce pas le cas de tous les réseaux ? Ce qui serait étrange, c’est qu’il soit piloté par zéro individu.

Ils brassaient des thèmes variés, mais beaucoup abordaient, à intervalles réguliers, des questions sociales ou politiques.

Qu’il y ait de temps en temps, parmi des thèmes variés, des questions sociales ou politiques, ça devrait nous faire dresser l’oreille ? On doit s’inquiéter ?

Trois se faisaient passer pour des femmes noires ;

C’est mal ?

un autre postait des contenus liés aux femmes et à la mode musulmanes ;

Forcément suspect !

un compte était consacré au football ;

Quelle horreur !

d’autres prétendaient être un trotskiste, un militant nationaliste ou un citoyen engagé dans l’écologie.

Incroyable. Tous ces gens doivent être neutralisés !

Les deux comptes Facebook semblaient, selon les éléments recueillis par le DFR Lab, aborder essentiellement des problématiques féministes.

J’en étais sûr !

« Aucun autre homme ou femme politique français n’a été autant mentionné dans les publications qu’Emmanuel Macron », expliquent les deux chercheurs, qui ont pu retrouver des publications hostiles au président français sur cinq des onze comptes Instagram analysés.

Doit-on rappeler que M. Macron est le Président de la République Française et qu’à ce titre, le fait qu’il soit plus souvent question de lui plutôt que de tout autre homme ou femme politique française semble assez raisonnable.

On y retrouve des mots-clés critiques (#macrondegage)

des mots-clés critiques… Ah ah ! Nous y voilà.

et beaucoup de mèmes, ces images virales et souvent humoristiques, sur lesquels on peut lire, par exemple : « Si en France on marche la tête haute… c'est parce qu’avec Macron nous sommes dans la merde jusqu’au cou » ; « Je préfère les migrants aux Français » sur fond d’une photo d’Emmanuel Macron ; « Les deux hantises des banquiers ? L’argent qui dort… et le peuple qui se réveille ! » apposé sur le visage du président français.

Effectivement, c’est plutôt rigolo… et critique. Vite censurons.

Même les comptes les moins « politiques » (@femme_combattante ou celui se disant écologiste) évoquaient, de temps à autre, Emmanuel Macron.

Se permettre d’évoquer de temps à autre, Emmanuel Macron… Je comprends qu’on ait éliminé ces pages !

Outre la politique, de nombreux comptes ont partagé des images et des textes plus neutres, voire positifs, très vraisemblablement pour construire leur audience auprès de catégories bien spécifiques de la population, expliquent les chercheurs, à la manière de l’Internet Research Agency (IRA), l’officine russe responsable des campagnes de manipulation sur les réseaux sociaux lors des élections américaines.

Des textes neutres, voire positifs ! Alors ça c’est hautement suspect et forcément non sincère. Uniquement là pour tromper le lecteur et lui faire baisser sa garde. Aucun doute, c’est la signature de Poutine !

C’est le cas du compte le plus important en termes d’abonnés, qui postait des photographies de femmes musulmanes « glamours », notamment des images de femmes en hidjab, et des slogans positifs.

Poutine, je vous dis !

Parallèlement, trois comptes publiaient des photos positives et encourageantes au sujet des femmes noires, en utilisant des mots-clés comme #beauty #blackbeauty ou #blackisbeautiful.

Inadmissible.

Sur d’autres, notamment les deux pages Facebook, étaient postés des images et slogans féministes – « J’ai souvent pensé qu’il était injuste que les femmes restent chez elles lorsqu’il faut se battre. Si une femme a la force de porter un enfant, elle peut brandir une épée aussi bien que n’importe quel homme. »

Certains comptes, sans poster d’images ou de textes ouvertement politiques, abordaient des thèmes sociétaux, comme les discriminations, l’exploitation de l’Afrique par l’Occident ou l’écologie.

Ces comptes doivent être supprimés immédiatement et s’ils ne sont pas ouvertement politiques, c’est encore plus suspect.

Sur une des photographies partagées par le compte écologiste, représentant une toile d’araignée, on peut voir dans le coin supérieur gauche le mot « toile d’araignée » écrit en russe. « Cela peut être totalement fortuit, mais n’en demeure pas moins notable dans le contexte des soupçons que ce réseau était piloté par la Russie », écrivent les chercheurs.

Et voilà. C’est Poutine, je vous l’avais dit.

Une campagne d’ampleur modeste

Le DFR Lab note cependant la portée limitée de cette opération de propagande : selon eux, les pages Facebook et les comptes Instagram en français ont réuni au total 135 000 abonnés. Le plus suivi, @les_femmes_musulmanes, disposait d’un peu plus de 10 000 followers, quand les autres comptes Instagram en comptaient autour de 2 000.

Selon les chiffres fournis par Facebook, ces 135 000 abonnés se répartissaient à peu près équitablement entre Instagram (76 000) et Facebook (65 000). Le réseau social indique aussi que 12 400 utilisateurs localisés en France suivaient l’un des comptes Instagram en français.

Sollicité, Facebook n’a pas été en mesure de donner, au-delà du nombre d’abonnés, le nombre de ses utilisateurs ayant été en contact avec les contenus postés par les pages incriminées.

C’est terrible. Quelle est l’ampleur de la contamination ?

Selon les chercheurs du DFR Lab, il est très probable que cette opération de propagande ait été interrompue par le réseau social à ses débuts, au moment où les comptes concernés tentaient de se « construire activement une communauté ».

Ouf ! On respire.

Ainsi, de nombreux comptes Instagram incitaient sans cesse ceux qui consultaient leur page à s’abonner et faisaient un usage intensif de mots-clés que l’on trouve fréquemment sur les comptes cherchant à acquérir rapidement une audience importante.

Aucun compte honnête ne fait cela.

« Les questions demeurent quant à la taille de l’opération, la durée de son activité, quels autres contenus postaient ces comptes et s’ils étaient actifs sur d’autres plates-formes », explique aussi le rapport du DFR Lab.

Des soupçons visant la Russie

Deux éléments saillants ont retenu l’attention des chercheurs. D’abord, la stratégie déployée par ces comptes pour attirer des abonnés, notamment auprès de segments bien précis de la population. Ensuite, la prégnance des thématiques sinon politiques, du moins sociales, qui parfois sont loin de faire consensus dans la société française.

Effectivement. Évoquer des thématiques politiques ou sociales qui ne font pas consensus dans la société française est tout simplement criminel. Heureusement DRF Lab est là pour nous protéger.

La combinaison de ces deux facteurs fait penser « aux opérations de manipulation de la Russie, qui utilisaient des inquiétudes et des tensions sociales pour promouvoir la division et attaquer des hommes et femmes politiques dans différents pays », écrivent-ils. Ils ajoutent cependant qu’il « n’y a pas suffisamment de preuve pour attribuer avec certitude [ce réseau de comptes] à l’Internet Research Agency»

Pas besoin de preuves. C’est Poutine, je vous dis.

D’autant que les éléments rassemblés par le DFR Lab sont fragmentaires et que Facebook n’est pas en mesure de fournir davantage d’informations.

Selon nos informations, le réseau social devrait contacter les autorités françaises pour leur donner les éléments rassemblés sur ce réseau de faux comptes avant leur suppression.

C’est indispensable ! Merci pour tout.

Cher lecteur du Monde, la propagande n'est pas forcément là où on vous la montre.

 

18 novembre 2018

Pour la libération de Julian Assange

#Unity4J : Christine Assange lance un appel d’urgence

Sur Le Grand Soir le 8/11/2018:

#Unity4J : Christine Assange lance un appel d'urgence

(traduit à partir de la transcription d'un document sonore) Ceci n'est pas un exercice. C'est une urgence. La vie de mon fils, le journaliste Julian Assange, est en danger imminent et grave. Je vous remercie tous d'entendre l'appel d'une mère qui (...)

https://www.legrandsoir.info

(traduit à partir de la transcription d’un document sonore)

Ceci n’est pas un exercice. C’est une urgence. La vie de mon fils, le journaliste Julian Assange, est en danger imminent et grave. Je vous remercie tous d’entendre l’appel d’une mère qui vous demande de l’aider à le sauver.

Bien que Julian soit un journaliste primé à maintes reprises, très aimé et respecté pour avoir courageusement dénoncé, dans l’intérêt du public, des crimes graves et la corruption à haut niveau, il est actuellement seul, malade, souffrant et réduit au silence et à l’isolement, coupé de tout contact et torturé au cœur de Londres. La prison moderne des prisonniers politiques n’est plus la Tour de Londres mais l’Ambassade de l’Equateur.

Voici les faits : Julian est détenu depuis près de huit ans sans inculpation. Vous avez bien lu : sans inculpation.

Au cours des six dernières années, le gouvernement britannique a refusé ses demandes d’accès aux soins de santé de base : air frais, exercice, soleil pour la vitamine D et accès à des soins médicaux et dentaires appropriés. En conséquence, sa santé s’est sérieusement détériorée et les médecins qui l’examinent mettent en garde contre ces conditions de détention qui mettent sa vie en danger. Un assassinat lent et cruel se déroule sous nos yeux à l’ambassade de Londres.

En 2016, après une enquête approfondie, les Nations Unies ont statué que les droits de Julian avaient été violés à plusieurs reprises, qu’il était détenu illégalement depuis 2010, et ont ordonné sa libération immédiate, un sauf-conduit et son indemnisation. Le gouvernement britannique a refusé de se conformer à la décision de l’ONU.

Le gouvernement américain a déclaré que l’arrestation de Julian était une priorité. Ils veulent contourner la protection des journalistes américains en vertu de leur Premier Amendement [de la Constitution US] en l’accusant d’espionnage. Ils ne reculeront devant rien pour le faire.

En raison de la menace que les États-Unis font peser sur l’Équateur, son droit d’asile est maintenant directement menacé. Les pressions exercées par les États-Unis sur le nouveau président équatorien ont conduit Julian à être placé en isolement cellulaire strict et sévère au cours des sept derniers mois. Privé de tout contact avec sa famille et ses amis. Seuls ses avocats peuvent lui rendre visite.

Il y a deux semaines, la situation s’est considérablement aggravée. L’ancien président de l’Équateur, Rafael Correa, qui a légitimement accordé à Julian l’asile politique devant les menaces américaines contre sa vie et sa liberté, a publiquement averti que lorsque le vice-président américain Mike Pence s’est récemment rendu en Équateur, un accord a été conclu pour livrer Julian aux États-Unis. Il a déclaré que parce que le coût politique d’une expulsion de Julian était trop élevé, le plan consiste à le briser mentalement. Un nouvel ensemble de règles et de protocoles inhumains, impossibles à mettre en œuvre, a été mis en place à l’ambassade pour le torturer au point de le faire craquer et le forcer à partir.

En même temps, un membre du gouvernement équatorien a tenté à plusieurs reprises d’annuler la citoyenneté équatorienne [de Julian] afin qu’il puisse être extradé directement vers les États-Unis.

Alors que ses avocats contestaient cette dernière violation de ses droits humains en vertu de la Constitution équatorienne, l’avocat du gouvernement a averti Julian que même son témoignage décrivant ses souffrances pourrait constituer une violation du nouveau protocole et un motif d’expulsion de l’ambassade. Ils lui ont refusé la visite de ses avocats pendant quatre jours, avant l’audience de lundi prochain, ce qui compromet la préparation de son dossier et accroît encore son isolement, son anxiété et son stress.

Ils sont en train de piéger mon fils pour avoir une excuse pour le livrer aux États-Unis, où il fera l’objet d’un simulacre de procès.

Au cours des huit dernières années, il n’a pas eu accès à un processus juridique approprié. A chaque étape, c’est l’injustice qui a prévalu, avec un énorme déni de justice. Il n’y a aucune raison de penser qu’il en sera autrement à l’avenir. Le grand jury américain qui produit le mandat d’extradition se tient en secret, a quatre procureurs mais pas de défense ni de juge.

Le traité d’extradition entre le Royaume-Uni et les États-Unis permet au Royaume-Uni d’extrader Julian vers les États-Unis sans qu’il y ait de preuve prima facie. Une fois aux États-Unis, la National Defense Authorization Act permet la détention illimitée sans procès. Julian risque d’être emprisonné à Guantánamo Bay et torturé, d’être condamné à 45 ans de prison de haute sécurité, ou la peine de mort.

Mon fils est en danger critique à cause d’une persécution brutale et politique par les tyrans au pouvoir dont il a courageusement dénoncé les crimes et la corruption quand il était rédacteur en chef de WikiLeaks. Les entités corrompues qui, au gouvernement, parlent d’intimidation, de fausses nouvelles et de droits humains sont les mêmes brutes qui poussent mon fils à la mort.

Il semblerait que le journalisme courageux, honnête et primé à plusieurs reprises soit devenu une activité dangereuse.

Les voies légales ont été subverties, et il est donc peu probable qu’elles puissent le sauver.

Parce qu’il s’agit d’une persécution politique transnationale par une superpuissance sauvage en collusion avec ses alliés, sauver Julian nécessite l’indignation des peuples du monde.

Je vous demande de faire du bruit, beaucoup de bruit, et de continuer à en faire jusqu’à ce que mon fils soit libéré. Nous devons protester contre cette brutalité assourdissante.

J’en appelle à tous les journalistes pour qu’ils se dressent, parce qu’il est votre collègue - et parce que vous serez les prochains.

J’en appelle à tous les politiciens qui disent qu’ils sont entrés au Parlement pour servir le peuple, pour qu’ils se dressent maintenant.

J’en appelle à tous les activistes qui soutiennent les droits de l’homme, les réfugiés, l’environnement, et qui sont contre la guerre, à se dresser maintenant parce que WikiLeaks a servi les causes que vous défendez, et Julian souffre maintenant pour cela, à vos côtés.

J’en appelle à tous les citoyens attachés à la liberté, à la démocratie et à la justice, à mettre de côté leurs divergences politiques et à s’unir et à se mobiliser maintenant.

La plupart d’entre nous n’ont pas le courage des lanceurs d’alerte, ni des journalistes comme Julian Assange qui les publient, afin que nous soyons informés et avertis des abus de pouvoir. Mais nous pouvons nous mobiliser en masse et les protéger.

Tout au long de l’histoire, lorsque les abus de pouvoir sont devenus insupportables pour le peuple, celui-ci s’est uni et s’est levé pour les faire cesser.

Le moment est venu de dire « ça suffit ! Nous, les gens, ne resterons pas les bras croisés et ne regarderons pas mourir ce courageux journaliste.

Traduction "gorge nouée et rage au ventre. Où sont les médias "alternatifs" ?" par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

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3 novembre 2018

Cyrano s’emporte à la tribune : "Le voilà votre pognon de dingue..."

par OZI sur Agoravox le 01/11/2018.

Texte de François Ruffin :

"Madame la ministre, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur général, en quelle langue faut-il donc vous le dire ?

En anglais : what a waste  ! En italien : che spreco  ! Je veux bien, même, essayer en chinois : touome lang fei  !

En français, tout de même : quelle gabegie ! Quel gâchis colossal !

J’ai découvert le scandale, un matin, en écoutant la radio – je roulais dans mon Berlingo : « D’après un rapport de France Stratégie, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi aurait permis de créer ou de sauvegarder 100 000 emplois. » C’est le genre de calcul que j’aime bien faire dans ma tête ; ça fait passer le temps au volant. Allons-y ensemble : le CICE coûte aux alentours de 20 milliards d’euros par an ; si l’on divise cette somme par 100 000 emplois, on obtient 200 000.

J’ai dit à mon collaborateur, Vincent, qui était à côté de moi (Mêmes mouvements)  : « Tu te rends compte : 200 000 euros par emploi et par an ! C’est pas possible, j’ai dû m’emmêler dans les zéros… » Sur le siège passager, Vincent a vérifié sur son téléphone portable : « C’est bien ça : 200 000 euros par an pour un emploi. »

Cela paraissait tellement incroyable, tellement délirant, tellement surréaliste ! Si j’étais informaticien, je fabriquerais un « convertisseur de CICE ». Vous saisiriez le nom d’un métier, « infirmier » par exemple. C’est la débâcle dans les hôpitaux, on le sait tous : les patients attendent des nuits entières aux urgences ; les établissements parisiens épuisent leurs salariés ; dans d’autres, le personnel apporte son propre papier toilette. Bref, l’hôpital est au bord de la crise de nerfs. Donc, embaucher des infirmiers, qui est contre ? Eh bien, ces 20 milliards de CICE, ça fait 625 000 infirmiers !

Mais vous avez raison : il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Avec mon convertisseur, chacun pourrait se faire son propre mix, ses embauches idéales : des accompagnants pour les enfants handicapés, des animateurs pour le périscolaire, des auxiliaires pour les personnes âgées, des inspecteurs du travail… et tout ça, par centaines de milliers. Est-ce que vous saisissez, maintenant, l’énormité de ces 20 milliards ?

Et à qui profite ce CICE ? Pour moitié aux multinationales. Le premier bénéficiaire dans le privé, c’est Carrefour, Carrefour qui licencie 4 500 caissières et autres employés, Carrefour qui reçoit, néanmoins, 130 millions d’euros au titre du CICE, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi.

Emploi, emploi… ça ne vous choque pas ? Dans tout le pays, il n’y a qu’ici que ça ne choque pas ! Tous les experts vous le disent : le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi est une gabegie. Le comité de suivi de France Stratégie le dit. La fédération « Travail, emploi et politiques publiques » du CNRS le dit. Le laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques le dit. Toutes ces études aboutissent à la même conclusion : un effet quasi-nul.

Malgré ces rapports, ces études, ces évaluations, que décidez-vous ? Que décidez-vous après la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune, après la flat tax, après la suppression de l’exit tax, après la baisse de l’impôt sur les sociétés ? Vous décidez de poursuivre le CICE, de le pérenniser en allégements de charges et même, pour cette année, de le doubler, en le faisant passer à 40 milliards d’euros. Quarante milliards, c’est, pour 2018, douze fois le budget de l’agriculture, quatorze fois celui de la culture, quatre fois celui de l’écologie !

Mais vous êtes sourds.

Vous êtes sourds aux faits ; vous êtes sourds aux Français ; vous êtes aveuglés par votre dogme. Ces chercheurs, de France Stratégie ou du CNRS, devraient abandonner leur langue convenue et convenable. Ils devraient vous l’écrire en très grand, en lettres clignotantes, tout en klaxonnant : gaspillage ! Gaspillage ! Gaspillage !

Ou alors, comme Cyrano de Bergerac, ils devraient vous le déclamer.

Généreux : « Moi, si j’avais un tel magot dans ma besace, /Il faudrait sur le champ que je le partageasse ! »

Curieux : « Dites-moi, de quoi sert ce fabuleux pécule ? /Aimez-vous à ce point les très grandes fortunes / Que paternellement vous vous préoccupâtes / De leur tendre ce chèque de 40 000 patates ? »

Dramatique : « Ô rage ! Ô désespoir ! C’est le peuple que l’on saigne ! /Mais pour les millionnaires, quelle formidable aubaine ! »

Agressif : « Le voilà donc, monsieur, votre « pognon de dingue » /Pour que l’oligarchie fasse follement la bringue ! »

Quarante milliards, donc ! Quarante milliards ! Et en même temps, vous osez. En même temps, vous osez geler les pensions de retraite. En même temps, vous osez geler les allocations familiales.

En même temps, vous osez geler les pensions d’invalidité.

Vous vous rattrapez sur les familles pauvres, sur les personnes âgées, sur les personnes handicapées. Sur elles, vous allez gratter 7 milliards. À elles, vous criez la nécessité de l’effort budgétaire. Vous osez. Bravo ! Chapeau !

Victor Hugo écrivait : « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches. » Vous êtes les maîtres d’œuvre de cette injustice ! Vous êtes le bras armé de cette iniquité !"

Source : https://francoisruffin.fr/cice-cyrano/?fbclid=IwAR3HpvuqQbHl7PlCC5GyDyl7lTtNhS2HNDVssg-x-KG_SpVB6WxD51uMJ8M

14 mai 2018

La stratégie des États-Unis pour le 21e siècle

Août 2016 - Lu dans Il Fatto Quotidiano

http://ilfattoquotidiano.fr/giulietto-chiesa-15e-anniversaire-des-attentats/#more-4527

Giulietto Chiesa : 15e anniversaire des attentats

 Le 11 septembre prochain correspondra au 15e anniversaire du plus grand attentat terroriste de l’Histoire. Des fleuves d’encre ont coulé depuis à ce sujet : qui l’a fait ? Quels objectifs politiques poursuivaient ses organisateurs ?

Nous ne reprendrons pas cette discussion ici. L’auteur de ces lignes a depuis toujours soutenu que les 19 "pirates de l’air" emmenés par Ben Laden n’auraient en aucun cas pu réaliser un tel plan. Il existe une foule de preuves montrant l’implication dans cette opération de puissantes forces liées à différents services secrets, à commencer par certaines branches de la CIA et du FBI, de l’ISI pakistanaise, des services secrets saoudiens et ceux, très certainement impliqués, du Mossad israélien.

Le travail de la "Commission sur le 11/9" (aussi appelé "version officielle") ne résiste pas à une innombrable quantité d’objections… faites par des chercheurs ou des journalistes indépendants dans le monde entier. Ceux que cela intéresse peuvent se référer au site www.consensus911.org où un certain nombre de ces remarques et de ces incohérences ont été rassemblées ces dernières années par un groupe de spécialistes dont je fais également partie. La "Commission sur le 11/9 " – comme nous l’avons appris officiellement après les révélations de l’ex-sénateur démocrate Bob Graham (qui fut président de la Commission du Congrès, la première à avoir enquêté sur les attentats du 11/9) et de nombreux sénateurs et députés américains – cette Commission donc, refusa d’examiner des documents et des éléments de preuve concernant les mystérieuses manœuvres [militaires] qui précédèrent les attentats. Les 28 pages du premier rapport, récemment divulguées – après être restées au secret pendant 15 ans, nous apprennent sans aucun doute possible, documents à l’appui, que le gouvernement saoudien a aidé et financé les "boucs émissaires" [les 19 pirates de l’air – NdT] lors de leur installation aux États-Unis. Et ce seul fait (sans compter que le FBI et la CIA étaient – et tout cela est prouvé – au courant de la préparation des attentats), montre que la Commission sur le 11/9 a livré une version mensongère de toute cette affaire, afin de couvrir les vrais responsables.

À ces falsifications – déjà établies – viennent s’en ajouter quelques dizaines d’autres. Suffisamment pour conclure qu’il s’est trouvé, le 11 septembre 2001, de puissants intérêts au sein même de l’élite américaine et des cercles dirigeants occidentaux désireux de couvrir les vrais protagonistes de ces attentats. Savez-vous par exemple que le Procureur émérite de la Cour de cassation italienne, Ferdinando Imposimato, a déclaré et a même écrit à diverses occasions, qu’il existe désormais des preuves plus que suffisantes pour accuser l’administration américaine de George W. Bush et Dick Cheney de "participation à un massacre", et pour les traîner devant un tribunal international. Le problème est que ce tribunal international, même s’il existe [La Haye – NdT] n’est pas habilité à juger l’administration américaine.

Reste le fait, et cela constitue un élément important, que l’ensemble des grands médias occidentaux ont invariablement défendu, durant ces 15 dernières années, une version officielle désormais totalement fausse, se couvrant de ridicule, dans le seul but d’empêcher l’émergence de la vérité. Les concepteurs et les protagonistes de ces attentats, leurs amis ou complices, avaient et ont toujours le contrôle quasi total sur les moyens de communication mondiaux, et ont ainsi pu profiter de l’ignorance totale des faits dans laquelle des centaines de millions de personnes sont restées plongées.

Le problème relève donc à la fois du niveau politique et de celui de la communication. Et il est vital de trouver une solution avant qu’il ne soit trop tard. Non seulement les organisateurs du 11-Septembre ont encore les mains libres, mais ils sont désormais en mesure de créer des dommages irréparables à la paix dans le monde. Rappelons-nous qu’ils ont gagné la partie : la portée de leur action a considérablement changé le cours de l’histoire de la planète. On a vu après le 11-Septembre toute une série de guerres sanguinaires (Afghanistan, Irak, Libye, Syrie) et de modifications du système des règles internationales : autant de changements motivés par la nécessité de combattre le "nouvel ennemi" de l’Occident, à savoir, l’Islam fondamentaliste.

La guerre au terrorisme international, qui a débuté ce jour-là, se poursuit depuis maintenant 15 ans. Mais paradoxalement, au lieu de produire des résultats tangibles, elle semble au contraire étendre le chaos et le désordre dans à peu près toutes les directions. À première vue, la situation actuelle semble être la preuve que l’Empire américain – la plus puissante armée du monde, à laquelle s’ajoutent les autres armées occidentales réunies sous l’égide de l’OTAN – n’est pas capable d’arrêter son nouvel ennemi, celui fabriqué artificiellement [le 11/9] au travers du "plus grand spectacle [terroriste] de tous les temps, auquel assistèrent en direct à la télévision près de 3 milliards de personnes.

Je ne pense pas que cette impression d’impuissance de l’Empire soit correcte. Les développements auxquels nous assistons semblent plutôt dessiner les lignes d’un chaos global qui correspond clairement aux intérêts des inventeurs de cette "guerre globale au terrorisme". Il s’agit d’un chaos organisé, dont le principal objectif est de cacher aux peuples occidentaux, qui vivent désormais dans la "terreur", le fait que l’origine de la crise mondiale est totalement interne à l’Occident. Elle dérive directement du fait que le système bancaire mondial, créé par la globalisation et qui, à son tour, a porté à encore plus de globalisation, n’est plus en mesure de résister longtemps sans exploser en une crise mondiale cent fois supérieure en intensité à celle qui mena à la crise de 1929.

Le "terrorisme islamique" qui est en train de se transformer jour après jour en une "guerre asymétrique" diffuse (selon la définition qu’en a donné Vladimir Poutine) équivaut à une gigantesque "distraction de masse", dont le but est de désorienter l’opinion publique mondiale, mais aussi de tirer bénéfice de terroristes et de groupe extrémistes ou radicalisés dans la poursuite d’intérêts particuliers. La preuve éclatante en est donnée par la théorie – inventée pour l’occasion par les sources officielles occidentales afin de dissimuler leur soutien aux terroristes dans la guerre contre la Syrie – des "terroristes modérés", opposés aux "méchants terroristes". Une théorie qui a poussé à considérer comme potentiels alliés des groupes affiliés à al-Qaïda, dans le but d’abattre le régime de Bashar el-Assad. Comme par hasard, cette même al-Qaïda à laquelle a été attribuée voilà 15 ans la paternité des megas-attentats contre le World Trade Center et le Pentagone.

Après la crise de 2008 provoquée par la faillite de Lehman Brothers, aucune des recettes des centres du pouvoir financier global n’a été en mesure de remettre en marche la machine financière mondiale. La masse d’argent a pourtant été démultipliée de façon vertigineuse, à travers le mécanisme du "Quantitative Easing" pratiqué par toutes les banques centrales occidentales. Mais la machine globale n’a pas réussi à repartir. Au contraire, toutes les prévisions (savamment cachées aux yeux du grand public des investisseurs) indiquent que d’ici à 2020-2025, la croissante du PIB global s’approchera du point zéro, signant ainsi la fin de toutes les illusions sur la croissance économique si largement diffusées au cours de ces 10 dernières années, même si les faits montraient tout le contraire.

Le problème appelle une solution politique rapide, puisque les solutions politico-économiques sont pour l’instant inatteignables. L’explosion systémique se produira dans un délai indéterminé, relativement élastique, mais qui ne sera pas supérieur à 10 ans. C’est ce qui explique la hâte (et aussi les signes de panique) avec laquelle l’Occident cherche à brouiller les cartes et à déstabiliser le monde en faisant table rase de toutes les règles qui avaient résisté pendant la Guerre froide.

Se répète ainsi le scénario qui précéda le 11 septembre 2001. Quelques années auparavant, en 1998, le groupe de néoconservateurs emmené par Paul Wolfowiz avait produit un document intitulé "Projet pour un nouveau siècle américain" (PNAC, Project for the New American Century). Le titre était déjà révélateur de la folie de ses auteurs : suggérer d’imposer au monde un autre siècle à domination américaine, sur une planète abritant plus de 7 milliards d’habitants, et où existent désormais des géants comme la Chine et l’Inde, équivalait à une déclaration de guerre contre le reste du monde. Les auteurs néo-cons avaient parfaitement conscience de la violence qu’un tel projet nécessitait pour se réaliser. Ils savaient – ils l’ont écrit – que la Chine, en 2017, serait devenue le concurrent objectif et non contrôlable dont il faudrait tenir compte. Inversant les rôles, ils qualifièrent la Chine de "menace pour la sécurité nationale des États-Unis". Et ils se préparèrent à renforcer un différentiel militaire stratégique destiné à devenir toujours plus impossible à combler, pour toujours, pour n’importe quel État ou groupe d’États qui aurait eu des velléités de seulement s’approcher de la puissance de l’Empire.

Ces gens-là avaient déjà, à l’époque, connaissance de l’immense escroquerie financière sur laquelle reposait le dollar. Et de fait, les premiers signes de récession apparurent précisément en 2001. Il s’agissait alors d’imposer un changement psychologique dans la population américaine (et dans les populations occidentales en général, Europe incluse), laquelle étant parfaitement ignorante de tout cela et attirée par la carotte consumériste que lui présentaient les médias, n’était pas vraiment prête à se laisser embarquer dans une aventure guerrière. Il fallait donc provoquer quelque chose d’extraordinaire, de terrible ; quelque chose de "semblable à un nouveau Pearl Harbor", de façon à ce que les masses populaires perçoivent un danger immense et surtout imminent, à même de détruire leur sécurité et de mettre fin à leur bien-être.

Un tel danger n’existait plus à la fin du siècle dernier. La Russie – ainsi le pensaient-ils, et cela fut leur plus grande erreur – avait déjà été mise hors-jeu, conquise, colonisée culturellement et politiquement. Elle n’incarnait plus l’"ennemi rouge" qui avait tant tourmenté l’élite américaine au cours de la Guerre froide. La Russie ne pouvait plus être considérée comme un concurrent potentiel. Le Mur de Berlin était tombé. Comme l’écrivait Gore Vial, "quand les Russes nous ont frappés dans le dos en abandonnant leur empire en 1991, nous sommes restés sur de fausses idées sur nous-mêmes, et surtout, bien plus grave, sur le reste du monde."

Il fallut donc créer la menace de manière parfaitement  artificielle. Et ainsi fut-il fait. Cela peut sembler étrange, mais ils le déclarèrent ouvertement. Rappelons-nous des paroles de Zbignew Brzezinski prononcées en 1997 : "Il faut prendre en considération le fait que l’Amérique est en train de se transformer toujours plus en une société multiculturelle, et en tant que telle, il peut devenir de plus en plus difficile de créer le consensus sur des questions de politique étrangère, à moins d’une menace ennemie énorme, perçue directement au niveau des masses." La prévision d’une Chine hors de contrôle était la bonne. Mais il fallait un ennemi tout de suite, sur-le-champ. L’Islam fut servi sur l’autel de toutes les Nations comme cet "ennemi". George W. Bush et son ministre de la Défense Donald Rumsfeld clamèrent devant les micros et les caméras de tous les grands médias que "venait de commencer une guerre qui allait durer toute une génération" (Rumsfeld parla même de "50 ans").

Les premières 15 années de ces 50 ans viennent de passer. Et personne ne peut nier que la situation mondiale est en train de dégénérer. Mais l’Occident se refuse à prendre acte des changements dans les rapports de force planétaires. Ce qui est le plus insupportable pour les cercles de pouvoir américains, c’est de voir réapparaitre la Russie comme protagoniste sur la scène internationale. Dans les prévisions – erronées – des néo-cons, la Russie avait été mise définitivement hors-jeu. Et cette erreur de calcul a rendu problématique le reste de leurs plans. Ils pensaient qu’une fois la Russie écartée, il y aurait eu assez de temps pour s’occuper de la Chine et en faire le nouvel "Empire du Mal", à la place de la Russie. Tout aussi fausse fut leur hypothèse selon laquelle après ce "Nouveau Pearl Harbor", les 7 milliards d’habitants de la planète se seraient rangés en file indienne pour acheter tout ce qui pouvait être achetés dans les supermarchés créés pour eux. Et tout aussi fausse fut l’idée qu’il suffisait de fabriquer de l’argent de toute pièce pour résoudre le problème.

La somme de ces succès, et de ces erreurs, permit à l’Empire – entre une guerre et l’autre – de dominer 7 ans de plus.  La 7e année fut 2008, et il fallut 13 000 milliards de dollars inventés de toute urgence par la Federal Reserve d’Allan Greenspan, pour sauver de la faillite les banques occidentales. Et comme nous l’avons déjà rappelé, les dernières 8 années ont vu s’établir le règne du chaos. Voilà pourquoi l’Empire se trouve à nouveau devant la nécessité de compacter son système d’alliances, exactement comme il le fit à travers les attentats terroristes de 2001.  En 2008, le stratagème consista à déstabiliser les "petits ennemis" et fut confié à Barack Obama, qui le réalisa à travers la multiplication des "révolutions colorées" et surtout, l’usage des "printemps arabes" destinés à faire place nette de tous ces régimes devenus inutiles ou gênants au Moyen-Orient. Et il faut bien reconnaitre que cette opération stratégique a fonctionné, mais uniquement dans le sens d’encore plus de déstabilisation globale.

La présence de la Russie, redevenue puissance mondiale, a cependant contraint les néo-cons à changer de stratégie, et à revenir sur le lieu du crime. C’est de nouveau la peur qui a prévalu. La crise fait rage, et à l’Est on voit poindre deux "ennemis", la Russie et maintenant la Chine, le grand "pays du milieu". C’est ainsi que s’explique le coup d’État en Ukraine, la destitution de Janukovic par les groupes nazis et ultranationalistes russophobes depuis longtemps formés et entraînés avec l’aide de la Pologne et des républiques baltiques. Le piège, fort bien préparé, devait obliger la Russie à intervenir directement pour soutenir les Russes d’Ukraine, soumis à une véritable purification ethnique d’un nouveau genre. Vladimir Poutine n’est pas tombé dans le piège et les Russes d’Ukraine – pas tous, mais une bonne partie – ont trouvé la force pour se défendre. La Crimée a choisi de "revenir au pays".

Toujours est-il que l’objectif a été en grande partie atteint par l’Empire. L’Europe s’est rangée aux côtés des États-Unis, des sanctions ont été prises [contre la Russie], la vague russophobe s’est propagée dans tout l’Occident et l’a compacté autour de Washington. La Russie et Poutine sont les "véritables ennemis à abattre." Comment ? Ce sera à Hillary Clinton de résoudre le problème. La confrontation directe est en cours de préparation. Mais tous à Washington ne sont assez pas assez suicidaires pour la déclencher. Ils se préparent à la guerre, et pensent pouvoir mettre à genoux la Russie de Poutin, comme ils le firent avec l’URSS de Gorbatchev. C’est un pari qu’ils pourraient bien perdre. Et l’Europe est en pleine ébullition, au point qu’elle pourrait bien exploser avant. L’Empire lui-même est profondément divisé. Donald Trump a très peu de chances de gagner les élections, mais sa présence montre à quel point le peuple américain n’a plus aucune confiance dans ses élites. On pourrait appliquer à l’Amérique le dicton latin "omne regnum in se ipse divisum desolabitur" (tout règne, lorsqu’il est divisé en son sein, finit par s’écrouler)

Giulietto Chiesa – août 2016

Traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr

 

10 avril 2018

Macron, "le petit" et la révolte

Macron « le petit » et la révolte des « sans-dents et des gens qui ne sont rien »

par Mohamed Belaali
lundi 9 avril 2018 sur Agoravox

 

Après Sarkozy et Hollande, voilà donc Macron, le nouveau serviteur des riches. « Macron, c'est moi en mieux » disait Sarkozy (1). Ce qui caractérise ces trois présidents c'est leur soumission absolue aux puissants et leur mépris profond pour le peuple. La guerre ouverte et sans répit que mène aujourd'hui Macron, comme hier Sarkozy et Hollande, contre l'immense majorité de la population a au moins le mérite de démystifier l’État républicain, la démocratie, la liberté de la presse, la séparation des pouvoirs, les droits de l’homme et bien d’autres concepts de l’idéologie bourgeoise dont la fonction principale est de masquer la violence des rapports sociaux de domination. Après quelques mois seulement du « macronisme », le masque tombe et le visage hideux de la classe dirigeante apparaît alors au grand jour.

 

Les exigences de la bourgeoisie en matière économique, sociale et politique sont satisfaites avec un zèle rare : destruction du code du travail, précarisation et flexibilisation de l'emploi, démantèlement du service et de la fonction publique, suppression des contrats aidés, baisse du montant de l'APL(Aide Personnalisée au Logement), augmentation de la CSG (Contribution Sociale Généralisée) pour les retraités, baisse programmée des retraites, flicage des chômeurs, sélection à l'entrée de l'Université, suppression de l'impôt sur la fortune (ISF), prélèvement forfaitaire unique (PFU) ou « flat tax » plafonné à 30 %, sur les revenus du capital (intérêts, dividendes, plus-values de cession de valeurs mobilières etc.), projet de loi pour museler davantage encore la liberté d'expression, intégration de l'état d'urgence dans le droit commun, projet de privatisation de la SNCF, mépris absolu des migrants etc. etc. Et il ne s'agit là que d'un début ! D'autres décisions encore plus violentes pour les plus démunis viendront allonger cette interminable liste de mesures en faveur des riches. C'est un véritable hold-up sur la richesse de toute une nation.

La bourgeoisie est aux anges. Aucun autre président ne l'a comblée autant que Macron. Ni Chirac, ni Sarkozy, ni Hollande n'ont mené une politique aussi brutale et aussi rapide contre le peuple et pour la minorité des puissants. Pour l'instant, le triomphe de Macron semble total.

 

Victor Hugo disait de Napoléon le petit « M. Louis Bonaparte a réussi. Il a pour lui désormais l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort, et tous ces hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que de la honte » (2). On peut également ajouter que Macron a pour lui une arme redoutable et décisive, les médias du grand capital. Les moyens de communication de masse demeurent l’instrument le plus efficace pour inculquer cette idéologie défaitiste et anesthésier une population déjà traumatisée par le chômage et la précarité. Pire, les mensonges véhiculés jour et nuit par les médias bourgeois sont intériorisés par les plus démunis. Le contenu mensonger de cette intense propagande idéologique, bien qu'il soit contredit quotidiennement par les faits, s'efface pour ainsi dire totalement. Les dominés participent ainsi, sans le vouloir, au maintien de leur propre servitude. La propagande et l’endoctrinement permanents remplacent l’information, le faux devient vrai et les apparences se confondent avec la réalité. Les intérêts d'une classe, la bourgeoisie, deviennent ceux de toutes les classes.

Les médias bourgeois ne tolèrent et ne supportent aucune critique ni aucune opposition qui va dans le sens des intérêts de l'immense majorité de la population. La caste des journalistes, admirateurs serviles de Macron, se jettent comme des chiens féroces et bien dressés sur celles et ceux qui leur tiennent tête et leur apportent la contradiction. Leur haine des hommes et des femmes qui refusent de courber l'échine devant Macron est totale. Parlant des matinales de France Inter, Jean-Luc Mélenchon disait « Les matinales c’est une expérience extrêmement douloureuse(...), il faut pas se tromper, si je me trompe moi par exemple je dis "y’avait 27.502 chômeurs" aussitôt "ahaha non 704, il s’est trompé, il sous-estime le problème !". C’est des chiens, c’est une horde qui se jette sur vous pour vous dévorer » (3)  ; rien de plus normal dans une société fondée sur la lutte des classes ! Car l'accumulation et la concentration des richesses doivent rester, vaille que vaille, entre les mains d'une minorité d'exploiteurs. Les médias, comme d'ailleurs l'armée, la police, la justice, en un mot tout l'appareil répressif de l’État ne sont que des instruments qui permettent à la classe dominante de perpétuer ses privilèges.

 

Mais les effets dévastateurs de cette politique de classe commencent à se faire sentir et un vent de révolte se lève peu à peu sur une France endormie.Tous les secteurs de la société sont touchés, car tous attaqués brutalement par Macron. Retraités, élèves, étudiants, enseignants, cheminots, éboueurs, électriciens, avocats, personnel hospitalier, salariés d'Air France, des Ehpad, des prisons, de Carrefour, de Casino, de Pimkie etc. font entendre leurs voix et leurs colères un peu partout en France (4).

Le mouvement qui se déroule sous nos yeux prend l'allure d'une lutte de classe à classe c'est à dire un combat politique qui dépasse le cadre syndical. C'est toute la politique du gouvernement et notamment sa politique d'austérité (réductions drastiques des dépenses de la sécurité sociale, de l’Éducation, de la santé, des transports, du logement public... pour les transférer dans les caisses du patronat) imposée par l'Union Européenne et appliquée avec zèle par Macron qui est contestée. L'austérité n'est qu'un paravent hypocrite derrière lequel se cachent les intérêts de la petite minorité d'exploiteurs. Les grévistes et les manifestants se battent également pour la survie des services publics menacés de disparition et contre « la destruction d'une civilisation associée à l'existence du service public » (5). La lutte des cheminots et de tous ceux et celles qui se battent aujourd'hui contre Macron n'est pas un combat pour des privilèges mais pour des droits et des devoirs égaux entre tous les citoyens.

La révolte de ces hommes et de ces femmes, « les sans-dents » comme disait Hollande ou «  ceux qui ne sont rien, les fainéants, les illettrés ... » comme dit Macron (6) est dirigée aussi contre

cette arrogance et ce mépris de classe affichés ostensiblement et exprimés sans retenue par le Président de la République et son gouvernement (7). Cette violence verbale cache mal une haine de classe qui se traduit concrètement par une politique entièrement dédiée à la minorité de la population la plus riche.

 

Personne ne peut prédire aujourd'hui l'avenir de ce mouvement populaire qui est en train de prendre forme. Mais ce qui est sûr, c'est que Macron et la classe qui est derrière lui vont utiliser tous les moyens dont ils disposent pour le dénigrer avant de le réprimer et de l'écraser. Plus la lutte dure dans le temps, plus la classe dirigeante devient brutale, arrogante et odieuse. Elle ne reculera devant rien pour défendre ses intérêts.

Toute l'histoire des luttes des classes le démontre. Le pouvoir politique et la classe qui le soutient mobilisent d'abord les médias pour désinformer, démobiliser et démoraliser les grévistes et les manifestants. Le mot « réforme » (en réalité il s'agit de la destruction des services publics et des acquis sociaux) est répété inlassablement tout au long de la journée et de la nuit. Car les « réformes » sont nécessaires. Il faut donc les accepter et les soutenir. C'est ainsi « qu'en 1995, la quasi-totalité des grands médias ont soutenu « la réforme » de la Sécurité sociale. En 2001, ils ont salué « la réforme » du statut de la SNCF. En 2003, ils ont apprécié « la réforme » du statut des intermittents et se sont félicités de « la réforme » des retraites (et du statut des agents de service dans l’Éducation nationale) » (8).

Mais la bourgeoisie ne s'arrêtera pas là. Elle fera feu de tout bois. Les instituts de sondage, les intellectuels, les experts, les policiers, les CRS, la BAC, les renseignement généraux… seront enrôlés pour venir à bout d’un mouvement, somme toute, pacifique. C'est une véritable guerre déclarée aux travailleurs. Le rapport de force comme on le voit demeure profondément inégal. La bourgeoisie détient tous les pouvoirs, mais elle est en même temps ultra-minoritaire dans le pays. Le peuple, lui, possède un élément décisif pour gagner la bataille, le nombre. Mais cette arme n'est efficace que si des liens fraternels unissent tous les contestataires. Sans cette unité, la plus large possible, le mouvement risque d'échouer et la classe dirigeante, ennemie du progrès, viendra à bout de ce qui reste encore des acquis sociaux.

Toutes les forces du progrès n'ont d'autres choix que d'attaquer frontalement la classe qui a hissé Macron à la tête de l’État afin de briser les chaînes de cet asservissement du travail au capital.

Mohamed Belaali

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(1) http://www.rtl.fr/actu/politique/sarkozy-fan-de-macron-7788868339

(2)Victor Hugo « Napoléon le Petit ». Réédité chez Actes Sud (2007), par Jean-Marc Hovasse.

(3)http://www.acrimed.org/Une-arrogante-replique-de-Patrick-Cohen-a-Jean-Luc-Melenchon-et-ce-qu-elle

(4)http://www.cestlagreve.fr/calendrier/

(5) Pierre Bourdieu, « Contre-feu ». Raison d'agir, page 30.

(6)https://www.lci.fr/politique/video-faineants-gens-qui-ne-sont-rien-illettrees-quand-emmanuel-macron-est-accuse-de-faire-du-mepris-de-classe-2057406.html

(7)https://www.nouvelobs.com/edito/20180406.OBS4742/les-soignantes-de-rouen-et-le-peche-originel-de-macron.html.

(8)Henri Maler et Mathias Reymond « Médias et mobilisations sociales », Editions Syllepse, page 15.

 

8 avril 2017

La candidature Macron

La gouvernance contre le peuple

Diana JOHNSTONE

Paru le 31/03/2017 dans Le Grand Soir

Il ne faut pas trop rire de l’élection présidentielle française de 2017. Elle se présente de plus en plus comme la rencontre historique entre deux conceptions de la vie politique, totalement opposées. D’un côté, la gouvernance, c’est-à-dire la gestion de la société par une élite cooptée, sur le modèle des grandes entreprises. De l’autre côté, le système traditionnellement appelée « démocratie », c’est-à-dire le choix par le peuple de leurs dirigeants au moyen d’élections libres et équitables.

Souvent dans l’histoire, les événements politiques en France ont marqué les époques et clarifié les dichotomies, à commencer par la distinction, aujourd’hui sur le déclin, entre « gauche » et « droite ». Cette élection pourrait en être un.

C’est quoi, la “gouvernance” ?

Il devient de plus en plus clair que l’élite dirigeante transatlantique a décidé depuis un bon moment que la démocratie représentative traditionnelle ne convient plus au monde globalisé basé sur la libre circulation du capital. Il faut passer au nouveau système, la « gouvernance », un terme emprunté au monde des affaires. Il s’agit de la bonne gestion de grandes entreprises, unies dans un seul but et qui visent à un maximum d’efficacité. Cette origine se reconnaît dans certains aspects de la gouvernance politique : l’unanimité quant aux « valeurs » et objectifs ; l’utilisation de comités spécialisés pour traiter certaines questions délicates, un rôle attribué à la « société civile » et aux « organisations non-gouvernementales » ; l’utilisation de la psychologie et de la communication pour former l’opinion publique ; l’isolement des trublions ; et surtout la cooptation des dirigeants.

La vie politique en Occident correspond de plus en plus à cette description. Malgré l’alternance des partis au pouvoir, les politiques les plus fondamentales sont toujours les mêmes.

Aux Etats-Unis, le remplacement de la démocratie par la gouvernance est facilité par le système des deux partis. Les électeurs n’ont de choix qu’entre deux candidats, tous les deux sélectionnés et approuvés par les principaux actionnaires de l’entreprise nationale. Tout allait bien jusqu’au moment où la grande favorite de toute l’élite, Hillary Clinton, fut battue par un intrus, Donald Trump. La réaction hystérique sans précédent montre bien le refus de l’élite de céder le pouvoir à l’outsider, qui est toujours loin d’avoir pris tout le pouvoir. Quoi qu’il arrive, l’accident Trump illustre le mécontentement grandissant de la part des populations soumises à une globalisation dite inévitable qui les laisse sans perspective.

Hillary Clinton elle-même affectionne le terme « gouvernance » pour qualifier ses objectifs, notamment dans ses relations avec Goldman Sachs et la « société civile ». Mais même Hillary n’était pourtant pas un produit aussi pur de la gouvernance que le candidat français Emmanuel Macron.

La Gouvernance personnifiée

Il suffit de regarder les couvertures des magazines pour saisir le rôle de Macron dans l’élection actuelle. Son joli minois accompagne une pléthore d’articles triviaux qui célèbrent le Wunderkind comme une vedette du show business. En janvier, la magazine Foreign Policy présentait Macron au public étasunien comme « le politicien français anglophone et germanophile que l’Europe attend ».

Son parcours professionnel ne laisse aucun doute sur les raisons pour lesquelles les médias apprivoisés perçoivent dans cet Emmanuel-là le Messie de la croissance.

Né à Amiens il y a 39 ans, Emmanuel Macron a passé une grande partie de sa vie à l’école. Comme la plupart des dirigeants français, Macron a accumulé des diplômes prestigieux. Il a raté l’ENS mais a fait Sciences Po et l’ENA, et fut admis en 2004 à l’Inspection Générale des Finances. A l’IGF il s’est fait remarquer par un homme d’influence, Jean-Pierre Jouyet, qui l’a recommandé à Jacques Attali, le plus spectaculaire des gourous de haut niveau, qui, depuis 35 ans, régale les dirigeants de ses visions futuristes (Jérusalem en tant que future capitale du monde, par exemple). En 2007, Attal a coopté Macron dans sa prestigieuse « Commission pour la libération de la croissance française », chargée par le Président de la République de formuler des recommandations afin de relancer la croissance économique en France.

L’objectif principal de ce cénacle de grands patrons était d’ « instaurer une nouvelle gouvernance au service de la croissance ».

Inutile de souligner que les 40 membres de la commission représentaient les intérêts du grand capital, et pas seulement le capital français. Parmi les voisins invités à formuler la liste de 316 propositions pour remodeler la France se trouvaient la Deutsche Bank et Nestlé. Tout ce beau monde légua au jeune Macron un carnet d’adresses bien rempli.

En 2008, sur recommandation d’Attal, Macron est passé à la Banque Rothschild, où il est rapidement devenu millionnaire, grâce à sa commission sur un achat par Nestlé d’un montant de neuf milliards de dollars.

Comment expliquer une ascension digne d’un roman de Balzac ? Il était « impressionnant » se souvient Attali. Emmanuel « était très habile, extrêmement apprécié de tous les membres de la commission. Il n’a contrarié personne et s’est créé des relations personnelles et, pour un gamin de cet âge, arriver immédiatement à être visible par 40 personnes puissantes, influentes et qui jugent, c’est un accélérateur de carrière extraordinaire. »

Voilà le mot clé de l’ascension sociale : les « relations ».

Alain Minc, un autre bon connaisseur des réseaux du pouvoir, commente la réussite de Macron en expliquant qu’un banquier d’affaires doit être intelligent, souple, rapide et charmant – qualités nécessaires pour « un métier de pute ».

Macron exprime sa sagesse en petites phrases.

« Il faut des jeunes qui aient envie de devenir milliardaires. »

Ou bien :

« On se fout des programmes ! Ce qui compte c’est la vision !

Il est clair qu’il possède une vision parfaite des sommets.

Comment former les gouverneurs de la gouvernance

Le chemin vers le sommet est balisé de contacts. L’élite de la gouvernance se reproduit par la cooptation. Ils se reconnaissent, ils se sentent, ils s’entendent.

Aujourd’hui, en réaction à une telle observation, la police de la pensée risque de crier au complotisme. Mais il n’y a ni complot ni conspiration car il n’y an a pas besoin. Ceux qui pensent de la même manière s’accordent sans problème. On n’a pas besoin de consigne.

Par ailleurs, les sentinelles de la pensée qui crient « conspi » dans ces cas semblent croire que ceux qui possèdent un immense pouvoir, surtout un pouvoir financier, ne l’utilisent pas. « Que le peuple décide ! » pensent-ils généreusement. A la manière de George Soros, par exemple.

En réalité, ceux qui possèdent beaucoup de pouvoir non seulement l’utilisent, mais ils sont convaincus qu’il doivent l’utiliser, pour le bonheur de l’humanité, pour le bien général. De leur position supérieure, ils ne doutent pas qu’ils savent ce qu’il faut faire, alors pourquoi permettre aux masses ignorantes de causer un gâchis ? C’est dans cet esprit qu’il y a quarante ans, David Rockefeller a fondé la Commission Trilatérale, pour remédier à un « excès de démocratie » qui amènerait les classes travailleuses à formuler trop de revendications.

L’idéologie de nos jours fait en sorte que les masses se divertissent en se querellant sur les questions d’identité, sur quel groupe est plus victime que les autres, sur combien de genres il faut reconnaître, et qui il faut « haïr » pour lutter contre le crime de « haine ».

Pendant ce temps, les membres de l’élite délibèrent entre eux et décident.

Grâce à Jouyet, Macron fut coopté en 2007 par le club des Gracques, qui se consacre à la propagation des « valeurs » basées sur l’idée que l’Etat social keynésien est dépassé par la globalisation et la construction de l’Europe.

En 2011, Macron fut coopté par le Club de la Rotonde, qui conseilla au Président Hollande d’infliger à la France un “choc de compétitivité” – c’est-à-dire de favoriser l’investissement en réduisant les dépenses publiques et le coût du travail.

En 2012, Macron fut accueilli par la French-American Foundation, qui se vante de sélectionner les « jeunes leaders » de l’avenir.

En 2014, l’arriviste est arrivé. Le 31 mai et le 1er juin de cette année, Macron assistait à la réunion annuelle de Bilderberg, tenue à Copenhague. Cet aréopage de sommités fut fondé en 1954 par le Prince Bernhard des Pays-Bas. Pas un mot n’en sort pour informer le public du consensus qui peut s’y réaliser.

Et le programme ?

Abondamment vu et approuvé, Macron passa du rôle de conseiller du Président Hollande à Ministre de l’Economie, des Finances et du Numérique dans le gouvernement de Manuel Valls, où il se pressa de faire adopter le programme de la Commission Attali, sous prétexte de promouvoir la croissance et, bien sûr, de « créer des emplois ». On compte parmi ses exploits la vente du secteur énergie d’Alstom à General Electric, contre le refus de son prédécesseur Arnaud Montebourg.

Au gouvernement, Macron a réussi à faire adopter les mesures les plus impopulaires de la Présidence Hollande, ce qui n’est pas peu dire. Sa « Loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques », dite Loi Macron, allait dans le sens des directives de Bruxelles exigeant de nombreuses dérégulations de l’économie, mais n’a pas pu obtenir une majorité au parlement. Elle a dû être adoptée par le recours à l’Article 49.3 de la Constitution qui permet au Premier Ministre d’adopter une loi sans vote du parlement.

Sa réussite suivante, la « réforme » (ou démantèlement) de la Loi Travail, portait le nom de la jeune Ministre du Travail, Myriam El Khomri, qui donnait un joli visage et une appellation évoquant la « diversité » à une législation qui a suscité des semaines de protestations, divisé le Parti Socialiste et obligea Valls à utiliser encore une fois l’Article 49.3.

A la suite de cela, l’histoire vira à l’humour noir. Le passage « à feu et à sang » de Macron à travers le gouvernement Hollande/Valls a laissé le Parti Socialiste divisé et démoralisé. Á la suite de quoi, Macron quitte le champ de ruines politiques pour se présenter comme l’alternatif, l’héroïque champion de « l’avenir », « ni droite ni gauche », dans son nouveau mouvement vigoureusement appelé En Marche !. Il condamna ce qu’avait fait le gouvernement socialiste dans la perspective de faire la même chose, mais plus intensément et sous une autre étiquette.

En ce moment, Macron arrive en tête des sondages avec Marine Le Pen pour le premier tour. Les grands médias font ce qu’ils peuvent pour que le charme du banquier suffise pour gagner l’élection à la Présidence de la République.

Les Médias et le Peuple

Malgré l’influence croissante d’Internet, la grande majorité de la population compte toujours sur la télévision et la presse pour s’informer. Dans cette élection, assez déroutante pour les gens peu politisés, les médias ont atteint un record de partialité. Échaudés par la catastrophe Trump, les gardiens médiatiques de la bonne pensée en France singent leurs collègues étasuniens en cherchant des boucs émissaires à blâmer pour les déconvenues de la gouvernance globale. Cela doit être la faute des Russes ! Ou des « fake news » prodiguées par les sites qui ne suivent pas la ligne du journal Le Monde.

Parmi les onze candidats, les gardiens médiatiques de la bonne pensée s’émerveillent du jeune génie Macron, traitent ses rivaux principaux en délinquants, jettent quelques os aux petits candidats anodins, et ignorent les autres. Soutenu par les grands médias, Macron est le candidat de la gouvernance autoritaire, contre tout ce qui reste de la démocratie française.

Diana Johnstone
31 mars 2017

URL de cet article 31707
https://www.legrandsoir.info/la-gouvernance-contre-le-peuple.html

5 février 2017

Juge et partie : le Decodex

Une critique intéressante de cette initiative du "Monde" qui s'arroge le pouvoir de démèler le vrai du faux dans les médias.

Le Decodex : sous le capot

Article du Vilain Petit Canard, le 2 février 2017 :

http://www.levilainpetitcanard.be/articles/actu/decodex-sous-le-capot_1461042316

Le decodex, probablement la plus grande invention depuis le fil à couper le beurre est enfin disponible.  Comme promis, je me suis donc livré à son analyse qui tend à confirmer un certain nombre de mes craintes.

Pour réaliser le test, j'ai donc installé la version « firefox » de l'extension proposée par Le Monde, s'agissant dans un premier temps de vérifier l'inocuité du logiciel, avant d'en venir au fond.

Fonctionnement du logiciel

Du point de vue de la sécurité, au moins, cette extension ne pose aucune menace sur la vie privée de ses utilisateurs.  Elle fait appel à des ressources internes (local storage) sous forme d'un fichier JSON contenant toutes les données, soit les « plus de 600 sites » annoncés.  Un bon point donc.  Il n'y en aura pas d'autre.

Tous les sites sont catégorisés par une évaluation entre 1 et 5 :

 ÉtiquetteDescription
1 Collaboratif Attention, ce site n’est pas une source à proprement parler ou sa fiabilité est trop variable pour entrer dans nos critères. Pour en savoir plus, cherchez d’autres sources et remontez à l’origine de l’information.
2 Parodique
 
Attention, il s'agit d'un site satirique ou parodique qui n'a pas vocation à diffuser de vraies informations. A lire au second degré.
3 Très peu fiable Ce site diffuse régulièrement de fausses informations ou des articles trompeurs. Restez vigilant et cherchez d’autres sources plus fiables. Si possible, remontez à l’origine de l’information.
4 Peu Fiable Ce site peut être régulièrement imprécis, ne précisant pas ses sources et reprenant des informations sans vérification. Soyez prudent et cherchez d’autres sources. Si possible, remontez à l’origine de l’information.
5 Plutôt fiable Ce site est en principe plutôt fiable. N’hésitez pas à confirmer l’information en cherchant d’autres sources fiables ou en remontant à son origine.

Remarque

La plupart des catégories sont (volontairement, nous le verrons) ambiguë. 

  • Les sites « collaboratifs » sont, soit, comme leur nom l'indique  collaboratifs ou de fiabilité trop variable;
  • Les sites « très peu fiable » le sont parce qu'ils diffisent de fausses informations ou des articles trompeurs
  • Les sites « peu fiables » peuvent être régulièrement imprécis ou « orientés »
  • Les sites « plutôt fiables » qui eux semblent exclusivement être l'apanage des medias dominants, allez savoir pourquoi.  Et ce même s'ils ne sont pas en reste quand il s'agit d'orienter les propos, voire de publier des fausses nouvelles quittes à changer le titre par après histoire qu'on ne puisse plus leur reprocher, sans bien sûr, s'abaisser à publier le plus petit démenti.  Apparemment, publier la moindre nouvelle qui s'avérerait fausse ou erronée vaut systématiquement une gommette orange ou rouge au site concerné, mais étrangement, il semblerait que cette règle ne s'applique jamais aux médias dominants.

C'est étrange pour des gens qui prétendent nous expliquer les différences subtiles qu'il peut y avoir entre : Le pastiche humoristique, L’appeau à clics, La publication orientée ou L’article de presse erroné.  Était-il trop difficile de subdiviser les catégories « collaboratif » et « peu fiables » afin que les lecteurs puissent mieux appréhender la raison de leur présence dans cette catégorie ?  Ou bien s'agissait-il, comme nous le verrons plus loin, de permettre des petits arrangements en fonction de critères décidément peu transparents ?

Analyse

Cet « outil » concentre tous les clichés habituels.  S'il vous prend l'envie d'écrire un article ne prenant pas 100% fait et cause pour les gentils Ukrainiens luttant contre les méchants communistes de Vladimir 1er, vous serez taxé de conspirationniste.  Pareil pour la Syrie, pareil pour l'élection de Trump, pareil pour tout ce qui ne cadre pas avec la plus stricte orthodoxie.

Rien de nouveau sous le soleil, sauf qu'il est amusant de parcourir les listes des différentes catégories pour commencer à y voir ce qui a conduit les « décodeurs » à y placer tel ou tel site.

Pour parcourir la liste des médias catégorisés par Le Monde, cliquez ici.

decodex

 

10 avril 2016

Le "Dinkoïsme"

Raffraichissante initiative rapportée par Le Monde le 08/04/2016.

En Inde, les athées croient à la petite souris

Le Monde 08/04/2016 | • Mis à jour le 09/04/2016 |

Par Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)

Face à la montée des radicalismes religieux, un groupe d’athées indiens a créé un culte parodique dont la divinité est Dinkan, un célèbre rongeur de BD doté de super-pouvoirs.

   

Dinkan600

 

Pourquoi les athées indiens devraient-ils se priver de religion ? Plusieurs centaines de fidèles se sont réunis, le 20 mars, dans une salle de sport de Kozhikode, une ville du Kerala, dans le sud de l’Inde, pour le premier conclave d’une religion parodique, conçue comme un outil dans la lutte contre la superstition et la montée en puissance des religions. Il faut dire que, depuis l’arrivée au pouvoir des nationalistes du BJP (Bharatiya Janata Party) en mai 2014, les tensions religieuses se sont beaucoup accrues. D’autant que la frange conservatrice du parti nationaliste hindou au pouvoir, le Bharatiya janata Party (BJP), ne cesse de souligner le caractère exclusivement hindouiste du pays.

Les dévots de ce nouvel athéisme font tout comme les autres croyants. Ils se sont d’abord choisi une divinité, la souris volante Dinkan, personnage principal d’une bande dessinée pour enfants très populaire, Balamangalam, parue en 1983. Dinkan, agressée par des extraterrestres qui voulaient mener sur elle une expérience, a acquis des super-pouvoirs qu’elle utilise pour secourir les animaux.

Les dinkoistes ont aussi un texte sacré, qui explique l’origine du monde : « En se demandant comment tuer le temps, le seigneur Dinkan réalisa soudain qu’il n’avait pas créé le temps. Il se mit alors à éclater d’un rire sacré. Le trou noir dans lequel était plongé l’univers explosa dans un Big Bang qui créa un espace relié au temps, appelé ensuite le monde. » « Notre religion est la plus adaptée aux valeurs modernes de la société. Elle ne nous dit pas quoi manger, elle soutient le féminisme, adhère aux principes des droits de l’homme », explique Sukhesh Vadavil, l’un des premiers disciples. Ce jeune cadre en marketing défend la souris volante : « Si vous contestez cette thèse, alors apportez-moi des preuves. Nos croyances s’accompagnent d’un questionnement perpétuel. »

Des centaines de milliers de sympathisants

Le dinkoisme pourra-t-il aider les membres du mouvement indien des « rationalistes » à convertir les religieux à l’athéisme ? « Puisque les “rationalistes” ne sont pas pris au sérieux par les croyants, on s’est dit que ce serait plus efficace si on créait nous-mêmes une religion », explique Sukhesh Vadavil. Une tactique plus prudente aussi, car plusieurs « rationalistes » ont été assassinés ces dernières années pour avoir voulu s’attaquer de front aux superstitions.

Le premier conclave dinkoiste, le 20 mars 2016 (The Indian Telegram, 2’:15’’)

Le dinkoisme revendique déjà des centaines de milliers de sympathisants, en majorité sur les réseaux sociaux. Ainsi, le 1er avril, Venkat Raghavan, un cadreur de Madras, a annoncé sa conversion sur Facebook. « La montée du radicalisme religieux m’inquiète (…) et le meilleur moyen de combattre l’irrationalité est de la tourner en dérision. » Car la tension autour des questions religieuses ne cesse d’occuper l’espace public. Au Kerala, des groupes font le guet à la sortie des universités pour protéger les étudiantes hindoues contre les supposés « love jihad » des jeunes musulmans qui les courtiseraient. En mars, des musulmans ont violemment manifesté devant les locaux d’un journal, à Kozhikode, qui aurait selon eux blasphémé le prophète Mahomet.

Les dinkoistes manifestent eux aussi lorsqu’un livre ou un film « heurte leurs convictions religieuses ». Ils possèdent une « armée de rats », qui s’est rassemblée, en janvier, devant le restaurant appartenant à un acteur qui incarnera bientôt sur grand écran les aventures de Dinkan. Comme les autres religions, le dinkoisme s’est approprié un lieu sacré, la forêt de Pankila, qui a servi de décor aux aventures de la souris. Les fidèles demandent désormais aux autorités l’arrêt des extractions minières illégales qui y sont pratiquées.

Les dinkoistes se sont rendu aussi compte que la religion leur offrait une meilleure visibilité, notamment auprès des autorités, et leur permettait de réclamer la censure de ceux qui les critiquent. Elle pourrait même leur ouvrir les voies de la politique. Et si cela leur permettait de peser lors des prochaines élections…

 

27 février 2016

Le "complotiste"

Anticonformiste

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/anticonformiste-178163

par le moine du côté obscur
samedi 27 février 2016

 

Certains se demandent pourquoi nous sommes devenus des « théoriciens du complot ». Personnellement je le suis devenu parce que je me suis toujours posé des questions. Je suis en fait quelqu’un d’extrêmement curieux et je suis une personne que l’on qualifie généralement de logique. Enfant déjà je harcelais mon père, mes oncles, tantes et autres d’innombrables questions. Donc « on ne se refait pas ». Mais le début du 21ème siècle a sans aucun doute alimenté ma curiosité, tant on a vu des mensonges (facilement exposables entre autres grâces à l'essor des NTIC) odieux qui ont provoqué des guerres que je considère comme des abominations absolues. D’ailleurs que penser quand on se rend compte que certains des humains les plus influents de la terre sont des menteurs et de dangereux psychopathes ? Faire comme si de rien n’était et retourner à son train-train habituel ? Pas mon genre ! 

En discutant avec une personne qui me demandait pourquoi je ne croyais rien de ce que les dirigeants occidentaux disaient. Je lui ai demandé où étaient les armes de destruction massive de Saddam Hussein ? Il m’a répondu qu’il ne savait pas. Je lui ai alors demandé si ça ne le gênait pas que des dirigeants soi-disant démocratiquement élus, aient pu ainsi mentir pour déclencher une guerre et qu’aucun contre-pouvoir n’ait pu les en empêcher. Un esprit sensé, je le pense, trouve incroyable toute l’histoire de la guerre en Iraq en 2003 ! Et on sait que ce médiamensonge (1) n’est ni le premier ni le dernier. Après on se pose des questions pour savoir qui, quoi, comment. On se rend compte qu’il y a des liens de parenté suspects ! Bush est cousin d’Obama entre autres (2). On se rend compte que Bush et Kerry sont des membres des Skull and Bones (3). On se rend compte aussi que Dick Cheney (entre autres cousin d’Obama dixit sa femme (4)) travaillait pour une entreprise nommée Halliburton (5) qui s’est fait des « couilles en or » avec la guerre en Iraq. Ce sont des faits. Ces gens sont des hommes d’affaires impitoyables sans doute doublés d’idéologues particulièrement dangereux. En vérité je pense que ce sont des gens d’une même bande, en plus apparemment liés pour certains d’entre eux par des liens de sang (et cet aspect est très intrigant). Ce serait donc une nouvelle « noblesse » qui rêverait de pouvoir absolu. En tout cas nous savons qu’ils parlent de gouvernance mondiale, de Nouvel Ordre Mondial etc… A l’époque quand vous évoquiez ces faits, on disait que vous déliriez et pourtant…

On essaie de nous faire croire que les complots n’existent pas et pourtant l’histoire en est truffée. Vous parlez de choses dérangeantes et on vous sort les mots magiques « conspirationniste » ou « antisémite ». Et on s’abat sur vous avec un tel acharnement que ça ne peut que déranger les personnes sensées, le pourquoi leur venant à l’esprit. Rien qu’une telle attitude montre qu’il y a des sujets tabous qu’il ne faut absolument pas aborder. Comme si nous étions des enfants à qui l’on disait que dire, que faire et que penser sans aucune marge de manœuvre. Des enfants qu’il faut garder absolument sous contrôle. De quoi rendre certaines œuvres de fiction comme 1984 (6) crédibles car on tend dans les faits de plus en plus vers ça. Après on vous dira que vous croyez à des histoires extraordinaires, que vous croyez à l’existence de races extraterrestres etc… Je réponds à ces gens et alors ? Il y a des milliards de gens qui croient en une divinité voir des divinités qu’ils n’ont jamais vues ! Que dire de Bush qui dit que Dieu l’a inspiré ou autres ? On dit que Ben Laden aurait fait ce qu’il a fait à cause de sa foi aveugle et non modérée à une divinité invisible ! On reconnait qu’il y a des gens capables de faire des choses aberrantes pour leurs « croyances ». On sait que la classe politique grouille de magouilleurs, de menteurs, d’escrocs et d’êtres vils. Mais on nous dit que les « complots » n’existent pas ! Comme si la théorie officielle du drame du 11 Septembre 2001 n’était pas elle-même une théorie du complot abracadabrante qui plus est ! Nous les gens curieux essayons de comprendre et on nous dit de ne pas chercher à comprendre. On veut même nous convaincre que les libres penseurs sont des personnages dangereux. Et pourtant des personnes Etienne Chouard, Michel Collon ou Jean Bricmont sont pour qui les écoute des personnes sensées. Et ils ne sont pas les seuls, mais on ne veut pas qu’ils parlent et qu’ils soient écoutés. Combien de temps des gens « éduqués » peuvent supporter ce genre de choses ? A moins que leur « éducation » ne soit la barrière qui les empêche de réfléchir de manière indépendante. A croire qu’on leur a appris à ne pas réfléchir et à se soumettre même aux histoires les plus grotesques.

Personnellement comme je le dis je suis quelqu’un de curieux qui cherche à comprendre les choses. Et si j’aime des films de SF c’est en partie aussi pour les messages que certains d’entre eux comme Invasion Los Angeles (7) essaient de véhiculer. J’estime qu’il n’y a rien de pire que d’empêcher des gens de réfléchir. Alors bien sûr des pouvoirs qui aspirent à être hégémoniques refusent d’avoir affaire à un peuple qui réfléchit, ceci n’est pas nouveau. Mais le drame est que certaines personnes refusent de réfléchir et de remettre en question « le joli monde » dans lequel ils vivent. Ils ne sont pas différents de gens à qui l’on a inculqué des croyances et qui ont l’impression de voir leur monde s’effondrer quand ils font face à la réalité. Pour moi le conformisme est une abomination et conduit à accepter et à être complices des pires crimes. Mais le conformisme (8) est un outil privilégié des puissants de ce monde. Personnellement je suis anticonformiste et je ne cesserai jamais de l’être. Je préfère mourir libre pour mes idées, que paraître sans cesse et finalement de mourir comme si je n’avais jamais vécu. 

  1. https://www.youtube.com/watch?v=kq5q17DDzJk

  2. http://www.notrefamille.com/chroniques/genealogie/obama-et-ses-cousins-presidents-obama-cousin-des-bush-o13211.html

  3. http://www.voltairenet.org/article8507.html

  4. https://www.youtube.com/watch?v=GOX9FVfr7ns

  5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Halliburton

  6. http://www.ebooksgratuits.com/pdf/orwell_1984.pdf

  7. http://www.aoa-prod.com/invasion-los-angeles-de-john-carpenter-etude-du-film/

http://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/021349558698-la-peur-detre-different-un-moteur-puissant-de-nos-societes-1158994.php

 

10 novembre 2015

Le TAFTA et la tyrannie

Le TTIP - Leçon de choses en neuf mots et un secret

par Alexis Toulet

lundi 9 novembre 2015

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-ttip-lecon-de-choses-en-neuf-173848

Le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, TTIP dans son sigle anglais, est un accord commercial en cours de négociation entre Union Européenne et Etats-Unis. Il est d'autant plus controversé et contesté qu'il promet s'il est adopté de bouleverser les règles non seulement du commerce international entre les deux blocs économiques, mais encore d'avoir des impacts majeurs des normes sociales aux normes environnementales, et jusqu'à l'équilibre entre Etats et entreprises.

On peut cependant comprendre cet accord en seulement neuf mots...

Le TTIP est l'héritier d'un autre accord de commerce négocié secrètement avant d’être tué dans l'œuf en 1998. L'Accord multilatéral sur l'investissement (AMI) avait entraîné de vives oppositions de la part des partisans de l'exception culturelle, de syndicats et des défenseurs de l'environnement lorsqu’il avait été rendu public par des mouvements de citoyens américains, ce qui avait finalement entraîné son abandon. Comme le disait l’une des responsables des ONG américaines « l'AMI est comme Dracula : il meurt à être exposé en plein jour »

Cependant, comme tout vampire digne de ce nom, il parvient toujours à renaître sous une autre forme...

 

Neuf mots

John Hilary, directeur de l’ONG charitable britannique War on Want (Guerre contre le Besoin) a rencontré au mois d’octobre Cecilia Malmström, qui en sa qualité de Commissaire au commerce de l’Union européenne est la responsable des négociations pour le TTIP du côté européen.

Ce qui fut l’occasion d’une leçon de choses inoubliable sur la nature du TTIP comme sur celle du processus de décision européen.

Il le rapporte dans sa tribune publiée dans la presse britannique : Je ne pensais pas que le traité TTIP pouvait devenir encore plus effrayant - jusqu'à ce que je parle avec la négociatrice en chef de l'Union Européenne

J'ai eu récemment le rare privilège d'un coup d’œil derrière la façade officielle de l'Union européenne en rencontrant la Commissaire au commerce dans son bureau à Bruxelles.
(Cecilia Malmström) est en charge de la politique de commerce et d'investissement pour l'ensemble des 28 Etats membres, et ce sont ses collaborateurs qui finalisent actuellement le traité TTIP avec les Etats-Unis.
Quand je le lui fis remarquer, Malmström reconnut qu'aucun traité de commerce n'a jamais inspiré une opposition aussi large ni aussi passionnée. Mais lorsque j’ai demandé à la Commissaire au commerce comment elle pouvait continuer de faire une promotion aussi assidue de ce traité en face d'une opposition publique aussi massive, sa réponse fut froide et concise : "Je ne reçois pas mon mandat des peuples européens" (“I do not take my mandate from the European people.”)

Rien que neuf mots.

Et pourtant, tout est dit.

 

Cecilia_Malmstrom-d17e3  

Naturellement, la Commissaire a plus tard démenti avoir prononcé ces paroles.

Je n’ai pas dit cela. Ce que j’essayais d’expliquer, c’est que le mandat pour négocier le TTIP et les autres traités de commerce est donné par le conseil des ministres (…) le mandat ne peut être changé que par l’ensemble des Etats membre. Ce n’est pas de ma responsabilité.

Nul doute que des conseillers en communication sont passés par là, et lui ont expliqué les inconvénients d’une telle franchise…

Et cependant, même dans son démenti elle confirmait encore le fond de l’affaire. En résumé : je n'ai pas dit cela... mais pourtant c'est vrai. Sans négliger d'ajouter que de toute façon la chose n’était pas de sa responsabilité.

Comme le lui répondait par voie de presse John Hilary – qu’elle venait tout de même d’accuser de mensonge – « ses commentaires n’ont fait que confirmer en public ce qu’elle nous avait dit en privé »

 

Secret maniaque

Si l’opposition de nombreux hommes politiques, ONG, syndicats et simples citoyens au traité TTIP est aussi radicale, c'est aussi à cause du secret maniaque maintenu autour du texte en cours de négociation.

C'est que les négociations sont absolument secrètes, avec un nombre extrêmement réduit de personnes disposant du texte en cours de négociation. Wikileaks a annoncé une prime à qui fournirait une version à jour, mais il y a peu de chance qu'elle soit jamais versée, car le secret est très très bien gardé.

Depuis un an, ces documents sont sous haute surveillance. Sur l’insistance des Américains, ils ne sont plus transmis par voie électronique ou sur papier, comme auparavant, afin de limiter les possibilités de fuite. Pour les consulter, les heureux élus doivent se rendre dans une salle de lecture ultra-sécurisée à Bruxelles (ou l’une de ses annexes, dans les ambassades américaines d’Europe), où il est interdit d’utiliser un téléphone portable, ou tout autre appareil qui permettrait de les scanner. « Il n’est pas possible de sortir les documents de la salle : seulement de prendre des notes sur des feuilles qui nous sont fournies, avec notre nom inscrit dessus, expliquait M. Jadot au Monde il y a quelques mois. Or, tout seul, il est impossible de recopier des centaines de pages de textes juridiques, d’autant que nous signons une déclaration de confidentialité. »

Le plan est clairement de bloquer toute information et d’empêcher tout débat jusqu'aux derniers moments avant la signature, afin de prendre de vitesse les critiques et de faire alors pression sur chaque Parlement national appelé à approuver le traité. Les arguments sont connus et éculés, mais ont jusqu’ici eu à chaque fois un impact déterminant :

  • il est impossible d’apporter la moindre modification car sinon aucune négociation n’aboutira jamais,

  • c’est donc à prendre ou à laisser,

  • le libre-échange est par principe et dans tous les cas une bonne chose,

  • un seul pays ne peut se permettre de bloquer un accord d’importance presque mondiale,

  • le voudrait-il qu'il se retrouverait sous pression maximale de la part des Etats-Unis, tandis que les autres pays européens ne piperaient mot...

Nul parlement d’un pays européen n’a jamais résisté jusqu’ici à ce genre d’argumentation.

Sans doute un peuple pourrait-il aller jusqu’à se permettre de répondre comme il le souhaite, et non nécessairement comme on l’attend… mais comme aucun pays ne prévoit de faire approuver le TTIP par référendum !

Et une fois le texte signé il deviendrait totalement inamovible et impossible à modifier pour aucun pays européen, sauf naturellement pour ce pays à sortir au préalable de l'Union Européenne.

Qui donc "ne reçoit pas (son) mandat des peuples européens", négocie en secret au profit des plus puissants puis tente d'imposer ses décisions aux pays européens et à leurs parlements par le chantage, sans qu'il soit possible de revenir moindrement sur ces décisions après coup ?

Qui... sinon l'Union européenne !

22 septembre 2015

La démocratie attaquée

Discours prononcé par  Zoe Konstantopoulou (*) le 2 septembre 2015 au siège de l’ONU à New York.

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-dette-souveraine-est-171717

Mesdames et messieurs, leaders des parlements du monde,

en cette occasion du 70e anniversaire de l’ONU, marquant également les 70 ans depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en cette 4e conférence mondiale des Présidents de Parlements |1| plaçant la démocratie au service de la paix, du développement durable et de la construction d’un monde tel que les peuples le veulent, je me tiens devant vous et parmi vous, en tant que Présidente du Parlement hellénique récemment dissous pour vous adresser un appel à la solidarité envers le peuple grec et envers la Grèce, terre où la démocratie naquit, et où elle est aujourd’hui brutalement attaquée et violée. La Grèce et son peuple sont les victimes, depuis cinq ans, de politiques supposées offrir une solution durable au surendettement du pays et une voie pour sortir de la crise économique, ces politiques contenues dans des accords appelés « Memoranda - Protocoles d’accord », conclus par le gouvernement grec et un trio d’institutions internationales, à savoir le FMI, la Commission européenne et la Banque centrale européenne, connu sous le nom de Troïka, et agissant au titre de créanciers de la Grèce, ont eu pour résultat de graves violations des droits humains, et particulièrement des droits sociaux, des libertés fondamentales et de l’État de droit lui-même.

Ce qui a été présenté comme un accord de renflouement a eu pour effet la misère, le chômage à des taux jamais vus jusque-là, 72% parmi les jeunes femmes et 60% parmi les jeunes hommes, des centaines de milliers de jeunes gens poussés à l’émigration, une explosion des suicides, la marginalisation des jeunes, des vieux, des faibles, des immigrés, des réfugiés, avec la moitié des enfants du pays vivant sous le seuil de pauvreté, une situation relevant d’une crise humanitaire, documenté dans les rapports et les déclarations des experts indépendants de l’ONU sur la dette et les droits de l’homme aussi bien que dans toute une série de décisions de justice et de rapports.

Le 25 janvier 2015, il y a de cela 7 mois, le peuple grec, à travers un scrutin national, a donné au gouvernement et au parlement un mandat clair et sans équivoque : celui de se débarrasser de ces politiques assassines. Des négociations ont débuté, une commission spéciale du Parlement a été formée, baptisée Commission pour la Vérité sur la Dette Publique, avec pour mission de conduire un audit et une évaluation juridique de la Dette grecque. Cette commission a produit un rapport préliminaire en juin dernier. Le rapport a établi que la dette souveraine de l’État est illégale, illégitime, odieuse et insoutenable. Il a établi que la dette souveraine avait été contractée via des procédures qui constituent une violation flagrante du droit constitutionnel, justifiant par là même la dénonciation de la dette. Il a établi que les créanciers avaient agi de mauvaise foi en faisant délibérément peser sur la Grèce le fardeau de prêts insoutenables afin de sauver les banques privées françaises, allemandes et grecques. En dépit de ces conclusions, les créanciers de la Grèce ont exigé qu’on néglige le mandat du peuple.

Le 25 juin, un ultimatum de 48 heures fut posé au gouvernement grec, lui demandant d’accepter, contrairement au mandat populaire, une série de mesures démantelant le droit du travail, abolissant les garanties de sécurité sociale et la protection juridique pour les citoyens surendettés, et requérant, dans le même temps, le bradage des biens et entreprises publics les plus précieux, mais aussi des principaux ports, aéroports et infrastructures qui devraient être vendus ou cédés pour rembourser une dette odieuse et insoutenable.

Le Parlement hellénique a entériné la proposition du gouvernement de tenir un référendum portant sur l’ultimatum, et le peuple grec, à une large majorité de 62%, a rejeté les mesures.

Au cours de la semaine du référendum, des représentants des instances internationales et de gouvernements étrangers ont tenté d’influer sur le résultat du référendum, au moyen de déclarations visant à terroriser la population, et le référendum s’est tenu avec les banques fermées et le contrôle des capitaux imposé du fait du refus de la BCE de fournir des liquidités après l’annonce de la tenu du référendum ; et pourtant, la démocratie a prévalu, le peuple s’est prononcé clairement et a dit NON à 62% à ces mesures assassines.

Ce qui s’en est suivi est un cauchemar pour toute conscience démocratique, et une honte. Les créanciers ont refusé d’examiner le résultat du référendum. Ils ont insisté, usant de la menace d’un effondrement du système bancaire et d’un désastre humanitaire, que soient adoptées des mesures plus sévères encore que celles qui avaient été rejetées. Le gouvernement a été contraint d’accepter que le Parlement légifère sur des textes pré élaborés de centaines de pages, sans délibération, et à des dates prédéterminées, selon une procédure d’urgence, et avec les banques toujours fermées. Cette extorsion fut baptisée « pré requis pour un accord » et le Parlement fut appelé à abolir des lois qu’il avait votées durant les quatre mois précédents, et à s’abstenir de toute initiative législative sans l’accord préalable des créanciers.

Un projet de loi de cent pages, présenté comme un article unique, fut approuvé le 15 juillet en moins de 24 heures ; un autre, long d’environ 1000 pages et composé de 3 articles a été adopté en moins de 24 heures le 22 juillet ; presque 400 pages, fut adopté le 14 août en 24 heures. Le Parlement a légiféré trois fois sous la contrainte et la coercition, et cela étant fait, attestant qu’une partie importante des députés du principal parti de gouvernement, incluant la Présidente du Parlement, refusait de voter un tel texte de loi, le Parlement fut dissous de manière subite afin de garantir une majorité plus stable pour mettre en œuvre ce que le peuple a rejeté.

Mesdames et messieurs, la dette souveraine est actuellement utilisée contre la population grecque et le Parlement hellénique pour affaiblir la démocratie, mais la démocratie est une valeur suprême, et le Parlement ne peut être réduit à des sceaux, entérinant des normes dictées, rejetées par le peuple et conçues pour anéantir les sociétés et les générations futures.

J’en appelle à vous, Parlementaires du monde ; soutenez l’exigence de démocratie et de souveraineté parlementaire contre la coercition de la dette ; soutenez les initiatives de l’Assemblée Générale des Nations Unies et la commission ad hoc d’audit de la dette souveraine, ainsi que les initiatives des experts indépendants de l’ONU sur la dette et les droits de l’homme.

Ne permettez pas que la démocratie soit annihilée sur la terre où elle naquit. Ne permettez pas qu’un autre Parlement soit contraint de voter contre la volonté du peuple et contre le mandat de ses députés. Ne permettez pas que les droits de l’homme, les vies humaines, la dignité humaine, et les principes les plus précieux des Nations Unies soient foulés pour servir le système bancaire.

Le monde que les peuples veulent ne peut être construit sans les peuples du monde. Merci.

(*) Zoe Konstantopoulou avocate et femme politique grecque. Députée du parti de la gauche radicale Syriza, qui a gagné les élections législatives du 25 janvier 2015 en Grèce, a été élue le 6 février 2015 présidente du parlement. Elle est, à trente-huit ans, la plus jeune présidente de la Vouli et la deuxième femme seulement à exercer cette fonction.

17 mars 2015

Le "Patriot Act" arrive en France

Cet article du Monde nous apprend comment le gouvernement français utilise les attentats de janvier 2015 pour mettre en place le "Patriot Act" à la française afin de surveiller la population et restreindre les libertés individuelles. La façon de présenter les choses est très "positive" et bienveillante pour le gouvernement, aussi j'ai moi-même mis en valeur certains passages de cette façon.

 

Le gouvernement veut légaliser certaines techniques du renseignement français

 

http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/03/17/le-renseignement-ne-sera-plus-hors-la-loi_4595030_3224.html

LE MONDE | 17.03.2015 à 10h52 • Mis à jour le 17.03.2015 à 12h46

Les services français de renseignement vont pouvoir travailler en toute légalité sur le territoire national. Le projet de loi sur le renseignement, présenté jeudi 19 mars en conseil des ministres, rend légales et encadre des pratiques jusqu’ici utilisées sous le manteau par les agents des six services de renseignement. En dehors de toute enquête judiciaire, donc sans être placés sous le contrôle d’un juge, les agents pourront désormais sonoriser des véhicules, des habitations, des bureaux, y placer des caméras, poser des balises de géolocalisation, consulter le contenu des ordinateurs et des messageries sur Internet.

Lire aussi : Débuts difficiles pour le blocage des sites Internet djihadistes

En réalité, ces méthodes étaient déjà couramment utilisées, mais sans que cela soit prévu par la loi, au risque de fragiliser l’action des services. Anticipant des critiques sur de possibles atteintes à la vie privée et au secret des correspondances, le gouvernement met en avant le rôle d’une nouvelle autorité administrative indépendante, qui sera chargée de contrôler « la proportionnalité » des moyens employés au regard de la menace encourue.

Lire aussi : Le premier contrôle parlementaire du renseignement ménage les services

Comme un symbole de la priorité donnée au renseignement depuis les attentats de janvier, le projet de loi sera présenté en conseil des ministres et défendu sur les bancs de l’Assemblée nationale par le premier ministre, Manuel Valls, lui-même, et non par le ministre de l’intérieur. Une première sous ce gouvernement.

En préparation depuis près d’un an, le texte – dont Le Monde a pu se procurer la version soumise au Conseil d’Etat pour avis – offre aux services de renseignement de nouveaux moyens d’investigation. Ils auront le droit d’utiliser notamment des Imsi-catchers, ces appareils qui permettent de capter toutes les communications dans un périmètre donné, celles du suspect poursuivi mais aussi celles de toutes les personnes se trouvant dans son voisinage.

Les services de renseignement devraient avoir également la possibilité « pour les seuls besoins de la prévention du terrorisme » d’éplucher en temps réel les données informatiques, y compris les conversations sur Skype, les messages instantanés sur Facebook et Twitter. Enfin, le gouvernement veut également contraindre les entreprises gérant les réseaux sociaux et les moteurs de recherche sur Internet, peu enclines à livrer les données de leurs clients, à signaler toute dérive.

Ainsi il est prévu que le premier ministre puisse « ordonner aux opérateurs de communications électroniques et aux fournisseurs de services de détecter, par un traitement automatique, une succession suspecte de données de connexion » sous réserve que l’anonymat des utilisateurs « ne soit levé qu’en cas de révélation d’une menace terroriste ». En l’espèce, il s’agit de tirer les enseignements des événements de janvier et d’avertir les services de renseignement dès lors que, comme Amedy Coulibaly, le tueur de l’Hyper cacher de la porte de Vincennes, un internaute effectue des recherches ciblées sur différents lieux ayant pour seul point commun d’être fréquentés par la communauté juive.

« Une avancée considérable »

La plupart de ces outils sont déjà utilisés en toute illégalité. Ils seront dorénavant accessibles sur simple autorisation administrative. Le gouvernement est parti du constat dressé dans un rapport de mai 2013 (PDF). Ses auteurs, le président (PS) de la commission des lois de l’Assemblée nationale Jean-Jacques Urvoas et le député (UMP) Patrice Verchère, y soulignaient que l’absence de texte de loi précisant les contours juridiques du travail de renseignement « expose notre pays, mais aussi ses services et leurs agents, au risque d’une condamnation par les juridictions nationales comme par la Cour européenne des droits de l’Homme ».

La France a d’ailleurs déjà été condamnée par la CEDH, dans l’arrêt « Vetter contre France » du 31 mai 2005, pour avoir procédé, en 1997, à la sonorisation d’un appartement sans base juridique suffisamment précise. Le présent projet de loi vient donc combler un vide. « Pour nous, c’est une avancée considérable. Jusqu’ici, nous étions complètement hors la loi », avoue un haut gradé de la police spécialisé dans le renseignement.

Le texte présenté par Manuel Valls insiste à plusieurs reprises : si les moyens des services de renseignement sont renforcés, c’est toujours « dans le strict respect des libertés individuelles ». Et non, ce n’est pas un Patriot Act à la française, jurent différents contributeurs du projet de loi, en référence aux mesures antiterroristes prises par les Etats-Unis après les attaques du 11 septembre 2001.

Lire aussi : Pour Manuel Valls, il faut envisager de « nouveaux dispositifs » en matière de sécurité

Pour garantir le respect des libertés publiques, le gouvernement crée une nouvelle autorité administrative indépendante, la commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), appelée à remplacer la commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS). La CNCTR sera chargée de vérifier la proportionnalité des moyens, qui ne pourront être engagés qu’après son avis favorable. Un contrôle a priori, donc.

Toutefois le projet de loi prévoit le cas d’un contrôle a posteriori, qui prend bien soin de ne pas dire son nom : « En cas d’urgence liée à une menace imminente ou à un risque très élevé de ne pouvoir effectuer l’opération ultérieurement, le dispositif peut être mis en œuvre immédiatement. » Avec deux garde-fous pour le moins limités. Le premier, imprécis, précise que le premier ministre et la CNCTR doivent en être informés « sans délai ». Le second paraît peu probable : « le premier ministre peut ordonner sa cessation immédiate ».

En revanche, si des citoyens pensent être surveillés, ils pourront saisir la commission ou le conseil d’Etat qui pourra, le cas échéant, « annuler une autorisation jugée irrégulière, ordonner la destruction des renseignements recueillis et indemniser le requérant ». Céline Berthon, secrétaire générale du Syndicat des commissaires de la Police nationale (SCPN), se veut rassurante : « Il est nécessaire de sortir d’une mystification : il ne s’agit pas de donner de blanc-seing à des barbouzes. Dès lors que les modalités de contrôle sont cohérentes et adaptées, les services de renseignement sont au contraire en demande pour sortir du système imparfait actuel. »

Avec un cadre juridique sécurisé et des moyens techniques supplémentaires, l’action des services se trouve renforcée. À condition de ne pas oublier l’essence du métier de renseignement - l’analyse et la filature. Au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo, les « failles » évoquées par Manuel Valls dans la surveillance des frères Kouachi n’étaient pas de nature technologique mais humaine.

  • Matthieu Suc

 

28 février 2015

Le TAFTA dans votre dos

Et pendant ce temps-là, les négociations du Tafta se poursuivent dans votre dos

Sur Rue 89 le 27/02/2015

 

Article de Yannick Jadot, député européen écologiste

 

Le plan com’ était pourtant calé : la négociation d’un accord de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis générerait de la croissance et des emplois à gogo ! Sauf qu’à y regarder de plus près, les gains de croissance envisagés ne sont au mieux que de 0,03% par an, et une étude récente de l’université de Tufts aux États-Unis évalue à 600 000 le nombre d’emplois détruits par le Tafta en Europe, dont 130 000 en France. Aïe !

 

Surtout, les « obstacles au commerce » que veut lever ce traité sont aussi des choix de société qui touchent au cœur la régulation de notre économie et de notre société.

Au menu des négociations :

  • l’alimentation,

  • la santé,

  • les services publics,

  • le bien-être animal,

  • les OGM,

  • les données personnelles et les libertés numériques,

  • les droits sociaux,

  • l’environnement,

  • les services financiers,

  • les marchés publics…

Ces négociations concernent donc les citoyens au plus près, elles touchent à leur vie quotidienne comme à leurs perspectives d’émancipation individuelles et collectives. Ils sont pourtant tenus totalement à l’écart des négociations.

« Les gens » n’y comprennent rien ?

Pour quelle raison ? L’argument « coup de poing » avancé par les États et la Commission est la nécessité de garder la confidentialité de la stratégie de négociation et une capacité de bluff.

Comique quand on sait que la négociation du Tafta a été lancée alors qu’explosait le scandale des écoutes de la NSA et que, grâce aux révélations d’Edward Snowden, nous savons que les services américains en connaissent bien plus sur cette négociation que les Européens eux-mêmes.

Il y a fondamentalement de la part des promoteurs du Tafta, une défiance vis-à-vis des citoyens. Leur discours est devenu rhétorique : l’opposition grandissante des Européens au projet d’accord de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis est fondée sur des craintes injustifiées, des peurs irrationnelles, des fantasmes et des mensonges véhiculés par des agitateurs ignorant de la réalité du monde.

Bref, « les gens » n’y comprennent rien mais pourraient faire capoter un grand projet de civilisation. François Hollande lui-même avait déclaré lors de sa visite aux États-Unis en février 2014 :

« Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu’il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations. »

Salle sécurisée

Il a fallu attendre dix-huit mois pour que, cédant à la pression, les gouvernements européens rendent enfin officiellement public le mandat de négociation qui avait depuis longtemps fuité sur le Web.

Mais encore aujourd’hui, si la Commission européenne a certes changé sa stratégie de communication et publie de plus en plus de documents de position jusque là confidentiels, les textes de négociation, ceux qui disent la réalité des compromis passés, restent inaccessibles aux citoyens, aux parlementaires nationaux et à l’immense majorité des eurodéputés.

Seuls une vingtaine d’entre nous pouvons y accéder dans une salle sécurisée dite « salle de lecture », où les smartphones et autres appareils électroniques sont interdits. Les ministres du commerce eux-mêmes ne peuvent les lire dans leurs pays qu’en se rendant… à l’ambassade des États-Unis !

Il n’y a d’ailleurs pas que les citoyens, les organisations de la société civile ou les écologistes pour contester cette opacité.

Obligations de transparence

La médiatrice européenne, dans un avis rendu en janvier dernier, conteste le refus de la Commission de rendre publics les documents consolidés de négociation et rappelle la Commission au droit européen en matière d’accès du public aux informations les concernant très directement. Elle souligne qu’en aucun cas, la Commission peut se soustraire à ses obligations de transparence sur la seule base qu’il s’agit d’un accord international et que cette transparence pourrait déplaire aux autorités américaines. Cet avis juridique est pour le moment resté sans réponse...

S’il fallait une autre preuve que la négociation du Traité de libre-échange transatlantique se fait sans, et contre les citoyens européens, il n’y a qu’à lire les conclusions de la Commission européenne sur la consultation publique à propos du mécanisme très contesté de règlement privé des différends États-investisseurs (ISDS).

Pour rappel, ce mécanisme prévoit d’autoriser les entreprises à attaquer devant un tribunal privé supranational les États ou les collectivités locales si elles considèrent que leurs activités et leurs perspectives de bénéfices sont impactées par les décisions de politiques publiques.

Ainsi, Philip Morris demande-t-elle des milliards de dollars de compensation à l’Australie et à l’Uruguay parce que ces pays ont mis en place des politiques anti-tabac.

150 000 personnes se sont exprimées

Si le traité était déjà en vigueur, des entreprises américaines auraient pu attaquer la France pour son moratoire sur les cultures d’OGM, son refus d’exploiter les gaz de schiste ou son interdiction du bisphénol A dans les biberons !

Pour faire face aux critiques croissantes sur cet inacceptable transfert de souveraineté démocratique vers les entreprises, la Commission a décidé il y a un an de lancer une consultation publique.

Succès historique et inattendu : 150 000 personnes et organisations se sont exprimées... et 97% d’entre elles ont rejeté ces tribunaux arbitraux, rejoignant en cela l’avis de Parlements nationaux (dont l’Assemblée nationale et le Sénat), de nombreuses régions, des syndicats, d’organisations de PME et de très nombreuses organisations de la société civile.

Conclusion de la Commission : loin d’acter l’exclusion de ce dispositif, elle cherche à le réformer !

Déni de démocratie

Un déni de démocratie sans surprise puisque la Commission avait déjà rejeté le projet d’initiative citoyenne européenne qui demande l’arrêt des négociations transatlantiques avec les États-Unis et le Canada. Ce projet devenu pétition a pourtant plus de 1,3 million de signatures.

Il faut bien au contraire se féliciter de la mobilisation grandissante des citoyens qui veulent s’informer, comprendre, évaluer les risques comme les opportunités, débattre en toute connaissance de cause, interpeller leurs élus, bref être des acteurs de la vie publique, de la société, de la construction européenne et de la régulation de la mondialisation. Beaucoup refusent à juste titre ce marchandage entre la démocratie et les intérêts de quelques multinationales.

L’Europe a trop longtemps été ce que ses dirigeants en font. Il est temps qu’elle devienne ce que ses citoyens en veulent.

18 novembre 2014

Evelyne Saunier : Chant et Linguistique

17 octobre 2014

La tragédie du 11 septembre par Paul Craig Roberts

 Le 11 Septembre, les attaques à l’anthrax et au-delà

Paul Craig Roberts

15 Octobre 2014

url de l’article :

http ://www.presstv.ir/detail/2014/10/14/382278/911-anthrax-attacks-and-beyond/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~



La tragédie du 11 Septembre 2001 va bien plus loin que la mort de ceux qui périrent dans les tours et celle des pompiers et personnels d’urgence qui ont succombé de maladies suite aux inhalations des poussières toxiques. Depuis 13 ans, une nouvelle génération d’Américains est née avec et sous le mythe du 11 septembre qui a été utilisé pour créer de toute pièce l’état américain policier et de guerre perpétuelle.

Les régimes corrompus de Bush et d’Obama ont utilisé le 11 septembre pour tuer, estropier, déposséder et déplacer des millions de musulmans dans sept pays différents, dont aucun n’a quoi que ce soit à faire avec le 11 Septembre.
Une génération complète d’Américains est née avec le dédain et la méfiance des musulmans.
Une génération d’Américains est née dans un état policier dans lequel la vie privée et les protections constitutionnelles n’existent plus.

Une génération d’Américains est née dans un état de guerre permanent tandis que les besoins des citoyens ne sont plus satisfaits.

Une génération d’Américains est née dans une société dans laquelle la vérité a été remplacée par une suite sans fin de mensonges et d'affirmations fallacieuses.

D’après la version officielle du 11 septembre, le tant vanté état de sécurité nationale de la seule super-puissance au monde a été vaincu par quelques jeunes Saoudiens armés de cutters. Le gigantesque appareil de la sécurité de l’état a été sans aucune défense et a reçu la plus grosse humiliation jamais infligée à un pays clamant être une super-puissance.

Ce jour là, absolument rien de ce qui représente la sécurité de l’état n’a fonctionné. Tout a foiré, d’un coup.

L’armée de l’air américaine, pour la toute première fois de son histoire n’a pas pu lancer un seul de ses jets intercepteurs. Le Conseil de la Sécurité Nationale échoua.

Toutes les seize agences de renseignement américaines ont été défectueuses d’un coup, en même temps, tout comme celles des alliés de l’OTAN et d’Israël.

Le trafic aérien n’a plus fonctionné.

La sécurité des aéroports a gravement échoué quatre fois au même moment et le même jour. La probabilité mathématique d’un tel échec est… zéro.

Si une telle chose s’était actuellement vraiment déroulée, il y aurait eu des demandes d’enquête en provenance de partout : de la Maison Blanche, du Congrès, et des médias. Des officiels auraient été tenus pour responsables, des têtes auraient roulé dans la sciure.

Au lieu de cela, la Maison Blanche a résisté un an aux demandes des familles des victimes du 11 Septembre pour l’ouverture d’une enquête. Finalement, on rassembla des politiciens pour qu’ils écoutent le compte rendu du gouvernement et qu’ils le couchent par écrit. Le président, le vice-président et le conseiller juridique de la commission ont tous dit que des preuves avaient été cachées à cette commission, que des mensonges ont été dits devant cette commission et que finalement cette commission avait été mise en place “pour échouer”. La plus grosse faute de sécurité de l’histoire n’a même pas vu une personne perdre son boulot. Personne ne fut tenu pour responsable.

Washington a alors conclu que le 11 Septembre a été rendu possible à cause du manque d’état policier. Le Patriot Act, qui attendait l’événement, fut tranquillement passé par les idiots du congrès. La loi (d’exception) a établi l’indépendance du pouvoir exécutif vis à vis de la loi et de la Constitution. La loi et les mesures qui s’en suivirent ont institutionnalisé un état policier dans la “terre des hommes libres”. (NdT : en référence au motto du pays se jugeant “indispensable” : “Land of the free, home of the brave”, c’est à dire “terre de l’homme libre, patrie du courageux”…)

Oussama ben Laden, un agent de la CIA, mourant d’insuffisance rénale, fut blâmé malgré le fait qu’il renia toujours explicitement sa responsabilité dans les attentats. Durant les 10 années qui suivirent, ben Laden fut l’épouvantail qui donna une excuse à Washington de tuer un nombre incalculable de musulmans. Puis, soudainement, le 2 Mai 2011, Obama annonça qu’un commando des Navy SEAL avait tué ben Laden au Pakistan. Les témoins oculaires sur place contredisaient la version de la Maison Blanche. Oussama ben Laden devint le premier humain à survivre un arrêt rénal pendant plus de 10 ans. Il n’y avait pas de machine à dialyser dans la maison retranchée où Ben Laden soi-disant vivait. Les nombreux faire-parts de décès le concernant en Décembre 2001 furent jetés aux oubliettes et les membres de cette équipe de Navy SEAL (Team 6) moururent bizarrement dans un crash d’hélicoptère en Afghanistan plusieurs semaines après le “raid”. Les milliers de marins à bord du porte-avion sur lequel fut soi-disant rapatrié le corps de Ben Laden pour être jeté à la mer, ont écrit qu’aucune funérailles de la sorte n’avaient eu lieu sur le navire.

L’histoire à dormir debout du meurtre de ben Laden par la Seal Team 6 a servi à mettre fin au défi lancé par des démocrates déçus à la nomination d’Obama pour un second terme à la présidence. Cela libéra aussi Washington de la restriction ben Laden pour sa “guerre contre la terreur”. Washington voulait attaquer la Libye, la Syrie… des pays où tout le monde savait que ben Laden n’avait pas de point d’attache ; de plus la succession de vidéos de ben Laden dans lesquelles celui-ci rajeunissait de prise en prise alors que le faux ben Laden endossait la responsabilité des attaques, avait commencé à perdre la confiance des experts ainsi que toute crédibilité.

En regardant les tours jumelles du WTC ainsi que la tour #7 s’effondrer, il m’était apparu comme évident que la chute de ces bâtiments ne pouvaient pas être due à des dégâts structurels. Lorsqu’il devint clair que la Maison Blanche avait bloqué une enquête indépendante sur les trois gratte-ciels d’acier au monde qui se sont effondrés sur eux-mêmes en résultat de basses températures émanant d’incendies de bureaux, il devenait alors évident qu’il y avait une opération de maquillage.

13 ans plus tard, de moins en mois de gens aux États-Unis et a l’étranger trouvent l’histoire du gouvernement crédible. Le cas mis en évidence par des experts indépendants est maintenant si fort que les médias se sont ouverts à la possibilité. Voici Richard Gage Architects & Engineers for 9/11 Truth on C-SPAN :

http ://www.youtube.com/watch?v=3Zbv2SvBEec#t=23

Après des années de persistance, un groupe de New York a sécurisé le nombre suffisant de signatures valides pour faire mettre aux voix une enquête sur l’effondrement des trois tours du WTC. La version officielle, si elle est correcte, veut dire que les codes de sécurité d’incendie dans les bâtiments sont insuffisant pour protéger le public et que donc toutes les autres structures d’acier de même type sont sujettes à potentiellement subir le même sort. Le groupe a été très habile quant à sa façon de cadrer le débat sur la sécurité publique et non pas sur la vérité sur le 11 septembre. Les autorités de New York bien entendu, continuent à s’opposer à cette initiative. La question reste maintenant sujette à la décision d’un juge. Il est très difficile de concevoir qu’un juge aille contre le gouvernement de manière si puissante, mais le groupe aura établi que le gouvernement n’a aucune confiance en la véracité de sa propre histoire.

Ces 13 dernières années, des physiciens, chimistes, architectes, ingénieurs et des spécialistes des premiers secours ont fourni des preuves massives qui démentent catégoriquement la version officielle de l’effondrement des trois tours. La réponse à ces experts a été pour les non-experts de qualifier les experts de “théoriciens du complot”. En d’autres termes, les défenseurs de l’histoire du gouvernement n’ont aucune preuve scientifique ni factuelle sur lesquelles ils peuvent tenir leur position. Alors ils ne peuvent qu’insulter l’opposition.

Le 11 septembre fut utilisé pour altérer de manière fondamentale la nature du gouvernement américain et sa relation avec son peuple. Un pouvoir exécutif irresponsable et ne devant de compte à personne a remplacé le processus de la loi et la régulation fournie par la constitution américaine. Au nom de la sécurité nationale (NdT : en France appelée “la raison d’état”…), le pouvoir exécutif ne connaît plus de limites. Essentiellement, aujourd’hui, les citoyens américains n’ont plus aucun droit si le gouvernement décident de les cibler.

Ces Américains nées après le 11 septembre 2001 sont nés dans un pays différent de ceux nés avant. N’ayant jamais fait l’expérience d’un gouvernement constitutionnel, ils ne sauront JAMAIS ce qu’ils ont perdu.

Les attaques à l’anthrax d’Octobre 2001 (NdT : Anthrax = maladie du charbon) ont été oubliées, mais le professeur Graham McQueen dans son livre “Le mensonge de la maladie du charbon de 2001” (Clarity Press, 2014), montre bien que les attaques à l’anthrax ont joué un rôle essentiel dans l’acquisition par le gouvernement de pouvoirs d’état policier. Deux présidents de comités sénatoriaux démocrates, Thomas Daschle et Patrick Leahy, furent perturbés par l’extension du régime Bush et sa carte blanche pour tous les pouvoirs et ils étaient en position de pouvoir bloquer la législation mettant en place l’état policier et la capacité pour la branche exécutive seule de mener les États-Unis à la guerre (NdT : de par la constitution des États-Unis seul le Congrès peut déclarer la guerre, depuis 2001, toutes les interventions, guerres, menées par les US se sont passées de l’aval du Congrès et ont été menées sur décision de la Maison Blanche exclusivement. C’est à dire que toutes les actions guerrières de l’empire depuis lors, sont anticonstitutionnelles…).

Les deux sénateurs reçurent alors des lettres contenant des spores d’anthrax, comme également de majeures organisations médiatiques. Les présentateurs de journaux télévisés comme Dan Rather, qui comparaient les effondrements des tours du WTC à des démolitions contrôlées n’avaient pas encore été virés par les républicains sur des accusations fabriquées.

Initialement, les lettres à anthrax, qui ont causées la mort de plusieurs employés des postes, furent vues comme la seconde étape des attaques du 11 septembre. La peur décupla. Les sénateurs et les médias se turent. Puis il fut découvert que l’anthrax utilisé était un type de produit unique produit par un laboratoire militaire du gouvernement américain.

La réponse à ce pavé dans la mare de la propagande du gouvernement, fut la mise en accusation fabriquée par le FBI d’un homme décédé, Bruce Edwards Ivins, qui avait été employé dans le laboratoire militaire qui avait produit cette souche d’anthrax et qui fut mené au suicide par les fausses accusations. Les collègues du mort ne crurent par un mot de la fausse histoire montée par le gouvernement et rien dans le passé du décédé ne pouvait indiquer quelque motif ou instabilité mentale que ce soit qui auraient pu le mener à ce type d’action.

Initialement, le gouvernement américain avait essayé de cadre un certain Jay Hatfill, mais malgré tous les efforts du New York Times (NdT : Rappelons-nous… La voix de la CIA…) et de Nicholas Kristof, la tentative échoua. Hatfill reçût 5 millions de dollars du gouvernement en dédommagement des accusations qui ont ruinées sa vie. Puis le gouvernement corrompu s’est acharné sur Ivins.

Ivins était mort et ne pouvait plus se défendre, mais ses collègues le firent pour lui.

Cet épisode pue jusqu’aux cieux. La justice est quelque chose qui existe en dehors des frontières des États-Unis. Ne vous attendez jamais à trouver une forme de justice aux États-Unis.

La plupart des Américains ne sont pas au courant à quel point le gouvernement fédéral possède les experts qui peuvent contredire ses propres histoires à dormir debout. Par exemple, aucun physicien compétent ne peut croire en la version officielle de la destruction des trois tours du WTC ; mais les départements de physique des universités américaines sont très dépendants de l’argent fédéral pour leurs recherches. Tout physicien qui dirait ce qu’il pense non seulement mettrait en danger sa propre carrière mais aussi celle de ses collègues. Le physicien Steven Jones, qui fut le premier à pointer sur la thermite dans la destruction des tours, a dû avant de parler, être d’accord pour que son université lui rachète sa “tenure” (NdT : emploi garanti jusqu’à la retraite) ou son université aurait dû faire face à la perte du financement fédéral.

La même chose se produit dans le secteur privé bien entendu. Les architectes de grattes-ciel et les ingénieurs de structure qui expriment des doutes au sujet de l’explication officielle de l’effondrement des trois tours du WTC sont vus, tout comme leurs client potentiels, comme des prosélytes du fondamentalisme islamique et des fondus conspirationnistes. Les clients, bien sûr, n’ont aucune connaissance experte sur laquelle se fonder pour juger de l’affaire, mais ils sont endoctrinés avec la répétition incessante et le lavage de cerveau en règle que les attentats du 11 septembre furent perpétrés par Oussama ben Laden. Leur endoctrinement les immunise contre les faits.

Le mensonge du 11 septembre a persisté depuis 13 ans maintenant. Des millions de musulmans ont payé ce mensonge de leur vie, de la destruction de leurs familles et de la dislocation de leurs sociétés. La plupart des Américains demeurent confortables avec le fait que leur gouvernement a détruit entièrement ou en partie sept pays en ayant pour fondement un mensonge que Washington a instruit de couvrir le crime qu’il a perpétré pour lancer la folle poussée néo-conservatrice de Washington pour l’empire et l’hégémonie mondiale.

 

 

17 août 2014

"L'accord" Europe-Canada : vers la fin de la démocratie...

L’Europe et le Canada disent « oui » à la justice privée

Lu dans Le Monde le 16/08/2014 :

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/08/16/l-europe-et-le-canada-disent-oui-a-la-justice-privee_4472299_4355770.html

 

C’est un document aride de 519 pages qui, en temps normal, n’aurait jamais attiré l’attention de quiconque en dehors du cénacle des multinationales et des spécialistes du commerce international. « Fuité » le 13 août par le journal télévisé allemand « Tagesschau » sur son site, le texte confidentiel de CETA, l’accord de libre-échange conclu entre l’Union européenne et le Canada, a pourtant été accueilli avec grand intérêt. Et pour cause : il montre que l’Europe a accepté de déléguer une partie de sa justice à des tribunaux arbitraux privés. Une répétition générale avant d’appliquer cette logique à grande échelle avec le traité transatlantique Europe–Etats-Unis ?

1. De quoi s’agit-il ?

Comme de nombreux traités commerciaux signés ces vingt dernières années (mais c’est une première pour l’Europe), le CETA (« Comprehensive Economic and Trade Agreement ») installe un tribunal privé au nom barbare : le mécanisme de règlement des différends investisseurs-Etats, appelé ISDS en anglais.

Si elles s’estiment lésées par les décisions des Etats dans lesquels elles exercent leurs activités, les entreprises canadiennes et européennes pourront porter plainte devant cette instance composée non pas de juges professionnels, mais d’arbitres triés sur le volet, le plus souvent issus de grands cabinets d’avocats d’affaires.

Ce mécanisme fait également partie des dispositions les plus critiquées du traité transatlantique en cours de négociation.

Lire : Le traité Tafta va-t-il délocaliser notre justice à Washington ?

2. Quel intérêt ?

A l’origine, l’ISDS était intégré aux accords commerciaux pour pallier les carences des systèmes judiciaires des pays en développement et rassurer les multinationales occidentales : garanties contre le risque d’expropriation arbitraire, elles étaient censées investir davantage. Pourquoi donc l’intégrer à un traité entre deux économies modernes comme l’Europe et le Canada ?

« Les multinationales n’ont pas confiance dans la justice des pays de l’Est, comme la Roumanie ou la Bulgarie », souffle un vieux routard de l’arbitrage international. Elles pourront donc réclamer des dommages et intérêts devant l’ISDS, au nom du respect des principes de libre-échange inscrits dans le CETA. Délocaliser le règlement des conflits vers un tribunal arbitral permettra également, selon les entreprises, une plus grande neutralité dans les décisions, les juridictions nationales étant susceptibles d’être influencées par les Etats attaqués.

3. Quels sont les risques ?

Pour ses (nombreux) opposants, l’ISDS pourrait coûter très chers aux Etats qui ne se soumettent pas aux desideratas des multinationales. Attaqué 35 fois en vingt ans dans le cadre de l’ISDS de son accord commercial avec les Etats-Unis, le Canada a ainsi été condamné à six reprises et forcé de verser au total 170 millions de dollars (130 millions d’euros) de compensations à des entreprises américaines (sans compter les frais de procédure), selon un rapport récent du Canadian Centre for Policy Alternatives. Les arbitres ont jugé que les règles de non-discrimination et de non-expropriation fixées par l’accord avaient été enfreintes.

Un cas récent, encore en cours d’instruction, fait grand bruit au Canada : estimant que la justice canadienne a invalidé injustement deux de ses brevets, le laboratoire pharmaceutique américain Eli Lilly réclame 100 millions de dollars (75 millions d’euros) de compensation pour ses profits gâchés. Pour l’ONG américaine Public Citizen, Eli Lilly tente d’utiliser l’ISDS pour détruire le système canadien de validation des brevets, au mépris des choix démocratiques opérés par les Canadiens.

Dans la négociation du CETA, les Européens ont refusé de prendre en compte cette crainte, en déclinant la proposition canadienne d’exclure clairement les questions de propriété intellectuelle du champ de l’ISDS.

Plus généralement, les craintes se focalisent sur l’absence de garde-fous dans l’ISDS : les arbitres sont libres de livrer leur propre interprétation de notions juridiquement floues comme « l’utilité » d’un investissement, ou « l’expropriation indirecte d’un investissement ». Il n’existe aucun mécanisme d’appel ou de responsabilisation des arbitres.

Pour connaître tous les détails, lire notre analyse de la version fuitée de l'accord de CETA

Tout juste les négociateurs ont-ils introduit la possibilité pour l’Union européenne et le Canada d’adopter des déclarations contraignantes fixant l’interprétation de points problématiques, auxquels les arbitres devront se conformer.

Cela suffira-t-il à empêcher les multinationales de contester les choix politiques des gouvernements, comme le pétrolier américain Lone Pine, qui réclame 250 millions de dollars (190 millions d’euros) au Québec pour avoir imposé un moratoire sur la fracturation hydraulique et l’exploration du gaz de schiste, annulant « arbitrairement » des permis déjà accordés ? Le texte du CETA reste flou à ce sujet : il précise que les mesures servant des « objectifs légitimes d’intérêt public, tels que la santé, la sécurité ou l’environnement » ne sauraient être contestés, « sauf dans les rares circonstances où l’impact de la mesure [...] apparaît manifestement excessif ».

4. Le texte va-t-il entrer en vigueur ?

Nous en sommes encore loin. Le CETA doit être officiellement dévoilé et signé le 25 septembre prochain, mais devra passer par de nombreuses étapes de validation avant d’entrer en vigueur – pas avant 2016. Côté européen, il devra être approuvé par les 28 chefs d’Etat et de gouvernement, puis par le Parlement européen, avant de faire le tour des 28 parlements nationaux.

C’est là que les choses pourraient se compliquer. Dans le cadre des discussions sur le traité transatlantique, la France et l’Allemagne ont exprimé publiquement leurs réticences sur l’ISDS, jugé inutile, comme le nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et un nombre croissant de parlementaires européens. On imagine mal comment ils pourraient le soutenir dans le CETA.

La société civile fait également monter la pression, en préparant une « initiative citoyenne européenne » rassemblant un million de citoyens pour interpeller la Commission européenne sur les dangers du CETA et du traité transatlantique.

Les négociateurs se retrouvent donc face à un dilemme : soit ils retirent in extremis le chapitre de l’accord consacré à l’ISDS, comme le demandent certains opposants, pour faciliter son adoption ; soit ils tentent de passer en force, prenant le risque d’un échec cuisant comme lors du rejet de l’accord ACTA, en 2012. Le texte de l’accord « fuité » étant présenté comme définitif (avant « toilettage juridique » et traduction), il semble y avoir peu de chance qu’il soit profondément modifié d’ici sa signature.

Pour approfondir : Ce que révèle la version fuitée de l'accord de libre-échange Europe-Canada

 

30 novembre 2013

L'Avertissement

Internet est une anomalie : le droit du (Vinton) Cerf.

De affordance.info : Olivier Ertzscheid

source : http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2013/11/internet-est-une-anomalie-le-droit-du-vinton-cerf.html

 

Vinton Cerf n'est pas n'importe qui. Avec quelques autres, il est de ceux sans qui ce que nous nommons Internet n'aurait jamais pu voir le jour. Vinton Cerf est, depuis 2005, "Internet chief evangelist" chez Google.

 

Le 19 Novembre 2013, Vint Cerf a déclaré : "La vie privée peut effectivement être une anomalie". Et il a ensuite un peu développé sa "pensée" :

  • la vie privée n'a jamais vraiment existé. La preuve, il a grandi dans un petit village de 3000 habitants, sans téléphone, dans lequel le facteur était au courant du courrier de tout le monde, et ou tout le monde savait ce que tout le monde faisait.
  • c'est la révolution industrielle et l'urbanisation qui ont créé le besoin de l'anonymat (là pour le coup, ami sociologue autre que de comptoir, j'attends ta confirmation, j'ai la flemme de chercher)

Et de conclure : "ce sera de plus en plus difficile pour nous (i.e. pour Google) de garantir la possibilité d'une vie privée" ("it will be increasingly difficult for us to achieve privacy.")

 

Il y a quelques temps de cela, en 2009, c'est le patron de Vint Cerf et de Google, Eric Schmidt qui se livrait de son côté à une attaque en règle de l'anonymat sur un air bien connu des polices politiques de tous les pays : "S'il y a quelque chose que vous faites et que personne ne doit savoir, peut-être qu'il faudrait commencer par ne pas le faire".

Depuis 2009, nombre d'autres groupes internet (Facebook en tête) se sont efforcés de faire effectivement disparaître la possibilité de l'anonymat. Et ils y sont pour l'essentiel parvenus. J'en ai déjà longuement parlé sur Affordance (ou dans ce merveilleux bouquin sur l'identité numérique). Oui mais avec la déclaration de Vint Cerf, nous venons de franchir un nouveau pallier dans la préparation marketing des esprits au prix coûtant d'une totale transparence de nos vies, à savoir la totale opacité des algorithmes les régentant (nos vies).

Et soudain c'est le drame.

Dire que l'anonymat est difficile à protéger et à mettre en place pour les grandes firmes du web est une chose qui peut être entendue ou tout au moins effectivement justifiée par quelques raisons législatives. Dire qu'au-delà de l'anonymat (= une instanciation possible d'un volet discursif de nos vies que nous souhaiterions pouvoir garder "privée"), dire qu'au-delà de l'anonymat c'est la "vie privée" elle-même qui est perçue comme une anomalie, m'a tout à la fois foutu le cul en larmes et en bas de ma chaise. Oui je suis grossier.

Je demande donc aux internets d'avoir la gentillesse de transmettre cette lettre pas du tout anonyme ni privée pour le coup, à Vinton Cerf, à Eric Schmidt, et à leurs acolytes anonymes, ou pas.

 

Lettre à Vinton Cerf.

"Cher Vint Cerf,

Moi internaute, je trouve alarmant que l'un des pères fondateurs de l'internet et des protocoles qui permirent à chacun d'investir cet espace, déclare aujourd'hui qu'il devienne à terme impossible de garantir un droit à la vie privée.

Moi internaute, je trouve cela alarmant car l'internet n'est plus un espace déconnecté de la vie réelle, et que la fin de la vie privée sur Internet signifie la fin de la vie privée tout court.

Moi internaute, j'ai pleinement conscience des grands pouvoirs de Google et des autres firmes sur l'ensemble de nos vies, et comme j'ai lu tout Spiderman, je sais qu'un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.

Moi internaute, je me moque de m'auto-attribuer un point Goodwin en affirmant que la tendance actuelle des discours du Politique et de l'Economique convergent pour se rejoindre sur des terres qui n'ont plus grand chose à envier aux heures les plus sombres de la police politique réelle (années 30) ou fantasmée (l'œuvre d'Orwell).

Moi internaute, je trouve scandaleux que tout en affirmant une supposée difficulté à garantir notre vie privée, les mêmes firmes développent des technologies et des brevets qui leur permettent, y compris dans le cadre d'une utilisation explicitement privée, d'écouter, de capter, et si besoin de censurer le moindre de nos mots, la moindre de nos interactions.

Moi internaute, je m'alarme d'une situation dans laquelle nous n'aurions aujourd'hui le choix qu'entre une surveillance insidieuse des gouvernements ou une censure explicite des mêmes gouvernements et des firmes qui sont leurs alliés technologiques objectifs.

Moi internaute, je trouve hallucinant que l'ensemble des acteurs concernés par ces questions se refuse à voir l'évidence pourtant souvent décrite, et dernièrement rappelée ici :

 

"La révolution numérique impose une réflexion nouvelle sur l'équilibre entre secret et transparence. Si la publication des conflits d'intérêt, la déclaration des intérêts financiers des élus (et on en passe) sont indispensables, l'exercice de la démocratie ne peut se passer d'une certaine dose de confidentialité. Le secret des correspondances, la liberté d'expression sans autocensure, la protection des blogueurs dissidents, le droit individuel au cryptage des données personnelles sont autant de garanties indispensables de la souveraineté individuelle et collective."

 

Moi internaute, je trouve scandaleux que des firmes nous proposant aujourd'hui des services dont ne nous ne saurions plus nous passer, oublient un peu vite que l'ensemble de leur écosystème ne repose que sur notre seule bonne volonté d'accepter de leur confier un certain nombre de nos données en échange d'un service, sur les données d'une servitude volontaire

Moi internaute, j'accuse ces firmes de nous mentir en indiquant qu'il leur est impossible de garantir des droits fondamentaux comme celui du secret de la correspondance, fut-elle - ladite correspondance - numérique.

Moi internaute, j'accuse firmes et gouvernements de légitimer une société du contrôle sur la base de lois et de réglementations relevant de l'exception et non de la règle générale, tant du côté du "piratage", que de la "pédopornographie" ou bien encore du "terrorisme".

Moi internaute, j'accuse ces firmes de tenir à leur merci des pans entiers de textes, images, vidéos, et de pouvoir les faire disparaître du jour au lendemain, sans rendre de compte à qui que ce soit d'autres qu'aux lobbys des industries culturelles qui leur donneront l'injonction de le faire.

Moi internaute, j'accuse ces superpuissances d'avoir privatisé internet.

Moi internaute, j'accuse gouvernements et firmes de se détourner ostensiblement des normes et standards ouverts permettant à chaque citoyen de continuer de bâtir en conscience les fondements d'une démocratie fondée sur l'acte de publication, la transparence de cet acte, la démultiplication et l'instantanéité que lui confère le numérique, mais la possibilité également offerte à chacun d'y contribuer au titre de l'anonymat, sans oublier celle de refuser d'y prendre part en son nom propre.

Moi internaute, j'accuse Google, Facebook, Amazon, Apple et l'ensemble des firmes régentant aujourd'hui le net d'être avant tout les chantres d'une hypocrisie de bon aloi visant à dénoncer des pratiques gouvernementales d'écoute et de surveillance qui apparaissent parfaitement naturelles dans leur propre écosystème de service et qu'elles ne se privent pas de nous imposer dès lors qu'elles sont légitimées par une rente financière mesurable.

 

Cher Vinton Cerf, la vie privée n'est pas une anomalie. Elle ne doit pas le devenir. C'est ta vision de l'internet qui est, aujourd'hui, une anomalie. Ta vision est une anomalie. Un strabisme plénipotentiaire. En passe de devenir la norme. Une anormalie.

Moi internaute, seul, je ne peux rien. Mais ... je ne pense pas être seul."

 

"We are Anonymous. We are Legion. We do not forgive. We do not forget. Expect us."

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