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Cacao et saucisses
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24 février 2013

Pourquoi en Grèce

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pourquoi-en-grece-131087

par Michel Koutouzis

En général, pour moi écrire est un plaisir, un amusement. Je ne suis pas particulièrement attiré par les pamphlets et autres cours magistraux. Je préfère l’humour ou, à la limite, un cynisme bon enfant qui souligne les incohérences des uns et des autres, moi inclus. Cependant, le sort réservé à la Grèce, mon pays, tellement exemplaire de ce sac organisé qu’est devenue la gouvernance européenne et mondiale, m’oblige à écrire sans plaisir, ni jeux de mots, ni clins d’œil amusés. De quoi s’agit-il ? Je dirais d’un effort pénible, par ce que mille fois répété en vain, pour tracer une aventure réactionnaire et prédatrice qui vise de transformer un échec patent d’un système financier en un outil d’exploitation cynique œcuménique s’alignant sur ce qui est aujourd’hui le modèle à suivre, la Chine.

PIB Grèce

Cet effort de mémoire me permet de citer le patron du Figaro, monsieur Dassault, qui, lors de ses veux de 2009 à son journal prédisait comme système de gouvernance politico-économique idéal celui mis en place par Pékin. Ils sont malins les chinois disait-il, faisons comme eux. Et on y est. Je soulignais alors, que cette organisation oxymore qui permet, sous une chape de plomb autoritaire et autiste niant les droits fondamentaux humains d’exploiter sans entraves le travail, et de passer outre l’Etat de droit, mais aussi les règles élémentaires de l’économie de marché par l’utilisation extensible à souhait des exceptions que cette même économie s’est offerte : contrefaçon, offshore formelles et informelles, paradis fiscaux, délocalisations et extra territorialisation des services et surtout des bénéfices. Ce qui était, juste avant la crise de 2008 une exception - certes envahissante -, un rouage d’appui à l’économie dite « formelle », est devenue la règle. Soyons clairs : le scandale chinois (ou indien, ou thaïlandais, ou taïwanais, ou hongkongais, ou russe, ou malaisien etc.), était déjà largement partagé par les entreprises occidentales installées sur place le nourrissant ou le représentant au sein du commerce et de l’économie bien de chez-nous. Mais si elles en profitaient et le légitimaient largement, du moins pouvaient-elles nous dire en tartuffes qu’elles n’en étaient que des rouages subissant un choix qu’elles n’approuvaient pas forcement.

La crise de 2008 changea la donne. A l’instar de Dassault, on se mit à croire que ce régime autoritaire, ce système économique planifiant la misère et choisissant qui et quand en sortirait, n’était pas une mauvaise idée. On alla plus loin : autant créer ces conditions de misère, ponctuellement, ici et là, pour faire de la baisse du prix du travail et à la paupérisation de l’Etat l’image d’une fatalité indiscutable. Puisque les jours meilleurs n’étaient plus au programme, autant motiver par la peur, la déchéance et le sauve-qui-peut. La crise financière se transforma en crise de la dette, en crise permanente, en crise de la démocratie et de l’Etat de droit, comme l’a cyniquement expliqué le ministre des finances allemand : les grecs avait-il affirmé, doivent choisir entre la démocratie et leur dette. En effet, directement ou indirectement, le processus démocratique fut bafoué dans tous les pays - cibles, les fameux PIGS, donnant naissance à des gouvernements non élus ou élus sous la peur et le chantage. Tandis que le chômage augmentait, que les classes moyennes disparaissaient, que les commerces fermaient et les entreprises tombaient en faillite, on continua comme si rien n’était, et pour cause : un nouvel eldorado se préparait, un far-West loin des lois et des règles de la cité, si longtemps désiré par l’économie financiarisée depuis la chute du mur de Berlin et les frustrations des trente dernières années. En effet, la chute du communisme en Union Soviétique, loin de créer un nouveau marché engendra un système hybride mafieux capitaliste et nationaliste à la fois qui échappait à la « rationalité économique occidentale » tandis que les pays ex satellites, tout en intégrant l’UE, restaient accrochés aux us et coutumes des Vory Zacone, ces rois du marché noir, de la corruption et de la prédation des régimes soviétiques. Ce qui n’empêcha pas, bien entendu, la main mise de ce capitalisme financier à changer le fusil d’épaule et à collaborer avec ce qui a de plus sordide à l’est. Les « restructurations » en Europe de l’est eurent bien lieu mais, trop limités et trop « parasitées », ne donnèrent qu’un souffle, un sursis à l’économie mondiale « rationnelle ».

La financiarisation extrême de l’économie, les bulles et autres « crises » sont en fait la conséquence d’une machine qui tourne à vide, faute de marchés réels. A quelques exceptions près, l’industrie et le commerce (économie réelle) gagnant l’essentiel non plus par les clients mais par les fournisseurs de biens, de services et de la sous-traitance. La transformation de l’effondrement financier en « crise souveraine » permet ainsi, en abaissant le prix du travail, en délestant l’économie réelle des contraintes de la cité, en créant une pression à la « chinoise » sur la production « formelle », permet enfin un retour en arrière tant désiré par le capitalisme, un retour à un monde sans règles et sans lois dématérialisé et délocalisé sur les pays pré-choisis qui deviendront à leur tour le modèle à suivre pour tous les pays occidentaux, sans exception.

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24 février 2013

Adieu ma Grèce

Exil du Chaos

17 février 2013 par Marie Laure Veilhan

 Nous avons pris la décision de partir.

Voilà une décision qui procède d’un non-choix, d’une nécessité que je ne qualifierai pas d’absolue, pour la simple raison que je sais qu’on n’est ni en Afghanistan, ni à Smyrne de 1922. Non, ç’aurait pu être un choix. Mais c’est tout juste une décision.

Décision d’exil, alors.

Il nous reste un été ici. Nous serons en France pour la rentrée 2013.

Nous laisserons derrière nous la maison de mon compagnon, Christos. La maison d’un autre exil, qui date de 90 ans : celui des grands-parents de Christos, venus de Constantinople (Kalloni, « la belle ») en 1922. J’écrirai un jour prochain ce que j’ai pu retenir de cette histoire-là. Elle est présente, curieusement parfois.

Nous laisserons des amis, Dina la rigolote, Angélique à la voix d’or, nous laisserons le père de mes enfants, la mer où Christos allait pêcher si souvent, sur les traces de son père, pêcheur, les orangers, le grenadier, les citronniers, l’oncle Adonis, tout tordu, tout pauvre, tout vieux, toujours si digne et souriant, sauf ces jours-ci, sa dame Anna s’en va à petit feu…

Je laisserai la terre que j’ai aimée pour la première fois il y a vingt-quatre ans, fille au pair d’un été, et que je croyais ne jamais quitter. Chaque jour qui passe, j’ai peine à croire à ce qui arrive à cette Grèce-là.

J’ai peine. Grand peine.

Nous sortons peu – le temps a l’air d’avoir pris la couleur de la vie : il pleut, sans arrêt, au point que le bois doit rester longtemps dans le poêle avant de s’embraser. Nous regardons distraitement les journaux télévisés, on connaît la rengaine. Deux dizaines d’impôts créés en 2012. Chômage. Misère. Enfants non vaccinés. Facultés qui ferment. Hôpitaux en panne de chauffage, de matériel de première nécessité (compresses, instruments chirurgicaux,…). Et de yaourts aussi. Néo-nazis au parlement. Grèves. Mobilisation décrétée dans deux secteurs (marine marchande et transports en commun), sous le contrôle direct de l’armée. La folie rivalise au quotidien avec le ridicule, le trivial, le presque rigolo. Non, on n’y croit pas, quand le secrétaire du Ministère de l’Economie annonce que « le smic à 560 euros -bruts- est encore trop haut »…

En chiffres, ça donne : 27 % de chômage global en novembre 2012 (derniers chiffres disponibles), soit une augmentation de 31% par rapport au mois de novembre 2011. 61,6% parmi les jeunes. Chiffres officiels, qui ne prennent pas en compte les multiples programmes de « formation » indemnisés à 250 euros pour deux mois, soit trois fois moins que l’allocation chômage, fixée à 360 euros mensuels. Pas d’allocation familiale, ni de logement bien sûr. 60 milliards de créances avérées vis-à-vis du Domaine Public (fisc et caisses d’assurance maladie et retraite). La récession en 2012 à 6,5%, pour la cinquième année. Le pain à 1,60, l’essence à 1,70. Le smic grec à 560 euros brut (480 euros nets), et 492 bruts (424 nets) pour les jeunes jusqu’à 25 ans. 300.000 compteurs coupés l’an dernier faute d’avoir pu payer la facture d’électricité, désormais couplée à l’impôt spécial (calculé sur la base de la surface du bâtiment alimenté), censé être exceptionnel, mais qui sera finalement intégré à un impôt global. Mon employeur (Union des Coopératives Agricoles), qui emploie 130 personnes (à l’usine et dans les bureaux, ne s’est toujours pas acquitté des salaires de novembre du personnel administratif. Je fais partie de ce dernier, mais ai eu droit à un « régime de faveur » qui m’a permis de recevoir les salaires de novembre et décembre, sous forme d’ « avance sur salaire » (c’est joli, comme formule : avance sur arriéré). J’étais allée faire remarquer que c’est ma seule source de revenus, et que nous vivons à quatre de ces presque 800 euros par mois. Nous avons longtemps été les moins riches de tous ceux que je connais.

Nous sommes désormais parmi les moins pauvres de ceux dont nous partageons le quotidien (travail exclu). Il n’y a plus de syndicat des ouvrières à mon boulot : il a été dissout, suite à des pressions exercées de façon ouverte sur l’intégralité des ouvrières, prises une à une. Ce mois-ci, le grand magasin Sprider (grande chaîne de vêtements bas prix), qui employait quinze personnes, a fermé. La deuxième boulangerie du quartier aussi. Pas résisté.

[Christos discute ce moment-même sur Skype avec un copain, parti en Allemagne en septembre. Il lui parle exactement de ça, à l’instant. C’est saisissant.]

Aighion accueillait depuis plusieurs années deux sections d’enseignement supérieur technique (optique et kiné). Au bord de la mer, dans un bâtiment industriel abandonné et rénové. Ces deux sections disparaîtront, comme une trentaine d’autres en Grèce, à partir de septembre. Les étudiants s’en iront, les bars, le cinéma qui avait rouvert depuis peu, la salle de musique… vont se vider un peu plus. Nous n’y allions quasiment plus, mais c’est réjouissant de voir ces étudiants qui venaient jouer gratuitement au « Polytechneio ». Triste, aujourd’hui, d’être presque sûr que cela ne durera pas.

Je voudrais être contredite par les faits.

Mais les médicaments de traitement du sida ont été désinscrits de la liste des médicaments remboursables. Pour les traitements anti-cancer, cardio, contre la tension artérielle… et pour une foule d’autres, la question n’est plus tant qu’ils soient ou non remboursables : il est de plus en plus difficile d’en dénicher. On crève de cette crise, et pas ceux qui sautent d’un balcon ou se tirent une balle dans la tête. On se laisse aller, aussi, tout simplement.

Je m’accroche à ceux que j’aime. Et à la première sonate de Beethoven, aussi. Qu’il me pardonne…

Je participerai du 1er au 3 mars à une rencontre organisée par l’aile « rouge » du Syriza sur la lutte contre le fascisme (en tant qu’interprète, ce qui nous paiera les billets de bus et une partie des frais de séjour à Athènes). Je vous conterai ce que j’aurai pu en retenir. Je sais désormais que cela pourra nous valoir des déboires plus ou moins importants. Les députés de l’Aube Dorée soufflent sur les braises de la haine, l’un deux a déclaré hier : « la prochaine fois que nous ferons une descente sur un marché pour contrôler les vendeurs étrangers, on ne fera pas que donner des coups de lattes dans les étalages. Il faut bien qu’on se fasse plaisir, aussi… Il est hors de question qu’on laisse les citoyens grecs sans protection ». Babakar Ndiaye est mort, il y a huit jours, jeté sur les rails de la station Thisseio, à Athènes, par l’un des dix agents de la police municipale qui l’avait pris en chasse parce qu’il vendait sur le trottoir des faux sacs Vuitton ou des parapluies chinois. Les paysans qui tentaient de bloquer symboliquement la route nationale ont été attaqués par les flics. Attaqués, non pas arrêtés. La violence institutionnelle s’installe chaque jour. Violence policière des brigades anti-terrorisme qui rouent de coups les quatre jeunes (qui se déclarent anarchistes), les défigurent, et se donnent tout juste la peine d’un maquillage électronique pour masquer les pires traces de torture sur les visages tuméfiés.

Le message est clair : « Tenez- vous tranquilles, ça pourrait arriver à tout le monde et à n’importe qui. »

Enfin, presque. Des militants de l’Aube Dorée, arrêtés la même semaine en possession d’armes lourdes, se sont fait photographier au poste. On en rigole : ils ont l’air de sortir du centre de soins esthétiques, tellement ça n’a pas l’air de les éprouver. On comprend, d’ailleurs : ils sont déjà dehors. Nous savons bien que ce qui nous attend en France n’est pas rose. Au-delà de l’adaptation à une vie que nous n’avions jamais prévue telle (ce qui suppose une adaptation forcée des enfants, par exemple, à un système scolaire en français, eux qui sont scolarisés en grec, bien sûr – mon fils, de bientôt onze ans, ne sait ni lire ni écrire en français, il a commencé l’anglais il y deux ans…), au-delà de tout ce qui nous fera ressentir ce mal du pays que les Grecs appellent si justement νοσταλγία (la nostalgie, douleur de la terre d’où l’on vient en traduction libre…), nous savons bien que la situation en France est dure, violente parfois, et que les choses vont mal pour beaucoup, là aussi.

D’ailleurs, le mal dont souffre la Grèce, c’est le même que celui qui étend son ombre sur l’Hexagone. Je le nomme « argent-dette », comme l’ont si bien fait les créateurs grecs de « Catastroïka », dont je ne saurais trop vous recommander la vision. Il a beau avoir été tourné il y a bientôt deux ans, tout y est.

Voyez.

Regardez.

Dites.

Faites.

Agissez.

C’est de notre vie à tous et à chacun qu’il s’agit.

14 février 2013

Mariage pour tous

De Alain Gaudin (http://www.avanti4.be/actualite/article/tribune-libre-je)

Tribune libre : Je suis complètement favorable au mariage entre catholiques

Vouloir l’empêcher serait une erreur et une injustice. Le catholicisme n’est pas une maladie.

Bien qu’ils puissent sembler étranges et déplaire à beaucoup, les catholiques sont des êtres normaux et doivent jouir des mêmes droits que la majorité, de la même façon, par exemple, que les informaticiens et les homosexuels.

Nous sommes conscients que beaucoup de traits et d’aspects du comportement des catholiques, comme leur tendance à diaboliser le sexe, peuvent nous sembler bizarres.

Nous savons qu’il pourrait même émerger des questions de santé publique, liées à leur refus dangereux et délibéré de l’usage des préservatifs.

Nous savons aussi que beaucoup de leurs coutumes, comme l’exhibition publique d’images de torturés, peuvent déranger beaucoup d’entre nous.

Cependant tout cela correspond davantage à une image médiatique qu’à la réalité, et cela n’est pas une bonne raison pour leur interdire le droit au mariage.

Certains pourraient arguer qu’un mariage entre catholiques n’est pas un vrai mariage, car il s’agit pour eux d’un rite et d’un précepte religieux engagé devant leur dieu, plutôt que d’un contrat entre deux personnes.

En outre, étant donné que les enfants nés hors mariage sont lourdement condamnés par l’Église catholique, l’on pourrait penser qu’en permettant aux catholiques de se marier on augmenterait le nombre de mariages « précipités » ou voués à la simple recherche du sexe (prohibé par leur religion en dehors du mariage).

De la même façon, on dit que cela favoriserait les situations de violence familiale et les familles à problème.

Mais il faut rappeler ici que cela ne concerne pas seulement les familles catholiques et que, étant incapables de nous mettre dans la tête des autres, nous ne pouvons pas préjuger de leurs motivations.

Dire qu’il ne faudrait pas appeler cela mariage mais d’une autre façon, cela ne revient qu’à détourner le problème – et de manière mesquine – vers des questions lexicales totalement hors de propos.

jesus-7d460Même catholique, un mariage reste un mariage et une famille une famille !

Et en parlant de famille, passons à l’autre thème brûlant, dont nous espérons qu’il ne sera pas trop choquant : nous sommes également favorables à l’adoption pour les couples catholiques.

D’aucuns crieront au scandale. Il est probable que l’on nous réponde avec une affirmation du type : « Des catholiques qui adoptent des enfants ?!? Mais les enfants pourraient devenir eux aussi catholiques ! »

Face à ces critiques, nous répondons qu’il est vrai que les enfants de catholiques ont de fortes probabilités de devenir à leur tour catholiques (à la différence des enfants d’homosexuels et d’informaticiens), mais nous avons déjà dit que les catholiques sont des gens comme les autres.

Malgré les opinions de certains et quelques indices en ce sens, il n’existe pourtant pas de preuves que les parents catholiques soient moins préparés que les autres à éduquer des enfants, ni que le climat religieusement orienté d’un foyer catholique ait une influence néfaste sur l’enfant.

Enfin les tribunaux pour mineurs s’expriment sur chaque cas particulier, et c’est précisément leur rôle que de déterminer l’aptitude des potentiels parents adoptifs.

En définitive, malgré l’opposition d’une partie, je crois qu’il faudrait permettre aux catholiques de se marier et d’adopter des enfants. Exactement comme les informaticiens et les homosexuels.

 

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