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Cacao et saucisses
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9 décembre 2023

La honte de l’Europe

Trouvé sur https://investigaction.net/la-honte-de-leurope/

Source originale: Globalter
Traduit de l’espagnol par Bernard Tornare

 

L'ONU alerte sur le risque de nettoyage ethnique à Gaza. Mais Ursula von der Leyen apporte son soutien indéfectible à Netanyahou. Et réunis à Bruxelles cette semaine, les 27 Etats-membres ont été incapables d'appeler à un cessez-le-feu. Du mauvais côté de l'Histoire, ces dirigeants représentent-ils les Européens? (I'A)

En tant qu’Européen, j’ai été indigné et honteux du comportement de l’Europe et de ses dirigeants à plusieurs reprises au cours des derniers mois. L’attitude servile face aux desseins américains en Ukraine – contre ses propres intérêts -, l’annulation de la culture russe, la position à l’égard de la Chine, les appels à restreindre l’asile aux réfugiés, la montée de l’extrême droite, l’imposition du discours unique et la censure de toute opinion différente, ont été des symptômes désolants.

Mais la position de l’Union européenne (UE) face à l’énorme tragédie que subit et subira encore plus le peuple palestinien, si personne ne l’aide, a dépassé toutes les limites imaginables.

J’avais toujours pensé que les valeurs des Lumières, les concepts de liberté, de paix, de solidarité ou de justice étaient des idées pour lesquelles il fallait se battre et dont il fallait être fier en tant qu’Européen. Que ces mots, inscrits dans les constitutions occidentales, n’étaient pas une fiction, mais provenaient d’une tradition européenne enrichissante de pensée libre, humaniste et pluraliste.

Mais l’évolution politique de l’Europe et de ses dirigeants, parallèlement au déclin inéluctable de la domination occidentale sur le monde, a fait que ces valeurs ont de plus en plus perdu leur sens véritable, dans la bouche d’hommes politiques qui les proclament, mais ne les défendent jamais.

Le fait que pratiquement aucun dirigeant européen n’ait critiqué ou appelé à la retenue le gouvernement israélien, qui laisse deux millions de Gazaouis sans eau, sans nourriture, sans électricité et sans carburant alors qu’il les bombarde sans relâche, est consternant et honteux. Il est encore plus révoltant que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se soit rendue en Israël vendredi pour “montrer sa solidarité”, selon ses propres termes, exclusivement avec les victimes israéliennes, sans mentionner les victimes palestiniennes. Elle l’a fait le jour même où Israël a annoncé un ultimatum de 24 heures pour que plus d’un million de Palestiniens quittent leurs maisons dans le nord de la bande de Gaza, y compris la ville de Gaza.

Un ultimatum qui signifie l’expulsion de 1,1 million de Palestiniens de leurs maisons en un jour, soit encore plus que ceux qui ont été expulsés pendant toute la Nakba de 1948, dont on se souvient tristement, après la création de l’État d’Israël, lorsque près de 700 000 Palestiniens ont été contraints de laisser leurs villages derrière eux pour devenir des réfugiés à vie.

Une fois en Israël, Mme Von der Leyen a non seulement approuvé cet ultimatum – considéré comme irréalisable et très dangereux par l’ONU – mais elle s’est à nouveau montrée solidaire des seules victimes israéliennes, tandis que des tonnes de bombes continuaient de tomber sur les immeubles résidentiels de la bande de Gaza, sur ses mosquées, ses hôpitaux ou sur les agences de l’ONU elles-mêmes. Les bombes israéliennes ont déjà tué près de 600 enfants, selon le ministère palestinien de la Santé. Et personne en Europe ne semble avoir honte de ce voyage, de ce mépris énorme pour la souffrance palestinienne.

La même présidente de la Commission européenne qui, il y a un an, déclarait devant le Parlement européen : “Les attaques de la Russie contre les infrastructures civiles, en particulier l’électricité, sont des crimes de guerre. Laisser des hommes, des femmes et des enfants sans eau, sans électricité ou sans chauffage, à l’approche de l’hiver, est un acte de pure terreur. C’est ainsi que nous devrions les qualifier.

Rarement le double langage de l’Europe et le cynisme de ses dirigeants n’ont été aussi évidents. D’autant plus que la Russie n’a pas laissé toute l’Ukraine sans eau, sans électricité, sans chauffage, comme Israël a laissé toute la bande de Gaza et ses deux millions d’habitants – en grande majorité des réfugiés – sans eau, sans électricité, sans chauffage, tout en les bombardant de manière bien plus sauvage et aveugle que Moscou ne l’a fait jusqu’à présent avec les Ukrainiens.

Pour Mme Von der Leyen, ces victimes ne méritaient apparemment même pas un commentaire lors de sa visite dans le pays qui les tue et les laisse sans lumière, sans eau et sans nourriture. Il n’était pas non plus nécessaire, selon elle, d’appeler Israël à protéger les populations civiles lors de ses bombardements. Ses photos souriantes avec Netayanhu, tout en parlant des “attaques barbares” du Hamas, sans dire un mot sur la souffrance des Palestiniens et en prétendant représenter tous les Européens, resteront dans l’histoire de l’infamie.

Nous savons que la pression américaine sur l’Europe est énorme. Nous savons que les queues d’un empire qui s’effondre sont souvent les plus dangereuses, en particulier celles d’un empire habitué à tirer profit de la promotion des guerres, de la création de conflits et de la prévention de la prospérité des autres plutôt que d’essayer de résoudre leurs problèmes ou de collaborer à la résolution de ceux du monde entier.

Nous savons que l’Europe ne peut pas faire grand-chose pour changer le cours des événements décidé et poursuivi par l’hégémon en Ukraine, à Gaza, au Moyen-Orient et, si elle le pouvait, dans le monde entier.

Mais puisqu’il n’y a pas d’autonomie politique ou stratégique, les dirigeants européens devraient au moins faire preuve d’un minimum de décence. S’ils en sont incapables, qu’ils cessent de brandir des concepts tels que l’humanisme, la liberté, la solidarité et la justice. Cessez de jouer avec des valeurs que vous ne poursuivez pas du tout et que vous avez clairement abandonnées.

Cessez enfin de parler au nom de tous les Européens. Vous ne nous représentez pas.

Javier Garcia / 27 oct 2023

 

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