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Cacao et saucisses

Cacao et saucisses
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11 juillet 2013

Les classes populaires et le FN

Comment la gauche a livré le peuple au FN

par Eric Conan - Marianne : http://www.marianne.net/Comment-la-gauche-a-livre-le-peuple-au-FN_a229960.html

Lu sur Marianne le 11/07/13

Il y a un moment où une routine apparaît pour ce qu'elle est devenue : de l'inconscience faite autisme. « Nous aurons à tirer toutes les leçons de ce scrutin », a déclaré François Hollande sitôt connus les résultats de l'élection législative partielle de Villeneuve-sur-Lot.

Exactement ce qu'il avait dit, comme premier secrétaire du PS, après le 21 avril 2002 qui avait vu Jean-Marie Le Pen souffler la place de Lionel Jospin au second tour de l'élection présidentielle. Au congrès de Dijon suivant, François Hollande avait précisé l'objectif : « retrouver les liens avec les catégories populaires ».

Fracture sociale

Dix ans de perdus. Aucune leçon tirée. Parce que la thèse jospiniste de « l'absurdité » du 21 avril avait prévalu - l'intellectuel du parti, Henri Weber, parlant même d'un « accident ». Hier, comme aujourd'hui, la principale explication crève pourtant les yeux : les catégories populaires ne cessent de fuir le principal parti d'une gauche censée les représenter !

Et pour une raison qui n'a rien d'accidentel, mais parfaitement logique : il ne les représente plus et ne fait plus rien pour elles. Certes, médias et politiques en parlent de moins en moins, mais les classes populaires (ouvriers, employés, artisans, paysans, chômeurs) représentent toujours plus de la moitié de la population active.

Or, ces bases sociologiques et géographiques de la gauche ont été ravagées par la mondialisation. Et, contrairement à ce qu'inspire souvent le mépris social à leur égard, elles ont une conscience aiguë de ce que leurs dirigeants ne veulent pas avouer : ils ne savent plus quoi faire d'elles, ils n'ont rien à leur proposer de convaincant.

Les salariés au chômage, ceux qui le redoutent ou ceux qui ne voient que déclassement programmé pour leurs enfants se sont lassés des discours sur « l'adaptation » à une modernité qui les marginalise. Ils ont bien compris que les élus n'ont aucune prise sur les délocalisations, les fermetures d'usines et la régression des statuts professionnels. Ils ont compris aussi que la crise était surtout pour eux, et qu'il y avait des gagnants de la mondialisation sauvage : grands patrons et banquiers ne se jettent pas par la fenêtre comme en 1929 ; ils se payent en hypersalaires ou en retraites chapeau dignes du Loto, et l'argent public éponge les conséquences de leur cupidité.

Les « bénéfices » de la mondialisation, dont la Commission de Bruxelles s'est faite le chantre, ils voient bien à qui ils reviennent tandis qu'eux n'ont droit qu'aux discours d'énarques pensionnés à vie dissertant sur le « populisme » et leur expliquant sans conviction qu'il faut s'« adapter », « bouger » et « changer de métier plusieurs fois dans sa vie ».

« Pour la première fois dans l'histoire, les classes populaires ne font pas partie du projet économique », résume le géographe et sociologue Christophe Guilluy, qui analyse depuis vingt ans la relégation de ces nouveaux « invisibles » à l'écart, dans cette France périphérique faite de chômage, de bas salaires et d'aides sociales. Un peuple perdu de vue par des partis de gauche prisonniers de leur sociologie de cadres et de fonctionnaires ancrés dans les métropoles bobo bordées d'une ghettoïsation urbaine « multiculturelle » dont les désagréments ne sont pas plus maîtrisés que ceux de « la » mondialisation heureuse.

Comment la gauche a-t-elle pu abandonner ces « invisibles » qui se manifestent en venant gonfler l'électorat du FN (aujourd'hui en tête chez les ouvriers de 20 à 55 ans) alors qu'ils ont constitué son socle électoral jusqu'en 1981 ? Ce n'est pas faute d'avoir été alertée. Dès 1990, le clairvoyant Marcel Gauchet, inventeur de la notion de « fracture sociale », évoquant « les mauvaises surprises d'une oubliée », avait annoncé le « retour de la lutte des classes là où on ne l'attendait pas : pour alimenter la poussée électorale continue de l'extrême droite ». Et l'on se souvient de la colère prémonitoire de Pierre Mauroy, constatant, quelques jours avant le crash du 21 avril, que son parti n'osait plus employer le mot « ouvrier ».

La gauche n'est plus marxiste, mais les électeurs, eux, continuent de se déterminer en fonction de leur situation économique et sociale ! « Les classes sociales n'ont ni raison ni tort, elles ont des intérêts et des manières d'être, a rappelé Jacques Julliard, ajoutant : Comment demander un comportement rationnel à des gens confrontés à un capitalisme aussi déraisonnable, aussi cupide que celui dont nous sommes affligés ? » Les catégories populaires se sont donc laissé tenter par les promesses de Nicolas Sarkozy en 2007, avant de chasser l'imposteur en votant pour Hollande et son engagement de lutter contre la finance, son « principal adversaire ».

C'est leur déconvenue qui redynamise comme jamais le vote FN. Marine Le Pen leur paraît désormais comme la seule qui s'adresse à eux, ainsi que le faisaient naguère les communistes, les gaullistes et les socialistes. Et ils rejettent Jean-Luc Mélenchon dont le robespierrisme ne masque pas une apologie de l'immigration non régulée qui rejoint celle du Medef pour presser les salaires à la baisse.

Contre cette hémorragie de son électorat vers le FN, la gauche a épuisé le registre de l'injure, version « les salauds » de Bernard Tapie (l'heureux bénéficiaire d'un « préjudice moral » de 45 millions d'euros) ou version « les cons » de Julien Dray (le collectionneur de montres à 20 000 €). Marine Le Pen, elle, qu'elle soit sincère ou non, peu importe, n'a pas le même effet répulsif que son père et les dernières partielles montrent que « le FN siphonne les voix du PS », comme l'analyse le politologue Dominique Reynié.

Ajoutons que la prégnance de la culture communiste, qui a retenu nombre d'ouvriers ou d'ouvriers retraités, désormais abstentionnistes, de passer au vote FN, ne joue plus son rôle inhibiteur chez les jeunes ouvriers et employés. La dénonciation est inefficace parce que le vote FN n'est pas « contestation, mais demande de démocratie », selon Marcel Gauchet. Et le front républicain ne fonctionne plus parce qu'il est d'abord vu comme le programme commun droite-gauche de l'alignement sur une politique européenne qui ne protège pas les peuples de la mondialisation sauvage.

Une réponse vitale

En ciblant le fanatisme de José Manuel Barroso et son projet d'une Europe jungle sociale comme «carburant du FN», Arnaud Montebourg a le mérite de placer enfin le débat au niveau des causes plutôt que des symptômes : pourquoi la gauche et la droite françaises se sont-elles alignées sur cette politique européenne qui n'a rien d'inéluctable ? Il a raison de considérer les élites coresponsables des «tourments légitimes d'un peuple empoisonné», selon l'exigeante formule de Jean Daniel.

Car, à l'origine des errements du peuple, il y a souvent son abandon. Les grands moments historiques français correspondent tous à l'articulation heureuse entre le peuple et ses élites : la Fronde, 1789, les débuts de la IIIe, le Front populaire, le gaullisme. Ce qui distingue l'élite digne de ce nom de l'oligarchie, c'est son souci du peuple et de ses intérêts. Gambetta demandait aux élites d'être les « frères aînés du peuple », François Mitterrand disait qu'il fallait toujours se soucier du sort des « bougres ». Peu importe que ce souci recouvre un paternalisme inspiré par l'intérêt bien compris, la crainte ou l'altruisme. L'important est la réponse qu'il donne aux inquiets. Pour François Hollande et le Parti socialiste, cette réponse devient vitale.

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29 juin 2013

La démocratie aux USA ?

Cauchemar américain

par kergen vendredi 28 juin 2013 sur Agoravox

http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/cauchemar-americain-137983

Quand les "élites" Françaises et Européennes vont-elles en finir avec leur complaisance envers les USA ?

Stupeur mondiale : l’Inde s’est plaint à l’ONU que la Chine venait de bombarder un petit village du Bengale avec une escadrille de Mig pour éliminer le Dalaï-Lama en tuant 270 civils essentiellement des femmes et des enfants. Evidemment, aussitôt, l’ensemble de la presse mondiale, à juste titre, s’indigne, envoie des centaines de reporters et caméramans montrer au monde cette monstruosité, le Conseil de sécurité est saisi. On est au bord de la guerre quand on apprend que la Chine envoie impunément ses drones au Vietnam, en Indonésie, aux Philippines assassiner des terroristes séparatistes Ouïgours ou Tibétains, tuant en même temps des milliers de femmes et d’enfants de ces pays. Evidemment les USA et tous les pays de l’UE, comme le Japon et le Mexique se déclarent solidaires des pays dont la souveraineté a été violée, dans le sang qui plus est.

Horreur, on apprend que la Russie a fait enlever, dans le monde entier, des ennemis présumés de son pays, les a fait torturer, assassiner , par centaines dans des centres de détention en Moldavie, en Biélorussie, en Azerbaïdjan, au Venezuela, en Argentine, en Islande. Pire, la Russie entretient une prison militaire en Iran dans laquelle végètent des centaines de gens enlevés un peu partout dans le monde car soupçonnés d’en vouloir au pays. BHL s’enflamme, DCB exige une opération militaire, Kouchner parle de crime contre l’humanité et de totalitarisme.

Terrible, un jeune Russe révèle que son pays espionne chaque citoyen, chaque état avec un réseau dément d’écoute cybernétique. Aussitôt, il s’échappe et demande l’asile à la Grande-Bretagne. Le monde entier le salue comme un héros de la défense de la liberté et des droits de l’homme. Obama le propose même pour le Nobel de la paix. Evidemment, la Russie réclame le « traitre », lui réservant le même sort indigne qu’elle a fait subir à ceux qui ont dénoncé le fait qu’elle torture illégalement un peu partout dans le monde. Le monde libre lui rit au nez et se serre autour du héros.

Incroyable, le Venezuela décrète une loi comme quoi n’importe quel citoyen peut être détenu par les forces armées en dehors de tout processus judiciaire. Immédiatement BHL, Kouchner, DCB s’indignent, Obama et Cameron exigent un embargo total sur le Venezuela.

La Russie fait voter une loi comme quoi les entreprises des oligarques sont désormais au-dessus de la loi et inattaquables par la justice. Et ceci est gravé dans le marbre de la loi. En même temps, Poutine fait voter une loi comme quoi chaque citoyen Russe peut tuer quiconque s’il se sent menacé.

STOP

Evidemment, vous l’avez compris, à chaque fois, ce sont les USA qui ont commis ces atteintes invraisemblables à la démocratie. Et chaque fois, silence poli, complice, approbateur. Pourtant, ils devraient se souvenir du vieux principe : « Regarde comment ils traitent les autres et tu vois là comment ils te traiteront un jour ».

Quand, ceux qui prétendent être nos élites vont-ils finir par appeler un « chat », un chat, et vont reconnaitre publiquement que non, les USA ne sont plus une démocratie, non, les USA ne sont plus une puissance bénéfique, non, les USA ne sont plus une puissance amicale.

Et ils feraient bien de le faire vite. Car il faut considérer que toutes ces abominations se pratiquent sous une administration démocrate. Là, c’est aux « gentils » qu’on a affaire. Que sera le « Grand Marché Transtlantique », que sera l’OTAN le jour où les républicains reviendront ?....

Que deviendra alors, l’Europe ? la France ?

22 mai 2013

Drones pas drôles

«La guerre devient un télétravail pour employés de bureau»

Interview - Dans «Théorie du drone», le philosophe Grégoire Chamayou se penche sur les questionnements juridiques et moraux soulevés par une arme qui confère une immunité physique unilatérale.

 http://www.liberation.fr/monde/2013/05/19/la-guerre-devient-un-teletravail-pour-employes-de-bureau_904153

Chercheur en philosophie au CNRS, Grégoire Chamayou vient de publier Théorie du Drone, qui se veut la suite de son précédent essai, les Chasses à l’homme. Il y expose les problèmes éthiques, psychologiques et juridiques que pose cette arme des temps modernes.

Comment un philosophe en vient-il à s’intéresser aux drones ?

Le drone, c’est un «objet violent non identifié», qui met en crise les catégories de pensée traditionnelles. Un opérateur appuie sur un bouton en Virginie, et quelqu’un meurt au Pakistan. Lorsqu’elle est écartelée entre des points aussi distants, où a lieu l’action de tuer ? Cela produit des crises d’intelligibilité dont la philosophie doit rendre compte. Ce livre, Théorie du drone, est la suite du précédent, les Chasses à l’homme : le drone armé est l’emblème des chasses à l’homme militarisées contemporaines. Et certains philosophes travaillent, aux États-Unis et en Israël, main dans la main avec les militaires pour développer ce que j’appelle une «nécroéthique» visant à justifier les assassinats ciblés. Il y a donc urgence à répliquer. Quand l’éthique est enrôlée dans l’effort de guerre, la philosophie devient un champ de bataille.

Les militaires auraient à ce point besoin de justifier l’usage des drones ?

Le drone apparaît comme l’arme du lâche, celui qui refuse de s’exposer. Il ne requiert aucun courage, il désactive le combat. Cela provoque des crises profondes dans les valeurs guerrières. Or les militaires ont besoin de justifications. C’est là qu’interviennent les «éthiciens militaires» : leurs discours servent à abaisser les coûts réputationnels associés à l’emploi d’une arme perçue comme odieuse. Et ceci quitte à mettre le sens des mots sur la tête, puisqu’ils affirment que le drone - engin sans homme à son bord - est la plus humaine des armes…

Comment les Américains en sont-ils venus à développer l’usage des drones ?

Après le 11 Septembre, Bush déclarait que les États-Unis étaient entrés dans une nouvelle forme de guerre : une chasse à l’homme internationale. Ce n’était pas qu’un slogan. Des stratèges ont défini la doctrine correspondante. Une doctrine non plus axée sur le combat, mais sur la traque. L’idée est de s’arroger le droit de poursuivre les proies partout dans le monde, au mépris des frontières. Le drone «chasseur tueur» est aujourd’hui l’instrument de la doctrine antiterroriste officieuse de la Maison Blanche : tuer plutôt que capturer. Avec un drone, vous ne pouvez pas faire de prisonnier. Quand Obama dit qu’il veut fermer Guantánamo, c’est qu’il a choisi le drone Predator à la place. On règle le problème de la détention arbitraire par l’exécution extrajudiciaire.

La question qui se pose, c’est celle du droit de tuer du souverain démocratique. Depuis que les drones ont servi à tuer des citoyens américains, le débat est très vif aux États-Unis. A partir du moment où, hors du cadre de la légitime défense, on peut tuer ses propres citoyens à l’étranger, où est la limite ? Est-ce que ce type d’armes peut, par exemple, être utilisé sur le territoire national ? Les projets de drones policiers pointent leur nez…1 C’est ainsi qu’on voit se constituer, aux États-Unis, un arc contestataire large, rassemblant les défenseurs des libertés, la gauche antiguerre, mais aussi la droite libertarienne.

En France, étrangement, il n’y a pas de débat sur le sujet…

L’opinion publique est très peu informée. Pourtant, Jean-Yves Le Drian veut acheter des Reaper américains, c’est-à-dire des drones chasseurs-tueurs, pas des drones de surveillance ! Ils seront vendus non armés, nous dit-on, mais c’est la condition pour accélérer la procédure d’exportation. Il suffira de les équiper ensuite. Et ce qui m’inquiète, c’est que ce type de décisions ne fait pas débat. Si un ministre de la Défense avait annoncé son intention d’importer les techniques de torture de la CIA, il aurait provoqué un tollé ! Un gouvernement ne peut pas décider d’adopter de telles armes sans débat. Y compris dans le détail, il y a des questions qui se posent : qui va former les opérateurs ? Depuis quel pays vont-ils commander leurs appareils ? S’ils sont formés par les Américains, cela signifie-t-il que la France va adopter le même genre de stratégie ?

A quelle stratégie faites-vous allusion ?

Le drone est devenu l’arme par excellence de la guerre contre-insurrectionnelle à l’américaine. On passe d’un paradigme terrestro-centré à un modèle aéro-centré : contrôle par les airs plutôt qu’occupation. On le sait peu en France, mais il y a actuellement un débat intense parmi les stratèges américains de la contre-insurrection. Certains demandent même un moratoire sur l’usage des drones, à l’image de David Kilcullen, ancien conseiller du général Petraeus. Leur inquiétude, c’est qu’on est en train de remplacer une stratégie par un gadget, en sous-estimant les effets contre-productifs sur les populations. En imposant une terreur indiscriminée, les drones, inaptes à «gagner les cœurs et les esprits», alimentent paradoxalement la menace que l’on prétend éradiquer. Ce que rétorquent les partisans de la contre-insurrection par les airs, c’est qu’il suffit de «tondre» régulièrement : dès que des têtes repoussent, on les tue. On promet une guerre sans défaite, mais ce sera aussi une guerre sans victoire…

A-t-on assez de recul sur cette forme de guerre pour pouvoir en tirer des enseignements ?

Oui, en un sens, on a la chance d’avoir plus de dix ans de recul. Au Kosovo, en 1999, le drone n’était qu’un instrument de surveillance et de reconnaissance. Le Predator repérait les cibles, mais il ne pouvait pas tirer. C’est là qu’émerge l’idée de l’équiper de missiles antichars. Au moment du 11 Septembre, l’arme était prête, le Predator était devenu un prédateur. Or cette généalogie est très instructive : le Kosovo, c’est la guerre aérienne à zéro mort dans son camp. L’Otan avait décidé de faire voler ses avions à 15 000 pieds [environ 4 500 m, ndlr], hors d’atteinte des tirs ennemis, au détriment de la précision des frappes : on mettait les vies des pilotes au-dessus des vies des civils kosovars qu’on était censés protéger. Les théoriciens de la guerre juste furent scandalisés par ce nouveau principe d’immunité du combattant national. Le philosophe Michael Walzer s’interrogeait à l’époque : la guerre sans risques est-elle permise ? Il citait Camus : on ne peut pas tuer si on n’est pas prêt à mourir. Il y a une crise métajuridique du droit de tuer.

Qu’entendez-vous par là ?

La guerre se définit comme un moment durant lequel, sous certaines conditions, l’homicide est décriminalisé. Si l’on concède à l’ennemi le droit de nous tuer impunément, c’est parce que l’on entend avoir le même droit à son égard. Cela se fonde sur un rapport de réciprocité. Mais que se passe-t-il lorsque cette réciprocité est annulée a priori, dans sa possibilité même ? La guerre dégénère en abattage, en exécution.

Une question se pose pour l’administration américaine : dans quel cadre légal ces frappes ont-elles lieu ? Quand on le lui demande, elle refuse de répondre. Du coup, quels seraient les cadres légaux envisageables ? Il y en a juste deux. Le premier, c’est le droit des conflits armés, où l’usage d’armes de guerre n’est licite que dans des zones de conflit armé. Le problème, c’est que les frappes américaines au Yémen, au Pakistan, etc., ont lieu hors zone de guerre. Autre principe : il est interdit à des civils de prendre part à des conflits armés. Or, une grande partie des frappes de drones, aux États-Unis, sont opérées par des gens de la CIA (des civils). Ils pourraient donc être poursuivis comme criminels de guerre. Le second cadre possible, c’est le law enforcement, en gros, le droit de police. Mais, là, il faut une gradation dans la force : capturer plutôt que tuer - n’utiliser la force létale qu’en dernière extrémité, face à une menace directe, écrasante, imminente. Or, avec le drone, il n’y a pas de gradation possible : soit on s’abstient, soit on tue. L’administration américaine est prise dans un dilemme juridique, d’où son silence gêné…

Mais la précision des drones ne permet-elle pas de mieux cibler ?

Le droit des conflits armés impose aux belligérants de ne cibler directement que des combattants, pas des civils. Les partisans des drones affirment que, grâce à leur «veille persistante», ils permettent de mieux établir cette distinction. Sauf que, lorsqu’on remplace les troupes au sol par des drones, il n’y a plus de combat. A quoi peut-on alors voir la différence, à l’écran, entre la silhouette d’un non-combattant et celle d’un combattant sans combat ? A rien. On ne peut plus la constater, seulement la soupçonner. De fait, la majorité des frappes américaines ont lieu contre des individus dont on ne connaît pas l’identité exacte. En croisant des cartes d’itinéraires, des relevés d’appels téléphoniques, on établit des profils. C’est la méthode du pattern of life analysis : votre mode de vie nous dit qu’il y a, mettons, 90% de chance que vous soyez un militant hostile, donc nous avons le droit de vous tuer. Mais là, on glisse dangereusement de la catégorie de combattants, à celle, très élastique, de militants présumés. Cette technique de ciblage implique d’éroder le principe de distinction, pierre angulaire du droit international.

Est-ce là le seul danger ?

Un des principaux arguments des politiques, c’est la préservation des vies nationales : même les militaires ne mourront plus ! Mais, à partir du moment où les vies militaires se dérobent à l’ennemi, sur quel type de cibles les représailles vont-elles se déplacer ? Sur les civils… Des attentats par drone amateur, à moyen terme, c’est un scénario vraisemblable…

Il y a aussi la question du contrôle démocratique. Kant dit que la décision de la guerre doit être prise par les citoyens. Parce qu’ils sont les instruments de la guerre, comme ils en paieront le prix, ils vont décider avec circonspection, et limiter le recours à la force armée. C’est la théorie, très optimiste, du pacifisme démocratique. Mais vous voyez que le drone perturbe ce beau schéma. Quand un agent peut externaliser les coûts de sa décision, il tend à décider à la légère : c’est l’effet pervers de «l’aléa moral». La théorie du pacifisme démocratique se retourne alors en militarisme démocratique. Le drone apparaît en ce sens aussi comme un remède aux contestations politiques internes des guerres impériales. Les stratèges américains qui ont préconisé la généralisation de ces armes avaient clairement cet agenda en tête après les échecs au Vietnam.

L’engouement pour cette arme fait aussi penser aux jeux vidéo…

Il y a en effet tout un discours qui critique la «mentalité Playstation» des opérateurs de drones mais, pour moi, c’est un cliché, j’essaie d’affiner l’analyse. Souvent, quand on fait cette critique, on ajoute : «Ils ne savent pas qu’ils tuent». Il est évident qu’ils savent qu’ils tuent ! La question, c’est plutôt : à partir de quel savoir le savent-ils ? En quoi cette technique produit-elle une forme d’expérience spécifique de l’homicide ? Il y a des effets d’amortisseur moral : on voit juste assez pour tuer, mais pas tout : ni le visage, ni les yeux. Surtout, on ne se voit jamais dans le regard de l’autre. C’est une expérience disloquée, hémiplégique. Les opérateurs cloisonnent, ils tuent la journée et rentrent à la maison le soir. La guerre devient un télétravail, accompli par des employés de bureau1, très loin des images à la Top Gun. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que les premières contestations du drone aient été le fait de pilotes de l’Air Force. Ils refusaient la déqualification de leur travail, mais ils luttaient aussi pour le maintien de leur prestige viril…

A propos de virilité, le nom technique donné au drone prête à sourire, si l’on peut dire…

Les noms sont révélateurs. Predator, c’est le prédateur, Reaper, la faucheuse. Ce sont des images de bêtes de proie. Il y a aussi ce tee-shirt à la gloire du Predator sur lequel on peut lire : «Vous pouvez toujours courir, mais vous mourrez fatigué.» En anglais, drone se dit unmanned vehicle, ce qui signifie littéralement «des-hommé», mais on pourrait dire aussi «dévirilisé». Il est en effet cocasse qu’une catégorie de drones ait été baptisée «Male», pour Medium Altitude Long Endurance en anglais (moyenne altitude et longue endurance en français)... Une étiquette prometteuse, sans doute, mais cela suffira-t-il à les faire accepter ?

1 souligné par moi.

25 avril 2013

De quoi le N.O.M. est-il le NOM ?

Comprendre le Nouvel Ordre Mondial

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/comprendre-le-nouvel-ordre-mondial-134782

par Le Collectif Contre-Révolutionnaire

 

« Nouvel Ordre Mondial » (N.O.M) ou « New World Order » (N.W.O) : une expression que certains connaissent bien, et que d’autres entendent pour la première fois. La plupart des gens seraient bien en peine de dire précisément à quoi elle fait référence. C’est là le premier problème lorsque l’on traite de ce sujet épineux. Le Nouvel Ordre Mondial désigne plusieurs choses à la fois, et peut être compris de différentes manières. L’un des objectifs de ce site est de regrouper l’ensemble de ces définitions et de les clarifier. Mais avant d’aller plus loin et de définir le plus précisément possible ce projet et ses multiples caractéristiques, voici ce qui peut en être dit de façon succincte.

A quoi devrait ressembler le Nouvel Ordre Mondial ?

Le Nouvel Ordre mondial se caractérise avant tout par l’idée d’unicité. Tous les éléments qui le constitueront devront être uniques et s’imposer à l’échelle mondiale donc à l’ensemble de l’humanité. Le projet du Nouvel Ordre Mondial est celui d’un monde au sein duquel tous les être humains – indépendamment de leurs nationalités, cultures langues, religions, etc. – partageront des valeurs, un quotidien et une réalité en tous points identiques. En bref, il s’agit d’un projet de standardisation des valeurs et modes de vies à l’échelle mondiale, le tout sous l’égide d’un pouvoir centralisé, présenté comme le meilleur garant de la paix et de la sécurité sur Terre. Concrètement, si demain ce nouvel ordre s’imposait à l’ensemble de la planète, qu’est-ce que cela donnerait ?

Gouvernement mondial

Les Etats-nations disparaîtraient pour se fondre dans de grands blocs continentaux qui eux-mêmes seraient soumis au pouvoir centralisé d’un gouvernement mondial. Calqués sur le modèle de l’Union européenne, ces blocs (nord-américain, asiatique, moyen-oriental, sud-américain, etc.) disposeraient de leurs propres institutions politiques, et dicteraient leurs décisions à l’ensemble des populations vivant en leur sein. Ce gouvernement mondial, présenté comme le résultat d’une « hyper-démocratie » serait en fait sous le contrôle d’une oligarchie financière internationalisée.

Oligarchie

Les véritables décideurs ne seraient pas des hommes ou des femmes politiques au sens classique du terme. La direction du gouvernement mondial reviendrait à une super-élite mondialisée. Cette oligarchie -principalement composée de dynasties de financiers, banquiers ou industriels- se retrouverait seule au sommet de la pyramide sociale. Les hommes politiques et autres figures publiques (intellectuels, journalistes de renom, etc.) ne seraient plus que les porte-paroles d’une caste élitiste ne souhaitant pas apparaître sur le devant de la scène. Ainsi, le véritable pouvoir serait centralisé dans les mains des quelques rares personnes qui en auraient les moyens (ploutocratie). Pour les tenants du Nouvel Ordre Mondial, le véritable pouvoir devrait reposer sur la puissance financière et industrielle et serait avant tout économique.

Synthèse socialisme/capitalisme

Suivant le modèle « thèse, antithèse, synthèse », le système socio-économique imposé à l’ensemble de la planète serait de nature hybride puisqu’il serait la synthèse du socialisme (thèse) et du capitalisme (antithèse). Officiellement, ce modèle de société réunirait les meilleurs aspects propres à ces deux systèmes. Il est cependant bien plus probable que ce « nouvel ordre » repose sur leurs aspects les plus liberticides et les plus inégalitaires.

Le « socialisme » envisagé se caractériserait par un étatisme fort régissant une société mondiale. Toutes les lois, règles et normes de vie seraient édictées et imposées à l’ensemble de l’humanité par des organes technocratiques mondiaux centralisant tous les pouvoirs. L’ensemble de leurs « compétences » s’étendrait à tous les domaines (alimentation, santé, agriculture, commerce, vie familiale, etc.). Ce socialisme-là ne serait en aucun cas le promoteur d’une justice sociale et encore moins le garant d’une quelconque égalité entre les individus. Ce pseudo socialisme pour la masse, aura en fait les pires aspects du communisme.

Le « capitalisme » quant à lui, serait totalement financiarisé : le crédit bancaire, créé ex-nihilo, constituerait la principale source de financement. C’est déjà le cas actuellement. Des oligopoles se partageraient chacun les grands secteurs stratégiques de l’activité économique mondiale. La compétition économique s’en trouverait ainsi totalement déloyale, pour ne pas dire impossible : d’un côté, les multinationales posséderaient un accès illimité à la finance et de l’autre, les entreprises locales ne pourraient en aucun cas en bénéficier. Ce « capitalisme » serait donc tout sauf libéral, dans la mesure où seuls les plus riches et plus puissants seraient « libres » d’entreprendre. Une situation monopolistique inédite sera atteinte : une poignée d’élus posséderont l’ensemble des moyens de production du monde entier entre leurs mains. Se seront eux les véritables décideurs et non les officiels gouvernants (marionnettes) :

Organisation sociale

Une société à deux vitesses, composée principalement de deux classes sociales. Tout en haut de la pyramide sociale : la classe supérieure dirigeante -l’oligarchie. En bas, presque tous les autres. Réduits à une servitude moderne, leur seule liberté serait celle de consommer. Dans un premier temps, les classes moyennes seraient réduites à la portion congrue. Dans l’idéal mondialiste, elle serait même amenée à totalement disparaître, laissant ainsi la place à une « authentique » société à deux vitesses. Cette organisation sociale n’est pas sans rappeler celle de la féodalité médiévale, avec un petit nombre de suzerains ayant tout pouvoir sur un très grand nombre de vassaux.

Nature du régime

Présenté comme une « hyper démocratie » (dixit Jacques Attali véritable VRP du N.O.M France), le gouvernement mondial serait en réalité une « hyper dictature » : les décisions prises « au sommet » et appliquées par une bureaucratie omniprésente s’imposeraient à « la base », qui n’aurait évidemment pas son mot à dire. D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement lorsque la base est composée de plusieurs milliards d’individus ?

Voyez déjà ce qu’il se passe dans la zone Euro : les décisions sont prises par les bureaucrates de Bruxelles sous la pression des différents Lobbys, sans consultation du peuple et souvent en opposition totale avec leurs intérêts.

S’il venait à voir le jour, ce gouvernement mondial disposerait d’une armée mondiale, qui, n’ayant aucun ennemi « conventionnel » à combattre (d’autres Etats), aurait pour unique fonction de mater les opposants au Nouvel Ordre Mondial. Cette dictature quoique impitoyable envers son opposition (les esprits libres, intellectuels, philosophes et religieux présentés au mieux comme des illuminés au pire comme des terroristes) sera douce pour la masse leur faisant aimer leur propre servitude ! Société de spectacles & loisirs, centré sur la jouissance immédiate des sens au détriment de toute réflexion. L’individualisme sera exacerbée en un mode de vie de plus en plus virtuel, constamment abreuvé d’informations aussi inutiles que mensongères ayant pour conséquence un abrutissement et un abêtissement total des masses.

Dans ces conditions, il deviendra extrêmement difficile pour le quidam moyen de s’élever de ce carcan « idéologique » sans être stigmatisé, le contrôle social étant essentiellement basé sur le conformisme :

Société de surveillance

Cette société pourrait bien être la plus surveillée de l’histoire de l’humanité. Bénéficiant de tous les moyens technologiques les plus modernes, la surveillance s’étendra à toutes les sphères de l’existence (téléphonie, internet, surveillance satellite, bancaire, cartes de transport, multiplication des caméras, etc.). Il sera quasiment impossible de ne pas être répertorié, fiché, et de mener une quelconque action sans que le « système » n’en soit immédiatement informé. Un niveau de contrôle semblable à celui décrit par George Orwell dans son roman 1984. La disparition progressive de la vie privée pourrait rapidement conduire chacun à adopter une attitude « orthodoxe », renforçant par la même la nature dictatoriale et uniformisatrice de ce modèle de société.

Monnaie(s)

Dans l’esprit des mondialistes, les monnaies nationales sont vouées à disparaître. D’abord au profit de monnaies continentales – comme ce fut le cas en Europe avec l’Euro- (puis avec l’« Amero » ou « Dollar nord américain », etc.). A plus long terme, une monnaie mondiale -très probablement dématérialisée – devrait voir le jour et remplacer toutes les autres. Les paiements s’effectueraient électroniquement, via par exemple une puce sous-cutanée ; la fameuse puce RFID :

 La valeur de cette monnaie (créée ex nihilo) sera très probablement régulée par une banque centrale mondiale, elle-même contrôlée par l’oligarchie financière à la tête du gouvernement mondial.

Culture et spiritualité

Le projet du Nouvel Ordre Mondial consiste avant tout en une standardisation des modes de vies, des traditions et du rapport à l’existence. Dans ce nouvel « ordre », plus de Français, d’Américains, de Chinois, de Sénégalais ou d’Indiens.

Plus de Chrétiens, de Musulmans ou de Bouddhistes… mais plutôt une nouvelle religion mondiale tentant de faire la synthèse de toutes le dénominations connues au profit d’une caste dirigeante imbus aux idées babéliennes.

L’homme, quelque soit sa culture, sa couleur de peau, sa nationalité, sa langue, et ses traditions, serait partout le même, calqué sur un modèle unique. S’il venait à s’imposer, cet ordre sera celui d’une uniformisation de l’humanité, d’un gommage progressif des différences culturelles et des richesses propres à chaque peuple, chaque nation. La « religion » du Nouvel Ordre Mondial consisterait principalement en un culte de l’humain, en tant qu’être de matière, et non d’esprit. L’appel aux instincts les plus primaires, réduisant l’Homme à l’état d’animal producteur et consommateur, pourrait à terme, devenir la norme morale, quasi-religieuse, du projet mondialiste :

« Notre action doit tendre à unifier le monde du point de vue de l’intelligence et de l’esprit. Quant à l’Eglise catholique, elle devra être peu à peu purgée de ses doctrines intransigeantes et particulières, et ne conservera que les expressions basiques de la religion qui puissent être partagées avec une vaste fraternité religieuse et culturelle qui devra inclure tous les cultes et toutes les civilisations » Julian Huxley, mondialiste, 1er Président de l’UNESCO – Paris le 20 novembre 1946

En résumé…

« Nouvel Ordre Mondial » est le nom de la dictature planétaire qui tente de s’imposer à l’humanité dans son ensemble. Si tel était le cas, cette « hyper dictature » – officiellement une « hyper démocratie » – pourrait bien être l’une des plus terribles et des plus efficaces que l’humanité n’ait jamais connu. Centralisant absolument tous les pouvoirs (politique, militaire, monétaire), le gouvernement mondial aura pour mission d’assurer la suprématie et la pérennité de l’oligarchie financière et industrielle se trouvant à sa tête. N’ayant à faire face à aucun concurrent étatique « classique », ce pouvoir unique aura pour seuls adversaires les hommes et les femmes libres qui refuseront de se soumettre au nouvel ordre dont il sera le garant.

Comment un tel projet pourrait-il se réaliser ?

Bien évidemment, la mise en place d’un tel projet ne saurait se faire d’elle-même, tant il est certain que l’ensemble des peuples s’y opposera naturellement. C’est pourquoi, le Nouvel Ordre Mondial ne pourra être mis en place qu’à la suite de très graves crises, et sera présenté comme la solution la plus évidente, la plus logique et surtout la plus souhaitable aux terribles problèmes qu’aura connu l’humanité. Chaque aspect du Nouvel Ordre Mondial sera présenté comme une réponse à une crise particulière. Qu’il s’agisse d’attentats terroristes de grande ampleur, d’une crise financière sans précédent, de l’apparition d’une terrible épidémie, ou pire, d’un conflit armé international, la solution de secours sera invariablement présentée comme suit : « La crise est mondiale, elle requiert une réponse mondiale ». Les structures de la gouvernance mondiale s’imposeront ainsi en réponse à de graves crises, au besoin provoqué afin de maintenir artificiellement un état de tension perpétuel légitimant l’adoption de mesures liberticides.

En bref ; la sécurité sera promise à l’ensemble de la planète… en l’échange d’un peu de liberté.

Si nombre de structures de gouvernance mondiale existent déjà (Banque mondiale, Organisation Mondiale de la Santé, Organisation Mondiale du Commerce, etc.), elles sont perçues comme plutôt bénéfiques et agissant en faveur des intérêts de l’humanité. Or dans bien des cas, il n’en est rien, puisqu’elles agissent en faveur d’intérêts économiques et financiers spécifiques. Quoi qu’il en soit, des organismes agissant à échelle mondiale existent bel et bien et leurs directives s’imposent le plus souvent aux Etats souverains. Si le pouvoir dont disposent ces organisations mondiales venait à être centralisé, cela constituerait de facto la création d’une gouvernance mondiale. A bien y regarder, ce Nouvel Ordre Mondial n’est pas si utopique ni si lointain que ça.

Et de la théorie à la pratique il n’y a qu’un pas qui pourrait bien être franchi très bientôt.

Enfin, le projet sera présenté comme la conséquence inéluctable d’un processus historique de raccourcissement des distances et de disparition des frontières. Processus aujourd’hui connu sous l’appellation galvaudée de « mondialisation ».

Théorie pessimiste et irrationnelle ? Description lucide du monde de demain ?

Le tableau que nous dressons est incroyablement sombre et pourrait même sembler irrationnel, voire paranoïaque à certains lecteurs. Pourtant, la quasi totalité des dirigeants politiques, tout bords confondus, l’appelle de leurs vœux ! Tout ce qui est avancé ici est aisément vérifiable et les sources variées ne manquent pas, pour celui ou celle qui s’en donne la peine…

Cette structure pyramidale existe depuis bien longtemps mais de manière occulte. Ce qui est nouveau, c’est qu’ aujourd’hui elle tente de s’imposer de manière officielle, en plein jour. Si possible en emportant l’adhésion du peuple, sinon graduellement, comme elle l’a toujours fait, en utilisant la méthode : problème-réaction-solution.

Cette grande dictature mondiale pourrait très bien devenir notre réalité de demain si nous n’y prêtons pas attention et si nous, citoyens, ne nous organisons pas pour résister à ce projet en voie de réalisation. Ayons conscience que ce projet est ennemi et destructeur des nations, familles, individus, identités, libertés.

Le Nouvel Ordre Mondial est un projet qui, tout en étant de plus en plus prégnant dans nos vies (augmentation des lois liberticides, mortifères et iniques…) n’en demeure pas moins discret, sans pour autant être totalement secret. Et même pour les individus animés d’une saine curiosité, il demeure très difficile de connaître exactement l’étendue du programme ainsi que les modalités de sa réalisation. Toutefois, à force de recherches, de recoupages, d’un travail de rationalisation, et en prenant connaissance des acteurs et des institutions au sein desquelles ils œuvrent, un projet apparaît clairement. Avec le temps, nous y verrons plus clair.

Mais est-ce une bonne nouvelle ? Chaque jour, semaine, mois qui passe, nous rapproche de l’avènement de ce gouvernement mondial, liberticide et uniformisateur. A défaut de savoir exactement ce qu’est le Nouvel Ordre Mondial et sous quelle forme il se manifestera, il est fondamental de prendre conscience du danger qu’il représente.

 

6 avril 2013

OGM : Le "Monsanto Act"

Le "Monsanto act" met les OGM au-dessus de la loi aux Etats-Unis

Le Monde.fr | 05.04.2013 à 12h35 • Mis à jour le 05.04.2013 à 17h37

http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/04/05/comment-monsanto-a-mis-les-ogm-au-dessus-de-la-loi-aux-etats-unis_3154615_3244.html

Par

C'est un amendement discret glissé dans une loi budgétaire pour l'agriculture aux Etats-Unis, mais il provoque scandale et stupéfaction chez les défenseurs de l'environnement et les ennemis des OGM : la justice américaine ne pourra plus s'opposer aux mises en culture de plantes génétiquement modifiées, même si elles n'ont pas reçu d'homologation et sont de ce fait illégales.

 

Que dit l'article 735 de ce texte de loi, affublé du surnom de "Monsanto Protection Act" et désormais voté par le Congrès et approuvé par le président Barack Obama ? Que "dans le cas où une décision [d'autorisation de culture] est ou a été invalidée ou annulée, le ministère de l'agriculture doit (...), sur simple demande d'un cultivateur, d'un exploitant agricole ou d'un producteur, accorder immédiatement une autorisation ou une dérogation temporaire." Ce dans le but de "s'assurer que les cultivateurs ou d'autres acteurs sont en mesure de déplacer, planter, cultiver, introduire dans le commerce" les semences en question et les cultures qui en sont issues.

Pour Greenpeace Canada, "la signature de cette loi par le président Obama ne permettra plus aux tribunaux américains d'empêcher la vente et la plantation de plantes OGM même si elles n'ont pas été approuvées par le processus pourtant déjà laxiste des autorisations et quelles que soient les conséquences pour l'environnement ou la santé".

Les ONG soupçonnent le sénateur républicain du Missouri, Roy Blunt, décrit par le magazine Mother Jones, le 4 avril, comme "l'homme de Monsanto à Washington", d'être l'auteur de cet amendement. D'autres élus ont tenté de s'opposer au texte, comme le sénateur démocrate du Monatana Jon Tester. Selon lui, par cette loi, le gouvernement contraint son propre ministère de l'agriculture à "ignorer une décision d'un tribunal qui interdise la plantation de cultures OGM parce qu'elles sont illégales". Une autre sénatrice démocrate, Barbara Mikulski (Maryland), a présenté des excuses publiques pour l'adoption de cette loi.

LA CRAINTE D'UN DANGEREUX PRÉCÉDENT

La mesure a révolté les milieux démocrates et écologistes – une pétition baptisée "Food Democracy Now" a déjà recueilli 250 000 signatures. Mais le très droitier Tea Party a lui aussi fait part de sa colère face à une opération de lobbying qui fausse la libre concurrence. Les entreprises devraient "respecter les règles du libre-marché comme tout le monde, au lieu de recruter des lobbyistes pour réécrire les règles à leur profit à Washington", écrit ainsi le think tank conservateur Freedom Works.

Le "Monsanto Protection Act" est censé n'être que provisoire : la loi dans laquelle il s'inscrit expire en principe au mois de septembre. Mais les défenseurs de l'environnement craignent que la décision ne crée un dangereux précédent.

Cette affaire intervient alors que Monsanto, dont les semences alimentent 93% du soja, 88% du coton et 86% du maïs aux Etats-Unis, a annoncé, mercredi 3 avril, une hausse de 22% de ses bénéfices au deuxième trimestre. Et au moment où les Etats-Unis font pression sur l'Europe, dans le cadre de la négociation d'un accord de libre-échange, pour que les Vingt-Sept simplifient leur réglementation en matière d'importation de produits OGM, jugée "inapplicable" et "lourde", lundi 1er avril par le Bureau au commerce extérieur américain dans un rapport sur les mesures sanitaires dans le monde.

 

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31 mars 2013

Accord entre la CIA et Amazon pour mémoriser toutes les données...

USA : Accord entre la CIA et Amazon pour mémoriser toutes les données transmises sur les réseaux sociaux

Un gigantesque trou noir qui engloutira et mémorisera les coups de téléphone, les SMS, les emails, les discussions, les «  I Like  » et tout type de données que des millions et des millions d’utilisateurs ajoutent chaque seconde sur le Web. La CIA veut en recueillir le plus possible et les avoir à disposition « pour toujours  », de façon à pouvoir les analyser dans le but de garantir la sécurité des États-Unis. Ira « Gus » Hunt, le responsable du département technologique de la CIA l’a expliqué depuis New York. La nouvelle, écrit le Huffington Post, est survenue deux jours après l’annonce de l’accord conclu avec Amazon qui fournira à l’Agence la technologie permettant de construire un nuage informatique (Cloud) capable de conserver des quantités de données jamais imaginées auparavant.

Le « Big data » est à la fois le présent et l’avenir du Renseignement, et les services secrets américains s’équipent pour s’assurer la « possibilité de stocker toutes les informations générées par l’espèce humaine ». Dans le langage des services, on dit « All source analysis »  : mettre en relation toutes les informations à disposition (« relier les points entre eux ») et «  informer le président et le secrétaire à la Défense », a expliqué mercredi Hunt à la « GigaOM’s structure : Data conference » à New York : «  Nous ne pouvons connaitre la valeur de chaque information en notre possession aujourd’hui qu’en la reliant à d’autres informations qui arriveront plus tard (…). C’est pour cela que nous cherchons maintenant à recueillir tout type de données et à les mémoriser pour toujours  ». Le mot d’ordre est Big Data, les grands agrégats d’informations créés par le développement vertigineux des médias numériques, et « surtout par les réseaux sociaux  ». « Savez-vous que 35 % de toutes les photos numériques prises dans le monde finissent sur Facebook et que chaque jour, ce sont 124 milliards de tweets qui sont transmis ?  »

Les scénarios sont ceux plutôt inquiétants du «  Big Brother » global. « Nous approchons désormais du moment où nous serons capables de stocker chaque type d’information créé par le genre humain », voilà pour l’avenir tel que le voit Hunt (ci-contre). Évidemment, le but déclaré est celui de protéger les États-Unis de ses ennemis et du terrorisme international, en évitant de refaire les erreurs du passé : «  Nous voulons être en mesure d’arrêter le prochain kamikaze à la bombe  », a encore expliqué Hunt, se référant à Umar Farouk Abdulmuttalab, qui en décembre 2009 avait réussi à embarquer sur le Vol 253 d’Amsterdam à Detroit avec de l’explosif Petn caché dans ses sous-vêtements. « Bien que la CIA ait eu toutes les informations nécessaires avant l’événement – peut-on lire dans le rapport de la Maison-Blanche de 2010 – ses agents n’ont pas réussi à les "relier entre elles" et à "éviter l’attentat". Si nous voulons pouvoir garantir la sécurité des USA, il nous faut un environnement pour stocker nos données » et qui puisse « les croiser » facilement entre elles à travers « une chose appelée ‘Cloud’  ».

D’après le Federal Computer Week, un site Web dédié aux responsables du gouvernement fédéral, c’est chose faite : grâce à un accord portant sur 600 millions de dollars répartis sur 10 ans, Amazon aidera l’Agence à construire une infrastructure de ‘Cloud computing’ privée, qui lui permettra de ne pas se faire dépasser grâce à l’évolution du monde des Big Data, tout en contrôlant les coûts. «  Historiquement – écrit FCW – la CIA répartissait ses propres données dans une multitude de petits nuages hautement spécialisés (…). Cet accord apportera un environnement de type Cloud dans l’enceinte de la communauté du Renseignement, éliminant tout doute sur la sécurité des informations réservées.  »

Ni Amazon ni la CIA n’ont confirmé la nouvelle. Mais déjà le 12 mars dernier, Jeanne Tisinger, responsable en chef de l’information (Chief Information Officer) à la CIA, avait expliqué au Northern Virginia Technology Council  que l’Agence «  travaillait avec des sociétés comme Amazon ». En février 2012, ce même Hunt avait annoncé vouloir acheter la technologie en la payant au prorata de la consommation, « sur le modèle Amazon  ». Une collaboration utile aux deux camps : la CIA économisera ainsi de l’argent en cette période de crise et de restrictions dues aux nécessités d’équilibrer le budget, avec un gouvernement qui pourra utiliser l’argument au plan électoral ; et Amazon démontrera qu’elle est capable de construire des nuages Cloud hyper-sécurisés pour d’éventuelles entités privées. La route est toute tracée : la CIA embauche actuellement des personnes hautement qualifiées en gestion des Big Data. On peut le lire dans un article posté sur le site de l’Agence le 29 novembre 2012 : «  Tous les départements – peut-on lire – recherchent des personnes capables de développer des algorithmes et des méthodes statistiques utiles pour élaborer des modèles et trouver des relations dans de grands volumes de données. »
 

par Marc Quarantelli, le 24 mars 2013, IlFattoQuotidiano

 

Traduction assurée par IlFattoQuotidiano.fr

(Ce qu’il y a de marrant avec ce genre d’article, c’est que 3 ou 4 jours après leur parution en anglais et en italien, aucun journal français ne l’a repris et qu’il faut que ce soit un citoyen lambda comme moi qui le fasse)

24 février 2013

Pourquoi en Grèce

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pourquoi-en-grece-131087

par Michel Koutouzis

En général, pour moi écrire est un plaisir, un amusement. Je ne suis pas particulièrement attiré par les pamphlets et autres cours magistraux. Je préfère l’humour ou, à la limite, un cynisme bon enfant qui souligne les incohérences des uns et des autres, moi inclus. Cependant, le sort réservé à la Grèce, mon pays, tellement exemplaire de ce sac organisé qu’est devenue la gouvernance européenne et mondiale, m’oblige à écrire sans plaisir, ni jeux de mots, ni clins d’œil amusés. De quoi s’agit-il ? Je dirais d’un effort pénible, par ce que mille fois répété en vain, pour tracer une aventure réactionnaire et prédatrice qui vise de transformer un échec patent d’un système financier en un outil d’exploitation cynique œcuménique s’alignant sur ce qui est aujourd’hui le modèle à suivre, la Chine.

PIB Grèce

Cet effort de mémoire me permet de citer le patron du Figaro, monsieur Dassault, qui, lors de ses veux de 2009 à son journal prédisait comme système de gouvernance politico-économique idéal celui mis en place par Pékin. Ils sont malins les chinois disait-il, faisons comme eux. Et on y est. Je soulignais alors, que cette organisation oxymore qui permet, sous une chape de plomb autoritaire et autiste niant les droits fondamentaux humains d’exploiter sans entraves le travail, et de passer outre l’Etat de droit, mais aussi les règles élémentaires de l’économie de marché par l’utilisation extensible à souhait des exceptions que cette même économie s’est offerte : contrefaçon, offshore formelles et informelles, paradis fiscaux, délocalisations et extra territorialisation des services et surtout des bénéfices. Ce qui était, juste avant la crise de 2008 une exception - certes envahissante -, un rouage d’appui à l’économie dite « formelle », est devenue la règle. Soyons clairs : le scandale chinois (ou indien, ou thaïlandais, ou taïwanais, ou hongkongais, ou russe, ou malaisien etc.), était déjà largement partagé par les entreprises occidentales installées sur place le nourrissant ou le représentant au sein du commerce et de l’économie bien de chez-nous. Mais si elles en profitaient et le légitimaient largement, du moins pouvaient-elles nous dire en tartuffes qu’elles n’en étaient que des rouages subissant un choix qu’elles n’approuvaient pas forcement.

La crise de 2008 changea la donne. A l’instar de Dassault, on se mit à croire que ce régime autoritaire, ce système économique planifiant la misère et choisissant qui et quand en sortirait, n’était pas une mauvaise idée. On alla plus loin : autant créer ces conditions de misère, ponctuellement, ici et là, pour faire de la baisse du prix du travail et à la paupérisation de l’Etat l’image d’une fatalité indiscutable. Puisque les jours meilleurs n’étaient plus au programme, autant motiver par la peur, la déchéance et le sauve-qui-peut. La crise financière se transforma en crise de la dette, en crise permanente, en crise de la démocratie et de l’Etat de droit, comme l’a cyniquement expliqué le ministre des finances allemand : les grecs avait-il affirmé, doivent choisir entre la démocratie et leur dette. En effet, directement ou indirectement, le processus démocratique fut bafoué dans tous les pays - cibles, les fameux PIGS, donnant naissance à des gouvernements non élus ou élus sous la peur et le chantage. Tandis que le chômage augmentait, que les classes moyennes disparaissaient, que les commerces fermaient et les entreprises tombaient en faillite, on continua comme si rien n’était, et pour cause : un nouvel eldorado se préparait, un far-West loin des lois et des règles de la cité, si longtemps désiré par l’économie financiarisée depuis la chute du mur de Berlin et les frustrations des trente dernières années. En effet, la chute du communisme en Union Soviétique, loin de créer un nouveau marché engendra un système hybride mafieux capitaliste et nationaliste à la fois qui échappait à la « rationalité économique occidentale » tandis que les pays ex satellites, tout en intégrant l’UE, restaient accrochés aux us et coutumes des Vory Zacone, ces rois du marché noir, de la corruption et de la prédation des régimes soviétiques. Ce qui n’empêcha pas, bien entendu, la main mise de ce capitalisme financier à changer le fusil d’épaule et à collaborer avec ce qui a de plus sordide à l’est. Les « restructurations » en Europe de l’est eurent bien lieu mais, trop limités et trop « parasitées », ne donnèrent qu’un souffle, un sursis à l’économie mondiale « rationnelle ».

La financiarisation extrême de l’économie, les bulles et autres « crises » sont en fait la conséquence d’une machine qui tourne à vide, faute de marchés réels. A quelques exceptions près, l’industrie et le commerce (économie réelle) gagnant l’essentiel non plus par les clients mais par les fournisseurs de biens, de services et de la sous-traitance. La transformation de l’effondrement financier en « crise souveraine » permet ainsi, en abaissant le prix du travail, en délestant l’économie réelle des contraintes de la cité, en créant une pression à la « chinoise » sur la production « formelle », permet enfin un retour en arrière tant désiré par le capitalisme, un retour à un monde sans règles et sans lois dématérialisé et délocalisé sur les pays pré-choisis qui deviendront à leur tour le modèle à suivre pour tous les pays occidentaux, sans exception.

24 février 2013

Adieu ma Grèce

Exil du Chaos

17 février 2013 par Marie Laure Veilhan

 Nous avons pris la décision de partir.

Voilà une décision qui procède d’un non-choix, d’une nécessité que je ne qualifierai pas d’absolue, pour la simple raison que je sais qu’on n’est ni en Afghanistan, ni à Smyrne de 1922. Non, ç’aurait pu être un choix. Mais c’est tout juste une décision.

Décision d’exil, alors.

Il nous reste un été ici. Nous serons en France pour la rentrée 2013.

Nous laisserons derrière nous la maison de mon compagnon, Christos. La maison d’un autre exil, qui date de 90 ans : celui des grands-parents de Christos, venus de Constantinople (Kalloni, « la belle ») en 1922. J’écrirai un jour prochain ce que j’ai pu retenir de cette histoire-là. Elle est présente, curieusement parfois.

Nous laisserons des amis, Dina la rigolote, Angélique à la voix d’or, nous laisserons le père de mes enfants, la mer où Christos allait pêcher si souvent, sur les traces de son père, pêcheur, les orangers, le grenadier, les citronniers, l’oncle Adonis, tout tordu, tout pauvre, tout vieux, toujours si digne et souriant, sauf ces jours-ci, sa dame Anna s’en va à petit feu…

Je laisserai la terre que j’ai aimée pour la première fois il y a vingt-quatre ans, fille au pair d’un été, et que je croyais ne jamais quitter. Chaque jour qui passe, j’ai peine à croire à ce qui arrive à cette Grèce-là.

J’ai peine. Grand peine.

Nous sortons peu – le temps a l’air d’avoir pris la couleur de la vie : il pleut, sans arrêt, au point que le bois doit rester longtemps dans le poêle avant de s’embraser. Nous regardons distraitement les journaux télévisés, on connaît la rengaine. Deux dizaines d’impôts créés en 2012. Chômage. Misère. Enfants non vaccinés. Facultés qui ferment. Hôpitaux en panne de chauffage, de matériel de première nécessité (compresses, instruments chirurgicaux,…). Et de yaourts aussi. Néo-nazis au parlement. Grèves. Mobilisation décrétée dans deux secteurs (marine marchande et transports en commun), sous le contrôle direct de l’armée. La folie rivalise au quotidien avec le ridicule, le trivial, le presque rigolo. Non, on n’y croit pas, quand le secrétaire du Ministère de l’Economie annonce que « le smic à 560 euros -bruts- est encore trop haut »…

En chiffres, ça donne : 27 % de chômage global en novembre 2012 (derniers chiffres disponibles), soit une augmentation de 31% par rapport au mois de novembre 2011. 61,6% parmi les jeunes. Chiffres officiels, qui ne prennent pas en compte les multiples programmes de « formation » indemnisés à 250 euros pour deux mois, soit trois fois moins que l’allocation chômage, fixée à 360 euros mensuels. Pas d’allocation familiale, ni de logement bien sûr. 60 milliards de créances avérées vis-à-vis du Domaine Public (fisc et caisses d’assurance maladie et retraite). La récession en 2012 à 6,5%, pour la cinquième année. Le pain à 1,60, l’essence à 1,70. Le smic grec à 560 euros brut (480 euros nets), et 492 bruts (424 nets) pour les jeunes jusqu’à 25 ans. 300.000 compteurs coupés l’an dernier faute d’avoir pu payer la facture d’électricité, désormais couplée à l’impôt spécial (calculé sur la base de la surface du bâtiment alimenté), censé être exceptionnel, mais qui sera finalement intégré à un impôt global. Mon employeur (Union des Coopératives Agricoles), qui emploie 130 personnes (à l’usine et dans les bureaux, ne s’est toujours pas acquitté des salaires de novembre du personnel administratif. Je fais partie de ce dernier, mais ai eu droit à un « régime de faveur » qui m’a permis de recevoir les salaires de novembre et décembre, sous forme d’ « avance sur salaire » (c’est joli, comme formule : avance sur arriéré). J’étais allée faire remarquer que c’est ma seule source de revenus, et que nous vivons à quatre de ces presque 800 euros par mois. Nous avons longtemps été les moins riches de tous ceux que je connais.

Nous sommes désormais parmi les moins pauvres de ceux dont nous partageons le quotidien (travail exclu). Il n’y a plus de syndicat des ouvrières à mon boulot : il a été dissout, suite à des pressions exercées de façon ouverte sur l’intégralité des ouvrières, prises une à une. Ce mois-ci, le grand magasin Sprider (grande chaîne de vêtements bas prix), qui employait quinze personnes, a fermé. La deuxième boulangerie du quartier aussi. Pas résisté.

[Christos discute ce moment-même sur Skype avec un copain, parti en Allemagne en septembre. Il lui parle exactement de ça, à l’instant. C’est saisissant.]

Aighion accueillait depuis plusieurs années deux sections d’enseignement supérieur technique (optique et kiné). Au bord de la mer, dans un bâtiment industriel abandonné et rénové. Ces deux sections disparaîtront, comme une trentaine d’autres en Grèce, à partir de septembre. Les étudiants s’en iront, les bars, le cinéma qui avait rouvert depuis peu, la salle de musique… vont se vider un peu plus. Nous n’y allions quasiment plus, mais c’est réjouissant de voir ces étudiants qui venaient jouer gratuitement au « Polytechneio ». Triste, aujourd’hui, d’être presque sûr que cela ne durera pas.

Je voudrais être contredite par les faits.

Mais les médicaments de traitement du sida ont été désinscrits de la liste des médicaments remboursables. Pour les traitements anti-cancer, cardio, contre la tension artérielle… et pour une foule d’autres, la question n’est plus tant qu’ils soient ou non remboursables : il est de plus en plus difficile d’en dénicher. On crève de cette crise, et pas ceux qui sautent d’un balcon ou se tirent une balle dans la tête. On se laisse aller, aussi, tout simplement.

Je m’accroche à ceux que j’aime. Et à la première sonate de Beethoven, aussi. Qu’il me pardonne…

Je participerai du 1er au 3 mars à une rencontre organisée par l’aile « rouge » du Syriza sur la lutte contre le fascisme (en tant qu’interprète, ce qui nous paiera les billets de bus et une partie des frais de séjour à Athènes). Je vous conterai ce que j’aurai pu en retenir. Je sais désormais que cela pourra nous valoir des déboires plus ou moins importants. Les députés de l’Aube Dorée soufflent sur les braises de la haine, l’un deux a déclaré hier : « la prochaine fois que nous ferons une descente sur un marché pour contrôler les vendeurs étrangers, on ne fera pas que donner des coups de lattes dans les étalages. Il faut bien qu’on se fasse plaisir, aussi… Il est hors de question qu’on laisse les citoyens grecs sans protection ». Babakar Ndiaye est mort, il y a huit jours, jeté sur les rails de la station Thisseio, à Athènes, par l’un des dix agents de la police municipale qui l’avait pris en chasse parce qu’il vendait sur le trottoir des faux sacs Vuitton ou des parapluies chinois. Les paysans qui tentaient de bloquer symboliquement la route nationale ont été attaqués par les flics. Attaqués, non pas arrêtés. La violence institutionnelle s’installe chaque jour. Violence policière des brigades anti-terrorisme qui rouent de coups les quatre jeunes (qui se déclarent anarchistes), les défigurent, et se donnent tout juste la peine d’un maquillage électronique pour masquer les pires traces de torture sur les visages tuméfiés.

Le message est clair : « Tenez- vous tranquilles, ça pourrait arriver à tout le monde et à n’importe qui. »

Enfin, presque. Des militants de l’Aube Dorée, arrêtés la même semaine en possession d’armes lourdes, se sont fait photographier au poste. On en rigole : ils ont l’air de sortir du centre de soins esthétiques, tellement ça n’a pas l’air de les éprouver. On comprend, d’ailleurs : ils sont déjà dehors. Nous savons bien que ce qui nous attend en France n’est pas rose. Au-delà de l’adaptation à une vie que nous n’avions jamais prévue telle (ce qui suppose une adaptation forcée des enfants, par exemple, à un système scolaire en français, eux qui sont scolarisés en grec, bien sûr – mon fils, de bientôt onze ans, ne sait ni lire ni écrire en français, il a commencé l’anglais il y deux ans…), au-delà de tout ce qui nous fera ressentir ce mal du pays que les Grecs appellent si justement νοσταλγία (la nostalgie, douleur de la terre d’où l’on vient en traduction libre…), nous savons bien que la situation en France est dure, violente parfois, et que les choses vont mal pour beaucoup, là aussi.

D’ailleurs, le mal dont souffre la Grèce, c’est le même que celui qui étend son ombre sur l’Hexagone. Je le nomme « argent-dette », comme l’ont si bien fait les créateurs grecs de « Catastroïka », dont je ne saurais trop vous recommander la vision. Il a beau avoir été tourné il y a bientôt deux ans, tout y est.

Voyez.

Regardez.

Dites.

Faites.

Agissez.

C’est de notre vie à tous et à chacun qu’il s’agit.

14 février 2013

Mariage pour tous

De Alain Gaudin (http://www.avanti4.be/actualite/article/tribune-libre-je)

Tribune libre : Je suis complètement favorable au mariage entre catholiques

Vouloir l’empêcher serait une erreur et une injustice. Le catholicisme n’est pas une maladie.

Bien qu’ils puissent sembler étranges et déplaire à beaucoup, les catholiques sont des êtres normaux et doivent jouir des mêmes droits que la majorité, de la même façon, par exemple, que les informaticiens et les homosexuels.

Nous sommes conscients que beaucoup de traits et d’aspects du comportement des catholiques, comme leur tendance à diaboliser le sexe, peuvent nous sembler bizarres.

Nous savons qu’il pourrait même émerger des questions de santé publique, liées à leur refus dangereux et délibéré de l’usage des préservatifs.

Nous savons aussi que beaucoup de leurs coutumes, comme l’exhibition publique d’images de torturés, peuvent déranger beaucoup d’entre nous.

Cependant tout cela correspond davantage à une image médiatique qu’à la réalité, et cela n’est pas une bonne raison pour leur interdire le droit au mariage.

Certains pourraient arguer qu’un mariage entre catholiques n’est pas un vrai mariage, car il s’agit pour eux d’un rite et d’un précepte religieux engagé devant leur dieu, plutôt que d’un contrat entre deux personnes.

En outre, étant donné que les enfants nés hors mariage sont lourdement condamnés par l’Église catholique, l’on pourrait penser qu’en permettant aux catholiques de se marier on augmenterait le nombre de mariages « précipités » ou voués à la simple recherche du sexe (prohibé par leur religion en dehors du mariage).

De la même façon, on dit que cela favoriserait les situations de violence familiale et les familles à problème.

Mais il faut rappeler ici que cela ne concerne pas seulement les familles catholiques et que, étant incapables de nous mettre dans la tête des autres, nous ne pouvons pas préjuger de leurs motivations.

Dire qu’il ne faudrait pas appeler cela mariage mais d’une autre façon, cela ne revient qu’à détourner le problème – et de manière mesquine – vers des questions lexicales totalement hors de propos.

jesus-7d460Même catholique, un mariage reste un mariage et une famille une famille !

Et en parlant de famille, passons à l’autre thème brûlant, dont nous espérons qu’il ne sera pas trop choquant : nous sommes également favorables à l’adoption pour les couples catholiques.

D’aucuns crieront au scandale. Il est probable que l’on nous réponde avec une affirmation du type : « Des catholiques qui adoptent des enfants ?!? Mais les enfants pourraient devenir eux aussi catholiques ! »

Face à ces critiques, nous répondons qu’il est vrai que les enfants de catholiques ont de fortes probabilités de devenir à leur tour catholiques (à la différence des enfants d’homosexuels et d’informaticiens), mais nous avons déjà dit que les catholiques sont des gens comme les autres.

Malgré les opinions de certains et quelques indices en ce sens, il n’existe pourtant pas de preuves que les parents catholiques soient moins préparés que les autres à éduquer des enfants, ni que le climat religieusement orienté d’un foyer catholique ait une influence néfaste sur l’enfant.

Enfin les tribunaux pour mineurs s’expriment sur chaque cas particulier, et c’est précisément leur rôle que de déterminer l’aptitude des potentiels parents adoptifs.

En définitive, malgré l’opposition d’une partie, je crois qu’il faudrait permettre aux catholiques de se marier et d’adopter des enfants. Exactement comme les informaticiens et les homosexuels.

 

27 janvier 2013

La pizza du bonheur : un avenir radieux

De http://www.passion-auto.net/t6447-commander-une-pizza-en-2015 cette savoureuse prospective sur une situation aussi banale que quotidienne : la commande d'une pizza.

Les dérives de l'interconnexion des données informatiques :

Standardiste :
– Speed-Pizza, bonjour.
Client :
– Bonjour, je souhaite passer une commande s'il vous plaît.
Standardiste :
– Oui, puis-je avoir votre NIN, Monsieur ?
Client :
– Mon Numéro d'Identification National ? Oui, un instant, voilà, c'est le 6102049998-45-54610.
Standardiste :
– Je me présente je suis Habiba Ben Saïd. Merci Mr Jacques Lavoie.
Donc, nous allons actualiser votre fiche, votre adresse est bien le 174 avenue de Villiers à Carcassonne, et votre numéro de téléphone le 04 68 69 69 69. Votre numéro de téléphone professionnel à la Société Durand est le 04 72 25 55 41 et votre numéro de téléphone mobile le 06 06 05 05 01.
C'est bien ça, Monsieur Lavoie ?
Client (timidement) :
– oui !!
Standardiste :
– Je vois que vous appelez d'un autre numéro qui correspond au domicile de Mlle Isabelle Denoix, qui est votre assistante technique.
Sachant qu'il est 23h30 et que vous êtes en RTT, nous ne pourrons vous livrer au domicile de Mlle Denoix que si vous nous envoyez un XMS à partir de votre portable en précisant le code suivant AZ25/JkPp+88
Client :
– Bon, je le fais, mais d'où sortez-vous toutes ces informations ?
Standardiste :
– Nous sommes connectés au système croisé, Monsieur Lavoie
Client (Soupir) :
– Ah bon !.... Je voudrais deux de vos pizzas spéciales mexicaines.
Standardiste :
– Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Monsieur Lavoie.
Client :
– Comment ça ???...
Standardiste :
– Votre contrat d'assurance maladie vous interdit un choix aussi dangereux pour votre santé, car selon votre dossier médical, vous souffrez d'hypertension et d'un niveau de cholestérol supérieur aux valeurs contractuelles. D'autre part, Mlle Denoix ayant été médicalement traitée il y a 3 mois pour hémorroïdes, le piment est fortement déconseillé.
Si la commande est maintenue la société qui l'assure risque d'appliquer une surprime.

Client :
– Aie ! Qu'est-ce que vous me proposez alors ?...

Standardiste :
– Vous pouvez essayer notre Pizza allégée au yaourt de soja, je suis sûre que vous l'adorerez.

Client :
– Qu'est-ce qui vous fait croire que je vais aimer cette pizza ?

Standardiste :
– Vous avez consulté les 'Recettes gourmandes au soja' à la bibliothèque de votre comité d'entreprise la semaine dernière, Monsieur Lavoie et Mlle Denoix a fait, avant hier, une recherche sur le Net, en utilisant le moteur '_http://www.moogle.fr '_avec comme mots clés soja et alimentation.
D'où ma suggestion.

Client :
– Bon d'accord. Donnez-m'en deux, format familial.

Standardiste :
– Vu que vous êtes actuellement traité par Dipronex et que Mlle Denoix prend depuis 2 mois du Ziprovac à la dose de 3 comprimés par jour et que la pizza contient, selon la législation, 150 mg de Phénylseptine par 100 g de pâte, il y a un risque mineur de nausées si vous consommez le modèle familial en moins de 7 minutes. La législation nous interdit donc de vous livrer.
En revanche, j'ai le feu vert pour vous livrer immédiatement le modèle mini.

Client :
– Bon, bon, ok, va pour le modèle mini. Je vous donne mon numéro de carte de crédit.

Standardiste :
– Je suis désolée Monsieur, mais je crains que vous ne soyez obligé de payer en liquide. Votre solde de carte de crédit VISA dépasse la limite et vous avez laissé votre carte American Express sur votre lieu de travail. C'est ce qu'indique le Credicard Satellis Tracer.

Client :
– J'irai chercher du liquide au distributeur avant que le livreur n'arrive.

Standardiste :
– Ça ne marchera pas non plus, Monsieur Lavoie, vous avez dépassé votre plafond de retrait hebdomadaire.

Client :
Mais ?... Ce n'est pas vos oignons ! Contentez-vous de m'envoyer les pizzas ! J'aurai le liquide. Combien de temps ça va prendre ?

Standardiste :
– Compte-tenu des délais liés aux contrôles de qualité, elles seront chez vous dans environ 45 minutes. Si vous êtes pressé, vous pouvez gagner 10 minutes en venant les chercher, mais transporter des pizzas en scooter est pour le moins acrobatique.

Client :
– Comment diable pouvez-vous savoir que j'ai un scooter ?

Standardiste :
– Votre Peugeot 408 est en réparation au garage de l'Avenir, par contre votre scooter est en bon état puisqu'il a passé le contrôle technique hier et qu'il est actuellement stationné devant le domicile de Mlle Denoix. Par ailleurs j'attire votre attention sur les risques liés à votre taux d'alcoolémie. Vous avez, en effet réglé quatre cocktails Afroblack au Tropical Bar, il y a 45 minutes. En tenant compte de la composition de ce cocktail et de vos caractéristiques morphologiques, ni vous, ni Mlle Denoix n'êtes en état de conduire. Vous risquez donc un retrait de permis immédiat.

Client :
– @#%/$@& ?# !

Standardiste :
– Je vous conseille de rester poli, Monsieur Lavoie. Je vous informe que notre standard est doté d'un système anti-insulte en ligne qui se déclenchera à la deuxième série d'insultes. Je vous informe en outre que le dépôt de plainte est immédiat et automatisé.
Or, je vous rappelle que vous avez déjà été condamné en juillet 2009 pour outrage à agent.

Client (sans voix) :
– ...

Standardiste :
– Autre chose, Monsieur Lavoie ?

Client :
– Non, rien. Ah si, n'oubliez pas le Coca gratuit avec les pizzas, conformément à votre pub.

Standardiste :
– Je suis désolée, Monsieur Lavoie, mais notre démarche qualité nous interdit de proposer des sodas gratuits aux personnes en surpoids. Cependant à titre de dédommagement, je peux vous consentir 15 % de remise sur une adhésion flash au contrat Jurishelp, le contrat de protection et d'assistance juridique de Speed assurance. Ce contrat pourrait vous être utile, car il couvre, en particulier, les frais annexes liés au divorce.
Vu que vous êtes marié à Mme Claire Lavoie, née Girard depuis le 15/02/2008 et vu votre présence tardive chez Mlle Denoix, ainsi que l'achat il y a une heure à la pharmacie du Canal d'une boîte de 15 préservatifs et d'un flacon de lubrifiant à usage intime.

À titre promotionnel, je vais faire joindre aux pizzas un bon de 5 EUR de réduction pour vos prochains achats de préservatifs valable chez Speed-Parapharma. Toutefois veuillez éviter les pratiques susceptibles d'irriter les hémorroïdes de Mlle Denoix, pour lesquelles Speed-Parapharma se dégage de toute responsabilité.
Bonsoir Monsieur et merci d'avoir fait appel a Speed Pizza.

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11 janvier 2013

La CIA espionne vos données personnelles

http://www.rue89.com/2013/01/10/la-cia-espionne-toutes-vos-donnees-persos-et-leurope-sen-fiche-238473

La CIA espionne toutes vos données persos... et l’Europe s’en fiche

Philippe Vion-Dury | Journaliste Rue89

 

Le gouvernement américain s’est octroyé depuis quelques années le droit d’espionner la vie privée des citoyens étrangers, dont les Européens, en mettant à contribution ses grandes compagnies, Facebook, Google ou Microsoft. Et les autorités européennes ferment les yeux.

C’est ce que dénonçait la version américaine de Slate le 8 janvier dernier, en s’apuyant sur le rapport [en anglais] « Combattre le cybercrime et protéger la vie privée sur le Cloud » du Centre d’études sur les conflits, liberté et sécurité, passé jusqu’alors tout à fait inaperçu.

La mise en place d’une sorte de tribunal secret, dont l’action ne se limite plus aux questions de sécurité nationale ou de terrorisme mais à « toute organisation politique étrangère », inquiète les auteurs de ce rapport remis au Parlement européen fin 2012.

Un risque pour la souveraineté européenne

Ceux-ci dénoncent le « Foreign Intelligence and Surveillance Act » (FISA), qu’ils accusent de « constituer un risque pour la souveraineté européenne sur ses données bien plus grave qu’aucune autre loi étudiée par les législateurs européens ».

La loi FISA avait été introduite au Congrès en 2008 pour légaliser rétroactivement les mises sur écoute sans mandat auxquelles s’était livrée l’administration Bush dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Malgré la polémique qu’il suscite encore, l’amendement a été prolongé en décembre dernier jusqu’en 2017, après que le Sénat l’a approuvé à 73 voix contre 23, tout en rejetant les amendements visant à placer des gardes-fous afin de prévenir d’éventuels abus.

Cette législation autorise expressément les agences de renseignement américaines (NSA, CIA...) à mettre sur écoute sans autorisation judiciaire des citoyens américains communiquant avec des étrangers soupçonnés de terrorisme ou d’espionnage.

« Carte blanche » pour espionner

Caspar Bowden, ancien conseiller sur la vie privée à Microsoft Europe et coauteur du rapport, accuse les autorités américaines d’avoir créé un outil de « surveillance de masse », en s’arrogeant le droit d’espionner les données stockées sur les serveurs d’entreprises américaines.

Pour simplifier, un tribunal secret est désormais capable d’émettre un mandat, secret lui aussi, obligeant les entreprises américaines (Facebook, Microsoft, Google...) à livrer aux agences de renseignement américaines les données privées d’utilisateurs étrangers.

Cette législation se démarquerait des autres en ne se limitant pas aux questions de sécurité nationale et de terrorisme, mais en l’élargissant à toute organisation politique étrangère ; une véritable « carte blanche pour tout ce qui sert les intérêts de la politique étrangère américaine » selon Bowden.

Cela pourrait inclure également la surveillance de journalistes, activistes et hommes politiques européens impliqués dans des sujets intéressant l’administration américaine.

L’inaction des responsables européens

Les auteurs soulignent l’inertie des responsables européens, qu’il trouve « choquante ». Une inquiétude que partage Sophia in ’t Veld, vice-présidente du Comité sur les libertés civiles, justice et affaires intérieures au Parlement européen, dont les propos sont rapportés par Slate :

« Il est très clair que la Commission européenne ferme les yeux. Les gouvernements nationaux font de même, en partie parce qu’ils ne saisissent pas l’enjeu, et en partie parce qu’ils sont effrayés à l’idée d’affronter les autorités américaines. »

Le renouvellement de la loi FISA et la publication de l’étude pourraient bien forcer les autorités européennes et nationales à se saisir de la question et à agir en conséquence. C’est en tout cas ce qu’espèrent les auteurs du rapport.

 

6 janvier 2013

Le ciel t'aidera ? Non, il t'observera

Sur http://www.rue89.com/2012/12/29/apres-lirak-et-lafghanistan-les-drones-envahissent-le-ciel-americain-238186 le 29/12/12

Après l’Irak et l’Afghanistan, les drones envahissent le ciel américain

Utilisés par l’armée américaine en temps de guerre, les drones surveillent désormais aussi les citoyens, ce qui inquiète les défenseurs de la vie privée.

Demain, le futur ? Le ciel des Etats-Unis pourrait bientôt être envahi de dizaines de milliers de drones. 30 000 d’ici 2020. Leur mission : surveiller les citoyens américains.

On connaît les drones pour leur utilisation par l’armée américaine en territoire étranger. Des bombardements à la télécommande qui ont fait beaucoup de morts dits « collatéraux ».

Mais ils sont aussi utilisés dans le ciel américain. La police des frontières les utilisent depuis 2005 pour repérer les immigrants clandestins et le trafic de drogue entre les Etats-Unis et ses deux voisins, le Mexique et le Canada. A quelques reprises, et sous des conditions restreintes, le FBI (le Bureau fédéral d’investigation) et la DEA ( l’Agence de lutte contre les trafics de drogue) ont été autorisés à emprunter les robots volants de leurs collègues. En juin 2011, les forces de l’ordre du comté de Nelson (Dakota du Nord), procédaient à la première arrestation de citoyens américains assistée d’un drone.

Espions-robots

Ce n’est que le début... la « dronaïsation » du territoire s’accélère. En février de cette année, le congrès a voté une loi pressant l’Administration fédérale de l’aviation (la FAA) d’élargir les conditions de survol du territoire domestique aux drones. En plus de l’armée, le secteur privé et les agences civiles du gouvernement (au niveau fédéral, des Etats et local) seront autorisés à faire flotter les engins dans l’espace aérien américain.

Selon le Christian Science Monitor, il y aurait déjà plus de 110 bases d’activité pour les drones, actuelles ou en construction, dans 39 Etats. La Electronic Fontiere Fondation a établi une carte répertoriant les autorisations données, ou en attente, pour leur utilisation. Le pays entier est quadrillé.

D’un point de vue technologique, les drones sont de redoutables espions. De la taille d’un avion ou aussi petit qu’un colibri, ils peuvent être équipés de caméras infrarouges, de détecteurs de chaleur, de GPS, de détecteur de mouvement, d’un lecteur automatisé de plaque d’immatriculation et on leur prête un prochain système de reconnaissance faciale.

Le scénario de science-fiction ne fait pas sourire les défenseurs de la vie privée, qui s’inquiètent d’un « Etat de surveillance ».

Surveillance non-consensuelle

Dans son article sur l’imminente « attaque des drones » pour le Guardian, Naomie Wolf publie un document non-classifié de l’armée de l’air américaine, clarifiant les limites de la « surveillance dronaire ». On y apprend que les robots-espions ne pourront pas « mener de surveillance non-consensuelle sur des personnes américaines spécifiquement identifiées, sauf si approuvé expressément par la secrétaire à la Défense. »

Une bonne nouvelle... jusqu’à ce qu’on lise entre les lignes. Tout d’abord, cela veut dire que la surveillance contre leur gré des citoyens américains ne dépend que de l’approbation de la secrétaire à la Défense. Comme l’écrit Naomie Wolf :

« Le Pentagone peut désormais envoyer un drone domestique rôder autour de la fenêtre de votre appartement, recueillir des images de vous et de votre famille, si la secrétaire de la Défense l’approuve. »

Cela veut dire aussi que des personnes américaines non « spécifiquement identifiées » – « une détermination si vague qu’elle en perd son sens » – pourraient être surveillées à leur insu. Comme par exemple « un groupe de militants ou de manifestants », interprète l’auteure américaine.

La fin du 4e amendement

La surveillance des citoyens par les drones a déjà commencé. A titre d’entraînement. C’est ce qu’à découvert un journaliste du New York Times lors d’un reportage (en groupe) sur la « drone zone », une base d’entraînement pour les « pilotes » de drones.

« Cela n’a pris que quelques secondes pour comprendre exactement ce que nous regardions. Un véhicule blanc, roulant sur l’autoroute à côté de la base, arrivait dans le viseur au centre de l’écran et était traqué alors qu’il roulait vers le sud le long de la route déserte. Quand le véhicule sorti de l’image, le drone commença à suivre une autre voiture.

“ Attendez, vous vous entraînez à traquer l’ennemi en utilisant des voitures de civils ?”, demanda un journaliste . Un officier de l’armée de l’air répondit que ce n’était qu’une mission d’entraînement et le groupe (de journalistes, Ndlr) a été précipité hors de la pièce. »

Si les informations peuvent être collectées à l’insu des citoyens américains, sous des conditions vagues, que deviennent-elles ensuite ? Là encore, le document de l’armée de l’air réserve quelques surprises.

Il indique qu’en cas d’informations sur un citoyen américain « reçues par inadvertance », l’unité en question peut conserver ces informations jusqu’à 90 jours, pour déterminer si elles peuvent être gardées de façon permanente. « Ce qui en finit pour de bon avec le quatrième amendement », – amendement qui protège les citoyens américains contre les perquisitions et saisies non motivées et non justifiées –, juge Naomie Wolf.

1984

Les américains accueillent les drones avec méfiance. A la question « A quel point seriez vous inquiet si les forces de l’ordre américaine commençait à utiliser des drones avec des caméras haute technologie ? » posée lors d’un sondage réalisé par l’université de Monmouth, 42 % ont répondu qu’ils seraient « très inquiets ».

Ils s’opposent également en masse (67 %) à l’utilisation des drones lors de dépassement de vitesse. Ils sont cependant largement favorable à l’utilisation des robots pour contrôler l’immigration illégale, pour poursuivre des criminels ou encore pour des missions de recherche et de secours (respectivement 64 %, 67 % et 80 %).

Dans un article de la Stanford Law Review, le spécialiste de la vie privée et la robotique, Ryan Calo, s’excuse de l’inévitable référence au livre 1984 de George Orwell et écrit :

« Les citoyens ne bénéficient pas d’une intimité raisonnable en public, même pas sur les portions de leur propriété, visible depuis un lieu public. En 1986, la Cour Suprême n’a pas estimé qu’il s’agissait d’une fouille lorsque la police vola au dessus du jardin d’un suspect avec un avion privé. Quelques années plus tard, la Cour a accepté des preuves obtenues par un officier qui avait regardé depuis un trou dans le toit d’une serre depuis un hélicoptère. Ni la constitution, ni la “ common-law ” ne semblent interdire aux médias ou à la police de faire de la surveillance quotidienne avec des drones. »

21 avril 2012

Sarkozy et le mépris

Rapportée par Pierre Haski dans Rue89 à la veille du premier tour des présidentielles de 2012, cette incroyable complainte d'un encore président de la République censé être le gardien des institutions et le protecteur de la démocratie :

http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/04/19/sarkozy-naime-pas-etre-face-des-candidats-quil-ne-connait-pas-231359

Quelle note bien amère pour terminer une campagne ratée : Nicolas Sarkozy a comparé ce jeudi l’élection présidentielle au Festival de Cannes, une sorte de concours de beauté avec des candidats qui ne seraient pas de son niveau.

Sans doute parce qu’il sait qu’il a de moins en moins de chances de remporter la Palme d’or cette année, le Président sortant s’est lâché, jeudi à Saint-Maurice (Val-de-Marne) :

« La conception extraordinaire de l’égalité à la Française, c’est neuf contre un. Et en plus, il ne faut pas se plaindre. Je passe dans des émissions à des heures extraordinaires entre deux personnes que je ne connais pas, qui viennent tous les cinq ans comme une sorte de Festival de Cannes qui s’arrête et qui ne recommencera pas. C’est une démocratie formelle qui étonne le monde entier et que même les Français regardent avec beaucoup de scepticisme.

Quels sont ces personnages à qui on donne des temps de parole extraordinaires, qu’on n’a pas vus avant, qu’on ne verra pas après ? Quelle curieuse façon d’exprimer la démocratie ! Je me suis soumis à cette règle, ce n’est pas cela qui m’empêchera de courir le plus vite possible l’épreuve. »

Le jeu ne lui étant pas favorable, cette fois, le coureur s’en prend donc aux règles qui ne l’avaient pas si mal servi jusque-là.

Qu’il y ait des candidats qu’il « ne connaît pas » le surprend quand ils ont rempli tous les critères de candidature, et en particulier les 500 parrainages d’élus.

Qui vise-t-il, en dehors de Jacques Cheminade, seul véritable ovni de la campagne (et encore, il a déjà été candidat en 1995) ? Eva Joly, l’ancienne magistrate « norvégienne ménopausée » (c’est elle qui le dit) qui l’agace en lui parlant de ses « affaires » ? Ou Philippe Poutou, qui n’est pas du sérail et retournera à son usine Ford une fois le scrutin terminé ?

Critique méprisante

La critique est méprisante et laisserait entendre qu’il faudrait être du même monde que Nicolas Sarkozy pour pouvoir prétendre rivaliser avec lui.

De même, l’égalité du temps de parole le choque, alors qu’il a eu cinq années pour occuper le terrain médiatique et l’a fait avec méthode et talent.

Enfin, le monde entier qu’il prend à témoin s’étonne moins de la multiplication des candidats que de ce Président aux pouvoirs et au statut monarchiques, archaïsme français unique en Europe...

Nicolas Sarkozy a toutefois raison lorsque, dans le même discours, il relève :

« Je sens le peuple de France exaspéré à un point qu’on n’imagine pas dans certains milieux et dans certaines élites. »

Ce qu’il ne semble pas avoir totalement saisi, c’est qu’il risque fort d’en être la première victime, car il s’est lui-même identifié à l’oligarchie, et ne convainc personne quand il prétend aujourd’hui la combattre.

Ce qui perce à travers cette sortie, prononcée l’avant-dernier jour de la campagne du premier tour, c’est l’amertume d’un homme qui a raté son coup et sent le sol se dérober sous ses pieds. Et puisqu’il évoque le Festival de Cannes, un nom de film vient à l’esprit : « Le Mépris ».

 

 

20 mars 2012

Discours du 18 mars

Discours de M. Mélenchon, le 18 mars 2012, sur la place de la Bastille.

Nous sommes rassemblés parce que nous allons faire de cette élection une insurrection civique ! Se se donnant rendez-vous dans les urnes, elle va commencer la révolution citoyenne qu’il est nécessaire d’accomplir pour changer en profondeur la vie du peuple qui pâtis, ouvrir la brèche qu’attend toute l’Europe de son volcan français !

Oui, ça se voit, ça se sent, ça se sait, le printemps est là dans trois jours et chaque matin qui se lève, la lumière étend son domaine et la nuit se replie.

Viennent le temps des cerises et des jours heureux !

Tel est notre premier message pour tous ceux qui nous entendent et nous écoutent sur cette place, dans les rues où l’on ne peut avancer et dans chaque foyer où l’on nous regarde, ici, en France métropolitaine et d’Outre-mer, partout où l’on parle où l’on rêve français, en Europe et dans le monde !

Ce grand mouvement ne libèrera pas seulement ce que nous sommes mais tous ceux qui subissent des servitudes. Nous adressons notre salut fraternel et notre solidarité au peuple grec, aux Espagnols, aux Portugais, aux Italiens, à tous ceux qui ont, pour l’instant, sur leur tête le plomb de l’oppression venu de l’abjecte troïka ! Elle a décidé, dorénavant, de contrôler chaque peuple et il faudrait, paraît-il, lui demander l’autorisation de disposer librement de nous !

Ici, sur cette place, nous faisons le serment que si c’est nous qui sommes appelés à reconstituer la règle du jeu de notre pays en convoquant la constituante qui est nécessaire, alors plus jamais une seule délégation de souveraineté du peuple ne sera accordée sans qu’il ait été consulté par voie de référendum !

La souveraineté du peuple !

Telle est la grande question qui dorénavant va occuper toute l’Europe, une nouvelle fois engagée dans une entreprise qui commet la même erreur qu’aux précédentes saisons de l’histoire ! On la construit sans les peuples et sans la démocratie.

Alors, pour commencer cet immense chantier tout d’abord chez nous, en France, nous sommes venus au bon endroit à la bonne date !

Le bon endroit, ici, où a été juré une première fois le serment de se rassembler pour empêcher par tous les moyens dont nous disposons que les fascistes s’emparent de la patrie.

Cette place où a été, en 1935, rassemblée cette manifestation féministe qui déjà voulait briser les chaînes du patriarcat, en demandant que le suffrage soit réellement universel !

Cette place où a été brûlé le dernier trône des Rois.

Cette place où tout commence toujours et qui est le point de départ de toutes les révolutions.

Et d’abord de la première : celle qui se fit en 1789, abattant la citadelle des tyrans, celle qui se fit avec des mots et des principes si grands qu’ils rendaient possible d’être Français où que l’on soit dans le monde et ici même en France, que ses parents l’aient été ou non, du moment que l’on s’accorde pour dire et reconnaître comme égal quiconque qui dit comme nous : « Liberté , égalité, fraternité ! »

Nous sommes à la bonne date, le 18 mars, commencement de la grande et glorieuse Commune de Paris.

Voici parmi nous l’ombre d’une femme, Louise Michel, à qui nous nous dédions. Voici que nous répondons à notre tour, à l’appel de Jules Vallès et de celui du peuple qui conduit la première insurrection par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! »

Et nous ne disons rien d’autre aujourd’hui !

A la bonne date, cinquante ans à la fin des combats en Algérie ! Je déclare au nom du peuple ici rassemblé que la guerre est finie et que nous ne permettrons pas qu’on la recommence ici. Nous sommes une même famille, peuples du Maghreb, une même nation, peuples arabes, berbères et nous, peuple français !

Après le silence des armes, nous devons à nos enfants la paix des coeurs.

Peuple français, médite à cette occasion la terrible leçon de ton histoire !

Là où n’a plus cours la liberté totale des consciences politiques, là où n’a pas cours la fraternité, alors la France n’est plus possible !

C’est pourquoi il nous faut, aujourd’hui, dans cette France défigurée par les inégalités sociales, territoriales, culturelles, tourner la page, une nouvelle fois, de l’ancien régime, commencer un nouveau chapitre, comme c’est notre tradition, divers que nous sommes, en refondant la république fraternelle et égale !

Et nous commencerons par où il nous faut commencer. En convoquant cette constituante, nous commencerons par la première de toutes les égalités qu’il est indispensable de constituer : la parité !

Cette constituante devra être strictement égalitaire et ainsi commencera la marche de l’égalité . L’égalité par quoi tout commence en France, nous conduira à proclamer la fin des privilèges du capital, l’établissement de la citoyenneté en entreprise, corrigeant ce qui n’a pas été achevé, car comme l’a dit Jean Jaurès, la grande révolution a rendu les Français rois de la cité mais serfs dans leur entreprise !

Les droits nouveaux des travailleurs, le droit de veto, le droit de préemption sur la propriété du capital pour les travailleurs qui se constitueraient en coopérative ouvrière, le droit de réquisition par la patrie lorsqu’un bien est réputé commun.

C’est nous qui inscrirons ce droit nouveau d’une propriété collective humaine des biens de base tels l’eau et l’énergie.

C’est nous qui donnerons toute sa place à la dignité de l’amour humain en étendant à tous les couples les droits qui s’attachent aujourd’hui aux couples hetéro-sexuels.

Liberté !

C’est elle que nous voulons faire cheminer sur la route de l’égalité !

Liberté !

Il faut que les droits fondamentaux de la personne humaine entrent dans la constitution.

Et le premier d’entre tous, le droit de disposer de soi sans entrave aucune.

C’est nous qui mettrons dans notre constitution, pour que personne ne soit tenté d’y toucher quand les menaces s’accumulent, le droit à l’avortement qui reconnaît à chacune le droit de disposer d’elle-même, son corps n’étant la propriété de personne.

C’est nous qui mettrons dans notre constitution le droit de décider de sa propre fin et d’être assisté lorsqu’on en décide.

C’est nous qui installerons la liberté de conscience la plus absolue, et qui, pour cela, déciderons que la laïcité qui est inscrite dans la constitution sera étendue à tous les territoires de la République.

C’est nous qui dirons que la liberté sur la Toile est inaliénable et qu’il ne sera jamais permis de faire Hadopi !

C’est nous qui interdirons, fondant en cela un principe nouveau, une fois et pour toujours, que le vivant soit breveté et qu’il y ait une propriété privée de l’existence elle-même !

C’est nous qui libèrerons, une bonne fois, la justice en faisant en sorte que son indépendance , dorénavant, ne soit plus garantie par un homme, surtout après avoir vu à l’usage, ce qu’il avait été fait de cette garantie par le passé.

Dorénavant, nous placerons l’indépendance de la justice sous la protection et l’indépendance du parlement lui-même.

France d’égalité, de liberté, tu te dois d’être la patrie de la fraternité et des devoirs humains totalement accomplis.

Nous, dans notre constitution, nous regarderons tous les enfants qui nous sont donnés d’un même œil ! En France, dorénavant, nés sur la Terre de France, Français !

Droit du sol intégral !

Tel est le premier devoir de la fraternité humaine.

Et en voici un autre, nouveau, qu’il s’agit d’assumer.

Nous sommes, nous, coresponsables de l’écosystème dans lequel vivent tous les êtres humains et sans lequel pas un seul d’entre eux ne peut vivre ni mener quelque querelle politique que ce soit. C’est pourquoi nous accomplirons notre devoir à l’égard de l’humanité universelle.

Nous proclamerons que les Français s’obligeront par leur constituante à s’acquitter de leur devoir en éteignant la dette écologique.

Et que plutôt que leur fichue règle d’or qui ne concerne que leur portefeuille, nous appliquerons la règle verte qui ne concerne que la planète !

Oui, notre rassemblement commence une insurrection !

Peuple qui s’était dissous dans l’abstention, dans le refus d’obtempérer aux injonctions « des petits je sais tout », aux mauvais qui leur donnent des conseils et qui, quand c’est leur honneur et leur devoir de porter les paroles des Français, quand les Français disent « non » , disent que nous aurions dit « oui » : ceux qui nous ont trahi, notre premier devoir, pour commencer notre chemin, est de nous en débarrasser !

Telle est la première tâche que doit accomplir notre insurrection citoyenne si elle veut pouvoir ensuite se donner le grand rendez-vous de la révolution citoyenne !

Machado, le poète a dit que « le chemin se fait en marchant ».Cette marche nous l’avons commencée depuis la Nation et nous nous sommes retrouvés ici à Bastille pour une étape dont nous continuerons la trajectoire bientôt, de la Bastille des Révolutions jusqu’à la place de la sixième république.

Nous sommes le cri du peuple ! Des ouvrières et des ouvriers précarisés, humiliés, méprisés, abandonnés !

Nous sommes le cri du peuple ! Celui de la femme qui met au monde un enfant dans un camp de rétention.

Nous sommes le cri du peuple ! Celui de l’enfant qui n’a pas de toit et qui n’a pas d’instituteur quand il va à l’école !

Nous sommes le cri du peuple ! De tous ceux qui, prêts à apporter le concours de leur intelligence et de leur créativité, qui parfois mèneraient bonne vie, refusent d’appliquer la morale de l’égoïsme qui dit : « Profite et tais-toi ! »

Je vous appelle à commencer ces privilèges des peuples !

Ouvrez en France la brèche par laquelle ensuite passera le vote des Grecs, puis en octobre prochain celui des Allemands qui souffrent des merveilles du prétendu modèle libéral !

Voici le printemps !

Faites votre devoir en accourant à la rescousse partout où les luttes ouvrières vous appellent !

Faites votre devoir en vous découvrant les uns les autres ! Mettez à la mode la couleur rouge !

Prenez les places et les rues de la République comme vous le pouvez dans chaque ville et dans chaque village de France !

Et vous autres, à Toulouse, sur le Capitole, à Marseille au Prado, organisez la réplique du 18 mars à la Bastille !

Assemblez-vous par milliers vous souvenant de l’appel sacré que vous ont adressé ceux qui vous ont précédé dans cette lutte, inscrivant dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793 :

« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré et le plus indispensable des devoirs ! »

Vive l’humanité universelle !

Vive la France !

Vive la République !

Vive la Sociale !

 

L’Internationale. La Marseillaise.

 

14 mars 2012

Les millardaires vous remercient

Posté par 2ccr le 22 novembre 2011 sur http://2ccr.unblog.fr/2011/11/22/les-milliardaires-vous-remercient-2/

Les 1.000 milliardaires recensés sur cette planète vous remercient pour votre formidable aptitude à les enrichir quotidiennement, en privilégiant leurs produits manufacturés, payés des clopinettes aux milliards d’esclaves des pays sous développés, et que vous achetez cent fois plus cher chez vos commerçants locaux.

Les 500 grandes multinationales qui contrôlent 52% du produit brut et détiennent davantage que les 133 pays les plus misérables, sont ravis que vous vous précipitiez dans leurs grandes surfaces tueuses de petits commerces. Leurs banques peuvent aussi racheter avec les intérêts de vos emprunts les faillites de vos centre-ville, afin d’y installer leurs robots distributeurs inhumains mais bien plus rentables, puisque n’étant pas soumis aux cotisations sociales.

Les 358 familles les plus riches qui possèdent la moitié de la fortune mondiale se régalent à l’idée que vous achetiez leurs produits et apprécient la pub que vous faites pour leurs noms désormais célèbres. Elles se réjouissent que vous acceptiez de payer très cher leurs marques afin  de paraître plus riches que vous n’êtes. Et trouvent amusant que vous ayez la gentillesse de bien vouloir les porter en circulant en ville, afin que tout votre petit monde les voient, les envient, et ainsi les achètent à leur tour. Merci de favoriser leurs commerces et de suivre leurs modes très vite obsolètes, mais aussi rapidement renouvelées.

Les milliardaires du monde entier et leur cohorte des plus belles filles du monde qui font la une des magazines que vous achetez, remercient également vos armées de bien vouloir, aux frais de vos peuples et des contribuables, faire respecter l’ordre dans les couloirs que franchissent nos yachts en acajou pour pouvoir en paix rejoindre nos nombreux paradis fiscaux. Ceci nous encourage à continuer encore longtemps, puisque c’est à vous que nous devons de nous gaver quotidiennement de caviar, de champagne, de dormir dans des suites cinq étoiles et de rouler en somptueuses voitures de sport.

Continuez donc bien sagement à vous en prendre aux fonctionnaires feignants, aux cloportes gauchistes et aux grévistes preneurs d’otage et autres salauds comme Chavez. Pendant que l’on fait assassiner peinard les journalistes d’opposition au Honduras et les syndicalistes tout frais du jour en Colombie dans la plus exquise des confidentialités, rien ne se sait et tout se poursuit. Merci également de nous laisser exploiter les dernières ressources planétaires tout en détruisant la nature avec une certaine désinvolture. Et ensuite c’est vous qui payerez au bout de la chaine de distribution, le supplément que représente l’horrible problème posé par les déchets qui débordent dans vos poubelles et infesteront vos vies et celles de vos générations futures.

Merci encore, de soutenir les contre-réformes consistant à vous déposséder (au nom de la compétitivité) de vos derniers droits sociaux, et d’accepter une baisse constante de vos salaires.

Merci surtout de dépenser votre énergie à vous dévorer entre vous, à vous défouler consciencieusement sur du bouc émissaire à forte teneur appauvrie, car sans cela, je dois bien vous l’avouer, à 1000 contre 7 milliards, on aurait quand même un peu de mal à garder nos distances.

Texte original et intégral sur Le collectif des va s’y milliardaires http://www.zinfos974.com/

 

24 février 2012

Sarkozy et le référendum "d'initiative populaire"

L'instauration de ce référendum était l'une des promesses du candidat Sarkozy.Spromesse1 "Je vous associerai au choix des réformes (...) 10 % du corps électoral pourront demander au Parlement de se prononcer sur un texte de loi", était-il mentionné dans son programme de 2007 (voir ci-contre cet extrait de la profession de foi du candidat Sarkozy en 2007).

Cette mesure, issue de la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008, devait consacrer le droit pour un cinquième des membres du Parlement soutenus par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales de demander l'organisation d'un référendum législatif. Elle avait été présentée à l'époque comme un moyen pour les citoyens de faire entendre leur voix, en les associant concrètement au processus législatif.

La procédure soumise enfin au Parlement relève en effet de la course d'obstacles, expliquait Le Monde le 20 décembre dernier : l'initiative - qui ne peut porter que sur des sujets précis - doit notamment prendre la forme d'une proposition de loi présentée par au moins un cinquième des membres du Parlement ; être jugée recevable par le Conseil constitutionnel ; recueillir le soutien d'un dixième du corps électoral, soit 4,5 millions de personnes ; avant d'être publiée au Journal officiel.

L'initiative devant venir en premier des parlementaires et non des électeurs, au fil du temps, le référendum "d'initative populaire" a d'ailleurs été renommé "référendum d'initiative partagée" ou "référendum d'initiative minoritaire".

Mais près de quatre ans après, cette réforme n'a toujours pas été mise en vigueur et n'est donc pas opérationnelle. Pour une raison simple : les décrets d'application du texte n'ont jamais été publiés. Sénateurs et députés ont pourtant bien inscrit cette disposition dans la Constitution lors de la révision constitutionnelle de 2008. L'article 11 de la Constitution précise en effet la manière dont cette consultation peut être mise en place.

La mesure n'a aucune chance de voir le jour avant la fin du quinquennat. Aucune mise à l'ordre du jour du Sénat n'ayant été prévue d'ici à la fin des travaux parlementaires, qui devraient être suspendus aux alentours du 7 mars en vue des campagnes présidentielle et législative. Le premier ministre, François Fillon, s'était pourtant engagé en novembre 2010 sur un calendrier législatif permettant que des "référendums d'initiative populaire" puissent être organisés dès 2011.

Source : Extraits de la page du Monde : http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/02/23/le-referendum-d-initiative-populaire-vaine-promesse-de-sarkozy-en-2007_1646626_1471069.html

21 février 2012

La banque plus forte que la démocratie ?

Article sur la ratification du MES prévue aujourd'hui 21/02/2012 et publié sur Agoravox :
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/mecanisme-europeen-de-stabilite-la-110702

Un choix important pour l'avenir de notre démocratie va être soumis au Parlement mardi 21 février. Or cet évènement se produit dans un silence médiatique assourdissant, silence dissimulé par un assaut d'informations concernant des évènements de campagne éléctorale soigneusement mis en scène.

Mais, à propos, c'est quoi, le MES ?

Mardi aura lieu au Parlement un vote crucial engageant l'avenir de notre pays. En effet, les parlementaires doivent décider s'ils donnent leur aval à la mise en place du MES, première partie d'un cheval de Troie qui en comprend deux (l'autre partie étant constituée du Traité Européen de Stabilité, TSCG, Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance dans l'Union Économique et Monétaire Européenne qui sera voté en suivant) et qui va venir dynamiter le fonctionnement démocratique de nos pays.

Vous lisez cela et vous pensez que j'exagère. Vous avez entendu parler de ce texte et vous pensez qu'il est secondaire et qu'il n'engage à rien puisque ce qui importe, c'est le Traité, et que là, il y aura discussion. C'est le discours tenu, entre autres, par un certain nombre de socialistes. Est-il juste ?

Regardons le texte. Que dit-il ? En gros, on pourrrait dire qu'il s'agit, pour les États concernés, d'accepter de s'engager à fournir au MES de quoi constituer un capital afin d'aider rapidement un pays financièrement en difficulté.

Un mécanisme de solidarité, donc ?

Non, parce qu'il s'agit d'aider les États en difficulté financière. Donc de les aider à payer leurs dettes. Donc d'aider les financeurs (« institutions financières ») et pas d'apporter de quoi soigner les malades et venir en aide aux victimes de la crise. Moyennant quoi, les pays aidés devront appliquer des mesures préconisées associées à l'aide (comme l'a fait le FMI depuis longtemps, avec les conséquences sur les pays « aidés » que l'on sait, ou comme la Grèce le fait depuis plusieurs années avec la réussite que l'on observe tous les jours...). On peut imaginer sans trop risquer se tromper que ces mesures vont consister en mesure de rigueur.

On peut noter qu'il ne s'agit pas d'un pacte de solidarité mais de stabilité : ce ne sont pas les peuples qui aident les peuples, mais la finance qui a trouvé cette façon de faire payer à tout le monde ce que les seuls pays les plus pauvres n'arriveraient pas à donner, quitte à mettre tout le monde en faillite.

Qui va décider de ces énormes transferts d'argent ? Les « gouverneurs », ministres des finances de leur pays.

Mais il y aura une limite ? Non.

Mais il y aura un contrôle ? Non.

Autant on trouve dans le texte des précisions sur la vérification de la mise en œuvre des efforts demandés aux Nations recevant l'aide, autant il est précisé que les membres du MES ne peuvent être attaqués en justice. Le Parlement Européen n'a pas son mot à dire, et le MES passe au-dessus des Parlements Nationaux.

C'est bien là le premier et le plus simple signe de l'attaque frontale à la démocratie que veut imposer ce texte : les peuples vont perdre la souveraineté qu'elles ont sur leur budget. Et les démocraties seront soumises à punition si elles ne parviennent pas, par exemple, à verser leur obole au panier (un certain nombre de milliards, quand même, l'obole...).

Je conseille de lire le résumé du texte mis en lien ici "Le mécanisme européen de stabilité pour les nuls, le retour" de Liior.

Enfin, voici le texte d'une lettre dont je ne suis pas l'auteur, décrivant le danger de ce mécanisme et de ce traité, lettre destinée aux députés si l'on souhaite les alerter,

« Comme des millions de personnes dans toute l'Europe, je m'inquiète des dérives autoritaires, des politiques d'austérité et de la casse systématique des services publics qui sont mis en œuvre, sous prétexte d'une dette dont la légitimité n'est d'ailleurs toujours pas questionnée.
Nous voyons bien la réalité des conséquences de ces politiques en Grèce, où un véritable pillage du pays a lieu. Je ne développerai pas cette situation tragique que vous connaissez.

Je vous écris concernant le traité européen instituant le M.E.S. (Mécanisme Européen de Stabilité) sur lequel vous devrez vous prononcer le 21 Février.
Vous savez que ce mécanisme donnera à nouveau des pouvoirs complètement antidémocratiques à la Commission Européenne. Vous savez que les États européens seront soumis à une discipline budgétaire qui obligera à tout brader à la finance : service public après service public. À travers ce véritable pillage organisé, c'est toute la cohésion sociale et la qualité de vie dans notre pays, déjà bien entamée, qui seront mis à mal.

Je m'étonne du silence qui entoure ce traité crucial et m'indigne de l’absence de consultation populaire à ce sujet.

Des chèques en blanc à des personnes désignées !
Au sein de ce mécanisme, les décisions seront prises par le Conseil des gouverneurs composé exclusivement des ministres des finances de la zone euro. Aucun veto, ni aucune autorité des parlements nationaux n’est prévu sur ces ministres lorsqu’ils agissent au titre de gouverneurs. De plus, ils jouiront en cette qualité d’une immunité totale leur permettant d’échapper à toute poursuite judiciaire. Pourtant, ils disposeront alors librement des caisses de l’État qui devront accéder de façon « irrévocable et inconditionnelle » à leurs demandes. Il est aussi intéressant de noter que le budget de création du MES pouvant être réclamé aux États-membres dans un délai de sept jours seulement n’est pas plafonné et peut donc augmenter de façon illimitée sur simple décision du Conseil des mêmes gouverneurs.
Aucun membre ou employé de cette structure ne sera élu par la population ni responsable devant elle.

Une autorité pleine, entière et incontestable !

Plus fort encore, le MES peut attaquer en justice, mais ne pourra pas être poursuivi, pas même par les gouvernements, les administrations ou les tribunaux. Le manque de transparence concerne aussi les documents « inviolables », qui ne seront rendus publics que si le Conseil des gouverneurs le souhaite.

Négation des compétences fiscales et budgétaires des parlements nationaux, déni des principes de base de la démocratie, impossibilité d’opposer un veto, immunité judiciaire totale, opacité des documents… Autant de procédés antidémocratiques qui m'amènent aujourd’hui à vous demander d’adopter une position claire quant à ce traité.

Allez-vous l’accepter ou le rejeter ?
J'attends une réponse claire de votre part à mon adresse mail :
afin de la transmettre dans votre département à mon réseau sur le ( votre département) 
Votre absence de réponse sera considérée aussi comme une réponse.

Cette société devient étouffante d'injustice et témoigne de l'abandon des populations.
Je vous le demande, Monsieur le député, au nom de tous les citoyens dans ce pays, au nom de la souveraineté populaire, au nom de la justice sociale, au nom de la République et de la démocratie : par respect du peuple qui vous a tous élu, vous devez rejeter ce texte. »

16 février 2012

La menace de l'ACTA

ACTA est une offensive acta_150pxde plus contre le partage de la culture sur Internet. ACTA (pour Anti-Counterfeiting Trade Agreement ou accord commercial anti-contrefaçon) est un accord négocié secrètement de 2007 à 2010 par un petit "club" de pays (39 pays, dont les 27 de l'Union européenne, les États-Unis, le Japon, etc). Négocié plutôt que débattu démocratiquement, ACTA contourne les parlements et les organisations internationales pour imposer une logique répressive dictée par les industries du divertissement.

ACTA, véritable feuille de route pour des projets comme SOPA et PIPA, créerait de nouvelles sanctions pénales forçant les acteurs de l'Internet à surveiller et à censurer les communications en ligne. Cet accord est donc une menace majeure pour la liberté d'expression en ligne et est porteur d'insécurité juridique pour les entreprises de l'Internet. Au nom du droit des marques et des brevets, il pourrait également freiner l'accès aux médicaments génériques dans les pays pauvres.

Le Parlement européen a désormais une occasion ultime de rejeter l'ACTA.

Source :  La Quadrature du Net : http://www.laquadrature.net/fr/ACTA

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Plus les jours passent, plus les gouvernements prennent leurs distances avec l’accord multilatéral sur la contrefaçon Acta. Considéré par certains internautes comme une atteinte à la liberté, ce traité international qui suscite la controverse a été signé le 26 janvier à Tokyo par 22 des 27 pays de l’Union européenne. Mais plusieurs Etats ont reculé depuis, gelant le processus de ratification de l’accord. Le dernier en date à l’avoir fait est la Bulgarie.

Le pays a annoncé sa décision mardi. «La Bulgarie ne va pas présenter la ratification au Parlement avant que les Etats membres de l'UE ne s'accordent sur une position commune», a annoncé Traïtcho Traïkov, ministre bulgare de l'économie, de l'énergie et du tourisme. Selon lui, les récentes manifestations «ont montré que la société bulgare n'était pas prête à accepter un accord qui génère même le plus léger doute sur une possible atteinte aux libertés sur Internet». 

>> Acta, l’accord international qui fait polémique en Europe

Face à la grogne montante, la Bulgarie emboîte ainsi le pas à la Pologne, la République Tchèque, la Roumanie, la Lettonie et la Slovaquie, qui ont déjà mis en pause le processus de ratification d’Acta. En outre, l’Allemagne a choisi de son côté de reporter sa décision en attendant l’examen prévu par le Parlement européen a priori au mois de juin. 

Nouvelle mobilisation le 25 février prochain

D’après Numerama, une nouvelle journée de manifestation comme celle de samedi dernier est prévue le 25 février, afin de ne pas relâcher la pression sur les gouvernements et les élus européens. Une page spéciale «StoppActa» a été mise en ligne à cette occasion. En France, des cortèges sont prévus dans plus de 35 villes. 

Le 11 février dernier, plusieurs dizaines de milliers de personnes s’étaient mobilisées dans les quatre coins de l’Europe contre le traité.

Article de 20minutes.fr du 15 février :

http://www.20minutes.fr/high-tech/880467-acta-nouveaux-pays-gelent-ratification-traite

11 mars 2011

Un flic dans votre ordi

 

Internet : un décret impose aux hébergeurs de conserver les mots de passe

Lu dans LEMONDE.FR avec AFP | 02.03.11 | 15h41

Un décret paru mardi 1er mars au Journal officiel (JORF n°0050 du 1 mars 2011 page
texte n° 129) impose aux hébergeurs et fournisseurs de services sur Internet de conserver pendant un an toute une série de données personnelles de l'internaute, comme ses codes confidentiels, ainsi que sa navigation sur la Toile."La durée de conservation des données (...) est d'un an"
, indique ce décret pris dans le cadre de la loi du 21 juin 2004 "pour la confiance dans l'économie numérique". Cette loi prévoit notamment que la police et gendarmerie nationale peuvent exiger ces données "afin de prévenir (...) les actes de terrorisme".

"Pour chaque connexion de leurs abonnés", les hébergeurs et fournisseurs de services sur Internet sont tenus de "conserver" des informations très diverses et très précises, selon ce décret. Ils doivent ainsi sauvegarder "les informations fournies lors de la souscription d'un contrat par un utilisateur ou lors de la création d'un compte", à savoir "les nom et prénom ou la raison sociale", "les adresses postales associées", "les pseudonymes utilisés", "les adresses de courrier électronique ou de compte associées", "les numéros de téléphone" ou "le mot de passe ainsi que les données permettant de le vérifier ou de le modifier".

CONSERVER LE MOYEN DE PAIEMENT, SA RÉFÉRENCE, SON MONTANT

Plus généralement, les hébergeurs doivent garder "l'identifiant de la connexion", "l'identifiant du terminal utilisé pour la connexion", "les dates et heures de début et de fin de la connexion" ou encore "les caractéristiques de la ligne de l'abonné". Pour chaque action d'un internaute sur la Toile, "la nature de l'opération" doit être consignée par ces prestataires, qu'il s'agisse d'écrire un e-mail ou de télécharger une image ou une vidéo, ainsi que "les date et heure", ordonne le texte.

"Lorsque la souscription du contrat ou du compte est payante", les hébergeurs et fournisseurs de services sur la Toile doivent également conserver le moyen de paiement, sa référence, son montant ainsi que "la date et l'heure de la transaction", précise-t-il. La Commission nationale informatique et libertés, la CNIL, qui défend le respect de la vie privée sur la Toile, a indiqué avoir rendu, dès 2007, un avis sur le sujet, mais celui-ci n'est pas public.

9 juin 2010

Le syndrome du larbin

Une excellente analyse par Julien Arlandis mardi 8 juin 2010 sur Agoravox

I) Définition

Chez un individu, le syndrome du larbin est un comportement pathologique visant à prendre systématiquement la défense des classes les plus  favorisées au détriment de celles dont il est issu. Ce syndrome diminue les capacités d’analyse du larbin et se traduit par un blocage psychologique l’incitant à agir préférentiellement contre ses propres intérêts au profit de ceux qui l’exploitent.

II) Analyse des symptômes

L’amour démesuré qu’affiche le larbin à l’égard des patrons, des  rentiers ou des milliardaires, est l’acte de foi qui structure son 54042663_pdiscours. Le larbin agit sans discernement de ce qui pourrait être bon pour lui, il intellectualise le débat pour tenter de nous convaincre que piocher chez les riches est toujours la pire des solutions, quand bien même il en serait bénéficiaire. Les arguments économiques qu’il invoque  inlassablement n’ont pas servi à forger sa conviction, le syndrome du larbin est malheureusement une vocation qui se trimbale dès le plus  jeune âge et contre laquelle il n’existe aucun remède. Le larbin n’a pas choisi d’aimer les riches, il aime les riches parce qu’il est un larbin. De tendance nettement libérale le larbin est celui qui vous vante les  bienfaits du bouclier fiscal alors même qu’il ne paye pas d’impôts. C’est encore le même larbin qui voudrait réduire ou supprimer l’impôt  sur la fortune même s’il sait qu’il ne sera jamais concerné par la question. Un écervelé victime du syndrome du larbin n’a pas de conscience politique, il vote instinctivement dans l’intérêt de ceux qui l’exploitent pour s’attirer leur bienveillance. Le larbin estime que l’argent qui lui fait défaut, est beaucoup plus utile dans le coffre d’un riche qui pourra ainsi le réinvestir beaucoup plus utilement qu’il ne l’aurait lui même dépensé. Le larbin cautionne tous les sacrifices et les plans d’austérité dont il pourrait être l’objet comme la baisse des  salaires, ou encore l’augmentation de l’âge de la retraite même si son travail ne lui convient d’aucune façon et que ses maîtres ne lui offrent aucune perspective d’améliorer sa condition.

III) Hypothèses sur l’origine du syndrome

Deux théories principales s’affrontent pour expliquer l’origine du  syndrome : la thèse génétique et la pathologie mentale.
Après des siècles d’esclavage et de féodalité, les larbins pourraient être le produit d’une sélection artificielle des soumis par leurs  maitres. La transmission génétique des caractères aurait favorisée la sélection d’une souche vivace de larbins domestiques au profit d’une  nouvelle espèce de primates : l’homo larbinus.
Selon cette hypothèse le mécanisme en œuvre serait similaire à la sélection des chiens et des chevaux mais directement appliqué à l’homme.
Pour les tenants de la pathologie mentale le caractère héréditaire n’est pas retenu, il s’agirait plutôt d’un trouble qui se développerait dès l’enfance. Le processus s’aggraverait au passage à l’âge adulte lorsque le sujet prend conscience de la médiocrité de sa condition, le larbin développerait des stratégies inconscientes visant à restaurer un  équilibre cognitif pour justifier l’acceptation de sa subordination. Le larbin finit ainsi par s’identifier à ses maîtres en s’imaginant  appartenir au corps social qui l’exploite.

IV) Quelques exemples

Le larbin réagit vivement à toute discussion qui ose remettre en cause les privilèges des plus fortunés, incapable de se livrer à une  argumentation convaincante, ses messages distillent la peur et les intimidations dont il est l’objet. En réaction le larbin brandit  instinctivement une succession de termes caractéristiques qu’il essaye de glisser dans son discours tels que : communisme, bolchévisme, tirage vers le bas, la Stasi, la Corée du Nord, isolement, dictature socialiste, évasion fiscale, paupérisation, millions de morts...
Les quelques messages qui suivent portent la quasi-signature "littéraire" d’un larbin digne de ce nom :

- Les riches il faut les bichonner, les câliner ; si on les spolie trop, ils s’installeront ailleurs.

- Le Bolchévisme ? Non merci les Russes ont essayé en 17...

- Comme en Corée du Nord ou au Zimbabwe ?

- La fortune de Bill Gates ? Ça fait 3 pizzas par Africain et après on fait quoi ?

- Si les riches disparaissent on pourra plus leur vendre des produits de luxe !

- Ma patronne paye trop de charges !

- Les parachutes dorés c’est une compensation pour dissuader de saboter davantage l’entreprise ; divisé par le nombre de salariés, ça fait beaucoup moins que dans une seule poche.

V) Population affectée

Le syndrome du larbin ne prolifère pas seulement chez les plus démunis  intellectuellement comme on pourrait le penser, il affecte une large  fourchette de la population sans corrélation apparente avec le niveau  d’étude (20% de la population pense faire partie des 1% les plus riches). Les larbins sévissent en masse sur les forums d’économie dont l’étude semble aggraver les symptômes. Le paysage politique avec l’élection d’un président au service des ploutocrates révèle un seuil de contamination critique dans la patrie des droits de l’homme. La situation est grave mais peut-être pas complètement désespérée et les symptômes ne cessent d’évoluer au fil de l’actualité, aussi aidez-nous à maintenir et à diffuser ce document pour lutter efficacement contre ce fléau des temps modernes.

Pour la santé publique.

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