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Cacao et saucisses
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22 septembre 2015

La démocratie attaquée

Discours prononcé par  Zoe Konstantopoulou (*) le 2 septembre 2015 au siège de l’ONU à New York.

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-dette-souveraine-est-171717

Mesdames et messieurs, leaders des parlements du monde,

en cette occasion du 70e anniversaire de l’ONU, marquant également les 70 ans depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en cette 4e conférence mondiale des Présidents de Parlements |1| plaçant la démocratie au service de la paix, du développement durable et de la construction d’un monde tel que les peuples le veulent, je me tiens devant vous et parmi vous, en tant que Présidente du Parlement hellénique récemment dissous pour vous adresser un appel à la solidarité envers le peuple grec et envers la Grèce, terre où la démocratie naquit, et où elle est aujourd’hui brutalement attaquée et violée. La Grèce et son peuple sont les victimes, depuis cinq ans, de politiques supposées offrir une solution durable au surendettement du pays et une voie pour sortir de la crise économique, ces politiques contenues dans des accords appelés « Memoranda - Protocoles d’accord », conclus par le gouvernement grec et un trio d’institutions internationales, à savoir le FMI, la Commission européenne et la Banque centrale européenne, connu sous le nom de Troïka, et agissant au titre de créanciers de la Grèce, ont eu pour résultat de graves violations des droits humains, et particulièrement des droits sociaux, des libertés fondamentales et de l’État de droit lui-même.

Ce qui a été présenté comme un accord de renflouement a eu pour effet la misère, le chômage à des taux jamais vus jusque-là, 72% parmi les jeunes femmes et 60% parmi les jeunes hommes, des centaines de milliers de jeunes gens poussés à l’émigration, une explosion des suicides, la marginalisation des jeunes, des vieux, des faibles, des immigrés, des réfugiés, avec la moitié des enfants du pays vivant sous le seuil de pauvreté, une situation relevant d’une crise humanitaire, documenté dans les rapports et les déclarations des experts indépendants de l’ONU sur la dette et les droits de l’homme aussi bien que dans toute une série de décisions de justice et de rapports.

Le 25 janvier 2015, il y a de cela 7 mois, le peuple grec, à travers un scrutin national, a donné au gouvernement et au parlement un mandat clair et sans équivoque : celui de se débarrasser de ces politiques assassines. Des négociations ont débuté, une commission spéciale du Parlement a été formée, baptisée Commission pour la Vérité sur la Dette Publique, avec pour mission de conduire un audit et une évaluation juridique de la Dette grecque. Cette commission a produit un rapport préliminaire en juin dernier. Le rapport a établi que la dette souveraine de l’État est illégale, illégitime, odieuse et insoutenable. Il a établi que la dette souveraine avait été contractée via des procédures qui constituent une violation flagrante du droit constitutionnel, justifiant par là même la dénonciation de la dette. Il a établi que les créanciers avaient agi de mauvaise foi en faisant délibérément peser sur la Grèce le fardeau de prêts insoutenables afin de sauver les banques privées françaises, allemandes et grecques. En dépit de ces conclusions, les créanciers de la Grèce ont exigé qu’on néglige le mandat du peuple.

Le 25 juin, un ultimatum de 48 heures fut posé au gouvernement grec, lui demandant d’accepter, contrairement au mandat populaire, une série de mesures démantelant le droit du travail, abolissant les garanties de sécurité sociale et la protection juridique pour les citoyens surendettés, et requérant, dans le même temps, le bradage des biens et entreprises publics les plus précieux, mais aussi des principaux ports, aéroports et infrastructures qui devraient être vendus ou cédés pour rembourser une dette odieuse et insoutenable.

Le Parlement hellénique a entériné la proposition du gouvernement de tenir un référendum portant sur l’ultimatum, et le peuple grec, à une large majorité de 62%, a rejeté les mesures.

Au cours de la semaine du référendum, des représentants des instances internationales et de gouvernements étrangers ont tenté d’influer sur le résultat du référendum, au moyen de déclarations visant à terroriser la population, et le référendum s’est tenu avec les banques fermées et le contrôle des capitaux imposé du fait du refus de la BCE de fournir des liquidités après l’annonce de la tenu du référendum ; et pourtant, la démocratie a prévalu, le peuple s’est prononcé clairement et a dit NON à 62% à ces mesures assassines.

Ce qui s’en est suivi est un cauchemar pour toute conscience démocratique, et une honte. Les créanciers ont refusé d’examiner le résultat du référendum. Ils ont insisté, usant de la menace d’un effondrement du système bancaire et d’un désastre humanitaire, que soient adoptées des mesures plus sévères encore que celles qui avaient été rejetées. Le gouvernement a été contraint d’accepter que le Parlement légifère sur des textes pré élaborés de centaines de pages, sans délibération, et à des dates prédéterminées, selon une procédure d’urgence, et avec les banques toujours fermées. Cette extorsion fut baptisée « pré requis pour un accord » et le Parlement fut appelé à abolir des lois qu’il avait votées durant les quatre mois précédents, et à s’abstenir de toute initiative législative sans l’accord préalable des créanciers.

Un projet de loi de cent pages, présenté comme un article unique, fut approuvé le 15 juillet en moins de 24 heures ; un autre, long d’environ 1000 pages et composé de 3 articles a été adopté en moins de 24 heures le 22 juillet ; presque 400 pages, fut adopté le 14 août en 24 heures. Le Parlement a légiféré trois fois sous la contrainte et la coercition, et cela étant fait, attestant qu’une partie importante des députés du principal parti de gouvernement, incluant la Présidente du Parlement, refusait de voter un tel texte de loi, le Parlement fut dissous de manière subite afin de garantir une majorité plus stable pour mettre en œuvre ce que le peuple a rejeté.

Mesdames et messieurs, la dette souveraine est actuellement utilisée contre la population grecque et le Parlement hellénique pour affaiblir la démocratie, mais la démocratie est une valeur suprême, et le Parlement ne peut être réduit à des sceaux, entérinant des normes dictées, rejetées par le peuple et conçues pour anéantir les sociétés et les générations futures.

J’en appelle à vous, Parlementaires du monde ; soutenez l’exigence de démocratie et de souveraineté parlementaire contre la coercition de la dette ; soutenez les initiatives de l’Assemblée Générale des Nations Unies et la commission ad hoc d’audit de la dette souveraine, ainsi que les initiatives des experts indépendants de l’ONU sur la dette et les droits de l’homme.

Ne permettez pas que la démocratie soit annihilée sur la terre où elle naquit. Ne permettez pas qu’un autre Parlement soit contraint de voter contre la volonté du peuple et contre le mandat de ses députés. Ne permettez pas que les droits de l’homme, les vies humaines, la dignité humaine, et les principes les plus précieux des Nations Unies soient foulés pour servir le système bancaire.

Le monde que les peuples veulent ne peut être construit sans les peuples du monde. Merci.

(*) Zoe Konstantopoulou avocate et femme politique grecque. Députée du parti de la gauche radicale Syriza, qui a gagné les élections législatives du 25 janvier 2015 en Grèce, a été élue le 6 février 2015 présidente du parlement. Elle est, à trente-huit ans, la plus jeune présidente de la Vouli et la deuxième femme seulement à exercer cette fonction.

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27 février 2016

Le "complotiste"

Anticonformiste

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/anticonformiste-178163

par le moine du côté obscur
samedi 27 février 2016

 

Certains se demandent pourquoi nous sommes devenus des « théoriciens du complot ». Personnellement je le suis devenu parce que je me suis toujours posé des questions. Je suis en fait quelqu’un d’extrêmement curieux et je suis une personne que l’on qualifie généralement de logique. Enfant déjà je harcelais mon père, mes oncles, tantes et autres d’innombrables questions. Donc « on ne se refait pas ». Mais le début du 21ème siècle a sans aucun doute alimenté ma curiosité, tant on a vu des mensonges (facilement exposables entre autres grâces à l'essor des NTIC) odieux qui ont provoqué des guerres que je considère comme des abominations absolues. D’ailleurs que penser quand on se rend compte que certains des humains les plus influents de la terre sont des menteurs et de dangereux psychopathes ? Faire comme si de rien n’était et retourner à son train-train habituel ? Pas mon genre ! 

En discutant avec une personne qui me demandait pourquoi je ne croyais rien de ce que les dirigeants occidentaux disaient. Je lui ai demandé où étaient les armes de destruction massive de Saddam Hussein ? Il m’a répondu qu’il ne savait pas. Je lui ai alors demandé si ça ne le gênait pas que des dirigeants soi-disant démocratiquement élus, aient pu ainsi mentir pour déclencher une guerre et qu’aucun contre-pouvoir n’ait pu les en empêcher. Un esprit sensé, je le pense, trouve incroyable toute l’histoire de la guerre en Iraq en 2003 ! Et on sait que ce médiamensonge (1) n’est ni le premier ni le dernier. Après on se pose des questions pour savoir qui, quoi, comment. On se rend compte qu’il y a des liens de parenté suspects ! Bush est cousin d’Obama entre autres (2). On se rend compte que Bush et Kerry sont des membres des Skull and Bones (3). On se rend compte aussi que Dick Cheney (entre autres cousin d’Obama dixit sa femme (4)) travaillait pour une entreprise nommée Halliburton (5) qui s’est fait des « couilles en or » avec la guerre en Iraq. Ce sont des faits. Ces gens sont des hommes d’affaires impitoyables sans doute doublés d’idéologues particulièrement dangereux. En vérité je pense que ce sont des gens d’une même bande, en plus apparemment liés pour certains d’entre eux par des liens de sang (et cet aspect est très intrigant). Ce serait donc une nouvelle « noblesse » qui rêverait de pouvoir absolu. En tout cas nous savons qu’ils parlent de gouvernance mondiale, de Nouvel Ordre Mondial etc… A l’époque quand vous évoquiez ces faits, on disait que vous déliriez et pourtant…

On essaie de nous faire croire que les complots n’existent pas et pourtant l’histoire en est truffée. Vous parlez de choses dérangeantes et on vous sort les mots magiques « conspirationniste » ou « antisémite ». Et on s’abat sur vous avec un tel acharnement que ça ne peut que déranger les personnes sensées, le pourquoi leur venant à l’esprit. Rien qu’une telle attitude montre qu’il y a des sujets tabous qu’il ne faut absolument pas aborder. Comme si nous étions des enfants à qui l’on disait que dire, que faire et que penser sans aucune marge de manœuvre. Des enfants qu’il faut garder absolument sous contrôle. De quoi rendre certaines œuvres de fiction comme 1984 (6) crédibles car on tend dans les faits de plus en plus vers ça. Après on vous dira que vous croyez à des histoires extraordinaires, que vous croyez à l’existence de races extraterrestres etc… Je réponds à ces gens et alors ? Il y a des milliards de gens qui croient en une divinité voir des divinités qu’ils n’ont jamais vues ! Que dire de Bush qui dit que Dieu l’a inspiré ou autres ? On dit que Ben Laden aurait fait ce qu’il a fait à cause de sa foi aveugle et non modérée à une divinité invisible ! On reconnait qu’il y a des gens capables de faire des choses aberrantes pour leurs « croyances ». On sait que la classe politique grouille de magouilleurs, de menteurs, d’escrocs et d’êtres vils. Mais on nous dit que les « complots » n’existent pas ! Comme si la théorie officielle du drame du 11 Septembre 2001 n’était pas elle-même une théorie du complot abracadabrante qui plus est ! Nous les gens curieux essayons de comprendre et on nous dit de ne pas chercher à comprendre. On veut même nous convaincre que les libres penseurs sont des personnages dangereux. Et pourtant des personnes Etienne Chouard, Michel Collon ou Jean Bricmont sont pour qui les écoute des personnes sensées. Et ils ne sont pas les seuls, mais on ne veut pas qu’ils parlent et qu’ils soient écoutés. Combien de temps des gens « éduqués » peuvent supporter ce genre de choses ? A moins que leur « éducation » ne soit la barrière qui les empêche de réfléchir de manière indépendante. A croire qu’on leur a appris à ne pas réfléchir et à se soumettre même aux histoires les plus grotesques.

Personnellement comme je le dis je suis quelqu’un de curieux qui cherche à comprendre les choses. Et si j’aime des films de SF c’est en partie aussi pour les messages que certains d’entre eux comme Invasion Los Angeles (7) essaient de véhiculer. J’estime qu’il n’y a rien de pire que d’empêcher des gens de réfléchir. Alors bien sûr des pouvoirs qui aspirent à être hégémoniques refusent d’avoir affaire à un peuple qui réfléchit, ceci n’est pas nouveau. Mais le drame est que certaines personnes refusent de réfléchir et de remettre en question « le joli monde » dans lequel ils vivent. Ils ne sont pas différents de gens à qui l’on a inculqué des croyances et qui ont l’impression de voir leur monde s’effondrer quand ils font face à la réalité. Pour moi le conformisme est une abomination et conduit à accepter et à être complices des pires crimes. Mais le conformisme (8) est un outil privilégié des puissants de ce monde. Personnellement je suis anticonformiste et je ne cesserai jamais de l’être. Je préfère mourir libre pour mes idées, que paraître sans cesse et finalement de mourir comme si je n’avais jamais vécu. 

  1. https://www.youtube.com/watch?v=kq5q17DDzJk

  2. http://www.notrefamille.com/chroniques/genealogie/obama-et-ses-cousins-presidents-obama-cousin-des-bush-o13211.html

  3. http://www.voltairenet.org/article8507.html

  4. https://www.youtube.com/watch?v=GOX9FVfr7ns

  5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Halliburton

  6. http://www.ebooksgratuits.com/pdf/orwell_1984.pdf

  7. http://www.aoa-prod.com/invasion-los-angeles-de-john-carpenter-etude-du-film/

http://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/021349558698-la-peur-detre-different-un-moteur-puissant-de-nos-societes-1158994.php

 

14 mai 2018

La stratégie des États-Unis pour le 21e siècle

Août 2016 - Lu dans Il Fatto Quotidiano

http://ilfattoquotidiano.fr/giulietto-chiesa-15e-anniversaire-des-attentats/#more-4527

Giulietto Chiesa : 15e anniversaire des attentats

 Le 11 septembre prochain correspondra au 15e anniversaire du plus grand attentat terroriste de l’Histoire. Des fleuves d’encre ont coulé depuis à ce sujet : qui l’a fait ? Quels objectifs politiques poursuivaient ses organisateurs ?

Nous ne reprendrons pas cette discussion ici. L’auteur de ces lignes a depuis toujours soutenu que les 19 "pirates de l’air" emmenés par Ben Laden n’auraient en aucun cas pu réaliser un tel plan. Il existe une foule de preuves montrant l’implication dans cette opération de puissantes forces liées à différents services secrets, à commencer par certaines branches de la CIA et du FBI, de l’ISI pakistanaise, des services secrets saoudiens et ceux, très certainement impliqués, du Mossad israélien.

Le travail de la "Commission sur le 11/9" (aussi appelé "version officielle") ne résiste pas à une innombrable quantité d’objections… faites par des chercheurs ou des journalistes indépendants dans le monde entier. Ceux que cela intéresse peuvent se référer au site www.consensus911.org où un certain nombre de ces remarques et de ces incohérences ont été rassemblées ces dernières années par un groupe de spécialistes dont je fais également partie. La "Commission sur le 11/9 " – comme nous l’avons appris officiellement après les révélations de l’ex-sénateur démocrate Bob Graham (qui fut président de la Commission du Congrès, la première à avoir enquêté sur les attentats du 11/9) et de nombreux sénateurs et députés américains – cette Commission donc, refusa d’examiner des documents et des éléments de preuve concernant les mystérieuses manœuvres [militaires] qui précédèrent les attentats. Les 28 pages du premier rapport, récemment divulguées – après être restées au secret pendant 15 ans, nous apprennent sans aucun doute possible, documents à l’appui, que le gouvernement saoudien a aidé et financé les "boucs émissaires" [les 19 pirates de l’air – NdT] lors de leur installation aux États-Unis. Et ce seul fait (sans compter que le FBI et la CIA étaient – et tout cela est prouvé – au courant de la préparation des attentats), montre que la Commission sur le 11/9 a livré une version mensongère de toute cette affaire, afin de couvrir les vrais responsables.

À ces falsifications – déjà établies – viennent s’en ajouter quelques dizaines d’autres. Suffisamment pour conclure qu’il s’est trouvé, le 11 septembre 2001, de puissants intérêts au sein même de l’élite américaine et des cercles dirigeants occidentaux désireux de couvrir les vrais protagonistes de ces attentats. Savez-vous par exemple que le Procureur émérite de la Cour de cassation italienne, Ferdinando Imposimato, a déclaré et a même écrit à diverses occasions, qu’il existe désormais des preuves plus que suffisantes pour accuser l’administration américaine de George W. Bush et Dick Cheney de "participation à un massacre", et pour les traîner devant un tribunal international. Le problème est que ce tribunal international, même s’il existe [La Haye – NdT] n’est pas habilité à juger l’administration américaine.

Reste le fait, et cela constitue un élément important, que l’ensemble des grands médias occidentaux ont invariablement défendu, durant ces 15 dernières années, une version officielle désormais totalement fausse, se couvrant de ridicule, dans le seul but d’empêcher l’émergence de la vérité. Les concepteurs et les protagonistes de ces attentats, leurs amis ou complices, avaient et ont toujours le contrôle quasi total sur les moyens de communication mondiaux, et ont ainsi pu profiter de l’ignorance totale des faits dans laquelle des centaines de millions de personnes sont restées plongées.

Le problème relève donc à la fois du niveau politique et de celui de la communication. Et il est vital de trouver une solution avant qu’il ne soit trop tard. Non seulement les organisateurs du 11-Septembre ont encore les mains libres, mais ils sont désormais en mesure de créer des dommages irréparables à la paix dans le monde. Rappelons-nous qu’ils ont gagné la partie : la portée de leur action a considérablement changé le cours de l’histoire de la planète. On a vu après le 11-Septembre toute une série de guerres sanguinaires (Afghanistan, Irak, Libye, Syrie) et de modifications du système des règles internationales : autant de changements motivés par la nécessité de combattre le "nouvel ennemi" de l’Occident, à savoir, l’Islam fondamentaliste.

La guerre au terrorisme international, qui a débuté ce jour-là, se poursuit depuis maintenant 15 ans. Mais paradoxalement, au lieu de produire des résultats tangibles, elle semble au contraire étendre le chaos et le désordre dans à peu près toutes les directions. À première vue, la situation actuelle semble être la preuve que l’Empire américain – la plus puissante armée du monde, à laquelle s’ajoutent les autres armées occidentales réunies sous l’égide de l’OTAN – n’est pas capable d’arrêter son nouvel ennemi, celui fabriqué artificiellement [le 11/9] au travers du "plus grand spectacle [terroriste] de tous les temps, auquel assistèrent en direct à la télévision près de 3 milliards de personnes.

Je ne pense pas que cette impression d’impuissance de l’Empire soit correcte. Les développements auxquels nous assistons semblent plutôt dessiner les lignes d’un chaos global qui correspond clairement aux intérêts des inventeurs de cette "guerre globale au terrorisme". Il s’agit d’un chaos organisé, dont le principal objectif est de cacher aux peuples occidentaux, qui vivent désormais dans la "terreur", le fait que l’origine de la crise mondiale est totalement interne à l’Occident. Elle dérive directement du fait que le système bancaire mondial, créé par la globalisation et qui, à son tour, a porté à encore plus de globalisation, n’est plus en mesure de résister longtemps sans exploser en une crise mondiale cent fois supérieure en intensité à celle qui mena à la crise de 1929.

Le "terrorisme islamique" qui est en train de se transformer jour après jour en une "guerre asymétrique" diffuse (selon la définition qu’en a donné Vladimir Poutine) équivaut à une gigantesque "distraction de masse", dont le but est de désorienter l’opinion publique mondiale, mais aussi de tirer bénéfice de terroristes et de groupe extrémistes ou radicalisés dans la poursuite d’intérêts particuliers. La preuve éclatante en est donnée par la théorie – inventée pour l’occasion par les sources officielles occidentales afin de dissimuler leur soutien aux terroristes dans la guerre contre la Syrie – des "terroristes modérés", opposés aux "méchants terroristes". Une théorie qui a poussé à considérer comme potentiels alliés des groupes affiliés à al-Qaïda, dans le but d’abattre le régime de Bashar el-Assad. Comme par hasard, cette même al-Qaïda à laquelle a été attribuée voilà 15 ans la paternité des megas-attentats contre le World Trade Center et le Pentagone.

Après la crise de 2008 provoquée par la faillite de Lehman Brothers, aucune des recettes des centres du pouvoir financier global n’a été en mesure de remettre en marche la machine financière mondiale. La masse d’argent a pourtant été démultipliée de façon vertigineuse, à travers le mécanisme du "Quantitative Easing" pratiqué par toutes les banques centrales occidentales. Mais la machine globale n’a pas réussi à repartir. Au contraire, toutes les prévisions (savamment cachées aux yeux du grand public des investisseurs) indiquent que d’ici à 2020-2025, la croissante du PIB global s’approchera du point zéro, signant ainsi la fin de toutes les illusions sur la croissance économique si largement diffusées au cours de ces 10 dernières années, même si les faits montraient tout le contraire.

Le problème appelle une solution politique rapide, puisque les solutions politico-économiques sont pour l’instant inatteignables. L’explosion systémique se produira dans un délai indéterminé, relativement élastique, mais qui ne sera pas supérieur à 10 ans. C’est ce qui explique la hâte (et aussi les signes de panique) avec laquelle l’Occident cherche à brouiller les cartes et à déstabiliser le monde en faisant table rase de toutes les règles qui avaient résisté pendant la Guerre froide.

Se répète ainsi le scénario qui précéda le 11 septembre 2001. Quelques années auparavant, en 1998, le groupe de néoconservateurs emmené par Paul Wolfowiz avait produit un document intitulé "Projet pour un nouveau siècle américain" (PNAC, Project for the New American Century). Le titre était déjà révélateur de la folie de ses auteurs : suggérer d’imposer au monde un autre siècle à domination américaine, sur une planète abritant plus de 7 milliards d’habitants, et où existent désormais des géants comme la Chine et l’Inde, équivalait à une déclaration de guerre contre le reste du monde. Les auteurs néo-cons avaient parfaitement conscience de la violence qu’un tel projet nécessitait pour se réaliser. Ils savaient – ils l’ont écrit – que la Chine, en 2017, serait devenue le concurrent objectif et non contrôlable dont il faudrait tenir compte. Inversant les rôles, ils qualifièrent la Chine de "menace pour la sécurité nationale des États-Unis". Et ils se préparèrent à renforcer un différentiel militaire stratégique destiné à devenir toujours plus impossible à combler, pour toujours, pour n’importe quel État ou groupe d’États qui aurait eu des velléités de seulement s’approcher de la puissance de l’Empire.

Ces gens-là avaient déjà, à l’époque, connaissance de l’immense escroquerie financière sur laquelle reposait le dollar. Et de fait, les premiers signes de récession apparurent précisément en 2001. Il s’agissait alors d’imposer un changement psychologique dans la population américaine (et dans les populations occidentales en général, Europe incluse), laquelle étant parfaitement ignorante de tout cela et attirée par la carotte consumériste que lui présentaient les médias, n’était pas vraiment prête à se laisser embarquer dans une aventure guerrière. Il fallait donc provoquer quelque chose d’extraordinaire, de terrible ; quelque chose de "semblable à un nouveau Pearl Harbor", de façon à ce que les masses populaires perçoivent un danger immense et surtout imminent, à même de détruire leur sécurité et de mettre fin à leur bien-être.

Un tel danger n’existait plus à la fin du siècle dernier. La Russie – ainsi le pensaient-ils, et cela fut leur plus grande erreur – avait déjà été mise hors-jeu, conquise, colonisée culturellement et politiquement. Elle n’incarnait plus l’"ennemi rouge" qui avait tant tourmenté l’élite américaine au cours de la Guerre froide. La Russie ne pouvait plus être considérée comme un concurrent potentiel. Le Mur de Berlin était tombé. Comme l’écrivait Gore Vial, "quand les Russes nous ont frappés dans le dos en abandonnant leur empire en 1991, nous sommes restés sur de fausses idées sur nous-mêmes, et surtout, bien plus grave, sur le reste du monde."

Il fallut donc créer la menace de manière parfaitement  artificielle. Et ainsi fut-il fait. Cela peut sembler étrange, mais ils le déclarèrent ouvertement. Rappelons-nous des paroles de Zbignew Brzezinski prononcées en 1997 : "Il faut prendre en considération le fait que l’Amérique est en train de se transformer toujours plus en une société multiculturelle, et en tant que telle, il peut devenir de plus en plus difficile de créer le consensus sur des questions de politique étrangère, à moins d’une menace ennemie énorme, perçue directement au niveau des masses." La prévision d’une Chine hors de contrôle était la bonne. Mais il fallait un ennemi tout de suite, sur-le-champ. L’Islam fut servi sur l’autel de toutes les Nations comme cet "ennemi". George W. Bush et son ministre de la Défense Donald Rumsfeld clamèrent devant les micros et les caméras de tous les grands médias que "venait de commencer une guerre qui allait durer toute une génération" (Rumsfeld parla même de "50 ans").

Les premières 15 années de ces 50 ans viennent de passer. Et personne ne peut nier que la situation mondiale est en train de dégénérer. Mais l’Occident se refuse à prendre acte des changements dans les rapports de force planétaires. Ce qui est le plus insupportable pour les cercles de pouvoir américains, c’est de voir réapparaitre la Russie comme protagoniste sur la scène internationale. Dans les prévisions – erronées – des néo-cons, la Russie avait été mise définitivement hors-jeu. Et cette erreur de calcul a rendu problématique le reste de leurs plans. Ils pensaient qu’une fois la Russie écartée, il y aurait eu assez de temps pour s’occuper de la Chine et en faire le nouvel "Empire du Mal", à la place de la Russie. Tout aussi fausse fut leur hypothèse selon laquelle après ce "Nouveau Pearl Harbor", les 7 milliards d’habitants de la planète se seraient rangés en file indienne pour acheter tout ce qui pouvait être achetés dans les supermarchés créés pour eux. Et tout aussi fausse fut l’idée qu’il suffisait de fabriquer de l’argent de toute pièce pour résoudre le problème.

La somme de ces succès, et de ces erreurs, permit à l’Empire – entre une guerre et l’autre – de dominer 7 ans de plus.  La 7e année fut 2008, et il fallut 13 000 milliards de dollars inventés de toute urgence par la Federal Reserve d’Allan Greenspan, pour sauver de la faillite les banques occidentales. Et comme nous l’avons déjà rappelé, les dernières 8 années ont vu s’établir le règne du chaos. Voilà pourquoi l’Empire se trouve à nouveau devant la nécessité de compacter son système d’alliances, exactement comme il le fit à travers les attentats terroristes de 2001.  En 2008, le stratagème consista à déstabiliser les "petits ennemis" et fut confié à Barack Obama, qui le réalisa à travers la multiplication des "révolutions colorées" et surtout, l’usage des "printemps arabes" destinés à faire place nette de tous ces régimes devenus inutiles ou gênants au Moyen-Orient. Et il faut bien reconnaitre que cette opération stratégique a fonctionné, mais uniquement dans le sens d’encore plus de déstabilisation globale.

La présence de la Russie, redevenue puissance mondiale, a cependant contraint les néo-cons à changer de stratégie, et à revenir sur le lieu du crime. C’est de nouveau la peur qui a prévalu. La crise fait rage, et à l’Est on voit poindre deux "ennemis", la Russie et maintenant la Chine, le grand "pays du milieu". C’est ainsi que s’explique le coup d’État en Ukraine, la destitution de Janukovic par les groupes nazis et ultranationalistes russophobes depuis longtemps formés et entraînés avec l’aide de la Pologne et des républiques baltiques. Le piège, fort bien préparé, devait obliger la Russie à intervenir directement pour soutenir les Russes d’Ukraine, soumis à une véritable purification ethnique d’un nouveau genre. Vladimir Poutine n’est pas tombé dans le piège et les Russes d’Ukraine – pas tous, mais une bonne partie – ont trouvé la force pour se défendre. La Crimée a choisi de "revenir au pays".

Toujours est-il que l’objectif a été en grande partie atteint par l’Empire. L’Europe s’est rangée aux côtés des États-Unis, des sanctions ont été prises [contre la Russie], la vague russophobe s’est propagée dans tout l’Occident et l’a compacté autour de Washington. La Russie et Poutine sont les "véritables ennemis à abattre." Comment ? Ce sera à Hillary Clinton de résoudre le problème. La confrontation directe est en cours de préparation. Mais tous à Washington ne sont assez pas assez suicidaires pour la déclencher. Ils se préparent à la guerre, et pensent pouvoir mettre à genoux la Russie de Poutin, comme ils le firent avec l’URSS de Gorbatchev. C’est un pari qu’ils pourraient bien perdre. Et l’Europe est en pleine ébullition, au point qu’elle pourrait bien exploser avant. L’Empire lui-même est profondément divisé. Donald Trump a très peu de chances de gagner les élections, mais sa présence montre à quel point le peuple américain n’a plus aucune confiance dans ses élites. On pourrait appliquer à l’Amérique le dicton latin "omne regnum in se ipse divisum desolabitur" (tout règne, lorsqu’il est divisé en son sein, finit par s’écrouler)

Giulietto Chiesa – août 2016

Traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr

 

24 février 2013

Adieu ma Grèce

Exil du Chaos

17 février 2013 par Marie Laure Veilhan

 Nous avons pris la décision de partir.

Voilà une décision qui procède d’un non-choix, d’une nécessité que je ne qualifierai pas d’absolue, pour la simple raison que je sais qu’on n’est ni en Afghanistan, ni à Smyrne de 1922. Non, ç’aurait pu être un choix. Mais c’est tout juste une décision.

Décision d’exil, alors.

Il nous reste un été ici. Nous serons en France pour la rentrée 2013.

Nous laisserons derrière nous la maison de mon compagnon, Christos. La maison d’un autre exil, qui date de 90 ans : celui des grands-parents de Christos, venus de Constantinople (Kalloni, « la belle ») en 1922. J’écrirai un jour prochain ce que j’ai pu retenir de cette histoire-là. Elle est présente, curieusement parfois.

Nous laisserons des amis, Dina la rigolote, Angélique à la voix d’or, nous laisserons le père de mes enfants, la mer où Christos allait pêcher si souvent, sur les traces de son père, pêcheur, les orangers, le grenadier, les citronniers, l’oncle Adonis, tout tordu, tout pauvre, tout vieux, toujours si digne et souriant, sauf ces jours-ci, sa dame Anna s’en va à petit feu…

Je laisserai la terre que j’ai aimée pour la première fois il y a vingt-quatre ans, fille au pair d’un été, et que je croyais ne jamais quitter. Chaque jour qui passe, j’ai peine à croire à ce qui arrive à cette Grèce-là.

J’ai peine. Grand peine.

Nous sortons peu – le temps a l’air d’avoir pris la couleur de la vie : il pleut, sans arrêt, au point que le bois doit rester longtemps dans le poêle avant de s’embraser. Nous regardons distraitement les journaux télévisés, on connaît la rengaine. Deux dizaines d’impôts créés en 2012. Chômage. Misère. Enfants non vaccinés. Facultés qui ferment. Hôpitaux en panne de chauffage, de matériel de première nécessité (compresses, instruments chirurgicaux,…). Et de yaourts aussi. Néo-nazis au parlement. Grèves. Mobilisation décrétée dans deux secteurs (marine marchande et transports en commun), sous le contrôle direct de l’armée. La folie rivalise au quotidien avec le ridicule, le trivial, le presque rigolo. Non, on n’y croit pas, quand le secrétaire du Ministère de l’Economie annonce que « le smic à 560 euros -bruts- est encore trop haut »…

En chiffres, ça donne : 27 % de chômage global en novembre 2012 (derniers chiffres disponibles), soit une augmentation de 31% par rapport au mois de novembre 2011. 61,6% parmi les jeunes. Chiffres officiels, qui ne prennent pas en compte les multiples programmes de « formation » indemnisés à 250 euros pour deux mois, soit trois fois moins que l’allocation chômage, fixée à 360 euros mensuels. Pas d’allocation familiale, ni de logement bien sûr. 60 milliards de créances avérées vis-à-vis du Domaine Public (fisc et caisses d’assurance maladie et retraite). La récession en 2012 à 6,5%, pour la cinquième année. Le pain à 1,60, l’essence à 1,70. Le smic grec à 560 euros brut (480 euros nets), et 492 bruts (424 nets) pour les jeunes jusqu’à 25 ans. 300.000 compteurs coupés l’an dernier faute d’avoir pu payer la facture d’électricité, désormais couplée à l’impôt spécial (calculé sur la base de la surface du bâtiment alimenté), censé être exceptionnel, mais qui sera finalement intégré à un impôt global. Mon employeur (Union des Coopératives Agricoles), qui emploie 130 personnes (à l’usine et dans les bureaux, ne s’est toujours pas acquitté des salaires de novembre du personnel administratif. Je fais partie de ce dernier, mais ai eu droit à un « régime de faveur » qui m’a permis de recevoir les salaires de novembre et décembre, sous forme d’ « avance sur salaire » (c’est joli, comme formule : avance sur arriéré). J’étais allée faire remarquer que c’est ma seule source de revenus, et que nous vivons à quatre de ces presque 800 euros par mois. Nous avons longtemps été les moins riches de tous ceux que je connais.

Nous sommes désormais parmi les moins pauvres de ceux dont nous partageons le quotidien (travail exclu). Il n’y a plus de syndicat des ouvrières à mon boulot : il a été dissout, suite à des pressions exercées de façon ouverte sur l’intégralité des ouvrières, prises une à une. Ce mois-ci, le grand magasin Sprider (grande chaîne de vêtements bas prix), qui employait quinze personnes, a fermé. La deuxième boulangerie du quartier aussi. Pas résisté.

[Christos discute ce moment-même sur Skype avec un copain, parti en Allemagne en septembre. Il lui parle exactement de ça, à l’instant. C’est saisissant.]

Aighion accueillait depuis plusieurs années deux sections d’enseignement supérieur technique (optique et kiné). Au bord de la mer, dans un bâtiment industriel abandonné et rénové. Ces deux sections disparaîtront, comme une trentaine d’autres en Grèce, à partir de septembre. Les étudiants s’en iront, les bars, le cinéma qui avait rouvert depuis peu, la salle de musique… vont se vider un peu plus. Nous n’y allions quasiment plus, mais c’est réjouissant de voir ces étudiants qui venaient jouer gratuitement au « Polytechneio ». Triste, aujourd’hui, d’être presque sûr que cela ne durera pas.

Je voudrais être contredite par les faits.

Mais les médicaments de traitement du sida ont été désinscrits de la liste des médicaments remboursables. Pour les traitements anti-cancer, cardio, contre la tension artérielle… et pour une foule d’autres, la question n’est plus tant qu’ils soient ou non remboursables : il est de plus en plus difficile d’en dénicher. On crève de cette crise, et pas ceux qui sautent d’un balcon ou se tirent une balle dans la tête. On se laisse aller, aussi, tout simplement.

Je m’accroche à ceux que j’aime. Et à la première sonate de Beethoven, aussi. Qu’il me pardonne…

Je participerai du 1er au 3 mars à une rencontre organisée par l’aile « rouge » du Syriza sur la lutte contre le fascisme (en tant qu’interprète, ce qui nous paiera les billets de bus et une partie des frais de séjour à Athènes). Je vous conterai ce que j’aurai pu en retenir. Je sais désormais que cela pourra nous valoir des déboires plus ou moins importants. Les députés de l’Aube Dorée soufflent sur les braises de la haine, l’un deux a déclaré hier : « la prochaine fois que nous ferons une descente sur un marché pour contrôler les vendeurs étrangers, on ne fera pas que donner des coups de lattes dans les étalages. Il faut bien qu’on se fasse plaisir, aussi… Il est hors de question qu’on laisse les citoyens grecs sans protection ». Babakar Ndiaye est mort, il y a huit jours, jeté sur les rails de la station Thisseio, à Athènes, par l’un des dix agents de la police municipale qui l’avait pris en chasse parce qu’il vendait sur le trottoir des faux sacs Vuitton ou des parapluies chinois. Les paysans qui tentaient de bloquer symboliquement la route nationale ont été attaqués par les flics. Attaqués, non pas arrêtés. La violence institutionnelle s’installe chaque jour. Violence policière des brigades anti-terrorisme qui rouent de coups les quatre jeunes (qui se déclarent anarchistes), les défigurent, et se donnent tout juste la peine d’un maquillage électronique pour masquer les pires traces de torture sur les visages tuméfiés.

Le message est clair : « Tenez- vous tranquilles, ça pourrait arriver à tout le monde et à n’importe qui. »

Enfin, presque. Des militants de l’Aube Dorée, arrêtés la même semaine en possession d’armes lourdes, se sont fait photographier au poste. On en rigole : ils ont l’air de sortir du centre de soins esthétiques, tellement ça n’a pas l’air de les éprouver. On comprend, d’ailleurs : ils sont déjà dehors. Nous savons bien que ce qui nous attend en France n’est pas rose. Au-delà de l’adaptation à une vie que nous n’avions jamais prévue telle (ce qui suppose une adaptation forcée des enfants, par exemple, à un système scolaire en français, eux qui sont scolarisés en grec, bien sûr – mon fils, de bientôt onze ans, ne sait ni lire ni écrire en français, il a commencé l’anglais il y deux ans…), au-delà de tout ce qui nous fera ressentir ce mal du pays que les Grecs appellent si justement νοσταλγία (la nostalgie, douleur de la terre d’où l’on vient en traduction libre…), nous savons bien que la situation en France est dure, violente parfois, et que les choses vont mal pour beaucoup, là aussi.

D’ailleurs, le mal dont souffre la Grèce, c’est le même que celui qui étend son ombre sur l’Hexagone. Je le nomme « argent-dette », comme l’ont si bien fait les créateurs grecs de « Catastroïka », dont je ne saurais trop vous recommander la vision. Il a beau avoir été tourné il y a bientôt deux ans, tout y est.

Voyez.

Regardez.

Dites.

Faites.

Agissez.

C’est de notre vie à tous et à chacun qu’il s’agit.

17 octobre 2014

La tragédie du 11 septembre par Paul Craig Roberts

 Le 11 Septembre, les attaques à l’anthrax et au-delà

Paul Craig Roberts

15 Octobre 2014

url de l’article :

http ://www.presstv.ir/detail/2014/10/14/382278/911-anthrax-attacks-and-beyond/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~



La tragédie du 11 Septembre 2001 va bien plus loin que la mort de ceux qui périrent dans les tours et celle des pompiers et personnels d’urgence qui ont succombé de maladies suite aux inhalations des poussières toxiques. Depuis 13 ans, une nouvelle génération d’Américains est née avec et sous le mythe du 11 septembre qui a été utilisé pour créer de toute pièce l’état américain policier et de guerre perpétuelle.

Les régimes corrompus de Bush et d’Obama ont utilisé le 11 septembre pour tuer, estropier, déposséder et déplacer des millions de musulmans dans sept pays différents, dont aucun n’a quoi que ce soit à faire avec le 11 Septembre.
Une génération complète d’Américains est née avec le dédain et la méfiance des musulmans.
Une génération d’Américains est née dans un état policier dans lequel la vie privée et les protections constitutionnelles n’existent plus.

Une génération d’Américains est née dans un état de guerre permanent tandis que les besoins des citoyens ne sont plus satisfaits.

Une génération d’Américains est née dans une société dans laquelle la vérité a été remplacée par une suite sans fin de mensonges et d'affirmations fallacieuses.

D’après la version officielle du 11 septembre, le tant vanté état de sécurité nationale de la seule super-puissance au monde a été vaincu par quelques jeunes Saoudiens armés de cutters. Le gigantesque appareil de la sécurité de l’état a été sans aucune défense et a reçu la plus grosse humiliation jamais infligée à un pays clamant être une super-puissance.

Ce jour là, absolument rien de ce qui représente la sécurité de l’état n’a fonctionné. Tout a foiré, d’un coup.

L’armée de l’air américaine, pour la toute première fois de son histoire n’a pas pu lancer un seul de ses jets intercepteurs. Le Conseil de la Sécurité Nationale échoua.

Toutes les seize agences de renseignement américaines ont été défectueuses d’un coup, en même temps, tout comme celles des alliés de l’OTAN et d’Israël.

Le trafic aérien n’a plus fonctionné.

La sécurité des aéroports a gravement échoué quatre fois au même moment et le même jour. La probabilité mathématique d’un tel échec est… zéro.

Si une telle chose s’était actuellement vraiment déroulée, il y aurait eu des demandes d’enquête en provenance de partout : de la Maison Blanche, du Congrès, et des médias. Des officiels auraient été tenus pour responsables, des têtes auraient roulé dans la sciure.

Au lieu de cela, la Maison Blanche a résisté un an aux demandes des familles des victimes du 11 Septembre pour l’ouverture d’une enquête. Finalement, on rassembla des politiciens pour qu’ils écoutent le compte rendu du gouvernement et qu’ils le couchent par écrit. Le président, le vice-président et le conseiller juridique de la commission ont tous dit que des preuves avaient été cachées à cette commission, que des mensonges ont été dits devant cette commission et que finalement cette commission avait été mise en place “pour échouer”. La plus grosse faute de sécurité de l’histoire n’a même pas vu une personne perdre son boulot. Personne ne fut tenu pour responsable.

Washington a alors conclu que le 11 Septembre a été rendu possible à cause du manque d’état policier. Le Patriot Act, qui attendait l’événement, fut tranquillement passé par les idiots du congrès. La loi (d’exception) a établi l’indépendance du pouvoir exécutif vis à vis de la loi et de la Constitution. La loi et les mesures qui s’en suivirent ont institutionnalisé un état policier dans la “terre des hommes libres”. (NdT : en référence au motto du pays se jugeant “indispensable” : “Land of the free, home of the brave”, c’est à dire “terre de l’homme libre, patrie du courageux”…)

Oussama ben Laden, un agent de la CIA, mourant d’insuffisance rénale, fut blâmé malgré le fait qu’il renia toujours explicitement sa responsabilité dans les attentats. Durant les 10 années qui suivirent, ben Laden fut l’épouvantail qui donna une excuse à Washington de tuer un nombre incalculable de musulmans. Puis, soudainement, le 2 Mai 2011, Obama annonça qu’un commando des Navy SEAL avait tué ben Laden au Pakistan. Les témoins oculaires sur place contredisaient la version de la Maison Blanche. Oussama ben Laden devint le premier humain à survivre un arrêt rénal pendant plus de 10 ans. Il n’y avait pas de machine à dialyser dans la maison retranchée où Ben Laden soi-disant vivait. Les nombreux faire-parts de décès le concernant en Décembre 2001 furent jetés aux oubliettes et les membres de cette équipe de Navy SEAL (Team 6) moururent bizarrement dans un crash d’hélicoptère en Afghanistan plusieurs semaines après le “raid”. Les milliers de marins à bord du porte-avion sur lequel fut soi-disant rapatrié le corps de Ben Laden pour être jeté à la mer, ont écrit qu’aucune funérailles de la sorte n’avaient eu lieu sur le navire.

L’histoire à dormir debout du meurtre de ben Laden par la Seal Team 6 a servi à mettre fin au défi lancé par des démocrates déçus à la nomination d’Obama pour un second terme à la présidence. Cela libéra aussi Washington de la restriction ben Laden pour sa “guerre contre la terreur”. Washington voulait attaquer la Libye, la Syrie… des pays où tout le monde savait que ben Laden n’avait pas de point d’attache ; de plus la succession de vidéos de ben Laden dans lesquelles celui-ci rajeunissait de prise en prise alors que le faux ben Laden endossait la responsabilité des attaques, avait commencé à perdre la confiance des experts ainsi que toute crédibilité.

En regardant les tours jumelles du WTC ainsi que la tour #7 s’effondrer, il m’était apparu comme évident que la chute de ces bâtiments ne pouvaient pas être due à des dégâts structurels. Lorsqu’il devint clair que la Maison Blanche avait bloqué une enquête indépendante sur les trois gratte-ciels d’acier au monde qui se sont effondrés sur eux-mêmes en résultat de basses températures émanant d’incendies de bureaux, il devenait alors évident qu’il y avait une opération de maquillage.

13 ans plus tard, de moins en mois de gens aux États-Unis et a l’étranger trouvent l’histoire du gouvernement crédible. Le cas mis en évidence par des experts indépendants est maintenant si fort que les médias se sont ouverts à la possibilité. Voici Richard Gage Architects & Engineers for 9/11 Truth on C-SPAN :

http ://www.youtube.com/watch?v=3Zbv2SvBEec#t=23

Après des années de persistance, un groupe de New York a sécurisé le nombre suffisant de signatures valides pour faire mettre aux voix une enquête sur l’effondrement des trois tours du WTC. La version officielle, si elle est correcte, veut dire que les codes de sécurité d’incendie dans les bâtiments sont insuffisant pour protéger le public et que donc toutes les autres structures d’acier de même type sont sujettes à potentiellement subir le même sort. Le groupe a été très habile quant à sa façon de cadrer le débat sur la sécurité publique et non pas sur la vérité sur le 11 septembre. Les autorités de New York bien entendu, continuent à s’opposer à cette initiative. La question reste maintenant sujette à la décision d’un juge. Il est très difficile de concevoir qu’un juge aille contre le gouvernement de manière si puissante, mais le groupe aura établi que le gouvernement n’a aucune confiance en la véracité de sa propre histoire.

Ces 13 dernières années, des physiciens, chimistes, architectes, ingénieurs et des spécialistes des premiers secours ont fourni des preuves massives qui démentent catégoriquement la version officielle de l’effondrement des trois tours. La réponse à ces experts a été pour les non-experts de qualifier les experts de “théoriciens du complot”. En d’autres termes, les défenseurs de l’histoire du gouvernement n’ont aucune preuve scientifique ni factuelle sur lesquelles ils peuvent tenir leur position. Alors ils ne peuvent qu’insulter l’opposition.

Le 11 septembre fut utilisé pour altérer de manière fondamentale la nature du gouvernement américain et sa relation avec son peuple. Un pouvoir exécutif irresponsable et ne devant de compte à personne a remplacé le processus de la loi et la régulation fournie par la constitution américaine. Au nom de la sécurité nationale (NdT : en France appelée “la raison d’état”…), le pouvoir exécutif ne connaît plus de limites. Essentiellement, aujourd’hui, les citoyens américains n’ont plus aucun droit si le gouvernement décident de les cibler.

Ces Américains nées après le 11 septembre 2001 sont nés dans un pays différent de ceux nés avant. N’ayant jamais fait l’expérience d’un gouvernement constitutionnel, ils ne sauront JAMAIS ce qu’ils ont perdu.

Les attaques à l’anthrax d’Octobre 2001 (NdT : Anthrax = maladie du charbon) ont été oubliées, mais le professeur Graham McQueen dans son livre “Le mensonge de la maladie du charbon de 2001” (Clarity Press, 2014), montre bien que les attaques à l’anthrax ont joué un rôle essentiel dans l’acquisition par le gouvernement de pouvoirs d’état policier. Deux présidents de comités sénatoriaux démocrates, Thomas Daschle et Patrick Leahy, furent perturbés par l’extension du régime Bush et sa carte blanche pour tous les pouvoirs et ils étaient en position de pouvoir bloquer la législation mettant en place l’état policier et la capacité pour la branche exécutive seule de mener les États-Unis à la guerre (NdT : de par la constitution des États-Unis seul le Congrès peut déclarer la guerre, depuis 2001, toutes les interventions, guerres, menées par les US se sont passées de l’aval du Congrès et ont été menées sur décision de la Maison Blanche exclusivement. C’est à dire que toutes les actions guerrières de l’empire depuis lors, sont anticonstitutionnelles…).

Les deux sénateurs reçurent alors des lettres contenant des spores d’anthrax, comme également de majeures organisations médiatiques. Les présentateurs de journaux télévisés comme Dan Rather, qui comparaient les effondrements des tours du WTC à des démolitions contrôlées n’avaient pas encore été virés par les républicains sur des accusations fabriquées.

Initialement, les lettres à anthrax, qui ont causées la mort de plusieurs employés des postes, furent vues comme la seconde étape des attaques du 11 septembre. La peur décupla. Les sénateurs et les médias se turent. Puis il fut découvert que l’anthrax utilisé était un type de produit unique produit par un laboratoire militaire du gouvernement américain.

La réponse à ce pavé dans la mare de la propagande du gouvernement, fut la mise en accusation fabriquée par le FBI d’un homme décédé, Bruce Edwards Ivins, qui avait été employé dans le laboratoire militaire qui avait produit cette souche d’anthrax et qui fut mené au suicide par les fausses accusations. Les collègues du mort ne crurent par un mot de la fausse histoire montée par le gouvernement et rien dans le passé du décédé ne pouvait indiquer quelque motif ou instabilité mentale que ce soit qui auraient pu le mener à ce type d’action.

Initialement, le gouvernement américain avait essayé de cadre un certain Jay Hatfill, mais malgré tous les efforts du New York Times (NdT : Rappelons-nous… La voix de la CIA…) et de Nicholas Kristof, la tentative échoua. Hatfill reçût 5 millions de dollars du gouvernement en dédommagement des accusations qui ont ruinées sa vie. Puis le gouvernement corrompu s’est acharné sur Ivins.

Ivins était mort et ne pouvait plus se défendre, mais ses collègues le firent pour lui.

Cet épisode pue jusqu’aux cieux. La justice est quelque chose qui existe en dehors des frontières des États-Unis. Ne vous attendez jamais à trouver une forme de justice aux États-Unis.

La plupart des Américains ne sont pas au courant à quel point le gouvernement fédéral possède les experts qui peuvent contredire ses propres histoires à dormir debout. Par exemple, aucun physicien compétent ne peut croire en la version officielle de la destruction des trois tours du WTC ; mais les départements de physique des universités américaines sont très dépendants de l’argent fédéral pour leurs recherches. Tout physicien qui dirait ce qu’il pense non seulement mettrait en danger sa propre carrière mais aussi celle de ses collègues. Le physicien Steven Jones, qui fut le premier à pointer sur la thermite dans la destruction des tours, a dû avant de parler, être d’accord pour que son université lui rachète sa “tenure” (NdT : emploi garanti jusqu’à la retraite) ou son université aurait dû faire face à la perte du financement fédéral.

La même chose se produit dans le secteur privé bien entendu. Les architectes de grattes-ciel et les ingénieurs de structure qui expriment des doutes au sujet de l’explication officielle de l’effondrement des trois tours du WTC sont vus, tout comme leurs client potentiels, comme des prosélytes du fondamentalisme islamique et des fondus conspirationnistes. Les clients, bien sûr, n’ont aucune connaissance experte sur laquelle se fonder pour juger de l’affaire, mais ils sont endoctrinés avec la répétition incessante et le lavage de cerveau en règle que les attentats du 11 septembre furent perpétrés par Oussama ben Laden. Leur endoctrinement les immunise contre les faits.

Le mensonge du 11 septembre a persisté depuis 13 ans maintenant. Des millions de musulmans ont payé ce mensonge de leur vie, de la destruction de leurs familles et de la dislocation de leurs sociétés. La plupart des Américains demeurent confortables avec le fait que leur gouvernement a détruit entièrement ou en partie sept pays en ayant pour fondement un mensonge que Washington a instruit de couvrir le crime qu’il a perpétré pour lancer la folle poussée néo-conservatrice de Washington pour l’empire et l’hégémonie mondiale.

 

 

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17 mars 2015

Le "Patriot Act" arrive en France

Cet article du Monde nous apprend comment le gouvernement français utilise les attentats de janvier 2015 pour mettre en place le "Patriot Act" à la française afin de surveiller la population et restreindre les libertés individuelles. La façon de présenter les choses est très "positive" et bienveillante pour le gouvernement, aussi j'ai moi-même mis en valeur certains passages de cette façon.

 

Le gouvernement veut légaliser certaines techniques du renseignement français

 

http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/03/17/le-renseignement-ne-sera-plus-hors-la-loi_4595030_3224.html

LE MONDE | 17.03.2015 à 10h52 • Mis à jour le 17.03.2015 à 12h46

Les services français de renseignement vont pouvoir travailler en toute légalité sur le territoire national. Le projet de loi sur le renseignement, présenté jeudi 19 mars en conseil des ministres, rend légales et encadre des pratiques jusqu’ici utilisées sous le manteau par les agents des six services de renseignement. En dehors de toute enquête judiciaire, donc sans être placés sous le contrôle d’un juge, les agents pourront désormais sonoriser des véhicules, des habitations, des bureaux, y placer des caméras, poser des balises de géolocalisation, consulter le contenu des ordinateurs et des messageries sur Internet.

Lire aussi : Débuts difficiles pour le blocage des sites Internet djihadistes

En réalité, ces méthodes étaient déjà couramment utilisées, mais sans que cela soit prévu par la loi, au risque de fragiliser l’action des services. Anticipant des critiques sur de possibles atteintes à la vie privée et au secret des correspondances, le gouvernement met en avant le rôle d’une nouvelle autorité administrative indépendante, qui sera chargée de contrôler « la proportionnalité » des moyens employés au regard de la menace encourue.

Lire aussi : Le premier contrôle parlementaire du renseignement ménage les services

Comme un symbole de la priorité donnée au renseignement depuis les attentats de janvier, le projet de loi sera présenté en conseil des ministres et défendu sur les bancs de l’Assemblée nationale par le premier ministre, Manuel Valls, lui-même, et non par le ministre de l’intérieur. Une première sous ce gouvernement.

En préparation depuis près d’un an, le texte – dont Le Monde a pu se procurer la version soumise au Conseil d’Etat pour avis – offre aux services de renseignement de nouveaux moyens d’investigation. Ils auront le droit d’utiliser notamment des Imsi-catchers, ces appareils qui permettent de capter toutes les communications dans un périmètre donné, celles du suspect poursuivi mais aussi celles de toutes les personnes se trouvant dans son voisinage.

Les services de renseignement devraient avoir également la possibilité « pour les seuls besoins de la prévention du terrorisme » d’éplucher en temps réel les données informatiques, y compris les conversations sur Skype, les messages instantanés sur Facebook et Twitter. Enfin, le gouvernement veut également contraindre les entreprises gérant les réseaux sociaux et les moteurs de recherche sur Internet, peu enclines à livrer les données de leurs clients, à signaler toute dérive.

Ainsi il est prévu que le premier ministre puisse « ordonner aux opérateurs de communications électroniques et aux fournisseurs de services de détecter, par un traitement automatique, une succession suspecte de données de connexion » sous réserve que l’anonymat des utilisateurs « ne soit levé qu’en cas de révélation d’une menace terroriste ». En l’espèce, il s’agit de tirer les enseignements des événements de janvier et d’avertir les services de renseignement dès lors que, comme Amedy Coulibaly, le tueur de l’Hyper cacher de la porte de Vincennes, un internaute effectue des recherches ciblées sur différents lieux ayant pour seul point commun d’être fréquentés par la communauté juive.

« Une avancée considérable »

La plupart de ces outils sont déjà utilisés en toute illégalité. Ils seront dorénavant accessibles sur simple autorisation administrative. Le gouvernement est parti du constat dressé dans un rapport de mai 2013 (PDF). Ses auteurs, le président (PS) de la commission des lois de l’Assemblée nationale Jean-Jacques Urvoas et le député (UMP) Patrice Verchère, y soulignaient que l’absence de texte de loi précisant les contours juridiques du travail de renseignement « expose notre pays, mais aussi ses services et leurs agents, au risque d’une condamnation par les juridictions nationales comme par la Cour européenne des droits de l’Homme ».

La France a d’ailleurs déjà été condamnée par la CEDH, dans l’arrêt « Vetter contre France » du 31 mai 2005, pour avoir procédé, en 1997, à la sonorisation d’un appartement sans base juridique suffisamment précise. Le présent projet de loi vient donc combler un vide. « Pour nous, c’est une avancée considérable. Jusqu’ici, nous étions complètement hors la loi », avoue un haut gradé de la police spécialisé dans le renseignement.

Le texte présenté par Manuel Valls insiste à plusieurs reprises : si les moyens des services de renseignement sont renforcés, c’est toujours « dans le strict respect des libertés individuelles ». Et non, ce n’est pas un Patriot Act à la française, jurent différents contributeurs du projet de loi, en référence aux mesures antiterroristes prises par les Etats-Unis après les attaques du 11 septembre 2001.

Lire aussi : Pour Manuel Valls, il faut envisager de « nouveaux dispositifs » en matière de sécurité

Pour garantir le respect des libertés publiques, le gouvernement crée une nouvelle autorité administrative indépendante, la commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), appelée à remplacer la commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS). La CNCTR sera chargée de vérifier la proportionnalité des moyens, qui ne pourront être engagés qu’après son avis favorable. Un contrôle a priori, donc.

Toutefois le projet de loi prévoit le cas d’un contrôle a posteriori, qui prend bien soin de ne pas dire son nom : « En cas d’urgence liée à une menace imminente ou à un risque très élevé de ne pouvoir effectuer l’opération ultérieurement, le dispositif peut être mis en œuvre immédiatement. » Avec deux garde-fous pour le moins limités. Le premier, imprécis, précise que le premier ministre et la CNCTR doivent en être informés « sans délai ». Le second paraît peu probable : « le premier ministre peut ordonner sa cessation immédiate ».

En revanche, si des citoyens pensent être surveillés, ils pourront saisir la commission ou le conseil d’Etat qui pourra, le cas échéant, « annuler une autorisation jugée irrégulière, ordonner la destruction des renseignements recueillis et indemniser le requérant ». Céline Berthon, secrétaire générale du Syndicat des commissaires de la Police nationale (SCPN), se veut rassurante : « Il est nécessaire de sortir d’une mystification : il ne s’agit pas de donner de blanc-seing à des barbouzes. Dès lors que les modalités de contrôle sont cohérentes et adaptées, les services de renseignement sont au contraire en demande pour sortir du système imparfait actuel. »

Avec un cadre juridique sécurisé et des moyens techniques supplémentaires, l’action des services se trouve renforcée. À condition de ne pas oublier l’essence du métier de renseignement - l’analyse et la filature. Au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo, les « failles » évoquées par Manuel Valls dans la surveillance des frères Kouachi n’étaient pas de nature technologique mais humaine.

  • Matthieu Suc

 

3 novembre 2018

Cyrano s’emporte à la tribune : "Le voilà votre pognon de dingue..."

par OZI sur Agoravox le 01/11/2018.

Texte de François Ruffin :

"Madame la ministre, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur général, en quelle langue faut-il donc vous le dire ?

En anglais : what a waste  ! En italien : che spreco  ! Je veux bien, même, essayer en chinois : touome lang fei  !

En français, tout de même : quelle gabegie ! Quel gâchis colossal !

J’ai découvert le scandale, un matin, en écoutant la radio – je roulais dans mon Berlingo : « D’après un rapport de France Stratégie, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi aurait permis de créer ou de sauvegarder 100 000 emplois. » C’est le genre de calcul que j’aime bien faire dans ma tête ; ça fait passer le temps au volant. Allons-y ensemble : le CICE coûte aux alentours de 20 milliards d’euros par an ; si l’on divise cette somme par 100 000 emplois, on obtient 200 000.

J’ai dit à mon collaborateur, Vincent, qui était à côté de moi (Mêmes mouvements)  : « Tu te rends compte : 200 000 euros par emploi et par an ! C’est pas possible, j’ai dû m’emmêler dans les zéros… » Sur le siège passager, Vincent a vérifié sur son téléphone portable : « C’est bien ça : 200 000 euros par an pour un emploi. »

Cela paraissait tellement incroyable, tellement délirant, tellement surréaliste ! Si j’étais informaticien, je fabriquerais un « convertisseur de CICE ». Vous saisiriez le nom d’un métier, « infirmier » par exemple. C’est la débâcle dans les hôpitaux, on le sait tous : les patients attendent des nuits entières aux urgences ; les établissements parisiens épuisent leurs salariés ; dans d’autres, le personnel apporte son propre papier toilette. Bref, l’hôpital est au bord de la crise de nerfs. Donc, embaucher des infirmiers, qui est contre ? Eh bien, ces 20 milliards de CICE, ça fait 625 000 infirmiers !

Mais vous avez raison : il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Avec mon convertisseur, chacun pourrait se faire son propre mix, ses embauches idéales : des accompagnants pour les enfants handicapés, des animateurs pour le périscolaire, des auxiliaires pour les personnes âgées, des inspecteurs du travail… et tout ça, par centaines de milliers. Est-ce que vous saisissez, maintenant, l’énormité de ces 20 milliards ?

Et à qui profite ce CICE ? Pour moitié aux multinationales. Le premier bénéficiaire dans le privé, c’est Carrefour, Carrefour qui licencie 4 500 caissières et autres employés, Carrefour qui reçoit, néanmoins, 130 millions d’euros au titre du CICE, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi.

Emploi, emploi… ça ne vous choque pas ? Dans tout le pays, il n’y a qu’ici que ça ne choque pas ! Tous les experts vous le disent : le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi est une gabegie. Le comité de suivi de France Stratégie le dit. La fédération « Travail, emploi et politiques publiques » du CNRS le dit. Le laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques le dit. Toutes ces études aboutissent à la même conclusion : un effet quasi-nul.

Malgré ces rapports, ces études, ces évaluations, que décidez-vous ? Que décidez-vous après la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune, après la flat tax, après la suppression de l’exit tax, après la baisse de l’impôt sur les sociétés ? Vous décidez de poursuivre le CICE, de le pérenniser en allégements de charges et même, pour cette année, de le doubler, en le faisant passer à 40 milliards d’euros. Quarante milliards, c’est, pour 2018, douze fois le budget de l’agriculture, quatorze fois celui de la culture, quatre fois celui de l’écologie !

Mais vous êtes sourds.

Vous êtes sourds aux faits ; vous êtes sourds aux Français ; vous êtes aveuglés par votre dogme. Ces chercheurs, de France Stratégie ou du CNRS, devraient abandonner leur langue convenue et convenable. Ils devraient vous l’écrire en très grand, en lettres clignotantes, tout en klaxonnant : gaspillage ! Gaspillage ! Gaspillage !

Ou alors, comme Cyrano de Bergerac, ils devraient vous le déclamer.

Généreux : « Moi, si j’avais un tel magot dans ma besace, /Il faudrait sur le champ que je le partageasse ! »

Curieux : « Dites-moi, de quoi sert ce fabuleux pécule ? /Aimez-vous à ce point les très grandes fortunes / Que paternellement vous vous préoccupâtes / De leur tendre ce chèque de 40 000 patates ? »

Dramatique : « Ô rage ! Ô désespoir ! C’est le peuple que l’on saigne ! /Mais pour les millionnaires, quelle formidable aubaine ! »

Agressif : « Le voilà donc, monsieur, votre « pognon de dingue » /Pour que l’oligarchie fasse follement la bringue ! »

Quarante milliards, donc ! Quarante milliards ! Et en même temps, vous osez. En même temps, vous osez geler les pensions de retraite. En même temps, vous osez geler les allocations familiales.

En même temps, vous osez geler les pensions d’invalidité.

Vous vous rattrapez sur les familles pauvres, sur les personnes âgées, sur les personnes handicapées. Sur elles, vous allez gratter 7 milliards. À elles, vous criez la nécessité de l’effort budgétaire. Vous osez. Bravo ! Chapeau !

Victor Hugo écrivait : « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches. » Vous êtes les maîtres d’œuvre de cette injustice ! Vous êtes le bras armé de cette iniquité !"

Source : https://francoisruffin.fr/cice-cyrano/?fbclid=IwAR3HpvuqQbHl7PlCC5GyDyl7lTtNhS2HNDVssg-x-KG_SpVB6WxD51uMJ8M

6 janvier 2013

Le ciel t'aidera ? Non, il t'observera

Sur http://www.rue89.com/2012/12/29/apres-lirak-et-lafghanistan-les-drones-envahissent-le-ciel-americain-238186 le 29/12/12

Après l’Irak et l’Afghanistan, les drones envahissent le ciel américain

Utilisés par l’armée américaine en temps de guerre, les drones surveillent désormais aussi les citoyens, ce qui inquiète les défenseurs de la vie privée.

Demain, le futur ? Le ciel des Etats-Unis pourrait bientôt être envahi de dizaines de milliers de drones. 30 000 d’ici 2020. Leur mission : surveiller les citoyens américains.

On connaît les drones pour leur utilisation par l’armée américaine en territoire étranger. Des bombardements à la télécommande qui ont fait beaucoup de morts dits « collatéraux ».

Mais ils sont aussi utilisés dans le ciel américain. La police des frontières les utilisent depuis 2005 pour repérer les immigrants clandestins et le trafic de drogue entre les Etats-Unis et ses deux voisins, le Mexique et le Canada. A quelques reprises, et sous des conditions restreintes, le FBI (le Bureau fédéral d’investigation) et la DEA ( l’Agence de lutte contre les trafics de drogue) ont été autorisés à emprunter les robots volants de leurs collègues. En juin 2011, les forces de l’ordre du comté de Nelson (Dakota du Nord), procédaient à la première arrestation de citoyens américains assistée d’un drone.

Espions-robots

Ce n’est que le début... la « dronaïsation » du territoire s’accélère. En février de cette année, le congrès a voté une loi pressant l’Administration fédérale de l’aviation (la FAA) d’élargir les conditions de survol du territoire domestique aux drones. En plus de l’armée, le secteur privé et les agences civiles du gouvernement (au niveau fédéral, des Etats et local) seront autorisés à faire flotter les engins dans l’espace aérien américain.

Selon le Christian Science Monitor, il y aurait déjà plus de 110 bases d’activité pour les drones, actuelles ou en construction, dans 39 Etats. La Electronic Fontiere Fondation a établi une carte répertoriant les autorisations données, ou en attente, pour leur utilisation. Le pays entier est quadrillé.

D’un point de vue technologique, les drones sont de redoutables espions. De la taille d’un avion ou aussi petit qu’un colibri, ils peuvent être équipés de caméras infrarouges, de détecteurs de chaleur, de GPS, de détecteur de mouvement, d’un lecteur automatisé de plaque d’immatriculation et on leur prête un prochain système de reconnaissance faciale.

Le scénario de science-fiction ne fait pas sourire les défenseurs de la vie privée, qui s’inquiètent d’un « Etat de surveillance ».

Surveillance non-consensuelle

Dans son article sur l’imminente « attaque des drones » pour le Guardian, Naomie Wolf publie un document non-classifié de l’armée de l’air américaine, clarifiant les limites de la « surveillance dronaire ». On y apprend que les robots-espions ne pourront pas « mener de surveillance non-consensuelle sur des personnes américaines spécifiquement identifiées, sauf si approuvé expressément par la secrétaire à la Défense. »

Une bonne nouvelle... jusqu’à ce qu’on lise entre les lignes. Tout d’abord, cela veut dire que la surveillance contre leur gré des citoyens américains ne dépend que de l’approbation de la secrétaire à la Défense. Comme l’écrit Naomie Wolf :

« Le Pentagone peut désormais envoyer un drone domestique rôder autour de la fenêtre de votre appartement, recueillir des images de vous et de votre famille, si la secrétaire de la Défense l’approuve. »

Cela veut dire aussi que des personnes américaines non « spécifiquement identifiées » – « une détermination si vague qu’elle en perd son sens » – pourraient être surveillées à leur insu. Comme par exemple « un groupe de militants ou de manifestants », interprète l’auteure américaine.

La fin du 4e amendement

La surveillance des citoyens par les drones a déjà commencé. A titre d’entraînement. C’est ce qu’à découvert un journaliste du New York Times lors d’un reportage (en groupe) sur la « drone zone », une base d’entraînement pour les « pilotes » de drones.

« Cela n’a pris que quelques secondes pour comprendre exactement ce que nous regardions. Un véhicule blanc, roulant sur l’autoroute à côté de la base, arrivait dans le viseur au centre de l’écran et était traqué alors qu’il roulait vers le sud le long de la route déserte. Quand le véhicule sorti de l’image, le drone commença à suivre une autre voiture.

“ Attendez, vous vous entraînez à traquer l’ennemi en utilisant des voitures de civils ?”, demanda un journaliste . Un officier de l’armée de l’air répondit que ce n’était qu’une mission d’entraînement et le groupe (de journalistes, Ndlr) a été précipité hors de la pièce. »

Si les informations peuvent être collectées à l’insu des citoyens américains, sous des conditions vagues, que deviennent-elles ensuite ? Là encore, le document de l’armée de l’air réserve quelques surprises.

Il indique qu’en cas d’informations sur un citoyen américain « reçues par inadvertance », l’unité en question peut conserver ces informations jusqu’à 90 jours, pour déterminer si elles peuvent être gardées de façon permanente. « Ce qui en finit pour de bon avec le quatrième amendement », – amendement qui protège les citoyens américains contre les perquisitions et saisies non motivées et non justifiées –, juge Naomie Wolf.

1984

Les américains accueillent les drones avec méfiance. A la question « A quel point seriez vous inquiet si les forces de l’ordre américaine commençait à utiliser des drones avec des caméras haute technologie ? » posée lors d’un sondage réalisé par l’université de Monmouth, 42 % ont répondu qu’ils seraient « très inquiets ».

Ils s’opposent également en masse (67 %) à l’utilisation des drones lors de dépassement de vitesse. Ils sont cependant largement favorable à l’utilisation des robots pour contrôler l’immigration illégale, pour poursuivre des criminels ou encore pour des missions de recherche et de secours (respectivement 64 %, 67 % et 80 %).

Dans un article de la Stanford Law Review, le spécialiste de la vie privée et la robotique, Ryan Calo, s’excuse de l’inévitable référence au livre 1984 de George Orwell et écrit :

« Les citoyens ne bénéficient pas d’une intimité raisonnable en public, même pas sur les portions de leur propriété, visible depuis un lieu public. En 1986, la Cour Suprême n’a pas estimé qu’il s’agissait d’une fouille lorsque la police vola au dessus du jardin d’un suspect avec un avion privé. Quelques années plus tard, la Cour a accepté des preuves obtenues par un officier qui avait regardé depuis un trou dans le toit d’une serre depuis un hélicoptère. Ni la constitution, ni la “ common-law ” ne semblent interdire aux médias ou à la police de faire de la surveillance quotidienne avec des drones. »

14 mars 2012

Les millardaires vous remercient

Posté par 2ccr le 22 novembre 2011 sur http://2ccr.unblog.fr/2011/11/22/les-milliardaires-vous-remercient-2/

Les 1.000 milliardaires recensés sur cette planète vous remercient pour votre formidable aptitude à les enrichir quotidiennement, en privilégiant leurs produits manufacturés, payés des clopinettes aux milliards d’esclaves des pays sous développés, et que vous achetez cent fois plus cher chez vos commerçants locaux.

Les 500 grandes multinationales qui contrôlent 52% du produit brut et détiennent davantage que les 133 pays les plus misérables, sont ravis que vous vous précipitiez dans leurs grandes surfaces tueuses de petits commerces. Leurs banques peuvent aussi racheter avec les intérêts de vos emprunts les faillites de vos centre-ville, afin d’y installer leurs robots distributeurs inhumains mais bien plus rentables, puisque n’étant pas soumis aux cotisations sociales.

Les 358 familles les plus riches qui possèdent la moitié de la fortune mondiale se régalent à l’idée que vous achetiez leurs produits et apprécient la pub que vous faites pour leurs noms désormais célèbres. Elles se réjouissent que vous acceptiez de payer très cher leurs marques afin  de paraître plus riches que vous n’êtes. Et trouvent amusant que vous ayez la gentillesse de bien vouloir les porter en circulant en ville, afin que tout votre petit monde les voient, les envient, et ainsi les achètent à leur tour. Merci de favoriser leurs commerces et de suivre leurs modes très vite obsolètes, mais aussi rapidement renouvelées.

Les milliardaires du monde entier et leur cohorte des plus belles filles du monde qui font la une des magazines que vous achetez, remercient également vos armées de bien vouloir, aux frais de vos peuples et des contribuables, faire respecter l’ordre dans les couloirs que franchissent nos yachts en acajou pour pouvoir en paix rejoindre nos nombreux paradis fiscaux. Ceci nous encourage à continuer encore longtemps, puisque c’est à vous que nous devons de nous gaver quotidiennement de caviar, de champagne, de dormir dans des suites cinq étoiles et de rouler en somptueuses voitures de sport.

Continuez donc bien sagement à vous en prendre aux fonctionnaires feignants, aux cloportes gauchistes et aux grévistes preneurs d’otage et autres salauds comme Chavez. Pendant que l’on fait assassiner peinard les journalistes d’opposition au Honduras et les syndicalistes tout frais du jour en Colombie dans la plus exquise des confidentialités, rien ne se sait et tout se poursuit. Merci également de nous laisser exploiter les dernières ressources planétaires tout en détruisant la nature avec une certaine désinvolture. Et ensuite c’est vous qui payerez au bout de la chaine de distribution, le supplément que représente l’horrible problème posé par les déchets qui débordent dans vos poubelles et infesteront vos vies et celles de vos générations futures.

Merci encore, de soutenir les contre-réformes consistant à vous déposséder (au nom de la compétitivité) de vos derniers droits sociaux, et d’accepter une baisse constante de vos salaires.

Merci surtout de dépenser votre énergie à vous dévorer entre vous, à vous défouler consciencieusement sur du bouc émissaire à forte teneur appauvrie, car sans cela, je dois bien vous l’avouer, à 1000 contre 7 milliards, on aurait quand même un peu de mal à garder nos distances.

Texte original et intégral sur Le collectif des va s’y milliardaires http://www.zinfos974.com/

 

20 mars 2012

Discours du 18 mars

Discours de M. Mélenchon, le 18 mars 2012, sur la place de la Bastille.

Nous sommes rassemblés parce que nous allons faire de cette élection une insurrection civique ! Se se donnant rendez-vous dans les urnes, elle va commencer la révolution citoyenne qu’il est nécessaire d’accomplir pour changer en profondeur la vie du peuple qui pâtis, ouvrir la brèche qu’attend toute l’Europe de son volcan français !

Oui, ça se voit, ça se sent, ça se sait, le printemps est là dans trois jours et chaque matin qui se lève, la lumière étend son domaine et la nuit se replie.

Viennent le temps des cerises et des jours heureux !

Tel est notre premier message pour tous ceux qui nous entendent et nous écoutent sur cette place, dans les rues où l’on ne peut avancer et dans chaque foyer où l’on nous regarde, ici, en France métropolitaine et d’Outre-mer, partout où l’on parle où l’on rêve français, en Europe et dans le monde !

Ce grand mouvement ne libèrera pas seulement ce que nous sommes mais tous ceux qui subissent des servitudes. Nous adressons notre salut fraternel et notre solidarité au peuple grec, aux Espagnols, aux Portugais, aux Italiens, à tous ceux qui ont, pour l’instant, sur leur tête le plomb de l’oppression venu de l’abjecte troïka ! Elle a décidé, dorénavant, de contrôler chaque peuple et il faudrait, paraît-il, lui demander l’autorisation de disposer librement de nous !

Ici, sur cette place, nous faisons le serment que si c’est nous qui sommes appelés à reconstituer la règle du jeu de notre pays en convoquant la constituante qui est nécessaire, alors plus jamais une seule délégation de souveraineté du peuple ne sera accordée sans qu’il ait été consulté par voie de référendum !

La souveraineté du peuple !

Telle est la grande question qui dorénavant va occuper toute l’Europe, une nouvelle fois engagée dans une entreprise qui commet la même erreur qu’aux précédentes saisons de l’histoire ! On la construit sans les peuples et sans la démocratie.

Alors, pour commencer cet immense chantier tout d’abord chez nous, en France, nous sommes venus au bon endroit à la bonne date !

Le bon endroit, ici, où a été juré une première fois le serment de se rassembler pour empêcher par tous les moyens dont nous disposons que les fascistes s’emparent de la patrie.

Cette place où a été, en 1935, rassemblée cette manifestation féministe qui déjà voulait briser les chaînes du patriarcat, en demandant que le suffrage soit réellement universel !

Cette place où a été brûlé le dernier trône des Rois.

Cette place où tout commence toujours et qui est le point de départ de toutes les révolutions.

Et d’abord de la première : celle qui se fit en 1789, abattant la citadelle des tyrans, celle qui se fit avec des mots et des principes si grands qu’ils rendaient possible d’être Français où que l’on soit dans le monde et ici même en France, que ses parents l’aient été ou non, du moment que l’on s’accorde pour dire et reconnaître comme égal quiconque qui dit comme nous : « Liberté , égalité, fraternité ! »

Nous sommes à la bonne date, le 18 mars, commencement de la grande et glorieuse Commune de Paris.

Voici parmi nous l’ombre d’une femme, Louise Michel, à qui nous nous dédions. Voici que nous répondons à notre tour, à l’appel de Jules Vallès et de celui du peuple qui conduit la première insurrection par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! »

Et nous ne disons rien d’autre aujourd’hui !

A la bonne date, cinquante ans à la fin des combats en Algérie ! Je déclare au nom du peuple ici rassemblé que la guerre est finie et que nous ne permettrons pas qu’on la recommence ici. Nous sommes une même famille, peuples du Maghreb, une même nation, peuples arabes, berbères et nous, peuple français !

Après le silence des armes, nous devons à nos enfants la paix des coeurs.

Peuple français, médite à cette occasion la terrible leçon de ton histoire !

Là où n’a plus cours la liberté totale des consciences politiques, là où n’a pas cours la fraternité, alors la France n’est plus possible !

C’est pourquoi il nous faut, aujourd’hui, dans cette France défigurée par les inégalités sociales, territoriales, culturelles, tourner la page, une nouvelle fois, de l’ancien régime, commencer un nouveau chapitre, comme c’est notre tradition, divers que nous sommes, en refondant la république fraternelle et égale !

Et nous commencerons par où il nous faut commencer. En convoquant cette constituante, nous commencerons par la première de toutes les égalités qu’il est indispensable de constituer : la parité !

Cette constituante devra être strictement égalitaire et ainsi commencera la marche de l’égalité . L’égalité par quoi tout commence en France, nous conduira à proclamer la fin des privilèges du capital, l’établissement de la citoyenneté en entreprise, corrigeant ce qui n’a pas été achevé, car comme l’a dit Jean Jaurès, la grande révolution a rendu les Français rois de la cité mais serfs dans leur entreprise !

Les droits nouveaux des travailleurs, le droit de veto, le droit de préemption sur la propriété du capital pour les travailleurs qui se constitueraient en coopérative ouvrière, le droit de réquisition par la patrie lorsqu’un bien est réputé commun.

C’est nous qui inscrirons ce droit nouveau d’une propriété collective humaine des biens de base tels l’eau et l’énergie.

C’est nous qui donnerons toute sa place à la dignité de l’amour humain en étendant à tous les couples les droits qui s’attachent aujourd’hui aux couples hetéro-sexuels.

Liberté !

C’est elle que nous voulons faire cheminer sur la route de l’égalité !

Liberté !

Il faut que les droits fondamentaux de la personne humaine entrent dans la constitution.

Et le premier d’entre tous, le droit de disposer de soi sans entrave aucune.

C’est nous qui mettrons dans notre constitution, pour que personne ne soit tenté d’y toucher quand les menaces s’accumulent, le droit à l’avortement qui reconnaît à chacune le droit de disposer d’elle-même, son corps n’étant la propriété de personne.

C’est nous qui mettrons dans notre constitution le droit de décider de sa propre fin et d’être assisté lorsqu’on en décide.

C’est nous qui installerons la liberté de conscience la plus absolue, et qui, pour cela, déciderons que la laïcité qui est inscrite dans la constitution sera étendue à tous les territoires de la République.

C’est nous qui dirons que la liberté sur la Toile est inaliénable et qu’il ne sera jamais permis de faire Hadopi !

C’est nous qui interdirons, fondant en cela un principe nouveau, une fois et pour toujours, que le vivant soit breveté et qu’il y ait une propriété privée de l’existence elle-même !

C’est nous qui libèrerons, une bonne fois, la justice en faisant en sorte que son indépendance , dorénavant, ne soit plus garantie par un homme, surtout après avoir vu à l’usage, ce qu’il avait été fait de cette garantie par le passé.

Dorénavant, nous placerons l’indépendance de la justice sous la protection et l’indépendance du parlement lui-même.

France d’égalité, de liberté, tu te dois d’être la patrie de la fraternité et des devoirs humains totalement accomplis.

Nous, dans notre constitution, nous regarderons tous les enfants qui nous sont donnés d’un même œil ! En France, dorénavant, nés sur la Terre de France, Français !

Droit du sol intégral !

Tel est le premier devoir de la fraternité humaine.

Et en voici un autre, nouveau, qu’il s’agit d’assumer.

Nous sommes, nous, coresponsables de l’écosystème dans lequel vivent tous les êtres humains et sans lequel pas un seul d’entre eux ne peut vivre ni mener quelque querelle politique que ce soit. C’est pourquoi nous accomplirons notre devoir à l’égard de l’humanité universelle.

Nous proclamerons que les Français s’obligeront par leur constituante à s’acquitter de leur devoir en éteignant la dette écologique.

Et que plutôt que leur fichue règle d’or qui ne concerne que leur portefeuille, nous appliquerons la règle verte qui ne concerne que la planète !

Oui, notre rassemblement commence une insurrection !

Peuple qui s’était dissous dans l’abstention, dans le refus d’obtempérer aux injonctions « des petits je sais tout », aux mauvais qui leur donnent des conseils et qui, quand c’est leur honneur et leur devoir de porter les paroles des Français, quand les Français disent « non » , disent que nous aurions dit « oui » : ceux qui nous ont trahi, notre premier devoir, pour commencer notre chemin, est de nous en débarrasser !

Telle est la première tâche que doit accomplir notre insurrection citoyenne si elle veut pouvoir ensuite se donner le grand rendez-vous de la révolution citoyenne !

Machado, le poète a dit que « le chemin se fait en marchant ».Cette marche nous l’avons commencée depuis la Nation et nous nous sommes retrouvés ici à Bastille pour une étape dont nous continuerons la trajectoire bientôt, de la Bastille des Révolutions jusqu’à la place de la sixième république.

Nous sommes le cri du peuple ! Des ouvrières et des ouvriers précarisés, humiliés, méprisés, abandonnés !

Nous sommes le cri du peuple ! Celui de la femme qui met au monde un enfant dans un camp de rétention.

Nous sommes le cri du peuple ! Celui de l’enfant qui n’a pas de toit et qui n’a pas d’instituteur quand il va à l’école !

Nous sommes le cri du peuple ! De tous ceux qui, prêts à apporter le concours de leur intelligence et de leur créativité, qui parfois mèneraient bonne vie, refusent d’appliquer la morale de l’égoïsme qui dit : « Profite et tais-toi ! »

Je vous appelle à commencer ces privilèges des peuples !

Ouvrez en France la brèche par laquelle ensuite passera le vote des Grecs, puis en octobre prochain celui des Allemands qui souffrent des merveilles du prétendu modèle libéral !

Voici le printemps !

Faites votre devoir en accourant à la rescousse partout où les luttes ouvrières vous appellent !

Faites votre devoir en vous découvrant les uns les autres ! Mettez à la mode la couleur rouge !

Prenez les places et les rues de la République comme vous le pouvez dans chaque ville et dans chaque village de France !

Et vous autres, à Toulouse, sur le Capitole, à Marseille au Prado, organisez la réplique du 18 mars à la Bastille !

Assemblez-vous par milliers vous souvenant de l’appel sacré que vous ont adressé ceux qui vous ont précédé dans cette lutte, inscrivant dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793 :

« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré et le plus indispensable des devoirs ! »

Vive l’humanité universelle !

Vive la France !

Vive la République !

Vive la Sociale !

 

L’Internationale. La Marseillaise.

 

10 avril 2018

Macron, "le petit" et la révolte

Macron « le petit » et la révolte des « sans-dents et des gens qui ne sont rien »

par Mohamed Belaali
lundi 9 avril 2018 sur Agoravox

 

Après Sarkozy et Hollande, voilà donc Macron, le nouveau serviteur des riches. « Macron, c'est moi en mieux » disait Sarkozy (1). Ce qui caractérise ces trois présidents c'est leur soumission absolue aux puissants et leur mépris profond pour le peuple. La guerre ouverte et sans répit que mène aujourd'hui Macron, comme hier Sarkozy et Hollande, contre l'immense majorité de la population a au moins le mérite de démystifier l’État républicain, la démocratie, la liberté de la presse, la séparation des pouvoirs, les droits de l’homme et bien d’autres concepts de l’idéologie bourgeoise dont la fonction principale est de masquer la violence des rapports sociaux de domination. Après quelques mois seulement du « macronisme », le masque tombe et le visage hideux de la classe dirigeante apparaît alors au grand jour.

 

Les exigences de la bourgeoisie en matière économique, sociale et politique sont satisfaites avec un zèle rare : destruction du code du travail, précarisation et flexibilisation de l'emploi, démantèlement du service et de la fonction publique, suppression des contrats aidés, baisse du montant de l'APL(Aide Personnalisée au Logement), augmentation de la CSG (Contribution Sociale Généralisée) pour les retraités, baisse programmée des retraites, flicage des chômeurs, sélection à l'entrée de l'Université, suppression de l'impôt sur la fortune (ISF), prélèvement forfaitaire unique (PFU) ou « flat tax » plafonné à 30 %, sur les revenus du capital (intérêts, dividendes, plus-values de cession de valeurs mobilières etc.), projet de loi pour museler davantage encore la liberté d'expression, intégration de l'état d'urgence dans le droit commun, projet de privatisation de la SNCF, mépris absolu des migrants etc. etc. Et il ne s'agit là que d'un début ! D'autres décisions encore plus violentes pour les plus démunis viendront allonger cette interminable liste de mesures en faveur des riches. C'est un véritable hold-up sur la richesse de toute une nation.

La bourgeoisie est aux anges. Aucun autre président ne l'a comblée autant que Macron. Ni Chirac, ni Sarkozy, ni Hollande n'ont mené une politique aussi brutale et aussi rapide contre le peuple et pour la minorité des puissants. Pour l'instant, le triomphe de Macron semble total.

 

Victor Hugo disait de Napoléon le petit « M. Louis Bonaparte a réussi. Il a pour lui désormais l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort, et tous ces hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que de la honte » (2). On peut également ajouter que Macron a pour lui une arme redoutable et décisive, les médias du grand capital. Les moyens de communication de masse demeurent l’instrument le plus efficace pour inculquer cette idéologie défaitiste et anesthésier une population déjà traumatisée par le chômage et la précarité. Pire, les mensonges véhiculés jour et nuit par les médias bourgeois sont intériorisés par les plus démunis. Le contenu mensonger de cette intense propagande idéologique, bien qu'il soit contredit quotidiennement par les faits, s'efface pour ainsi dire totalement. Les dominés participent ainsi, sans le vouloir, au maintien de leur propre servitude. La propagande et l’endoctrinement permanents remplacent l’information, le faux devient vrai et les apparences se confondent avec la réalité. Les intérêts d'une classe, la bourgeoisie, deviennent ceux de toutes les classes.

Les médias bourgeois ne tolèrent et ne supportent aucune critique ni aucune opposition qui va dans le sens des intérêts de l'immense majorité de la population. La caste des journalistes, admirateurs serviles de Macron, se jettent comme des chiens féroces et bien dressés sur celles et ceux qui leur tiennent tête et leur apportent la contradiction. Leur haine des hommes et des femmes qui refusent de courber l'échine devant Macron est totale. Parlant des matinales de France Inter, Jean-Luc Mélenchon disait « Les matinales c’est une expérience extrêmement douloureuse(...), il faut pas se tromper, si je me trompe moi par exemple je dis "y’avait 27.502 chômeurs" aussitôt "ahaha non 704, il s’est trompé, il sous-estime le problème !". C’est des chiens, c’est une horde qui se jette sur vous pour vous dévorer » (3)  ; rien de plus normal dans une société fondée sur la lutte des classes ! Car l'accumulation et la concentration des richesses doivent rester, vaille que vaille, entre les mains d'une minorité d'exploiteurs. Les médias, comme d'ailleurs l'armée, la police, la justice, en un mot tout l'appareil répressif de l’État ne sont que des instruments qui permettent à la classe dominante de perpétuer ses privilèges.

 

Mais les effets dévastateurs de cette politique de classe commencent à se faire sentir et un vent de révolte se lève peu à peu sur une France endormie.Tous les secteurs de la société sont touchés, car tous attaqués brutalement par Macron. Retraités, élèves, étudiants, enseignants, cheminots, éboueurs, électriciens, avocats, personnel hospitalier, salariés d'Air France, des Ehpad, des prisons, de Carrefour, de Casino, de Pimkie etc. font entendre leurs voix et leurs colères un peu partout en France (4).

Le mouvement qui se déroule sous nos yeux prend l'allure d'une lutte de classe à classe c'est à dire un combat politique qui dépasse le cadre syndical. C'est toute la politique du gouvernement et notamment sa politique d'austérité (réductions drastiques des dépenses de la sécurité sociale, de l’Éducation, de la santé, des transports, du logement public... pour les transférer dans les caisses du patronat) imposée par l'Union Européenne et appliquée avec zèle par Macron qui est contestée. L'austérité n'est qu'un paravent hypocrite derrière lequel se cachent les intérêts de la petite minorité d'exploiteurs. Les grévistes et les manifestants se battent également pour la survie des services publics menacés de disparition et contre « la destruction d'une civilisation associée à l'existence du service public » (5). La lutte des cheminots et de tous ceux et celles qui se battent aujourd'hui contre Macron n'est pas un combat pour des privilèges mais pour des droits et des devoirs égaux entre tous les citoyens.

La révolte de ces hommes et de ces femmes, « les sans-dents » comme disait Hollande ou «  ceux qui ne sont rien, les fainéants, les illettrés ... » comme dit Macron (6) est dirigée aussi contre

cette arrogance et ce mépris de classe affichés ostensiblement et exprimés sans retenue par le Président de la République et son gouvernement (7). Cette violence verbale cache mal une haine de classe qui se traduit concrètement par une politique entièrement dédiée à la minorité de la population la plus riche.

 

Personne ne peut prédire aujourd'hui l'avenir de ce mouvement populaire qui est en train de prendre forme. Mais ce qui est sûr, c'est que Macron et la classe qui est derrière lui vont utiliser tous les moyens dont ils disposent pour le dénigrer avant de le réprimer et de l'écraser. Plus la lutte dure dans le temps, plus la classe dirigeante devient brutale, arrogante et odieuse. Elle ne reculera devant rien pour défendre ses intérêts.

Toute l'histoire des luttes des classes le démontre. Le pouvoir politique et la classe qui le soutient mobilisent d'abord les médias pour désinformer, démobiliser et démoraliser les grévistes et les manifestants. Le mot « réforme » (en réalité il s'agit de la destruction des services publics et des acquis sociaux) est répété inlassablement tout au long de la journée et de la nuit. Car les « réformes » sont nécessaires. Il faut donc les accepter et les soutenir. C'est ainsi « qu'en 1995, la quasi-totalité des grands médias ont soutenu « la réforme » de la Sécurité sociale. En 2001, ils ont salué « la réforme » du statut de la SNCF. En 2003, ils ont apprécié « la réforme » du statut des intermittents et se sont félicités de « la réforme » des retraites (et du statut des agents de service dans l’Éducation nationale) » (8).

Mais la bourgeoisie ne s'arrêtera pas là. Elle fera feu de tout bois. Les instituts de sondage, les intellectuels, les experts, les policiers, les CRS, la BAC, les renseignement généraux… seront enrôlés pour venir à bout d’un mouvement, somme toute, pacifique. C'est une véritable guerre déclarée aux travailleurs. Le rapport de force comme on le voit demeure profondément inégal. La bourgeoisie détient tous les pouvoirs, mais elle est en même temps ultra-minoritaire dans le pays. Le peuple, lui, possède un élément décisif pour gagner la bataille, le nombre. Mais cette arme n'est efficace que si des liens fraternels unissent tous les contestataires. Sans cette unité, la plus large possible, le mouvement risque d'échouer et la classe dirigeante, ennemie du progrès, viendra à bout de ce qui reste encore des acquis sociaux.

Toutes les forces du progrès n'ont d'autres choix que d'attaquer frontalement la classe qui a hissé Macron à la tête de l’État afin de briser les chaînes de cet asservissement du travail au capital.

Mohamed Belaali

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(1) http://www.rtl.fr/actu/politique/sarkozy-fan-de-macron-7788868339

(2)Victor Hugo « Napoléon le Petit ». Réédité chez Actes Sud (2007), par Jean-Marc Hovasse.

(3)http://www.acrimed.org/Une-arrogante-replique-de-Patrick-Cohen-a-Jean-Luc-Melenchon-et-ce-qu-elle

(4)http://www.cestlagreve.fr/calendrier/

(5) Pierre Bourdieu, « Contre-feu ». Raison d'agir, page 30.

(6)https://www.lci.fr/politique/video-faineants-gens-qui-ne-sont-rien-illettrees-quand-emmanuel-macron-est-accuse-de-faire-du-mepris-de-classe-2057406.html

(7)https://www.nouvelobs.com/edito/20180406.OBS4742/les-soignantes-de-rouen-et-le-peche-originel-de-macron.html.

(8)Henri Maler et Mathias Reymond « Médias et mobilisations sociales », Editions Syllepse, page 15.

 

30 novembre 2008

Mais de QUI parle-t-il ?

"Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien.

Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l’Europe peut-être.

Seulement voilà, il a pris la France et n’en sait rien faire.
Dieu sait pourtant que le Président se démène :
il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! cette roue tourne à vide.

L’homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux.

Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort. Il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse. Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve énorme, il est impossible que l’esprit n’éprouve pas quelque surprise.

On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l’insulte et la bafoue !

Triste spectacle que celui du galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé."


Victor HUGO,
dans  "Napoléon, le petit"
Réédité chez Actes Sud

20 février 2008

Le "rachat" du droit de grève

Lu dans Libération ce matin :

Une entreprise basée en Aquitaine, propose à ses salariés une prime de 1000 euros qu'ils doivent rembourser si jamais ils ne peuvent garantir «la permanence de leur prestation» ; entendez : si jamais les employés font grève, ils doivent rembourser la somme.
«Face à un mouvement collectif du personnel qui proteste contre le blocage des négociations salariales par la direction, l'entreprise n'a rien trouvé de mieux que de proposer de racheter le droit de grève», a expliqué le syndicat CFDT.
La CFDT a annoncé son intention de porter l'affaire en justice, car pour le syndicat cette proposition est illicite.

11 juin 2008

Tant de travail !... à l'infini ?

Un temps de travail hebdomadaire jusqu’à 65 heures et au-delà, c’est désormais la norme adoptée  dans l’indifférence générale par les ministres européens de l’Emploi. Réunis à Luxembourg le lundi 9 juin, les ministres se sont accordés sur une révision, contestée par la Confédération européenne des syndicats, de la directive européenne sur l’aménagement du temps de travail.

 

3 février 2009

Une analyse pertinente

Le 29 janvier ou le début d'une vraie révolution

Comment interpréter l'ampleur de la journée du 29 janvier ? Pour notre ami Malakine, il faut replacer les manifs de jeudi dernier dans leur contexte historique: la crise a décillé les Français sur la mondialisation et le néolibéralisme. Le peuple français retrouve ses réflexes révolutionnaires incompréhensibles pour les élites et la presse étrangère.

L'ampleur de la mobilisation de la journée du 29 janvier est une divine surprise. On croyait la France atomisée par l'individualisme, fragmentée en communautés et en corporation antagonistes, dépourvue de culture économique pour pouvoir penser la crise et définitivement incapable s'unir dans une contestation utile du système. Toute crise sociale apparaissait même impossible en dehors d'une provocation du pouvoir.

Retour sur vingt ans de néolibéralisme

Pourtant, alors que les gros effets de la crise ne se sont pas encore fait sentir et que le pouvoir est sagement resté inerte depuis des semaines, une gigantesque vague de contestation unitaire a submergé le pays, de la capitale aux plus petites villes, toutes classes sociales, toutes générations et toutes corporations réunie dans une même protestation.
Cet étonnant mouvement quasi spontané a suscité la plus totale incompréhension à l'étranger comme dans les cercles dirigeants du pouvoir ou chez les penseurs officiels : crispations dirigée contre la personne haïe du président ? Rébellion puérile contre une crise mondiale imprévisible et irrésistible ? Une poussée de fièvre en forme de révolte anarchisante et irresponsable ? Non ! Le début d'une révolution ! Voici le récit de sa genèse.
La journée du 29 mai ne peut prendre sens que si on la remet dans la perspective historique de ces dix ou vingt dernières années.

La France est une Union soviétique qui aurait réussi
La France n'a jamais vraiment aimé ni le capitalisme comme principe économique ni la concurrence comme principe de d'organisation sociale ni la mondialisation comme seul horizon, à tel point qu'on a dit d'elle qu'elle avait été une union soviétique qui aurait réussi. Son modèle traditionnel c'est plutôt le capitalisme d'Etat, le service public à monopole, la grande entreprise industrielle intégrée et l'économie administrée.
Néanmoins, de plus ou moins bonne grâce, la France s'est adaptée au nouveau standard économique qui s'est imposé dans le monde à partir des années 80. Tout d'abord sous couvert de construction européenne, puis d'impérieuse nécessité faute de quelconque autre alternative possible. C'était la réforme libérale ou le déclin.

Les Français cancres de la mondialisation
Même s'ils se rebellaient parfois, dans la rue contre telle ou telle réforme jugée absolument nécessaire ou dans les urnes, en votant mal-pensant ou contre la sacro-sainte Europe, les Français ont fini par se faire à la nouvelle donne économique. Sans jamais réussir pourtant à s'y adapter pleinement et encore moins à en tirer profit. Les Français ont toujours été les cancres d’un système néolibéral qu’ils continuaient à réprouver. Toutes les études d'opinion montraient que les Français ont toujours été le peuple d'Europe qui rejetait le plus massivement les mots clés de la modernité économique, du capitalisme à la mondialisation. Encore récemment, un sondage commandé par le gouvernement confirmait cette tendance lourde : 53 % des français pour une réforme en profondeur du capitalisme et 59 % pour considérer que l'Etat n'intervenait pas assez dans l'économie !
Cette révolte silencieuse contre un système qui ne correspond pas à ses valeurs profonde ne pouvait cependant pas trouver à s'exprimer, faute de débouché politique et d'alternative raisonnable … Jusqu'à la crise.

Le virage à 180° de Sarkozy
Les Français ont rapidement compris que la crise ne venait pas de leurs insuffisances ou de leur archaïsme comme on leur avait dit depuis des années, mais du cœur du système et des valeurs mêmes qu'on leur avait présenté comme le fin du fin de la performance et de la modernité. La crise est partie de la terre natale du libéralisme mondialisé, des Etats-Unis et principalement de Wall Street. L'épicentre du séisme se trouvait dans les banques et les salles de marchés.
Très vite après le déclenchement du volet financier de la crise, elle a entendu avec étonnement son président, qu'elle avait pourtant connu comme un zélote du libéralisme à l'américaine, tenir un réquisitoire d'une extrême violence contre l'idéologie du marché devenu loi de la jungle, le capitalisme financier prédateur, les banquiers qui s'enrichissent au-delà de l'indécence, une mondialisation totalement déréglée... Il fallait tout repenser, refonder le capitalisme, moraliser la finance, tourner une page. Nous entrions dans un monde nouveau.
Dans un premier temps, la France a accueilli ces discours avec amusement. Ce président narcissique et prétentieux en faisait vraiment trop pour se mettre en valeur ! Néanmoins, le tabou du « il n'y a pas d'alternative » était levé. On était plus comme dans les années 70 dans un choix binaire entre deux systèmes. On se retrouvait face à une page blanche, en pleine inconnue. Le système tant honni n'avait désormais plus de défenseurs et ses premiers accusateurs étaient les faits eux même.
Quand elle a vu les indices de bourses plonger et les banques faire faillite, elle a accueilli la nouvelle avec le sourire. Elle a pensé que c'était une crise de riches, causée par les riches au détriment les riches. Tant mieux !

Le retour du peuple révolutionnaire
Puis, elle vit des milliards d'un argent public qui se faisait si rare, aller s'engloutir sans limite dans le puits sans fond des pertes bancaires, ce qui la fît moins rire. Elle a vu les premiers effets de la crise, le chômage partiel, les plans sociaux préventifs, ce qui commença à l'inquiéter.
Elle savait que son niveau de vie, déjà en recul, était l'une des conditions de la reprise. Si elle se remettait à consommer, la machine repartirait. Mais on lui disait que c'était impossible, car si on augmentait ses revenus, seuls les Chinois allaient en profiter. On leur avait dit que de faire partir les usines leur ferait gagner du pouvoir d'achat, et maintenant qu'elles étaient parties ont leur disait qu'on ne pouvait plus l'augmenter. La France prit alors conscience que le système se refermait sur elle comme un piège.
Finalement elle se rendit compte que ceux à qui on a demandé tant d'effort pour s'adapter au système étaient les véritablement les seuls à payer la facture de la crise. Ceux qui en ont toujours tiré profit en étaient en revanche épargné. Les manageurs et les traders continuaient à se verser des faramineux bonus, les grandes entreprises à faire des profits par milliards, les actionnaires à toucher leur juteux dividendes, les banques à continuer à les rançonner.

Pour un juste partage des efforts
Cela ce n'était pas acceptable. Une tempête touche tout le monde de manière égalitaire, la maison du patron comme celle de l'ouvrier, celle du chômeur comme celle du rentier. Cette crise ne s'abattait que sur les victimes du système en épargnant les responsables du désastre. Insupportable !
Alors la France a décidé de reprendre ses vieux habits de peuple révolutionnaire et voulu changer les règles. Elle descendit naïvement dans la rue pour réclamer la fin des licenciement et le retour des augmentation de salaires, une vraie politique de relance, une sérieuse protection contre la crise et un juste partage de l'effort., sans se rendre compte que c'était le système lui même qu'elle attaquait.
Ce n'était pas une révolte de plus, mais une nouvelle révolution qui s'engageait.

 

Lundi 02 Février 2009 - 07:42

Malakine

 

Lu sur http://www.marianne2.fr/Le-29-janvier-ou-le-debut-d-une-vraie-revolution_a174693.html

11 mars 2011

Un flic dans votre ordi

 

Internet : un décret impose aux hébergeurs de conserver les mots de passe

Lu dans LEMONDE.FR avec AFP | 02.03.11 | 15h41

Un décret paru mardi 1er mars au Journal officiel (JORF n°0050 du 1 mars 2011 page
texte n° 129) impose aux hébergeurs et fournisseurs de services sur Internet de conserver pendant un an toute une série de données personnelles de l'internaute, comme ses codes confidentiels, ainsi que sa navigation sur la Toile."La durée de conservation des données (...) est d'un an"
, indique ce décret pris dans le cadre de la loi du 21 juin 2004 "pour la confiance dans l'économie numérique". Cette loi prévoit notamment que la police et gendarmerie nationale peuvent exiger ces données "afin de prévenir (...) les actes de terrorisme".

"Pour chaque connexion de leurs abonnés", les hébergeurs et fournisseurs de services sur Internet sont tenus de "conserver" des informations très diverses et très précises, selon ce décret. Ils doivent ainsi sauvegarder "les informations fournies lors de la souscription d'un contrat par un utilisateur ou lors de la création d'un compte", à savoir "les nom et prénom ou la raison sociale", "les adresses postales associées", "les pseudonymes utilisés", "les adresses de courrier électronique ou de compte associées", "les numéros de téléphone" ou "le mot de passe ainsi que les données permettant de le vérifier ou de le modifier".

CONSERVER LE MOYEN DE PAIEMENT, SA RÉFÉRENCE, SON MONTANT

Plus généralement, les hébergeurs doivent garder "l'identifiant de la connexion", "l'identifiant du terminal utilisé pour la connexion", "les dates et heures de début et de fin de la connexion" ou encore "les caractéristiques de la ligne de l'abonné". Pour chaque action d'un internaute sur la Toile, "la nature de l'opération" doit être consignée par ces prestataires, qu'il s'agisse d'écrire un e-mail ou de télécharger une image ou une vidéo, ainsi que "les date et heure", ordonne le texte.

"Lorsque la souscription du contrat ou du compte est payante", les hébergeurs et fournisseurs de services sur la Toile doivent également conserver le moyen de paiement, sa référence, son montant ainsi que "la date et l'heure de la transaction", précise-t-il. La Commission nationale informatique et libertés, la CNIL, qui défend le respect de la vie privée sur la Toile, a indiqué avoir rendu, dès 2007, un avis sur le sujet, mais celui-ci n'est pas public.

21 février 2012

La banque plus forte que la démocratie ?

Article sur la ratification du MES prévue aujourd'hui 21/02/2012 et publié sur Agoravox :
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/mecanisme-europeen-de-stabilite-la-110702

Un choix important pour l'avenir de notre démocratie va être soumis au Parlement mardi 21 février. Or cet évènement se produit dans un silence médiatique assourdissant, silence dissimulé par un assaut d'informations concernant des évènements de campagne éléctorale soigneusement mis en scène.

Mais, à propos, c'est quoi, le MES ?

Mardi aura lieu au Parlement un vote crucial engageant l'avenir de notre pays. En effet, les parlementaires doivent décider s'ils donnent leur aval à la mise en place du MES, première partie d'un cheval de Troie qui en comprend deux (l'autre partie étant constituée du Traité Européen de Stabilité, TSCG, Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance dans l'Union Économique et Monétaire Européenne qui sera voté en suivant) et qui va venir dynamiter le fonctionnement démocratique de nos pays.

Vous lisez cela et vous pensez que j'exagère. Vous avez entendu parler de ce texte et vous pensez qu'il est secondaire et qu'il n'engage à rien puisque ce qui importe, c'est le Traité, et que là, il y aura discussion. C'est le discours tenu, entre autres, par un certain nombre de socialistes. Est-il juste ?

Regardons le texte. Que dit-il ? En gros, on pourrrait dire qu'il s'agit, pour les États concernés, d'accepter de s'engager à fournir au MES de quoi constituer un capital afin d'aider rapidement un pays financièrement en difficulté.

Un mécanisme de solidarité, donc ?

Non, parce qu'il s'agit d'aider les États en difficulté financière. Donc de les aider à payer leurs dettes. Donc d'aider les financeurs (« institutions financières ») et pas d'apporter de quoi soigner les malades et venir en aide aux victimes de la crise. Moyennant quoi, les pays aidés devront appliquer des mesures préconisées associées à l'aide (comme l'a fait le FMI depuis longtemps, avec les conséquences sur les pays « aidés » que l'on sait, ou comme la Grèce le fait depuis plusieurs années avec la réussite que l'on observe tous les jours...). On peut imaginer sans trop risquer se tromper que ces mesures vont consister en mesure de rigueur.

On peut noter qu'il ne s'agit pas d'un pacte de solidarité mais de stabilité : ce ne sont pas les peuples qui aident les peuples, mais la finance qui a trouvé cette façon de faire payer à tout le monde ce que les seuls pays les plus pauvres n'arriveraient pas à donner, quitte à mettre tout le monde en faillite.

Qui va décider de ces énormes transferts d'argent ? Les « gouverneurs », ministres des finances de leur pays.

Mais il y aura une limite ? Non.

Mais il y aura un contrôle ? Non.

Autant on trouve dans le texte des précisions sur la vérification de la mise en œuvre des efforts demandés aux Nations recevant l'aide, autant il est précisé que les membres du MES ne peuvent être attaqués en justice. Le Parlement Européen n'a pas son mot à dire, et le MES passe au-dessus des Parlements Nationaux.

C'est bien là le premier et le plus simple signe de l'attaque frontale à la démocratie que veut imposer ce texte : les peuples vont perdre la souveraineté qu'elles ont sur leur budget. Et les démocraties seront soumises à punition si elles ne parviennent pas, par exemple, à verser leur obole au panier (un certain nombre de milliards, quand même, l'obole...).

Je conseille de lire le résumé du texte mis en lien ici "Le mécanisme européen de stabilité pour les nuls, le retour" de Liior.

Enfin, voici le texte d'une lettre dont je ne suis pas l'auteur, décrivant le danger de ce mécanisme et de ce traité, lettre destinée aux députés si l'on souhaite les alerter,

« Comme des millions de personnes dans toute l'Europe, je m'inquiète des dérives autoritaires, des politiques d'austérité et de la casse systématique des services publics qui sont mis en œuvre, sous prétexte d'une dette dont la légitimité n'est d'ailleurs toujours pas questionnée.
Nous voyons bien la réalité des conséquences de ces politiques en Grèce, où un véritable pillage du pays a lieu. Je ne développerai pas cette situation tragique que vous connaissez.

Je vous écris concernant le traité européen instituant le M.E.S. (Mécanisme Européen de Stabilité) sur lequel vous devrez vous prononcer le 21 Février.
Vous savez que ce mécanisme donnera à nouveau des pouvoirs complètement antidémocratiques à la Commission Européenne. Vous savez que les États européens seront soumis à une discipline budgétaire qui obligera à tout brader à la finance : service public après service public. À travers ce véritable pillage organisé, c'est toute la cohésion sociale et la qualité de vie dans notre pays, déjà bien entamée, qui seront mis à mal.

Je m'étonne du silence qui entoure ce traité crucial et m'indigne de l’absence de consultation populaire à ce sujet.

Des chèques en blanc à des personnes désignées !
Au sein de ce mécanisme, les décisions seront prises par le Conseil des gouverneurs composé exclusivement des ministres des finances de la zone euro. Aucun veto, ni aucune autorité des parlements nationaux n’est prévu sur ces ministres lorsqu’ils agissent au titre de gouverneurs. De plus, ils jouiront en cette qualité d’une immunité totale leur permettant d’échapper à toute poursuite judiciaire. Pourtant, ils disposeront alors librement des caisses de l’État qui devront accéder de façon « irrévocable et inconditionnelle » à leurs demandes. Il est aussi intéressant de noter que le budget de création du MES pouvant être réclamé aux États-membres dans un délai de sept jours seulement n’est pas plafonné et peut donc augmenter de façon illimitée sur simple décision du Conseil des mêmes gouverneurs.
Aucun membre ou employé de cette structure ne sera élu par la population ni responsable devant elle.

Une autorité pleine, entière et incontestable !

Plus fort encore, le MES peut attaquer en justice, mais ne pourra pas être poursuivi, pas même par les gouvernements, les administrations ou les tribunaux. Le manque de transparence concerne aussi les documents « inviolables », qui ne seront rendus publics que si le Conseil des gouverneurs le souhaite.

Négation des compétences fiscales et budgétaires des parlements nationaux, déni des principes de base de la démocratie, impossibilité d’opposer un veto, immunité judiciaire totale, opacité des documents… Autant de procédés antidémocratiques qui m'amènent aujourd’hui à vous demander d’adopter une position claire quant à ce traité.

Allez-vous l’accepter ou le rejeter ?
J'attends une réponse claire de votre part à mon adresse mail :
afin de la transmettre dans votre département à mon réseau sur le ( votre département) 
Votre absence de réponse sera considérée aussi comme une réponse.

Cette société devient étouffante d'injustice et témoigne de l'abandon des populations.
Je vous le demande, Monsieur le député, au nom de tous les citoyens dans ce pays, au nom de la souveraineté populaire, au nom de la justice sociale, au nom de la République et de la démocratie : par respect du peuple qui vous a tous élu, vous devez rejeter ce texte. »

21 avril 2012

Sarkozy et le mépris

Rapportée par Pierre Haski dans Rue89 à la veille du premier tour des présidentielles de 2012, cette incroyable complainte d'un encore président de la République censé être le gardien des institutions et le protecteur de la démocratie :

http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/04/19/sarkozy-naime-pas-etre-face-des-candidats-quil-ne-connait-pas-231359

Quelle note bien amère pour terminer une campagne ratée : Nicolas Sarkozy a comparé ce jeudi l’élection présidentielle au Festival de Cannes, une sorte de concours de beauté avec des candidats qui ne seraient pas de son niveau.

Sans doute parce qu’il sait qu’il a de moins en moins de chances de remporter la Palme d’or cette année, le Président sortant s’est lâché, jeudi à Saint-Maurice (Val-de-Marne) :

« La conception extraordinaire de l’égalité à la Française, c’est neuf contre un. Et en plus, il ne faut pas se plaindre. Je passe dans des émissions à des heures extraordinaires entre deux personnes que je ne connais pas, qui viennent tous les cinq ans comme une sorte de Festival de Cannes qui s’arrête et qui ne recommencera pas. C’est une démocratie formelle qui étonne le monde entier et que même les Français regardent avec beaucoup de scepticisme.

Quels sont ces personnages à qui on donne des temps de parole extraordinaires, qu’on n’a pas vus avant, qu’on ne verra pas après ? Quelle curieuse façon d’exprimer la démocratie ! Je me suis soumis à cette règle, ce n’est pas cela qui m’empêchera de courir le plus vite possible l’épreuve. »

Le jeu ne lui étant pas favorable, cette fois, le coureur s’en prend donc aux règles qui ne l’avaient pas si mal servi jusque-là.

Qu’il y ait des candidats qu’il « ne connaît pas » le surprend quand ils ont rempli tous les critères de candidature, et en particulier les 500 parrainages d’élus.

Qui vise-t-il, en dehors de Jacques Cheminade, seul véritable ovni de la campagne (et encore, il a déjà été candidat en 1995) ? Eva Joly, l’ancienne magistrate « norvégienne ménopausée » (c’est elle qui le dit) qui l’agace en lui parlant de ses « affaires » ? Ou Philippe Poutou, qui n’est pas du sérail et retournera à son usine Ford une fois le scrutin terminé ?

Critique méprisante

La critique est méprisante et laisserait entendre qu’il faudrait être du même monde que Nicolas Sarkozy pour pouvoir prétendre rivaliser avec lui.

De même, l’égalité du temps de parole le choque, alors qu’il a eu cinq années pour occuper le terrain médiatique et l’a fait avec méthode et talent.

Enfin, le monde entier qu’il prend à témoin s’étonne moins de la multiplication des candidats que de ce Président aux pouvoirs et au statut monarchiques, archaïsme français unique en Europe...

Nicolas Sarkozy a toutefois raison lorsque, dans le même discours, il relève :

« Je sens le peuple de France exaspéré à un point qu’on n’imagine pas dans certains milieux et dans certaines élites. »

Ce qu’il ne semble pas avoir totalement saisi, c’est qu’il risque fort d’en être la première victime, car il s’est lui-même identifié à l’oligarchie, et ne convainc personne quand il prétend aujourd’hui la combattre.

Ce qui perce à travers cette sortie, prononcée l’avant-dernier jour de la campagne du premier tour, c’est l’amertume d’un homme qui a raté son coup et sent le sol se dérober sous ses pieds. Et puisqu’il évoque le Festival de Cannes, un nom de film vient à l’esprit : « Le Mépris ».

 

 

11 juillet 2013

Les classes populaires et le FN

Comment la gauche a livré le peuple au FN

par Eric Conan - Marianne : http://www.marianne.net/Comment-la-gauche-a-livre-le-peuple-au-FN_a229960.html

Lu sur Marianne le 11/07/13

Il y a un moment où une routine apparaît pour ce qu'elle est devenue : de l'inconscience faite autisme. « Nous aurons à tirer toutes les leçons de ce scrutin », a déclaré François Hollande sitôt connus les résultats de l'élection législative partielle de Villeneuve-sur-Lot.

Exactement ce qu'il avait dit, comme premier secrétaire du PS, après le 21 avril 2002 qui avait vu Jean-Marie Le Pen souffler la place de Lionel Jospin au second tour de l'élection présidentielle. Au congrès de Dijon suivant, François Hollande avait précisé l'objectif : « retrouver les liens avec les catégories populaires ».

Fracture sociale

Dix ans de perdus. Aucune leçon tirée. Parce que la thèse jospiniste de « l'absurdité » du 21 avril avait prévalu - l'intellectuel du parti, Henri Weber, parlant même d'un « accident ». Hier, comme aujourd'hui, la principale explication crève pourtant les yeux : les catégories populaires ne cessent de fuir le principal parti d'une gauche censée les représenter !

Et pour une raison qui n'a rien d'accidentel, mais parfaitement logique : il ne les représente plus et ne fait plus rien pour elles. Certes, médias et politiques en parlent de moins en moins, mais les classes populaires (ouvriers, employés, artisans, paysans, chômeurs) représentent toujours plus de la moitié de la population active.

Or, ces bases sociologiques et géographiques de la gauche ont été ravagées par la mondialisation. Et, contrairement à ce qu'inspire souvent le mépris social à leur égard, elles ont une conscience aiguë de ce que leurs dirigeants ne veulent pas avouer : ils ne savent plus quoi faire d'elles, ils n'ont rien à leur proposer de convaincant.

Les salariés au chômage, ceux qui le redoutent ou ceux qui ne voient que déclassement programmé pour leurs enfants se sont lassés des discours sur « l'adaptation » à une modernité qui les marginalise. Ils ont bien compris que les élus n'ont aucune prise sur les délocalisations, les fermetures d'usines et la régression des statuts professionnels. Ils ont compris aussi que la crise était surtout pour eux, et qu'il y avait des gagnants de la mondialisation sauvage : grands patrons et banquiers ne se jettent pas par la fenêtre comme en 1929 ; ils se payent en hypersalaires ou en retraites chapeau dignes du Loto, et l'argent public éponge les conséquences de leur cupidité.

Les « bénéfices » de la mondialisation, dont la Commission de Bruxelles s'est faite le chantre, ils voient bien à qui ils reviennent tandis qu'eux n'ont droit qu'aux discours d'énarques pensionnés à vie dissertant sur le « populisme » et leur expliquant sans conviction qu'il faut s'« adapter », « bouger » et « changer de métier plusieurs fois dans sa vie ».

« Pour la première fois dans l'histoire, les classes populaires ne font pas partie du projet économique », résume le géographe et sociologue Christophe Guilluy, qui analyse depuis vingt ans la relégation de ces nouveaux « invisibles » à l'écart, dans cette France périphérique faite de chômage, de bas salaires et d'aides sociales. Un peuple perdu de vue par des partis de gauche prisonniers de leur sociologie de cadres et de fonctionnaires ancrés dans les métropoles bobo bordées d'une ghettoïsation urbaine « multiculturelle » dont les désagréments ne sont pas plus maîtrisés que ceux de « la » mondialisation heureuse.

Comment la gauche a-t-elle pu abandonner ces « invisibles » qui se manifestent en venant gonfler l'électorat du FN (aujourd'hui en tête chez les ouvriers de 20 à 55 ans) alors qu'ils ont constitué son socle électoral jusqu'en 1981 ? Ce n'est pas faute d'avoir été alertée. Dès 1990, le clairvoyant Marcel Gauchet, inventeur de la notion de « fracture sociale », évoquant « les mauvaises surprises d'une oubliée », avait annoncé le « retour de la lutte des classes là où on ne l'attendait pas : pour alimenter la poussée électorale continue de l'extrême droite ». Et l'on se souvient de la colère prémonitoire de Pierre Mauroy, constatant, quelques jours avant le crash du 21 avril, que son parti n'osait plus employer le mot « ouvrier ».

La gauche n'est plus marxiste, mais les électeurs, eux, continuent de se déterminer en fonction de leur situation économique et sociale ! « Les classes sociales n'ont ni raison ni tort, elles ont des intérêts et des manières d'être, a rappelé Jacques Julliard, ajoutant : Comment demander un comportement rationnel à des gens confrontés à un capitalisme aussi déraisonnable, aussi cupide que celui dont nous sommes affligés ? » Les catégories populaires se sont donc laissé tenter par les promesses de Nicolas Sarkozy en 2007, avant de chasser l'imposteur en votant pour Hollande et son engagement de lutter contre la finance, son « principal adversaire ».

C'est leur déconvenue qui redynamise comme jamais le vote FN. Marine Le Pen leur paraît désormais comme la seule qui s'adresse à eux, ainsi que le faisaient naguère les communistes, les gaullistes et les socialistes. Et ils rejettent Jean-Luc Mélenchon dont le robespierrisme ne masque pas une apologie de l'immigration non régulée qui rejoint celle du Medef pour presser les salaires à la baisse.

Contre cette hémorragie de son électorat vers le FN, la gauche a épuisé le registre de l'injure, version « les salauds » de Bernard Tapie (l'heureux bénéficiaire d'un « préjudice moral » de 45 millions d'euros) ou version « les cons » de Julien Dray (le collectionneur de montres à 20 000 €). Marine Le Pen, elle, qu'elle soit sincère ou non, peu importe, n'a pas le même effet répulsif que son père et les dernières partielles montrent que « le FN siphonne les voix du PS », comme l'analyse le politologue Dominique Reynié.

Ajoutons que la prégnance de la culture communiste, qui a retenu nombre d'ouvriers ou d'ouvriers retraités, désormais abstentionnistes, de passer au vote FN, ne joue plus son rôle inhibiteur chez les jeunes ouvriers et employés. La dénonciation est inefficace parce que le vote FN n'est pas « contestation, mais demande de démocratie », selon Marcel Gauchet. Et le front républicain ne fonctionne plus parce qu'il est d'abord vu comme le programme commun droite-gauche de l'alignement sur une politique européenne qui ne protège pas les peuples de la mondialisation sauvage.

Une réponse vitale

En ciblant le fanatisme de José Manuel Barroso et son projet d'une Europe jungle sociale comme «carburant du FN», Arnaud Montebourg a le mérite de placer enfin le débat au niveau des causes plutôt que des symptômes : pourquoi la gauche et la droite françaises se sont-elles alignées sur cette politique européenne qui n'a rien d'inéluctable ? Il a raison de considérer les élites coresponsables des «tourments légitimes d'un peuple empoisonné», selon l'exigeante formule de Jean Daniel.

Car, à l'origine des errements du peuple, il y a souvent son abandon. Les grands moments historiques français correspondent tous à l'articulation heureuse entre le peuple et ses élites : la Fronde, 1789, les débuts de la IIIe, le Front populaire, le gaullisme. Ce qui distingue l'élite digne de ce nom de l'oligarchie, c'est son souci du peuple et de ses intérêts. Gambetta demandait aux élites d'être les « frères aînés du peuple », François Mitterrand disait qu'il fallait toujours se soucier du sort des « bougres ». Peu importe que ce souci recouvre un paternalisme inspiré par l'intérêt bien compris, la crainte ou l'altruisme. L'important est la réponse qu'il donne aux inquiets. Pour François Hollande et le Parti socialiste, cette réponse devient vitale.

9 décembre 2023

La honte de l’Europe

Trouvé sur https://investigaction.net/la-honte-de-leurope/

Source originale: Globalter
Traduit de l’espagnol par Bernard Tornare

 

L'ONU alerte sur le risque de nettoyage ethnique à Gaza. Mais Ursula von der Leyen apporte son soutien indéfectible à Netanyahou. Et réunis à Bruxelles cette semaine, les 27 Etats-membres ont été incapables d'appeler à un cessez-le-feu. Du mauvais côté de l'Histoire, ces dirigeants représentent-ils les Européens? (I'A)

En tant qu’Européen, j’ai été indigné et honteux du comportement de l’Europe et de ses dirigeants à plusieurs reprises au cours des derniers mois. L’attitude servile face aux desseins américains en Ukraine – contre ses propres intérêts -, l’annulation de la culture russe, la position à l’égard de la Chine, les appels à restreindre l’asile aux réfugiés, la montée de l’extrême droite, l’imposition du discours unique et la censure de toute opinion différente, ont été des symptômes désolants.

Mais la position de l’Union européenne (UE) face à l’énorme tragédie que subit et subira encore plus le peuple palestinien, si personne ne l’aide, a dépassé toutes les limites imaginables.

J’avais toujours pensé que les valeurs des Lumières, les concepts de liberté, de paix, de solidarité ou de justice étaient des idées pour lesquelles il fallait se battre et dont il fallait être fier en tant qu’Européen. Que ces mots, inscrits dans les constitutions occidentales, n’étaient pas une fiction, mais provenaient d’une tradition européenne enrichissante de pensée libre, humaniste et pluraliste.

Mais l’évolution politique de l’Europe et de ses dirigeants, parallèlement au déclin inéluctable de la domination occidentale sur le monde, a fait que ces valeurs ont de plus en plus perdu leur sens véritable, dans la bouche d’hommes politiques qui les proclament, mais ne les défendent jamais.

Le fait que pratiquement aucun dirigeant européen n’ait critiqué ou appelé à la retenue le gouvernement israélien, qui laisse deux millions de Gazaouis sans eau, sans nourriture, sans électricité et sans carburant alors qu’il les bombarde sans relâche, est consternant et honteux. Il est encore plus révoltant que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se soit rendue en Israël vendredi pour “montrer sa solidarité”, selon ses propres termes, exclusivement avec les victimes israéliennes, sans mentionner les victimes palestiniennes. Elle l’a fait le jour même où Israël a annoncé un ultimatum de 24 heures pour que plus d’un million de Palestiniens quittent leurs maisons dans le nord de la bande de Gaza, y compris la ville de Gaza.

Un ultimatum qui signifie l’expulsion de 1,1 million de Palestiniens de leurs maisons en un jour, soit encore plus que ceux qui ont été expulsés pendant toute la Nakba de 1948, dont on se souvient tristement, après la création de l’État d’Israël, lorsque près de 700 000 Palestiniens ont été contraints de laisser leurs villages derrière eux pour devenir des réfugiés à vie.

Une fois en Israël, Mme Von der Leyen a non seulement approuvé cet ultimatum – considéré comme irréalisable et très dangereux par l’ONU – mais elle s’est à nouveau montrée solidaire des seules victimes israéliennes, tandis que des tonnes de bombes continuaient de tomber sur les immeubles résidentiels de la bande de Gaza, sur ses mosquées, ses hôpitaux ou sur les agences de l’ONU elles-mêmes. Les bombes israéliennes ont déjà tué près de 600 enfants, selon le ministère palestinien de la Santé. Et personne en Europe ne semble avoir honte de ce voyage, de ce mépris énorme pour la souffrance palestinienne.

La même présidente de la Commission européenne qui, il y a un an, déclarait devant le Parlement européen : “Les attaques de la Russie contre les infrastructures civiles, en particulier l’électricité, sont des crimes de guerre. Laisser des hommes, des femmes et des enfants sans eau, sans électricité ou sans chauffage, à l’approche de l’hiver, est un acte de pure terreur. C’est ainsi que nous devrions les qualifier.

Rarement le double langage de l’Europe et le cynisme de ses dirigeants n’ont été aussi évidents. D’autant plus que la Russie n’a pas laissé toute l’Ukraine sans eau, sans électricité, sans chauffage, comme Israël a laissé toute la bande de Gaza et ses deux millions d’habitants – en grande majorité des réfugiés – sans eau, sans électricité, sans chauffage, tout en les bombardant de manière bien plus sauvage et aveugle que Moscou ne l’a fait jusqu’à présent avec les Ukrainiens.

Pour Mme Von der Leyen, ces victimes ne méritaient apparemment même pas un commentaire lors de sa visite dans le pays qui les tue et les laisse sans lumière, sans eau et sans nourriture. Il n’était pas non plus nécessaire, selon elle, d’appeler Israël à protéger les populations civiles lors de ses bombardements. Ses photos souriantes avec Netayanhu, tout en parlant des “attaques barbares” du Hamas, sans dire un mot sur la souffrance des Palestiniens et en prétendant représenter tous les Européens, resteront dans l’histoire de l’infamie.

Nous savons que la pression américaine sur l’Europe est énorme. Nous savons que les queues d’un empire qui s’effondre sont souvent les plus dangereuses, en particulier celles d’un empire habitué à tirer profit de la promotion des guerres, de la création de conflits et de la prévention de la prospérité des autres plutôt que d’essayer de résoudre leurs problèmes ou de collaborer à la résolution de ceux du monde entier.

Nous savons que l’Europe ne peut pas faire grand-chose pour changer le cours des événements décidé et poursuivi par l’hégémon en Ukraine, à Gaza, au Moyen-Orient et, si elle le pouvait, dans le monde entier.

Mais puisqu’il n’y a pas d’autonomie politique ou stratégique, les dirigeants européens devraient au moins faire preuve d’un minimum de décence. S’ils en sont incapables, qu’ils cessent de brandir des concepts tels que l’humanisme, la liberté, la solidarité et la justice. Cessez de jouer avec des valeurs que vous ne poursuivez pas du tout et que vous avez clairement abandonnées.

Cessez enfin de parler au nom de tous les Européens. Vous ne nous représentez pas.

Javier Garcia / 27 oct 2023

 

11 mai 2008

Enfin une bonne nouvelle !

Cet article de Libération :

---début

Le maire de Millau interdit les OGM

De notre correspondant à Toulouse  GILBERT LAVAL

QUOTIDIEN : samedi 10 mai 2008


Le docteur en droit public et nouveau maire socialiste de Millau, Guy Durand, entend faucher les OGM jusque sur sa commune. Il n’y a déjà plus de pesticides dans les serres municipales. Les cantines des écoles servent des repas bio. La ville est le siège de l’interprofession du fromage de Roquefort qui a proscrit les OGM dans le lait de brebis.

Arrêté. Et c’est à partir du démontage du McDonald’s de Millau par José Bové en 1999 que s’est développée l’opposition aux organismes génétiquement modifiés. Guy Durand met en délibération au 23 mai un arrêté qui en interdit la culture dans son ressort. «Les bases constitutionnelles de cet arrêté sont solides», estime-t-il. Le président du Conseil général du Gers a échoué, lui, dans sa tentative d’organiser un référendum sur le thème. «Parce qu’un président de Conseil général n’a pas de pouvoir de police sur son département, développe l’élu. C’est le préfet qui le détient. Un maire a ce pouvoir sur sa commune.» Le Conseil d’État a déjà jugé que la santé publique faisait partie de l’ordre public auquel les maires ont le devoir de veiller, par leurs pouvoirs de police justement. Guy Durand juge dès lors qu’il lui revient de protéger ses administrés des «risques que les OGM pourraient faire peser sur eux». Au nom du principe de précaution, précise-t-il. Ce principe figure en préambule de la Constitution depuis que Jacques Chirac y a fait intégrer la charte de l’environnement en 2005.

«Lorsque la réalisation d’un dommage […] pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent […] à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage» , indique l’article 5 de cette charte.

Ordre public. Ce qui vaut pour l’environnement, fait valoir Guy Durand, ne peut que s’appliquer à la santé et à l’ordre public. La boucle juridique serait ainsi bouclée. Ce professeur de droit ne doute pas que son arrêté sera attaqué. Il ne doute pas non plus qu’il saura le défendre : «Et ce fera une belle jurisprudence».

---fin

22 mai 2013

Drones pas drôles

«La guerre devient un télétravail pour employés de bureau»

Interview - Dans «Théorie du drone», le philosophe Grégoire Chamayou se penche sur les questionnements juridiques et moraux soulevés par une arme qui confère une immunité physique unilatérale.

 http://www.liberation.fr/monde/2013/05/19/la-guerre-devient-un-teletravail-pour-employes-de-bureau_904153

Chercheur en philosophie au CNRS, Grégoire Chamayou vient de publier Théorie du Drone, qui se veut la suite de son précédent essai, les Chasses à l’homme. Il y expose les problèmes éthiques, psychologiques et juridiques que pose cette arme des temps modernes.

Comment un philosophe en vient-il à s’intéresser aux drones ?

Le drone, c’est un «objet violent non identifié», qui met en crise les catégories de pensée traditionnelles. Un opérateur appuie sur un bouton en Virginie, et quelqu’un meurt au Pakistan. Lorsqu’elle est écartelée entre des points aussi distants, où a lieu l’action de tuer ? Cela produit des crises d’intelligibilité dont la philosophie doit rendre compte. Ce livre, Théorie du drone, est la suite du précédent, les Chasses à l’homme : le drone armé est l’emblème des chasses à l’homme militarisées contemporaines. Et certains philosophes travaillent, aux États-Unis et en Israël, main dans la main avec les militaires pour développer ce que j’appelle une «nécroéthique» visant à justifier les assassinats ciblés. Il y a donc urgence à répliquer. Quand l’éthique est enrôlée dans l’effort de guerre, la philosophie devient un champ de bataille.

Les militaires auraient à ce point besoin de justifier l’usage des drones ?

Le drone apparaît comme l’arme du lâche, celui qui refuse de s’exposer. Il ne requiert aucun courage, il désactive le combat. Cela provoque des crises profondes dans les valeurs guerrières. Or les militaires ont besoin de justifications. C’est là qu’interviennent les «éthiciens militaires» : leurs discours servent à abaisser les coûts réputationnels associés à l’emploi d’une arme perçue comme odieuse. Et ceci quitte à mettre le sens des mots sur la tête, puisqu’ils affirment que le drone - engin sans homme à son bord - est la plus humaine des armes…

Comment les Américains en sont-ils venus à développer l’usage des drones ?

Après le 11 Septembre, Bush déclarait que les États-Unis étaient entrés dans une nouvelle forme de guerre : une chasse à l’homme internationale. Ce n’était pas qu’un slogan. Des stratèges ont défini la doctrine correspondante. Une doctrine non plus axée sur le combat, mais sur la traque. L’idée est de s’arroger le droit de poursuivre les proies partout dans le monde, au mépris des frontières. Le drone «chasseur tueur» est aujourd’hui l’instrument de la doctrine antiterroriste officieuse de la Maison Blanche : tuer plutôt que capturer. Avec un drone, vous ne pouvez pas faire de prisonnier. Quand Obama dit qu’il veut fermer Guantánamo, c’est qu’il a choisi le drone Predator à la place. On règle le problème de la détention arbitraire par l’exécution extrajudiciaire.

La question qui se pose, c’est celle du droit de tuer du souverain démocratique. Depuis que les drones ont servi à tuer des citoyens américains, le débat est très vif aux États-Unis. A partir du moment où, hors du cadre de la légitime défense, on peut tuer ses propres citoyens à l’étranger, où est la limite ? Est-ce que ce type d’armes peut, par exemple, être utilisé sur le territoire national ? Les projets de drones policiers pointent leur nez…1 C’est ainsi qu’on voit se constituer, aux États-Unis, un arc contestataire large, rassemblant les défenseurs des libertés, la gauche antiguerre, mais aussi la droite libertarienne.

En France, étrangement, il n’y a pas de débat sur le sujet…

L’opinion publique est très peu informée. Pourtant, Jean-Yves Le Drian veut acheter des Reaper américains, c’est-à-dire des drones chasseurs-tueurs, pas des drones de surveillance ! Ils seront vendus non armés, nous dit-on, mais c’est la condition pour accélérer la procédure d’exportation. Il suffira de les équiper ensuite. Et ce qui m’inquiète, c’est que ce type de décisions ne fait pas débat. Si un ministre de la Défense avait annoncé son intention d’importer les techniques de torture de la CIA, il aurait provoqué un tollé ! Un gouvernement ne peut pas décider d’adopter de telles armes sans débat. Y compris dans le détail, il y a des questions qui se posent : qui va former les opérateurs ? Depuis quel pays vont-ils commander leurs appareils ? S’ils sont formés par les Américains, cela signifie-t-il que la France va adopter le même genre de stratégie ?

A quelle stratégie faites-vous allusion ?

Le drone est devenu l’arme par excellence de la guerre contre-insurrectionnelle à l’américaine. On passe d’un paradigme terrestro-centré à un modèle aéro-centré : contrôle par les airs plutôt qu’occupation. On le sait peu en France, mais il y a actuellement un débat intense parmi les stratèges américains de la contre-insurrection. Certains demandent même un moratoire sur l’usage des drones, à l’image de David Kilcullen, ancien conseiller du général Petraeus. Leur inquiétude, c’est qu’on est en train de remplacer une stratégie par un gadget, en sous-estimant les effets contre-productifs sur les populations. En imposant une terreur indiscriminée, les drones, inaptes à «gagner les cœurs et les esprits», alimentent paradoxalement la menace que l’on prétend éradiquer. Ce que rétorquent les partisans de la contre-insurrection par les airs, c’est qu’il suffit de «tondre» régulièrement : dès que des têtes repoussent, on les tue. On promet une guerre sans défaite, mais ce sera aussi une guerre sans victoire…

A-t-on assez de recul sur cette forme de guerre pour pouvoir en tirer des enseignements ?

Oui, en un sens, on a la chance d’avoir plus de dix ans de recul. Au Kosovo, en 1999, le drone n’était qu’un instrument de surveillance et de reconnaissance. Le Predator repérait les cibles, mais il ne pouvait pas tirer. C’est là qu’émerge l’idée de l’équiper de missiles antichars. Au moment du 11 Septembre, l’arme était prête, le Predator était devenu un prédateur. Or cette généalogie est très instructive : le Kosovo, c’est la guerre aérienne à zéro mort dans son camp. L’Otan avait décidé de faire voler ses avions à 15 000 pieds [environ 4 500 m, ndlr], hors d’atteinte des tirs ennemis, au détriment de la précision des frappes : on mettait les vies des pilotes au-dessus des vies des civils kosovars qu’on était censés protéger. Les théoriciens de la guerre juste furent scandalisés par ce nouveau principe d’immunité du combattant national. Le philosophe Michael Walzer s’interrogeait à l’époque : la guerre sans risques est-elle permise ? Il citait Camus : on ne peut pas tuer si on n’est pas prêt à mourir. Il y a une crise métajuridique du droit de tuer.

Qu’entendez-vous par là ?

La guerre se définit comme un moment durant lequel, sous certaines conditions, l’homicide est décriminalisé. Si l’on concède à l’ennemi le droit de nous tuer impunément, c’est parce que l’on entend avoir le même droit à son égard. Cela se fonde sur un rapport de réciprocité. Mais que se passe-t-il lorsque cette réciprocité est annulée a priori, dans sa possibilité même ? La guerre dégénère en abattage, en exécution.

Une question se pose pour l’administration américaine : dans quel cadre légal ces frappes ont-elles lieu ? Quand on le lui demande, elle refuse de répondre. Du coup, quels seraient les cadres légaux envisageables ? Il y en a juste deux. Le premier, c’est le droit des conflits armés, où l’usage d’armes de guerre n’est licite que dans des zones de conflit armé. Le problème, c’est que les frappes américaines au Yémen, au Pakistan, etc., ont lieu hors zone de guerre. Autre principe : il est interdit à des civils de prendre part à des conflits armés. Or, une grande partie des frappes de drones, aux États-Unis, sont opérées par des gens de la CIA (des civils). Ils pourraient donc être poursuivis comme criminels de guerre. Le second cadre possible, c’est le law enforcement, en gros, le droit de police. Mais, là, il faut une gradation dans la force : capturer plutôt que tuer - n’utiliser la force létale qu’en dernière extrémité, face à une menace directe, écrasante, imminente. Or, avec le drone, il n’y a pas de gradation possible : soit on s’abstient, soit on tue. L’administration américaine est prise dans un dilemme juridique, d’où son silence gêné…

Mais la précision des drones ne permet-elle pas de mieux cibler ?

Le droit des conflits armés impose aux belligérants de ne cibler directement que des combattants, pas des civils. Les partisans des drones affirment que, grâce à leur «veille persistante», ils permettent de mieux établir cette distinction. Sauf que, lorsqu’on remplace les troupes au sol par des drones, il n’y a plus de combat. A quoi peut-on alors voir la différence, à l’écran, entre la silhouette d’un non-combattant et celle d’un combattant sans combat ? A rien. On ne peut plus la constater, seulement la soupçonner. De fait, la majorité des frappes américaines ont lieu contre des individus dont on ne connaît pas l’identité exacte. En croisant des cartes d’itinéraires, des relevés d’appels téléphoniques, on établit des profils. C’est la méthode du pattern of life analysis : votre mode de vie nous dit qu’il y a, mettons, 90% de chance que vous soyez un militant hostile, donc nous avons le droit de vous tuer. Mais là, on glisse dangereusement de la catégorie de combattants, à celle, très élastique, de militants présumés. Cette technique de ciblage implique d’éroder le principe de distinction, pierre angulaire du droit international.

Est-ce là le seul danger ?

Un des principaux arguments des politiques, c’est la préservation des vies nationales : même les militaires ne mourront plus ! Mais, à partir du moment où les vies militaires se dérobent à l’ennemi, sur quel type de cibles les représailles vont-elles se déplacer ? Sur les civils… Des attentats par drone amateur, à moyen terme, c’est un scénario vraisemblable…

Il y a aussi la question du contrôle démocratique. Kant dit que la décision de la guerre doit être prise par les citoyens. Parce qu’ils sont les instruments de la guerre, comme ils en paieront le prix, ils vont décider avec circonspection, et limiter le recours à la force armée. C’est la théorie, très optimiste, du pacifisme démocratique. Mais vous voyez que le drone perturbe ce beau schéma. Quand un agent peut externaliser les coûts de sa décision, il tend à décider à la légère : c’est l’effet pervers de «l’aléa moral». La théorie du pacifisme démocratique se retourne alors en militarisme démocratique. Le drone apparaît en ce sens aussi comme un remède aux contestations politiques internes des guerres impériales. Les stratèges américains qui ont préconisé la généralisation de ces armes avaient clairement cet agenda en tête après les échecs au Vietnam.

L’engouement pour cette arme fait aussi penser aux jeux vidéo…

Il y a en effet tout un discours qui critique la «mentalité Playstation» des opérateurs de drones mais, pour moi, c’est un cliché, j’essaie d’affiner l’analyse. Souvent, quand on fait cette critique, on ajoute : «Ils ne savent pas qu’ils tuent». Il est évident qu’ils savent qu’ils tuent ! La question, c’est plutôt : à partir de quel savoir le savent-ils ? En quoi cette technique produit-elle une forme d’expérience spécifique de l’homicide ? Il y a des effets d’amortisseur moral : on voit juste assez pour tuer, mais pas tout : ni le visage, ni les yeux. Surtout, on ne se voit jamais dans le regard de l’autre. C’est une expérience disloquée, hémiplégique. Les opérateurs cloisonnent, ils tuent la journée et rentrent à la maison le soir. La guerre devient un télétravail, accompli par des employés de bureau1, très loin des images à la Top Gun. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que les premières contestations du drone aient été le fait de pilotes de l’Air Force. Ils refusaient la déqualification de leur travail, mais ils luttaient aussi pour le maintien de leur prestige viril…

A propos de virilité, le nom technique donné au drone prête à sourire, si l’on peut dire…

Les noms sont révélateurs. Predator, c’est le prédateur, Reaper, la faucheuse. Ce sont des images de bêtes de proie. Il y a aussi ce tee-shirt à la gloire du Predator sur lequel on peut lire : «Vous pouvez toujours courir, mais vous mourrez fatigué.» En anglais, drone se dit unmanned vehicle, ce qui signifie littéralement «des-hommé», mais on pourrait dire aussi «dévirilisé». Il est en effet cocasse qu’une catégorie de drones ait été baptisée «Male», pour Medium Altitude Long Endurance en anglais (moyenne altitude et longue endurance en français)... Une étiquette prometteuse, sans doute, mais cela suffira-t-il à les faire accepter ?

1 souligné par moi.

12 mai 2023

De la batterie à la gamelle

Les voies de notre seigneur et monarque sont impénétrables et avouons-le, fort obscures. Nous avons pensé que le Prince subissait une alerte sanitaire d'ampleur : une allergie alimentaire qui lui imposa de prendre des mesures drastiques. Sans même consulter un comité d'experts ad hoc, il décréta l'interdiction urbaine de tous les récipients de cuisson.

Dans un premier temps, les opposants, cherchant toujours le mal partout, en conclurent que le pouvoir entendait ne plus ouïr la colère d'une rue dont les arpenteurs colériques, pour marquer leur ire, frappait comme des dératés sur des casseroles. Avouons que l'interprétation était quelque peu hâtive et mettait scandaleusement en doute la volonté de maintenir la liberté d'expression dans cette nation.

Comme en cuisine, les mauvaises têtes s'attachent à la surface des choses sans remuer plus au fond des choses. Il n'était nullement question de brider les colères, d'interdire les manifestations bruyantes, de brimer les mécontentements. Jamais de telles intentions ne viendraient à l'esprit du grand démocrate qui nous gouverne avec bonhommie et bienveillance.

C'est à contre-cœur qu'il dut prendre cette mesure qui fit grand bruit sans pouvoir avouer au grand jour les motifs exacts de cette décision. Il est vrai que des enjeux majeurs de politique internationale se jouaient là tandis que le silence et le secret s'imposaient pour ne pas mettre à mal la sécurité nationale.

La vérité est plus prosaïque et je me dois de vous la livrer. Depuis que la rombière douairière avait changé toute la vaisselle de table, habituant son cher jeune protégé à un luxe jamais atteint dans la monarchie anglaise, son cher époux sentit des indispositions passagères mais très pénibles du côté de sa digestion. On fit mener en haut lieu des investigations par des cabinets conseils pour comprendre justement pourquoi le roi n'allait plus à la selle.

L'affaire était grave car chacun le présume, qui subit pareil désagrément, voit son humeur se métamorphoser subitement. Lui qui était si enjoué, jovial et aimable pour ses sujets, changea du tout au tout, leur faisant la lippe et mauvaise mine. Une fracture s'imposait dans l'opinion publique d'où du reste le lamentable épisode des casseroles.

Après bien des hypothèses fallacieuses allant jusqu'à lui proposer des bains de siège dans d'immenses bassines, il fut décrété que la batterie de cuisine du palais était en cause. Cuivre, inox, aluminium, fonte, acier après des examens plus poussés, furent mis au banc de la brigade du palais. L'heure était grave car notre Prince exigeait que l'on lui mitonne sa cuisine dans un produit nouveau, garanti sans particules à la cuisson.

Hélas, l'état déplorable de notre industrie ménagère ne permettait pas de trouver une réponse technologique tricolore. Il fallut faire appel aux ressources extérieures pour répondre à cette exigence vitale. Le Taïwanais ProLogium fut pressenti ce qui en la matière, prouve à quel point le choix était bon, pour installer une usine de batteries de cuisine en lithium à Lauterbourg dans le Bas-Rhin.

Certains esprits malveillants affirmèrent que le système rénal n'avait que peu de rapport avec le problème rencontré par notre monarque. C'est le risque de la rétention d'informations qui pousse toujours à la confusion des sens. Il eut été préférable de faire preuve de transparence depuis le début de cette crise.

Nous attendons avec impatience les premières productions de cette future entreprise pour mesurer si elles seront de nature à soulager notre bon prince et lui redonner son incomparable énergie communicative.

À contre-sens.

Par C’est Nabum

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/parodie/article/de-la-batterie-a-la-gamelle-248273

12 mai 2023

Se mettre en drapeau

Le pays connaît des turbulences et notre pilote, qui n'ignore rien des principes qui prévalent au pilotage d'un avion dans la tourmente a décidé de mettre les pales d'une hélice à pas variable dans la position qui offre le moins de résistance à l'avancement, lorsque le moteur est stoppé. Le drapeau aux étoiles sera donc sur le nez de nos cockpits locaux, pour ne pas perdre de vue que nous fonçons dans le mur.

Rappelons à nos amateurs de chiffons, que celui-ci a largement de quoi contrarier les démocrates de tous poils qui lors du dernier référendum à ce propos, avaient repoussé une proposition que les parlementaires félons se sont empressés de voter en abolissant le peuple souverain. Cet oriflamme n'est en rien le drapeau blanc pour annoncer la fin du conflit entre les citoyens et leurs élites mais tout au contraire, une déclaration de guerre pour ceux qui aiment traîner des casseroles sans être indisposés par leur bruit.

Ce grand mouchoir bleu parsemé d'étoiles est une forme élaborée de drapeau rouge agité devant ceux dont la colère n'a aucune chance d'être écoutée. Au lieu des aiguillons du picador, ils devront se contenter des coups de matraque des péones qui assurent la tranquillité du matador du palais.

Ainsi donc, les adeptes de cette dictature libérale que constitue un pouvoir européen sans base électorale lèvent leur drapeau sans honte pour l'accrocher aux frontons de nos mairies en prenant bien garde qu'il cache soigneusement la devise : « Liberté- Égalité - Fraternité » qui n'a plus de raison d'être sous la botte de ceux qui sont en marche vers la Renaissance de la monarchie. À quand les fleurs de lys à la place des étoiles ?

Nous devrions par la contrainte et la loi nous placer sous le drapeau d'une institution tout en adorant l'icône du Monarque qui défend ce pouvoir inique, car la même obligation impose ces deux symboles de notre asservissement et de la rupture du contrat démocratique. Le petit étameur arrogant et méprisant aime par dessus tout son image qu'il entend imposer à un peuple qu'il écarte désormais de son chemin.

Il est venu le temps de la grande conscription générale. Nous devrions tous répondre à la mobilisation générale pour nous mettre sous le drapeau flamboyant d'une Europe qui défend la liberté d'exploiter. Nous ne sommes pas dupes et au bout du combat, nous savons que ce sont toujours les mêmes qui battront en retraite avec leurs acquis sociaux en berne. Voilà le sens véritable de cette mascarade.

Nous n'avons plus qu'à mettre notre drapeau noir dans la poche et nous moucher dans les étoiles. C'est la fin de la République quand un autre symbole vient détrôner celui qui issu de la Révolution, était porteur de tant d'espoir. Seule la bannière des banquiers, des privilégiés, des profiteurs flottera au vent.

Le Freluquet lève haut son drapeau, il affiche son opinion. Le vote n'a été qu'une farce, le véritable pouvoir est dans les mains des oligarques hors sol dont il est la parfaite illustration. Il met sous le joug nos maires, ultime rouage démocratique qui agit encore au nom des citoyens. L'intention est claire, c'est une révolution réactionnaire qui se trame ici.

Que faire devant cette mascarade ? Sortir les casseroles encore et toujours pour faire grand tapage devant ces individus confits dans la haine du peuple. On mesure bien l'urgence qu'il y avait à légiférer sur pareil sujet. Le parlement est devenu le siège de la futilité et du vide politique, il s'est mis en drapeau et tombe en chute libre. Pour sauver le pays du crash, il n'est qu'une solution, déclencher le siège éjectable !

À contre-drapeau.

par C’est Nabum

https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/se-mettre-en-drapeau-248290

7 juillet 2008

La télé et le non irlandais

Plus vrai que nature !

Dessine-moi les médias : le référendum irlandais

(trouvé sur l'Observatoire des médias - Acrimed)

Mat Colloghan

 

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